
une table de confcription lignée de l'adminiftra-
tion du canton, & affichée à la porte de la
maifon commune.
Les hommes commandés pour ce fervice,
n’auroient d'autre aftujettiflement que celui de
ne pouvoir fortir de l'enceinte de la municipalité
> afin de pouvoir prendre les armes au
lignai de convocation établi.
Cependant tout homme de fervice ou non
pourroit s'abfenter en fourniftant un avoué de
fa claffe & de fon âge , & le faifant accepter
& reconnoître à l'adminiftration.
Les armes de la garde refteroient dépofées à
la commune.
Toutes les fois que le fervice deviendroit
effe&if, les hommes qui n'ont que leur bras pour
fubfifter, feroient dédommagé« de leur journée *
en en recevant le prix, comme nous l'avons d it,
au moyen de l'impôt mis fur les perfonnes
indiquées (i).
Le fécond degré de force. La gendarmerie feroit
compofée de quatre mille huit cents vétérans,
ainfi que nous l’avons dit, dont quatre mille
cinq cents divifés par brigades * de trois gendarmes
par deux chef s-lieux de cantons quinze
cents brigades. ( Voyez le mot G e n d a r m e r i e ,
Supplément ).
Les troupes aftives à cheval feroient le troi-
lième moyen de la force publique pour la police ;
afin de diminuer les dépenfes & d’aflurer une
grande furveillance & une grande a&ivité, on
attacheroit à chaque brigade de gendarmerie
fix ou huit hommes à cheval qui feroient relevés
tous les trois mois, ou plus tôt ou plus
tard, ( Voye% encore fur cet objet, le mot
Gendarmerie ).
En outra, dans les villes de garnifons, fi les
adminiftrations avoient befoin de requérir une
plus grande force, elles s’adrefferoient de préférence
(i) En Amérique chaque habitant mâle de feize
à foixante. ans eft enrôle dans une compagnie &
régiment de milice, eomplettement pourvu de tous
fes officiers 5 il eft obligé de tenir toujours dans fa
maifon & à fes dépens un moufquet en bon ordre,
une corne à poudre, douze pierres à feu, une livre
de poudre vingt-quatre baltes de plomb, une boîte
à cartouche, un navre-fàc, de forte que toute la
contrée eft prête à marcher à fa défenfe au premier
lignai 5 les compagnies & régi mens- s’aflemblent à
un certain tems de l'année fur les ordres de leurs
officiers'"pour infpeder leurs 'armes & munitions,
& m^i^uvr.er,
aux troupes formant la garnifon.
On doit peut-être ajouter ici qu’il feroit important
de rendre les adminiftrations refponfables
au pouvoir exécutif de la manière dont elles
emploieroient la force publique ; & à cet effet,
elles feroient obligées de rendre compte par
pièces légales.
Terminons ce paragraphe en examinant une
idée qui a faifi d’une prévention avantageufe,
plufieurs perfonnes qui ne l’ont pas approfondie.
C'eft de rendre T armée du dedans , auxiliaire
de celle du dehors j & réciproquement celle
du dehors auxiliaire de celle du dedans. On a
cru voir dans cet énoncé, tout le plan & le
réfultat de la conftitution qu'il convenoit de
donner à la force publique 5 mais en l'unifiant
1 avec quelque connoiffance des élémens de la
queftion, on auroit reconnu qu’une partie^ de
cet énoncé n’étoit que fpécieufe, & qu'à l’application
, elle devenoit impofiible ou pleine des
plus grands inconvéniens.
Cette partie n'eft pas ce qui concerne la
force publique du denors, relativement à la
force publique du dedans. Nous avons expliqué
comment la force du dehors concourroit au maintien
de la police & de l'ordre public. Mais
nous n'entendons pas également Comment la
force publique du dedans , peut devenir auxiliaire
de la force du dehors contre les ennemis
extérieurs.
Seroit-ce en tirant de la milice nationale du
dedans des fecours en hommes, pour en cas
de guerre fournir aux augmentations de l’armée
\ ou reparer fes pertes ?
Seroit-ce en faifant marcher cette milice nationale
en corps, pour faire la guerre ou pour
garder les frontières ?
Ce n'eft que de ces deux manières, ou de
l'uné des deux qu’on peut concevoir la propo-
fition de rendre la milice nationale du dedans
auxiliaire de l'armée. Examinons l’une & l’autre.
Il paroît impofiible d'employer les milices nationales
du dedans , connues actuellement fpus le
nom dé gardes nationales fédentaires , à fournir
par des incorporations d'hommes aux augmentations
& aux remplacemens des armées.
La contribution à ce fervice eft à quelques
exceptions près. générale, & c'eft une véritable
confcription qui compofe la garde nationale
de citoyens de toute efpèce, admis
fans.choix, & la plupart fans aucune des conditions
& des.facultés nécefikires pour remplit
le métier de foldat:.
Ce feroit en vain, qu’en tems de guerre,
au moment où il faudroit fournir des recrues,
on autoriferoit la fubftitution ; ces demandes de ■
recrues étant ordinairement fuhites & imprévues
, comfne les revers qui les néceffitent, il
feroit d'abord très-incertain que les citoyens qui
ne voudroient pas marcher en perfonne, puffent
trouver des fubftituts, même à grands frais. Et
puis, quelle parité y auroit-il alors dans une
conftitution, où les principes d’égalité deviennent
fi facrésj entre la condition de l'homme, qui
faute de fortune feroit obligé de marcher lui-
même, & celle de l'homme , qui pourroit avec
de l’argent racheter à-la-fois fa liberté & le
rifque de fa vie ? Ce moyen feroit fondé fur
l'ariftocratie des richefles, & par-là même aufli
impolitique qu'immoral & injufte.
Comment & par quelle raifon pourroit-on enlever
un citoyen à fes foyers, à fes champs,
à des fondions utiles, à fes affaires, au travail
qui fait fubfifter fa famille , enfin même à fa
philofophie & à fon amour du repos , feule- ;
ment pour l'incorporer comme foldat de recrue
dans les troupes actives , & l’envoyer peut-être
au-delà des mers.
Quel étrange remplacement du tribut de la
milice, que rétabliffement d'un autre impôt, ;
ui ne feroit qu'étendre fur tous, ce qui éteit i
éjà injufte & odieux pour une grande partie ;
delà nation. Du moins, en remédiant à quelque :
partie de ces abus y avoit-il quelque poflibi-
lité de tirer un parti utile de la milice; mais
la garde nationale appliquée au même objet,
auroit les mêmes inconvéniens & de plus grands
encore , en n’offrant aucun des mêmes avantages
1
Car comment pourroft-on déterminer quels
feroient les hommes qui marcheroient ? Seroit-ce
par le fort? Voilà l'ancienne milice; mais bien
plus- terrible, car elle n'admettoit que les garçons
depuis tel âge jufqu'à tel autre ; ici tous
les citoyens infcrits dans la garde nationale *
feroient obligés de tirer. Seroit-ce feulement
depuis tel âge jufqu’à tel autre ? Alors ce feroit
encore, le fort ou la réquifition fans diôin&ion ;
mais ce ne feroit plus la garde nationale & l'on
retomberoit toujours dans le mode de l’ancienne
milice; mais d’une manière plus criantefous
une conftitution qui a pour bâfe l'égalité.
Ce que nous venons de dire pour la garde
nationale adtuelle, ou une milice nationale quelconque
,. deftinée à former la force publique
du dedans., s'applique de même à la troifième
claffe que nous avons propofée des citoyens de
£j$ggg 4 quarante ans pour former la force publique
fédentaire, & avec autant de fuccës à
la première clafle de feize à vingt ans, deftî-
née à être l’école de la force publique aéfive
& bientôt après fedentaire.
Examinons maintenant le parti de faire marcher
la garde nationale en corps, foit pour faire la
guerre avec l’armée, foit feulement pour être
employée à la garde des frontières, en la reftrei-
gnant à ce fervice.
Ce feroit de même enlever des citoyens à
leurs foyers, à leurs intérêts, à leur famille,
& les entraîner comme des efclaves à un-métier
auquel ils ne font pas deftinés, & que la
plupart ne voudroient, ne pourroient, ou ne
fauroient pas faire.
Lorfqu’il ne s'agit que de défendre fes champs,
(a maifon, fa famille, tout homme devient foldat
, ou du moins combattant ; tout homme animé
par de grands intérêts, peut donner la mort ou la
recevoir. Mais quel parti croyez--vous pouvoir tirer
de troupes, compofées, conftituées, commandées,
ainfi que le font vos gardes nationales, même
vos colonne» mobiles ; vous en obtiendrez fans
doute, des aétes de courage ; mais quelle difcipline,
quelle confiance en attendre? Quel exemple fous
ces derniers rapports offrir à vos troupes actives ?
la guerre, la véritable & grande guerre, telles
que la font les armées disciplinées & manoeu-
vrières, ne confifte pas dans des coups de mains,
ni dans des efforts pafîagers. Il faut gagner des
batailles, & ce qui eft plus dffiçile encore , avoir
pour foi le réfuhat des campagnes.
Mais une obfervation bien importante que
doit faire le philofophe, le citoyen, l’ami de
fon pays & celui du genre humain,, c’eft que
fi vous faites participer le fond de la nation
à la guerre ; alors la guerre changera de nature 5
\ alors elle fe fera à plus grands frais encore ;. car
il faudra payer tous ces hommes/auxquels vous
ferez quitter leurs foyers , & des foldats de
ce genre feront toujours plus difpeadieux à entretenir
que ceux de vos camps , & il en périra
un beaucoup plus grand nombre>. de-là,
l'augmentation des impôts; de-là la guerre pefant
de plus en plus fur les peuples.
Mais ce changement nç fera pas le feul, il
en arrivera un plus funefte aux nations, en
les faifant participer tout entières direêfeemènt
à la guerre. La guerre les enveloppera directement
de routes fes horreurs ; les habitans d'un
pays devenant foldats , on les traitera eomma
ennemis, la crainte de les avoir contre foi,
l’inquiétude de les biffer derrière foi, les-fera
détruire ; tout au moins cherchera-t-on à les
contenir & à les intimider par des ravages &
des défolations. Rappeliez-vous dans fhiftoire la