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lence toiijoufs aimable , vers leurs devoirs les
plus pénibles î & ils les obligeront de s’aquitter
avec zèle de tout ce .que leur bonheur particulier
& -celui de l’Etat exigent.
Qu on ne prenne point ce que nous venons
de dire pour des exagérations produites par l’imagination
exaltée d’ un écrivain enthoufiafte, ou
pour des hiperboles de rnéteur, qui ne peuvent
faire qu’ une courte illüfîon , & qui doivent fe
difliper comme une vapeur légère dès que les
premiers rayons de la raifon l ’éclairent j ce que
vu-ix ?vons ^ fondé fur la connoiflance de
1 notoire, fur celle du coeur humain, & particulièrement
fur g celle du çaraétère des François
qui fe font voués à la défenfe de la patrie.
L entendement comme le dit M. Sulzer à qui
nous devons la plupart des idées inférées dans
cet article, l’entendement ne produit que la con-
noiflance , & la lîrnple connoiflance ne donne
point la force $ pour que la vérité devienne aélive
il ne fufïît pas de la connoître parfaitement, même
fous la forme du bien , il faut la fentir fous
cette meme forme, & c’eft alors feulement qu’elle
exerce les forces de la volonté & met l’ame en
mouvement.
S’il eft v ra i, comme nous venons de le v o ir ,
que les beaux arts peuvent allumer & entretenir
dans 1 ame des guerriers l ’amour de la vertu , &
les pallions grandes & nobles dont ils doivent
etre animés j s’il eft encore vrai, comme on 11 en
peut douter j qu’on auroit oublié dès’ long-tems
les allions & les noms des conquérans & des
generaux victorieux., fi les beaux arts ne nous
en euffent confervé le fouvenir3 que les artiftes
font les difpenfateurs de la gloire, ou même,
c6mme le difoit Charles-Quint , qu’ils donnent
1 immortalité , perfonne n’eftplus .intéreffé.que
Jes généraux , eux, qui. doivent tant à ces parlions
, eux qui font tout pour la gloire , eux
qui font lï jalpux de faire paffer leur , nom à là
poftérité la plus reculée,, perfonne n’eft plus
interelfé qu’eux à ce que les arts foient en honneur
3 à ce qu’ils foient ramenés à leur véritable
but , à ce qu’ils jouiffent de toute la proteélion j
dont ils ^ont befoin / & de tous les encourageo
n s qu’ils méritent. Que les généraux fe gardent
donc de montrer du mépris , ou, même de
1 indifférence pour ces arts, leur exemple ferpit
contagieux j qu?ils fe gardent d’imiter Pyrrhus,.'
a qui les artiftes n’ont point pardonné .d’avoir.
• répondu à ceux qui le prièrent de juger entre
deux muficiens célébrés, que Poliporchon itoit3
a fort avis 3 le plus grand, général :jCette indifférence
feroit à leur' gloire une tache ineffaçable..
Q u ’ils fe fouviennent qu’on ne prononce prefque
jamais le nom de Mummius fans l ’accompagner
de, quelque épithète: pétrifiante , ; parce qu’on fe
Souvient toujours qu’il menaça, très-férîeufement
le-s maîtres des navires chargés de tranfporter à
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Rome les dépotiiHes de Corinthe , les chefs-
d oeuvre d’Appè le, d’Ariftide , & de quelques
autres artiftes aufli célèbres, qui les menaça
dis - je de les obliger de fournir à leurs frais
d’autres tableaux , d’autres ftatues, ft celles qu’il
leur confioit étoient perdues ou mutilées.
L ’art de la guerre doit fixer, je le fais , la
première,.la principale attention de celui qui fe
deftine au commandement des armées j maïs cet
art ne peut confumer tous les momens du général
j l’efprit de l’homme ne peut être conllam-
ment plongé dans de profondes fpéculations j &
quels délaflemens plus doux , plus nobles, plus
utiles que ceux qui nouskfont offerts par les beaux
arts l Xenophon , que fes talens militaires ont
illuftré, joignoit à l ’art de commander les armées
, celui de perfuader les guerriers , & de
les inftruire j il a été compté parmi les écrivains
de l’antiquité dont le llylç étoit le plus- pur &
le plus élégant j & il fu t , pour fon éloquence,
furnommé l’abeille grecque , la mufe athénienne.
Scipion l’Africain , ce vainqueur des Efpagnols,
d’Annibal, de Siphax, d’Antiochus, étoit l’ami *
le confeil, & même, dit-on, le rival deTérêncè..
Céfar fut vaincre & décrire fes victoires avec
a r t , & c . les tems modernes , nous offrent de
même un grand nombre de généraux qui ont fu.
fe faire une couronne trefféè des lauriers cueillis
dans le champ de Mars & fur la montagne con-
facrée aux mufes $ parmi tous ceux que jè pour-
rois citer jé ne nommerai que Frédéric le grand j
ce prince donnera , fans doute ; fon .nom au
liècle ou il à. v é c u , parce qu’il fut leJ premier
des généraux , & parce qu’il lutta contre les plus
grands écrivains de fon tems.
Comme il n’eft cependant point donné à tous
| les hommes de remplir avec éclat cettè double
■ carrière , les généraux qui ne fe fentiront point
infpirés par les .mufes ÿ acquerront néanmoins
des droits fur la reconnoiffance & les louanges
des artiftes, s’ils témoignent une forte d’amour>.
ou feulement du goût pour lès beaux arts. 3 tant
■ les écrivains , tant les artiftes font empreffés à
l louer les grands qui ont cultivé les beaux arts
| même fans fuccès. Le chef d’ une armée peut
; même, fans fe livrer à, l’étude de ces arts, fe
concilier, s’affurer les louanges des artiftes 5 il.
ilhftip P°ur cela qu’il les aime , qu’ il les. admette
: familièrement auprès de lu i , qu’il déguifê fa.
proreClion fous la forme de la bienveillance , 8c
que pendant la guerre il refpeCte & faffe refpec-
ter par fes troupes leurs pçrfonnes , leurs atte-
liets , fur tout les productions de leur génie.
L ’amour qu’Alexandre avoit pour Hoipere, les
honneurs qu’il rendit à Ariftote , les témoignages
d’eftin-ve & d’amitié dont il combla Appelé , fes
égards pour la famille de Pindare , & l’efpèce
de refpeét.qu’il témoigna pour la maifon qui
avoit fervi de demeure à ce premier des poètes
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lyriques grecs > ont autant contribue a perpétuer
fa gloire que les batailles du Granique , d Ar-
belies & le refte de fes aCtions militaires : on
no parleroit plus de Demetrius s’il n’eut mérite
que le furnom de Poliorcète'; mais on racontera
toujours qu’il aima mieux prendre Rhodes plus
tard , que de s’expofer à voir confumer par le
feu l ’attelier de Protogene. Marcellus fera plus
fouvent loué d’avoir voulu conferver les jours
d’Archimede , & d’avoir fait ériger à ce mathématicien
immortel un tombeau magnifique, que
de s’être emparé de Siracufe malgré les efforts
de ce même Archimède. Charles-Quint fera peint
plus fouvent ramaflant le pinceau de T itien , que
dans toute autre attitude. Condé a été aufli fouvent
loué de fon amour pour les beaux arts , de
fon amitié pour les Boileau, les Racine , les Molière
, & tous les hommes célèbres qui vivoient dfe
fon tems , que des vi&oires à jamais mémorables
qu’il a remportées. Les gens de lettres parleront
à jamais de cet empereur qui traita avec de grands
égards le célèbre Maupertuis, que fes troupes
avoient fait prifonnier, & qui donna a ce favant,
avec une grâce fingulière, un inftrument nécef-
faire aux obfervations aftronomiques dont il s’oc-
cupoit. Mais pourquoi citerions - nous d’autres
exemples ? Pourquoi folliciterions - nous encore
les généraux en faveur des artiftes & des beaux
arts ? Ils favent tous qu’en détruifant le chef-
d’oeuvre de ces arts ils fe priveroient du plus beau
prix de leur victoire : l ’exemple de Louis X V I .
leur a appris d’ailleurs à tous , qu’un peuple peut
faire la, guerre à fes voifins fans la déclarer aux
Iciences ni aux arts.
Nous ne prouverons ici ni qu’il importe aux
adminiftrateurs de faire naître le goût des beaux
arts dans le coeur des guerriers , ni qu’il eft in-
téreffant pour les militaires eutf-mêmes de s’adonner
à la culture de ces arts, ces objets font traités
dans l’article Moeurs j mais nous/ examinerons
quel eft celui de tous les beaux arts qu’il irçiporte
le plus au gouvernement que les militaires cultivent.
Le deflin eft à mes yeux celui qui doit obtenir
la préférence : l’ étude de cet art & de fes différentes
branches eft aufli agréable que celle du relie
des arts libéraux j elle eft moins longue, & pèut->
être moins chère j on jouit des premiers pas que
l’on fait vers la perfection , & même de'fes premiers
eflais j le goût pour le deflin eft plus conf-
tant * plus durable que celui du< refte des beaux;
arts , parce qu’ on peut étudier feul , parce qu^on;
peut étudier dans tous les inftans , trouver partout
des modèles , des admirateurs & des objets
d’émulation : les différentes branches de l’art du
deflin font d’ailleurs indifpenfables aux militaires
pendant la guerre , & utiles pendant la paix : une
dernière confidération , & qui n’eft pas la moins
puifiante, c’eft quç le jeune officiel qui s’ çft üyiç
à I’étudo de la mufiqiie , par exemple , trouve
fouvent fa perte dans fes fuccès : ce qu’il y a
de certain, c’eft qu’ un obfervateur attentif dif-
tinguerojt, au milieu de nos grandes garnifons,
le militaire qui cultive le deflin d’avec celui qui
s ’eft adonné à la mufîque , & qu’ il les reconnoî-
troit à leur ton, à leurs manières, & fur-tout
aux fociétés qu’ils fréquentent. WMA D essin 8c
M en to r .
AR SEN A L . On donne le nom d’arfenal aux
magafins d’armes & d’inftrumens de guerre, f^oye^
pour les arfenaux anciens le dictionnaire des antiquités,
article A r sen a l , & pour les arfenaux.
modernes , le même mot dans le diClionnaire.de
l’artillerie.
A S SA IL L AN T . L ’ajfaillant eft celui qui attaque
: ce mot n’a plus d’ ufage qu’au pluriel, &
pour défigner les troupes qui afliègent une place.
ASSAILLIR. Attaquer vivement une place ,
un camp ou des.lignes. Voyeç ces-différens mots.
ASSEOIR U N C AM P . On fe fert des mots
ajfeoir un camp pour défigner TaClion de placer un
camp. Quant a la rnanièrejde bien ajfèoir un camp ,
voyez C am p & C a s t r a m é t a t io n .
A S SIDU ITÉ. Application continuelle à un
travail. L’ajfiduité à fes devoirs eft une des qualités
des plus néceflaires aux militaires , & fur-
tout aux bas-officiers. Voyez ^ As _ o f f ic ie rs '
Ex a c t itu d e , & le paragraphe X IV de la quatrième
fedion de l’article G én é r a l .
ASSIÉG EAN T. U affligeant eft celui qui af-
fiege. C e mot ne fe dit guères qu’au pluriel.
ASSIÉGER. Affliger une place , c’eft en faire
je liège. V oy e tfuth manière à’affliger les places
les articles P la c e & Siège. - , ■*
termes dans^une place, dont l ennemi fait le liège.
Pour connoître la manière dont les arfïégés doivent
fe conduire, voyez Pla c e , G o u v e r n e u r
de p l a c e & -Siège.
A S SIE TTE . Situation. Vaffiette d’ une place
eft bonne ou mauvaife. Voyez P&] la manière de
choifîr Yaffiètte d’ unë place, l’article Fo r t if ic a t
io n & P la c e . Quant à l ’affiette des polies
voyez P oste s.
leur, de la conhance en fes.forces, & de l’efpoir
de la viétoire. Tous ceux qui commandent doivent
montrer de Yaffurance dans leurs propos
dans leurs regards.&,dans leur, contenance fYaffui.
rance des chefs augmente celle des foldats qui
ont de la bravoure , & l’exemple de ceux-ci fe
communiquant aux autres, tous acquièrent de
1 aj/urance%