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à la furprife de Prague , au fergenr qu’il fit
monter le premier à l’efcalade •, Eh bien , tout
général qui a infpiré de la confiance à fes fubor-
donnés. peut imiter ce guerrier valeureux , &
compter comme lui fur le fu e t es.
.S’ il eft néceffatre pour la viéloire que le général
ait obtenu la confiance de fon armée , il ne l’eft
guères. moins que l’armée' ait mérité celle du
général. Le chef qui n’eft pas bien affuré des
hommes auxquels, il commande , n’ofé point fe
livrer a fon génie, & chaque jour il perd quelque
occafion de vaincre.. Le général fût-il allez malheureux
pour n’avoir point une haute opinion; dé
fon armée , il, fé gardera bien.de lui "témoigner
le peu de' confiance qu’ il a en: elle : il en eft dès
armées comme dès individus , elles, répondent
prefque toujours à l’opinion: que. l’on paroît avoir
conçue d’elles> Le fédii&eur. adroit montre peu
d’eftime à- la- femme qu’ il veut rendre encore
plus méprifable. Le général ne témoignera cepen^
dant. point une confiance, égale, à toutes fes
troupes/: eftimer tout le monde, c’èft n’eftimer
perfonnei. Céfar avoit - il une opération très^
difficile à terminer. , c?étoit à la' dixième légion
qu’il recouroit, & il voyoit toujours^ la victoire
en fuivre les. aigles. Cette confiance plus, grande.-
que le général accorde æ lkm des corps de fon
attnée devient pour tous, fi; elle n’eft aviliffante
pour aucun là fource d’ une vive émulation.
Il ne fuffi't. pas pour la vi&bire qu’une armée
ait gagné la confiance de fôn général. & qu’elle
Luii ait accordé : la tienne , il faut qu’elle ait
conçu d’elle-même une haute opinion; La valeur
eft un fentiment compofé du mépris de l’ennemi
& dé l’ idee de fa; propre fiipériorité.- Il eft beaucoup
dé moyens, de donner à une armée cette
confiance en fes. propres forces , qui-eft le garant
dès.viâoires^ les anciens les. connoilfoient. tous'
ces moyens , & ils. ne perdoient jamais l’oeca-
fion d’en faire ufage. Ik- reeouroientu fouvent
là fiiperftition; Voye-{Religion . Ce moyen, tout
petit qu’il eft,ne doitpas-être négligé. Le peuple ,
quoique plus éclairé de nos jours.qu’ il,ne l’étoit
dans ces temps reculés , eft encore aujourd’hui.,
comme, il l’étoit dû temps. dè-Montluc, fufeep-
tlble des. mêmes. préjugés. « J ’ai <- toujours fait
entendre aux foldats., dit ce général,_ que j’avois
certains,préfages. ,... que quand cela m’advenoit
j^étois sûr-de vaincre ; ce que je n’ài jamaisfait
fi-.non pour y faire amuter les foldats., afin qu’ils,
tinffém déjà la viéloire toute gagnée , & . m’en
ftiis.toujours.très-bien trouvé». A ce moyen on
peut en joindre un.autre , encore imité des.
anciens; Ils faifoient combattre à la tête de lèur-
armée , avant la bataille , un guerrier dans lequel
ils avoient une grande confiance .-.nous., c’eft en
livrant;- des efcarmouches ; heureufes., dé ' petits
combatss, dont nous rende» as le fuçcès certain',
q|fi:noiu.pptt.vonsoatîeiiidre. le même. but*. C e ft;
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encore en leur montrant leurs avantages quron
donne aux foldats de la confiance en eux-mêmes.
Des hommes qui fe croient mieux armés , mieux
cûmpofés, mieux inftruics mieux poftés que
leurs adverfair.es , doivent prefque néce fiai rement
les vaincre. Qu’ils font donc mal-adroits ces fer-
viles-imitateurs dès inftitucions du nord \ n’ont-
ils point vu qu’en nous envoyant à l’école despeuples..
qui font nos ennemis naturels-, ils leur
donnent fur nous une fupériorité d’opinion , qui
deviendra peut-être la fource d’une fupériorité
reelle. Les- Romains adbptoient ce qu’ils rrou-
voient d’utile chez leurs ennemis , mais ils adaptaient
a leur génie les-emprunts qu’ils faifoient.
Le général fàge ne- négligera' donc rien pour
infpirer à fes troupes, une grande confiance en
elles-mêmes.;- mais il fe gardera de trop exalter
ce fentiment. La négligence naitroit de cet
. excès-, & de la négligence les revers. Le général
fe gardera fur - tout d’adopter lui;- même dans fes
actions cette confiance qu’il doit montrer dans
fes propos : elle feroit funefte à fa - globe & à
; 1 état. Voye^ R epris de l’ennemi:
Autant il eft dangereux de voir une armée
prendre de fés forces une idée trop grande ,
autant il-eft heureux d’ ipfpirer c e 1 fentiment à'
l’ennemi. C’èft un fttatagême • bien sûr-que celui
d’enivrer fôn adverfaire de l’idée de fa fupériorité.
Parmi les exemples mémorables que l’hiftoire ancienne
nous à tranfmis:, je me contenterai de tranf-
crire celui de la bataille d’ Ichnée. Surenna , général
des Parthes-, voulant inlpirer aux Romains une
fatale confiance , ne fe montre point d’abord à eux
| avec cet appareil terrible fous, lequel on l ’a voit
annoncé à Graffus.; pour lui dérober lè nombre
de fes- troupes , il a caché derrière fes premiers
rangs de nombreux, bataillons raffemblés- ,
& pour ri’être point trahi par Péclat de leurs
armes., ,il a ordonné de les laiffer enveloppées dans
leurs étuis. Les-Romains honteux d’avoir redoute
un adverfaire fi peu formidable, marchent à lui
avec ardeur , 8c lui préfentent bataille dans le
premier pofte qu’ils trouvent, b'urenna affuré-de vainc
re , donne- le.fignal du combat ; dés cris répétés
au loin 8c. le fon d’une multitude immenfe •
- d’ inftrumens militaires .commencent à . étonner les-
Romains bientôt leurs-- regards' frappés - par le
, nombre & éblouis par l’éclat des armes-,fe’ confondent.
L’épouvante s’empare de leur <ame , &
ils - fuient fans ’ combatre. Mais pourquoi aller-
chercher, des exemples fi éloignés' ? • l’hiftoire de
notre temps• nous -en offre un - du même genre 9 •
& peut, être plus décifif encore; Quelqu’un •
ignorert-il que ce fût à une- vaine confiance dans -
'• nos--,forces-que nous. dûmes nos malheurs pendant-
la dernière guerre 'd’A l l e m a g n e 8c. particuliè--
rement,notre défaite a Rosbaek?'
1 ÇÜNG-É -INDEXERMINÉ;* Je, dénués le' nom?
c o N
dé congé indéterminé à un congé que l’on accor-
deroit à un officier , à un fous-officier ou à un
foldat , par lequel il lui feroit permis de fe retirer
chez lui , jufqu’ au moment où l’état auroit -
befoin de fes fervices. L’ inftitution des congés^'indéterminés
donneroit, ce me femble , la^ folution
de l’un des plus difficiles problèmes d’économie
politique que les légiflateurs Européens aient a ré-
foudre. A r m e e & E c o n o m i e .
Une pui(Tance qui dans l’état1' aéluel dos chofes
ne conferveroit point fur pied, même pendant la
paix, la plus profonde , un militaire nombreux,
perdroit beaucoup de fon poids dans la balancé
de fEurope & verroit bientôt fes voifins fe
liguer contre elle , pour lui impofer des lois.
Mais en feroit - il de même fi adoptant les
congés indéterminés , elle pouvoit dire à fes
voifins , je n’a i, il eft v ra i., qu’un petit nombre
de troupes conftamment raffemblées , « mais j’ai
dans le fein de mes états un nombre aîfez grand
de foldats pour contrebalancer vos forces ; ils font
affez infirmes aux exercices militaires pour ne
point craindre de fe mefurèr avec vous ; affez valeureux
pour vous combatte avec acharnement, &
j’ai ramaffé affez d’argent pour les fqlder avec
magnificence ». Tel eft le langage que la France
pourroit tenir à fes ennemis , fi elle fe réfolvoit a
accorder des congés indéterminés a la moitié
de, fes officiers , de fes bas-officiers & de les
foldats. Mais devroit - elle indifféremment donner
ces congés aux officiers & aux foldats qui
défireroient les obtenir ? non fans doute ; c’ eft
prefque toujours en prenant de petites précautions
qu’on fait réulîir les inftitutions les plus
heureùfes.
I l n e f à u d r o i t jam a i s d o n n e r d e congé indéterminé
à d e s o f f ic i e r s t r o p v i e u x o u t r o p j e u n e s :
Tes v ie u x n e - p o u r r o ie n t p lu s v o u s f e r v i r q u a n d
V o u s a u r ie z b e f o in d ’ e u x , & l e s p lu s je u n e s n é le
f a u r o ie n t p o in t . L e s c a p i t a in e s e n f é c o n d , l e s
l ie u t e n a n s e n f é c o n d , & l e s p r em ie r s f o u s - l ie u -
t e n a n s d e v r o i e n t d o n c - ê t r e l e s f e u l s d e n o s
o f f i c i e r s ap tes- à jo u i r d e s congés indéterminés.
C e s o f f ic i e r s d e v r o i e n t a v o i r l a c e r t i t u d e d e
n ’ é t r e r a p p e lé s p e n d a n t l a p a ix q u e p o u r m o n t e r
à u n g r a d e p lu s é l e v é q u e c e l u i 'q u ’ i l s o c c u p e n t .
I l f e r o i t é g a l e m e n t in ju f t e d’ a c c o r d e r à c e s o f f ic i e r s
t o u s l e u r s a p p o in t em e n s & d e l e s l e u r r e f u f e r
e-n e n t i e r . O n p o u r r o i t le u r e n a c c o r d e r l a -m o i t i é ;
& R o n d e v r o i t d i v i f e r c é t t e m o i t i é d e .m a n i è r é
à c e q u e l e q u a r t f e u le m e n t f û t p a y é p e n d a n t l a
d u r é e d u c o n g é , & l ’ a u t r e q u a r t a u m o m e n t o ù
î ’ officier= r e j o in d r o i t ; au m o y e n d e c e t t e p r é f
c a u t io n o n p r é p a r e r o i t a u x m i l i t a i r e s l e m o y e n
d e f a i t e l e u r s é q u ip a g e s - d e g u e t r e , fa n s t o u c h e r
a. l e u r p a t r im o in e . C è t t e n é c e f f l t é d é p r é p a r e r
a u x o f f i c i e r s F r a n ç o i s u n e 'm a n i è r e - d e fa i r e le u r s
é q u ip a g e s f a n s d im in u e r leu r s ' - b ie n s p a t r im o n ia u x - ,
Bta/pas-, j ç c r o i s >,e n c o r e é t é a f f e z - v i v e m e n t fêntîé
C O N 189
par nos adminiftrateurs ; elle eft cependant bien
importante. On trouvera dans l’ article C o n g é ,
du diélionnaire dont ce tome eft le fiipplément,
une manière bien fimple de créer pour chaque
officier une maffe de guerre.
Quant aux foldats , on devroit les affujettir
à un réglement dont nous allons tranferire ici les
principaux articles.
Chaque foldat fantaflin qui obtiendra un congé
indéterminé, jouira pendant la durée de ce congés -
d’une paye de 42. 1. par an y cette fomme lui fera
payée de la manière fuivante : 241. chaque année
par le colledeur des impofitions de fa paroiffe, de
trois en trois mois ; & 18 liv. de-fupplément pour
chaque année , par le trçl'orier de fon régiment ,'
au moment où il fera rappelé. Le colledeur de-'
la paroiffe inlcrira derrière le congé indéterminé-
chaque payement qu’il fera , & le foldat lui donnera
un reçu de chaque fomme qu’il touchera.-
Chaque cavalier 8c carabinier jouira d’une-'
pave de 48 liv. par chaque année ; cette Comme
lui fera payée de la manière fuivante : 24.I. parle-'
colledeur des impofitions:, 8c- 24J. de fupplement"
à fon retour au corps , en fui van t d’aiile urs-> les-dif- ‘
pofitions - relatives-.'à l’infanterie.-
Chaque dragon 8c -chaffeu-r a chevai, jouira d’une'
paye de 45 1. par chaque année .; cétte femme lui'
fera payée de '1 a manière- fuivante , 24] . par le col-
ledeür des impofitions de fa paroiffe , & 2 i'l . de-
fupplémerit par le tréforier' du régiment, au m o - '
ment où il rejoindra le corps.
Après quatre ans de congé indéterminée , - lé ' fol- ‘
dat ne jouira plus que dë la moitié de fon fup-
plément dé paye , l’autre' moitié' appartiendra '
au corps & fera employé a vétif 8c ' équiper â >
neuf l’homme qui rentrera au: cvârpàv Après huit-
ans le foldat n’-aura que le quarc de Ton fupplé-
ment & le corps l’autre , quart. Après douze ans il
n’y aura plus de lupplément -ni pour le foldat ni ■
pour lè corps.*
Le quartier - maître tréforier- dë chaque ' régi- •
ment- tiendra un regiftre dans lequel fera inferic-
' le nom- de chaque foldat-en congé indéterminé 8c-
: l’époque de ce congé;
Les 24, 2i -& i 8 1. accordées en fupplément de'
; paye annuellé au-xfoldats qui auront obtenu-des con- *
gés indéterminés- n ë - f e r o n t -payées au-régiment qu’a- -
près -la première revue de fubfiftance à laquelle le ■
foldat-aura affifté. Il fera en conféquence remis , lor-s I
de chaque rèvue , au commiffaire des-guerres • un \
état nominatif des officiers &- foldats en' concré
indéterminé , - &- un état - particulier de - ceux quii
. a u r o n t -re,j o in t le- corps;-
‘ Le foldat qui • reviendra dé congé indéterminé ne1
touchera ‘ au moment - où il rejoindra , què l’ar- *
gent nècêffaîre* a lbn5 équipement - militaire'-', > ce-
qui h"é s’élèvera''* jam ais -Uu-dëffus :dé deKX^ années^
, de cong|. Lé'refte -feïâ divifé'- èn-tautant 'de-'payjt^'