
le peuvent, d’avoir des pantalons. Il faut efpérer
qu'on reviendra enfin de cette contradiction, de
faire porter à nos troupes un vêtement qui leur
eft nuifible , & qu’elles détellent avec autant
de' raifon.
GYMNASTIQUE. La gymnaftique eft l’art
d’exercer le corps pour le fortifier. Cet art eft la
bafe de la fanté & peut-être du courage, fi jufte-
ment apprécié par les anciens, fi ridiculement
négligé, &.même méprifé par les modernes ; cet
art fi important à faire revivre fi l’on veut établir
j défendre & perpétuer la liberté. Nous en
avons déjà parlé dans ce fupplément, aux mots
E x e r c ic e s du c o r p s , F ê t e s & G u e r r e ( homme de ) ;
mais l ’on ne fauroit trop répéter combien il eft
effentiel d'en faire une des parties principales
de l’éducation, & d’employer enfuite tous les
moyens pour le faire mettre en pratique dans
l’âge même de la virilité , jufqu’à celui de la caducité.
Ayez des citoyens qui, dès l’âge le -plus
tendre, auront alfoupli & fortifié leurs membres,
qui fe feront habitués à braver les intempéries
des faifons, à fupporter la faim & la foif, 8c
vous vous ferez allurés de défenfeurs invincibles.
Pères 8c mères qui aimez véritablement
vos enfants, applaudiflez aux établiffemens de
la gymnaftique; allez être les témoins des exercices
auxquels on foumettra vos en fans ; encou-
ragez-les, excitez leur émulation, & vous ferez
bien plus tranquilles fur leur fanté & même fur
leurs moeurs.
HABILE
H A B ILE lignifie plus que capable , plus
qu’inftruit ; ainfi on peut avoir lu tout ce qu’on
a écrit fur la guerre, ou même l’avoir vue, fans
être habile à la faire. Un officier peut être capable
de commander $ mais pour acquérir le nom
d’habile général, il faut qu'il ait commandé plus
d une fois avec fuccès. L’habile général eft celui
qui fait un grand ufage de ce qu’il fait ; le capable
peut et l’habile exécute. Mais on ne fait pas toujours
la guerre; il faut donc, pour former des généraux,
en former le fimulacre; il faut des camps,
des attaques, des marches, des choix de pofition;
il faut étudier fur le terrein les fautes des uns et
la conduite fublime des autres. L’art de la guerre
n’offre pas un bien grand cercle de moyens pour
s’affurer la victoire ; il faut continuellement le
parcourir, l’approfondir, et l’on devroit d’autant
moins regretter les peines prifes à ce fujet, que
ce feroit prolonger la paix, que de pourfuivre fans
relâche l’étude néceflaire pours’aflurer des fuccès
à la guerre.
HABITANS. Voulez-vous fortifier une maifon
ou la défendre? ayez foin de la faire évacuer par
les perfonnes qui l’habitent.
Avez - vous une place à défendre ou à attaquer?
apprenez à en connoître les habitans, leur
caraCtère, leurs inclinations, leur amour pour leur
patrie, S i c .
£i vous êtes obligés de fortifier un village, un
pont, des pofitions, employez le plus que vous
le pourrez les habitans, fans cependant nuire aux
travaux de la campagne.
Etes-vous obligés de fortifier une place nouvellement
conquife? faites-en fortir les habitans,
défarmez S i faites furveiller ceux qui refteroient,
employez-les aux travaux dans l’intérieur, empê-
chez-les de former des raffemblemens > qu’il leur
foit défendu de fortir de chez eux en cas d’alarme
, ni même dès l’inftant que le foleil eft
couché.
HABITUDE. Qu’entend-t-on par habitude?
De combien de genres font nos habitudes ? Quel
eft en nous le principe de l’habitude ? Quels font
les principaux phénomènes des habitudes dans les
individus ? Quels font les principaux phénomènes
des habitudes générales dans l’organifation fociale?
On entend par habitude, une manière d’être ou
d’agir, que nos organes tendent toujours à reprendre,
et à laquelle ils font pliés, foit par une
fréquente répétition des mêmes aCtes, foit par
une longue expofîtion à quelqu’aCtion des objets
A r t . M i l i t , S u p p l . T o m , I F .
extérieürs fur nous, foit enfin par la longue durée
de la non-aCtion. •
Il y a trois fortes d’habitudes; l’habitude d’agir
, l’habitude de fubir une aCtion étrangère,
l’habitude d’être fans aCtion et fans fujétion à une
aCtion étrangère ; en d’autres mots, il y a \ 'ha b
itu d e a t t iv c , Y h a b itu d e p a jfiv e , Y h a b itu d e n eu tr e :
■ cette diftinCtion n’a pas befoin d’être juftifiée.
Tout le monde fait que l’habitude de courir, qui
eft bien une habitude aCtive, eft différente de celle
d’être voituré, que j’appelle une habitude paffive ,
et de celle de refter couché, qui eft neutre.
Il eft fâcheux que nous n’ayons qu’un mot pour
exprimer trois idées si différentes : les Latins en
avoient au moins deux, h a b i t u s , manière d’être,
par laquelle on eft tenu, poffédé, et h a b itu d o ,
manière de faire & d’agir.
L’obfervation des phénomènes de l’habitud»
eft peut-être plus difficile que celle d’aucun autre
phénomène de l’exiftence humaine, parce que
nous manquons de mots qui facilitent la diftinc-
tion & l’arrangement de leurs variétés, S i que ces
variétés font infinies, l’habitude s’étendant à toutes
les modes de notre exiftence, & ayant d’ailleurs,
fi on peut le dire, une vie'à parc S i des âges
différens, dans lefquels elle ne fe reffemble pas.
Outre le mot habitude, qui ne repréfente que
l ’idée abftraite d’une difpofition confiante de lef-
prit & du corps, ne faudroit-il pas un mot qui
exprimât la fucceffion des actions? manières d’être
par lefquelles commence une habitude, et ne
pourroit-on pas fe fervir du mot k a b itu em e n t ?
N’en faudroit il pas un autre pour exprimer la
ceffation de ces a êtes, qui eft le terme de l ’habitude
, & ce mot ne pourroit-il pas être d é s h a -
b i tu em e n t .?
L’origine de l’habitude eft la même que celle
de l’imitation; l’habitude n’eft dans fon principe
qu’une imitation de nous-mêmes, répétée S i continuée.
Son principe éft dans les fens, qui avertit-
fent & modifient le cerveau ; dans le cerveau, qui
avertit S i modifie les mulcles; dans les mufcles*
qui obéiffent au cerveau.
Les caufes qui font naître nos habitudes, font,
ou nos befoins, ou l’aCtion continue d’un pouvoir
étranger fur nous, ou enfin notre indifférence
S i notre indépendance. Il eft donc des habitudes
volontairement contractées , 8i d’autres qui ne le
font pas : il en eft qui, conformes à notre nature,
fe font unies avec elle ; d’autres qui, lui étant contraires,
l’ont fubjuguée.
Après avoir vu le.principe de l’habitude, voyons
fa nature.
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