
écrire pertinemment fur cette partie fi importante
du fervice des armées, qu'il a été employé dans
l’état-major de l'armée du général Rochambeau ,
en Amérique j l'un des membres de f•état-major-;:
général formé en France fous la direction du général
Bourcey > rapporteur du comité de la guerre ;
chargé du dépôt de la guerre en 1792, & enfin chef
de l’état-major de l'armée du général Malgdonald,
en l'an 9 ( 1800 ). j
Cependant, malgré tous ces titres & beaucoup
d'autres, tous faits pour donner un grand poids
à fon opinion, nous ne penfons pas, comme il
l’a écrit page 447 de l'ouvrage précité, que
ce La réunion de toutes les attributions des états-
d> majors fous la dire&ion d’un feul chef ait Amplifié
» & rendu auffi rapide qu'il fût poffible l'expédition
» des ordres, & par conféquent le mouvement des
« armées, & que cette centralifation permette de
*> déterminer , avec plus d'exaêtitude qu’on n'eût
» pu le faire auparavant, la nature de ces mêmes
» fondions, & de les claffer méthodiquement. » ' •
Bien loin de croire que cette réunion ait rien
Amplifié, nous croyons au contraire qu’elle a beau- !
coup embrouillé les opérations, ou qu’elle s’eft
oppofée à ce qu’on en fit de très-effentielles. Nous g
difons plus : nous regardons conimé généralement
impoffible de trouver un officier - général capable
de pouvoir fuffire à la partie feientifique, méditative,
aftive , &c. des fondions attachées anciennement
à la place du maréchal-général-dés-logis
d une armée, & à la partie du détail de furveil-
lance, de police, de ûiftribution , d’inftrudion,
3cc. dont dévoient être continuellement occupés
le major-général de l’infanterie & ceux des troupes
à. cheval.
.Et aifurément, depuis meffieurs de Feuquières
3c Puifegur, juifqu’à meffieurs de MailleboisJ& le '
comte de Broglio, les àrmées ne .forent jamais ni
auffi nombreuses ni furchargéès d’une aüfii grande
quantité d'artillerie & 4e troupes à cheval qu’eHesi
l'ont été dans la guerré de 1792 à 1800> jamais,
en conféquence, les lignes d’opération n’exigèrent
d’aulfi grandes’ connoiffancesy 3c:jamâi-s il ne fut
plus important d’avoir, pour les positions.,;ks
connoiffances topographiques, la caftramétation
& les marches ftratégiques, un officier d’une très-
grande capacité, 3c qui ne fût entièrement occupé
que des parties dont nous venons de parler.
Quant à l’arrivage des fubfiftances & à leur dif-
tribution, aux détails des campemens, à leur police
& à celle de l'armée, aux .approvifiônnemens
de bois, paille, &c. à la furveillance des hôpitaux,
à l'habillement, équipement, armëméhtf aux inf-
truètions de la petite ta&ique., aux marches, manoeuvres,
&c. on fentira facilèmènt'qûe cés objets
font a (fez nombreux, affez mmutieux. même ,
3c en mêmé iems allez importons, pour exiger, à
eux feuls & occuper un ©fficier-gënéjràl pour l’infanterie,
3c un pour les troupes à cheval.
Que l'on forme l’armée en divifions compofées
de troupes de toutes armes, dans la proportion relative
au pays où elles doivent agir, ayant en matériel
& en pèrfonnel tout ce qui leur eft nécef-
faire, de manière qu'elles puiffent agir ifolément,
lans autre fecours que celui des rêferves deftinées
à renforcer telle ou telle arme, 3c' qu'elles puiffent
fe réunir fans fe confondre.
■ C'eft là fans doute une excellente organisation,
3c l’on -doit y applaudir, ainfi qu’à l’établiffement,
dans chaque divifion, d’un état-major particiiliër,
qui puiffe garantir l’uniformité d’a&ion par l’.uni-
formité qui doit exifter dans laxclaffification des
matières, les procédés', les modèles1 d’états:, les
rapports, &c. ; mais il eft très-facile de compofer
chaque état-major de divifion, d’un adjudant-général
aide-maréchal-général-des-logis , d’un -adjudant
général aide - major- général d’infanterie;
enfin, d’un officier du même grade aide-major-
gérréral des;troupes à cheval : chacun de ces aides-
majors ayant fous eux la quantité néceffaire de
fous^aidesrmajors, & correfpon4ant avec les généraux
chefs de leur pa.tie.
Nous n’entrerons pas dans dé plus grands détails
fur cet objet important, laiffant aux militaires instruits;
qui'voudront y réfléchir , à juger fi un général
d’armée ne fera pas infiniment mieux fécondé
en admettant, comme anciennement, un
maréchal-général-des1 logis, avec un major-général
pour chaque arme, fauf à y ajouter les modifications
que nous venons de propofer ; que par
un feul chef d’état-major, qui fera infailliblement
éc’rafé par les détails & qui, bien loin de pouvoir
s'occuper effentiellement de la partie feientifique,
ne pourra pas mém'è fuffire à répondre à tous les
rapports qu’entfaîrie néceffairement le mode bu-
rographique trop étendu , & fi'fort repouffé par
tous les militaires d’un grand génie, tels que les
Condé, les Turenne, les Luxembourg, les Ca-
tinat, les Frédériç.-le-Grand, &c.
MARIAGE des gens öe- guerJre. Ün arrêt
du confeil'i du 13 décembre 1681, défend à tous
les éccléfiaftiques du royaume de célébrer ; aucun
mariage des officiels ou des foldats des troupes du
roi, avec des filles ou des femmes domiciliées.
Un réglement du 1er. février 1158/ défend à tout
officier de fe marier dans la placé où il eft en gar-
nil'on, ni même à ' dix lieues à la ronde, fans le
confentement de l’infpecteur-géhéral dans le département
duquel il fe trouve ; ce même réglement
défend à tout eccléfiaftiquè de célébrer le
mariage des officiers qui n’auront pas obtenu ce
confentement figné en bonne forme.
Une ordonnance du 6 avril 1686 défend à tout
’ homme engagé, quelque grade qu’il ait, de con-
-tr.adler un mariage fans le confentement du commandant
de fon corps, fous peine d’être déchu de
fon ancienneté,. 3c de ne pouvoir compter de fon
engagement ou fon rengagement que du jour de
fon mariage 5 elle défend à tout eccléfiaftique de
célébrer le mariage des hommes engagés qui n’ont
point obtenu ce confentement, 3c qui n’ont pas
obfervé les règles preferites par l’églife.
Ces tro s lois ne font pas exprimées affez clairement.
Ne feroit-il pas utile de les refondre en
une feule, d’y prévenir quelques cas dont les anciennes
nont point parlé ,& fur tout de faire des
changemens à la peine portée contre les foldats
qui violent la dernière de ces lois.,( V o y e i le mot
C o n g é . )
JJn nombre confidérable d'écrivains politiques
fe font récriés contre le célibat dés militaires français,
& ont dit beaucoup de chofes faites pour
engager le gouvernement à favorifer les mariages
des officiers 3c des Soldats. On fait, comme tous
cesTavanseftimables, que les Grecs, qui combattirent
aux Thermopyles, à Platée, à Salamine, à
Marathon ; que les Romains, qui vainquirent Pir-
rhus, détruifirent Carthage & fournirent le Monde 5
que les guerriers qui, fous Charlemagne, Philippe
Augufte & Charles V II, agrandirent, illustrèrent
ou défendirent la France, étoient p.refque
tous pères ou époux. On croit même qu’une fem-
mè, des enfans, loin de diminuer la bravoure ,
peuvent quelquefois l'augmenter : ces êtres, précieux
à tout homme fenfible, peuvent ajouter à
fon bonheur, & .être les garans de fa fidélité &
de fa confiance.
Mais fuppofons en effet qu'on ne pût refufer à
aucun foldat la permiffion de fe marier, il arrive-
roit qu'ils s'uniroient prefque toujours, ou au
moins très-fouvent, avec les femmes les plus mé-
prifables, & qu’ils réuffiroient plus aifément qu'au-
jourd’hui, &,à réduire, 3c à corrompre les jeunes
filles, des claffes inférieures de la fociété. Croyons
néanmoins pour un inftant, que chaque foldat
feroit un choix convenable, & que la certitude
d’être unie à fon amant, ne rendroit pas chaque
fille plus confiante & plus foible ; que devien-
droient les époux 3c leurs enfans?
. Aucun militaire fans doute ne propofera de
réunir la famille fous les drapeaux du père. Les
quinze ou vingt femmes qui font aujourd’hui à la
fuite de chaque corps militaire donnent plus de
peine dans les routes 3c l'établiffement du logement
, qu'un nombre quadruple de foldats : que
feroit-ce donc s’il y avoit deux ou trois cents
femmes? Chaque régiment feroit une peuplade
fans frein, fans moeurs & fans lois. Le mari ref-
teroit-il fous fes drapeaux, 3c la femme fur fes
foyers? Mais alors qui nourriroit la femme & fes
enfans? car on fait que le foldat ne peut rien
diftraire de fa paye, 3c la femme la plus laborieufe
ne peut, qu’avec beaucoup de peines 3c par le
travail le plus confiant, gagner de quoi fe nourrir
& fe vêtir. Qui la dédommagèrent d’ailléurs, cette
femme ifolée, des privations que fon état lui* im-
P°fe? Qui la furveilleroit? Qui la contiendroit ou
la rameneroit dans les bornes du devoir ? On le.
concevra donc fans peine : dans la conftitution actuelle
des troupes françaifes, il feroit abfurde de
permettre à un grand nombre de foldats de fe marier.
Toutes les fois qu’il y auroit plus de quinze
ou vingt hommes de mariés dans chaque régiment,
3c qu’ils y auroient leurs femmes, il en naitroit
néceffairement de grands dëfordres. En ne faifant
pas affez attention à la différence immenfe qui
exifte entre la conftitution militaire des Français
& celle des Grecs, des Pvomains 3c des Français
fous la fécondé race de nos rois , on s’eft permis
de déclamer contre le célibat des foldats. V o y e%
un ouvrage intitulé R é f le x io n s f u r la M a récha u ffée 3
page 29 3c fuivantes , & dans Y E f p r i t m i l i t a i r e ,
page 180 & fuivantes. Les auteurs de ces ouvrages
prouvent en détail la vérité de notre affertion.
Ne feroit - il cependant pas poffible de former
une conftitution militaire en France, dans laquelle
les gens de guerre puffent être en même tems citoyens
3c militaires, pères & foldats? L’auteur du
i S o ld a t c ito y en a donné fur cet objet quelques idées
très-heureufes ; mais les différentes parties du vafte
plan que cet auteur a tracé, étant intimement liées
ehtr’eîles , et ne pouvant guère être défunies
fans perdre de leur force 8c de leur bonté, il feroit
à fouhaiter que quelques écrivains s’occupaffent
de nouveau à réfoudre cet iqtéreffant problème.
En attendant cette folution, ne pourroit-on pas
faire quelques fuppofitions ? '"Dans le cas où l’oti
perfifteroit à compléter les corps par des conf-
èrits de vingt-un à vingt-cinq ans, ne devant fer-
vir que quatre ans, il feroit affez inutile de s'oc-:
cuper du mariage des jeunes gens qui auroient à
peine atteint l'âge où l’on doit fe marier , 3c qui
ne feroientplus foldats dès celui de vingt-cinq ou
de vingt-neuf ans ; il ne refteroit au plus dans
cette fuppofition que quelques foldats qui fe fe-
roient décidés à faire plufieurs congés , quelques
rempliçans & lés fous-officiers 8c les officiers ;
ce qui rentre dans un cas particulier.
Dans le cas au contraire où l ’on étendroit la
confcription depuis l’ âge de vingt ans jufqu'à celui
de quarante , & où l’on permettroit à tout
homme qui né pourroit pas ou qui ne voudroit
pas fervir, de fe faire remplacer, comme, d’une
part, cela’ pourroit néceffiter de prendre quelquefois
des gens déjà mariés, & qu’en outre il
feroit trop nuifîble à la population , aux moeurs ,
à l’agriculture & aux arts, & c. d'empêcher le mariage
d’une portion affez confidérable de citoyens,
alors il faudroit favoir fi l’on n’adopteroit pa's la
méthode fi fage des Pruffiens, de ne réunir les foldats
fous- leurs drapeaux , que.quelques décades
chaque année , avec des garnirons, finon féden-
taires,'au moins ne forçant point de la divifion
militaire dans laquelle l’on fe trouveroit placé.
Dans ces cas, il n’y auroit plus aucun inconvénient
- à accorder aux foldats la permiffion de fe marier,
j Eloigné de fa famille à peu près deux mois chaque
I année, le foldat qui auroit un bon métier ou quel