
8c d'3 doubles outils , feront deftînés pour les
trois angles fa il î an s du chemin couvert. Ces
tro’s gros auront chacun un ingénieur, ou du
moins des hommes intelligens , pour les dif—
pofer.
Trois autres cents travailleurs coupés par brigades
auront chacun deux ou trois officiers pour
les commander , deux ingénieurs pour lete conduire
, 8c feront employés à la place d’armes de
communication , éloignée d’environ quatre cents
toifes de la contrefcarpe. Deux détachemens ,
ehacun de cinquante hommes, foutiendront &
affûteront les travailleurs de la place d’armes ,
&que, félon le befoin, on pourra difpofer le long
de la ligne.
Trois autres gros de travailleurs, faifant en-
•femble trois cents hommes, divifés comme les
précédens , auront auffi leurs officiers 8c leurs
ingénieurs pour les difpofer , & formeront la
place d’armes, où fera le corps de réferve, distante
d’environ quatre-vingts toifes de la fécondé,
& éloignée de cent-vingt autres toifes des angles
plus avancés de la contrefcarpe.
Deux détachemens de cinquante hommes chacun
foutiendront lès travailleurs du troifième
ordre, & empêcheront qu’ils ne s’écartent. Ces
détachemens, outre leurs armes, apporteront des
fafcines (impies.
Suppofé maintenant que l’attaque foit réfolue
& réglée luivant cet ordre , avant que de partir
du camp, on attendra que le jour commence à
b ailier., & immédiatement après le coucher du
foleil, oïL rangera les troupes en bataille, fui-
vant les difpofitions du plan -, à méfure que la
nuit avancera , on marchera vers- la place" avec
le . même ordre ,• fans bruit, faifant halte de
temps en temps pour fe remettre , & pour donner
le temps aux fôldats de relpirer. Us auront befoin
de ce relâche , parce qu’étant fort chargés ,
le moindre trajet ne peut que leur être extrêmement
incommode.
Quand on fera à peu près à cent dix ou cent
vingt toifes du chemin couvert , on fera halte
pour la dernière fois ; on réitérera les ordres aux
officiers , & on leur indiquera de nouveau les
: endroits où il s’agira'de former l’attaque-, ën-
fuite on fera faire filence d’un homme à l’autre,
& on donnera enfuitë le lignai, foit par un
battement de mains, foit par un coup de fifflet.
Aufiitct les détachemens des lieutenans marcheront
pailiblement -aux angles faillans du chemin
couvert qui leur auront été montrés-.
Y étant parvenus, ils fe couleront le long de
la paliffade, chafferont les ennemis de leurs poftes,
<& les pourfuivront vers les angles rentrans, où ils
tacheront de les couper, en faifant promptement
un paffage dans le chemin couvert; il continueront
do U s pourfuiyre, jufqu’à ce qu’ils les aient entièrement
d'ifîipés , 8c s’ils n’y trouvent par-tout qùéE
des endroits qui foient aperçus de la place ,* ils
reviendront aux angles , où ils fe tiendront avec
les capitaines qui les auront fuivis de près.
Les travailleurs entreprendront de leur- faire
inceffamment un petit couvert à la tête ; en dref-
fant & ferrant bien leurs fagots contre la paliffade.
Ils y pourront àufli arranger les fafcines doubles,'
les mettre les unes fur les autres, & les foutenir
par des piquets, ou les y placer debout: Tandis
qu’une partie dés détachemens fera occupée à ce
travail, l’autre fera un feu continuel fur lès défenfes,
foit que l’ennemi y paroiffe ou n’y paroifie
point, & afin d’être moins expofés, ils mettront
un genou en terre.
Les troifièmes détachemens fuivront les féconds a
la diftance de trente ou quarante pas; ils occuperont
à côté d’eux les faces, contré lefquelles ils appuyë-
ront leurs matériaux, & exécuteront en tout le
refte la même manoeuvre des premiers -, les uns
8c les autres doivent faire grand feù. Cet avantage
doit même être en quelque façon du côté des
afliégeans , non-feulement à caufe du plus grand
nombre, mais parce*que les afliégés pris au dé-»
pourvu n’auront pas fongé à garnir le1-Commet do
leurs défenfes. Ainfi , tout bien confédéré, fi les af-
fiégeans ordonnent bien leurs logemens portatifs,
quoique d’ailleurs trop foibles , ils feront toujours-
en état de faire autant de mal à la place qu’ils en
pourront recevoir, a
Pendant que les troupes donneront de la befogne
à l’ennemi, le gros des travailleurs s’emparera des
trois angles de la contrefcarpe, fur lefquels, les-
ingénieurs auront foin de les établir, & de leur
faire. e'mbraffer également les faces de part 8c
d’autre.
On travaillera auffi en toute diligence aux épau-
lemens, & on aura un foin extrême de les bien
fortifier. S’il étoit poffible d’avoir des gabions rou-
lans , ils ferviroient beaucoup en cette occafion ,
tant pour garantir les gens qui auroient donné,,
que pour couvrir les travailleurs.
Auflitôt que la première Iio-ne fera mife en
mouvement, la fécondé & la troifième marcheront
de fuite jufqu’aux endroits qui 'leur-feront
marqués par les ingénieurs , & on les pofer a
fuivant^lés lignes à la même diftance dont nous
avons parlé.
Les troupes qui doivent les foutenir , fe porteront
à droite & à gauche, s’y coucheront ventre
a terre, & tomberont fur l'ennemi, en cas d’alarme.
Pour plus de foutien, on pourra encore faire avancer
cent chevaux fur la droite , & autant fur la
gauche, qui, à quatre-vingts ou cent toifes de la
contrefcarpe , fe placeront dans le premier couvert
qui fe trouvera à portée de l’attaque. Il feroit bon
que pendant la nuit on eût donné ordre à la cavalerie
de porter des fafcines à la dernière place
larmes , afin de donner aux travailleurs toute
l’aifanee- d’accélérer les lo^emens.
A la pointe du jour, lés troupes entreront
en partie dans les leurs, en partie dans ceux qui
auront été faits par les ouvriers, que l’on fera :
relever au grand jour , s’il eft poffible ; ceux qui
leur fuccéderont s'emprefferont d’achever ce qu’ils
troiiveront d’imparfait, afin qu’au moins, fi l’ennemi
fépréfente, oh puiffe le recevoir fans beaucoup
rifquer. Deux ou trois cents hommes dans chaque
place d’armes ne feroient rien moins qu’inutiles. Us
fe rangeront d’abord fur les extrémités , pour ne
point embarraffer le travail du milieu , & fe rapprocheront
lorfqu’il s’agira de céder le terrain aux
ouvriers.
La nuit fuivante on perfectionnera les logemens ,
auxquels on joindra des places d’armes par des
communications. Cette nuit-là même on commencera
à faire les defeentes des foffés , & à dreffer.
les batteries , de forte qu’au troifième jour de
tranchée ouverte on pourra placer le canon fur
.les foffés.
Tout cela fe doit conduire avec beaucoup
d’ordre , & il faut être entièrement sûr de la
foibleffe 4 lune place y avant que de fe réfoudre à
l’entreprendre. La brufquer dans l’incertitude , ce
fêroit courir rifque d’être chaffé, d’avoir le deffous
du jour au lendemain , & peut-être de n’y revenir
de longtemps., à e qui ne fauroit arriver fans
qu’il en coûte* “
Au refte, les 'deux places d’armes tiennent ici
liëu dé la féconde ligne , & du corps de réferve
dans les batailles ; elles en ont la difpofition , &
qui eft même plus avantâgeufe, puifque fi l’ennemi
tombe avec tout le fucçès poffible fur la première
ligne, qui eft le logement, lé premier effet de la
féconde , qui eft la place d’armes ou parallèle,
lëra:, i°. dë recevoir ceux qui auront été chaffés,
& dé les garantir dans la pourfuite du feu de
l’ennemi ; z°. de'l’empêcher de monter fur le haut
•du logement pour le déniolir; 3®. de tenir les liens
à portée de les reprendre pendant la nuit.
Lorfqu’il fe trouvera des ouvrages à corne , cou-
; tonnés ou tenaillés , qui auront des foffés fecs,
on n’héfitera pas de les infulter ; mais; il faudra fe
munir d’échelles & de haches pour en couper la
fraife , „& avoir foin d’en couper les gorges dans
3’aët-ion. Le fueoès en eft plus douteux que celui
de l’attaque des contrelcarpes ; mais auffi quand il
' eft favorable , on gagne un foffé qui fournit une
place d’armes où l’on peut mettre à couvert telle
quantité 'de monde qu’on veut.
Je n’en dirai pas autant de ces fortes d’ouvrages
^ont les foffés feroient pleins d’eau ; la difficulté
qu’il y auroit d’en venir à bout doit les faire excepter
de la règle ,• qui ne s’étend que fur- les
places dont les défenfes participent aux défauts que
nous ayons détaillés. La meilleure manière eft de
les entreprendre tout d’un coup, 8c de ne pas y
aller à deux fois.
U faudra faire la fécondé place d’armes far la
contrefcarpe, avec quantité d’ouvertures pour def-
cendre dans le foffé de l’ouvrage à corne , fans qu’il
foit befoin d’une troifième', à laquelle ôn iùpplcera
par des bouts de tranchée en arrière, que l’on
prolongera auffi- loin qu’il fera poffible.
Les gens deftinés à ces attaques, doivent êtr®
munis de vivres pour vingt-quatre heures, 8c né
doivent manquer ni d’aumôniers , ni de chirurgiens
, ni de quelques ingénieurs pour diriger le
travail. On aura la même attention pour les places
d’armes , & fur-tout pour la fécondé , qui étant
moins éloignée de la place, aura beaucoup plus
de dangers à effuyër ».
BULLETIN. On donnele nom à e b u lle t in '& \ i rapport
qu’un général fubordonné, chargé d’un fiége,
ou de quelqu’autre opération particulière, fait parvenir
au général qui l’a détaché. On peut, en falfi-
fiantee b u lle t in & le faifant tomber entre les mains
des ennemis , obliger un général crédule ou foible
à rendre une place pour laquelle il n’efpère plus
de fecours , ou à abandonner un pofte impor-
i tant, 8c c. : mais un homme habile & ferme ne s’en
rapporte jamais à des avis de ce genre ; il fe méfie
de tout ce qui vient de l’ennemi. On peut
encore faire ufage d’un b u l l e t in pour ranimer ou
exciter le courage de fa propre armée , en lui annonçant
un prompt fecours, l’arrivée d’un convoi j
lui communiquant la nouvelle d’un avantage remporté
par un autre corps de troupes ; fi le b u l l e t in
a été falfifié, il faut profiter avec promptitude de
l’erreur que- la falfification a produite , car elle
s’évanouira bientôt , 8c l ’armée, en perdant fon
erreur, perdra beaucoup de fon courage.
BUREAU, ( frais de. ) On comprend fous le
nom de f r a i s d e bu rea u toutes les dépenfes qui fe
font dans les corps militaires, pour payer les
appointemens des différens écrivains , pour lafolde
des ports de lettres , l’achat du papier & de la
cire d’Efpagne , &c. : c’eft le quartier-maître da
régiment qui fait les avances de tous ces objets ;
ils lui font remboursés fur la rnaffe générale ,
d’après l’examen & la décifion du confeil d’admi-
niftration : ce confeil ne peut apporter trop d’attention
à vérifier tous les articles de dépenfes, car
fi- les quartiers -maîtres manquent de probité, ils
peuvent employer plus de cqpiffes qu’ils n’en ont
réellement befoin pour leur travail ; porter en dé-
penfe des lettres qu’ils n’ont point reçues, ou qui
{ ne font point relatives aux affaires du corps ; ils
îj peuvent, grofîir de même le refte des articles du
J mémoire. Ce que:je viens de dire des b u r e a u x des
| quartiers-maîtres de régiment, eft également ap-
| plicable à tous les autres b u r e a u x .
I II eft un objet' fur lequel les ordonnances militaires
n’ont point prononcé , & qui mériteroit