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vention en eft due-à M. Abe ille, ingénieur du
•roi ^-.auteur du projet de ce grand ouvrage, qui
fera pour la poftérité le plus beau monument de
fes connoififances en hydraulique. Keralio.
BA SSINET. Le bajfinet eft cette partie de la
platine dans laquelle on dépofe l'amorce. Voyez
la defcription du bajfinet dans l’a r tic le A r q u e b
u s i e r , di&ionnaire des arts & métiers.
Nous avons, dans les ordonnances militaires ,
deux commandemens relatifs au bajfinet: ouvrez
le bajfiiïèt, fermez le bajfinet ,* po’urquoi ne diroit-
on pas découvreç le bajfinet 3 couvrez le bajfinet ? ce
commandement feroit cou r t, fonore & françois.
B ASSON. Inftrument de mufique , qui entre
dans les mufiques militaires , quoiqu’ il Toit peu
fait pour y trouver place, Voyez M u s i q u e . Pour
connoître cet inftrument , Voyez le dictionnaire
des arts & métiers.
BASTIL LE . On donnoit jadis le nom de baf-
tille à la plupart des châteaux bâtis par nos ancêtres,
pour fervir de retraite pendant la guerre,
à eux & à leurs vaflaux.
La liberté a délivré la France de tous les édifices
qui po-rtoient ce nom.
On faifoit ufage des bafiilles y pour circonval-
îer les places. Le comte de Salisbury, afliégeant
Orléans, à la tête de l'armée angloife , en 1418, &
voyant qu'il entroit journellement des fecours dans
la ville , forma le projet de l’environner de fix
grandes bafiilles , élevées fur les principales avenues
, & fe communiquant par foixante redoutes
conftruites dans les intervalles. Il fut tué d’un
coup de canon , & Ton projet he fut exécuté
qu'après fa mort. .Quoiqu'il ne fût pas pof-
lible de pénétrer d'ans la ville , fans paffer fous 1 artillerie des bafiilles 3 plus d’une fois Gaucourt,
Xaintrailles , la Hire ,. l’ amiral C ulan t, & d’autres
chefs de troupes françoifes , forcèrent cette
circonvallation g & introduifirent des convois
dans la place.
Charles VII. fit conftruire des bafiilles autour
de Montereau - Faut-Yonne, qu’il affiégea en
1457 , & prit d'aflaut à Iâ tête de fes troupes , en
traverfant le fofie plein d’eau , 8e montant le premier
à la'brèche.
B A ST IO N D E C AM P A G N E . Screncegide
l ’officier particulier. Une des manières des plus
fûres de mettre en état de défenfe un pofte, une
maifon , un village , confifte à l’entourer d’un
parapet tournant. Voyez M a i s o n .& V i l l a g e ;
mais comme un parapet to u rn an tq u i ne feroit
défendu que par des feux directs ou de courtine,
feroit très foible , parce qu’ il ne feroit point flanqué,
Voye^ P a r a p e t \ o o conftm.it, en avant d e s 1
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lignes qui le forment, des faillans qui lui procuJ
rent des feux de flanc •& des feux croifés. C'eft
à ces faillans que nous donnons le nom de bafiion.
de campagne.
On doit conftruire des bafiions de campagne en
avant de tous les angles faillans ou morts, parce
que ces angles font dépourvus de toute défend
3 ^ efl avant Bgnes droites qui font
anez.^ longues pour que les bafiions élevés à leurs
extrémités, ne puinent les défendre dans toute
leur longueur.
Tous les baillons de campagne doivent fournir
des feux directs pour leur propre défenfe •»
& des feux de flancs pour celle des courtines 8c
des bafiions voifins. Ces bafiions peuvent avoir
la forme d’un bafiion ordinaire & être composes
, comme eu x . de deux faces & de denx flancs;
ils peuvent auffi n’avoir que des flânes , leurs
faces étant remplacées par une ligne circulaire.
Ces derniers nous paroiffant mériter la préférence
, voyez R e d o u t e c i r c u l a i r e , ce fera
les feuls dont nous nous occuperons.
Les flancs de tous les bafiions de campagne formeront
un angle .droit avec la ligne fur laquelle
ils feront placés r ils comprendront entre eux
j une gorge de trente pieds d'ouverture & ils feront
proportionnés, quant à leur longueur, ail
; nombre d'hommes & à l’efpçce des armes def-
tinées à les défendre : ils auront donc trente-
' deux pieds de longueur, quand on voudra y
placer deux pièces de canon ; vingt-fix, quand
on ne voudra y en placer qu’une , & vingt ,
quand ôn n’aura point d’artillerie. Voyez O uv
r a g e EN T E R R E .
Pour tracer les faces d’ un bafiion de campagne
conftrtiit fur une ligne droite ou pour mieux
dire la ligne circulaire qui doit remplacer ces
faces, on prend un cordeau dont la longueur
eft égale aux deux tiers de celle du flanc du
bafiion; on porte un des bouts de ce cordeau
fur l'extrémité extérieure de l’un des-flancs, &
de ce point, on trace un arc de cercle vers l’in-
! térieur du bafiion : on répète enfuite la même
opération fur l’autre flâne : du point.où ces deux
arcs fe coupent, &"de la même ouverture de
compas, on trace un arc de cercle qui jojnt
les deux extrémités des flancs ; cet arc eft la
ligne circulaire demandée.
Quant à la manière de revêtir & de conftruire
ces bafiions de campagne3 Voyeç l'article
O u v r a g e e n t e r r e *
La "gorge d^un bafiion de campagne placé etl
avant d’un angle raillant doit être toujours de
trente pieds, comme nous l’avons dit plus haut:
afin de conferver cette ouverture, ou ce qui
eft la même chofe^cette diftance entre lès flancs,
b a s
Il fuit néceffairëment les placer dans un éIoi-‘
gnement du fommët de l’angle, proportionné à
l'ouverture de cet- angle 5 plus 1 angle fem obtus
, plus les flancs feront donc rapprochés de
fon fommet ; plus il fera aigu > plus ils en feront
.éloignés. La diftance des francs au fommet de
l’angle peut varier depuis feize jufqu'à trente
pieds.
Les 'flancs de ce même bafiion étant élevés,
fl s’agit de tracer la ligne circulaire qui doit lui
fervir de faces. Pour déterminer la pofition du
centre de ce tte : portion de cercle , on tirera
une ligne qui partagera l’angle qu’on voudra
couvrir , en deux parties égales : cette ligne eft
connue fous le nom de rayon extérieur ; c'eft
fur cette ligne que fe trouvera le centre de la
ligne circulaire. On fent bien que lorfque l'angle
fera obtus , le centre de la ligne circulaire
devra être plus éloigné du fommet de l'angle,
que lorfque l’angle fera aigu. Cette diftance peut
varier depuis quarante jufqu’à dix * huit pieds
Quand l'angle fera très aigu , le centre de la
ligne circulaire devra être à quinze pieds du
fommet de l'angle; à vingt-quatre, quand il
fera droit ; 8c à quarante , quand il fera obtus :
du point que nous venons de défigffer comme
centre, 8e d'une ouverture de compas égale à
la diftance qui fe trouvera entre ce point &
l ’extrémité extérieure d’un des flancs , on tracera
un arc de cercle qui ira joindre l'extrémité
extérieure de l’autre franc ; cet arc de cercle
fermera le bafiion & lui fervira de faces.
On aura attention de faire recorder l’extrémité
de l’arc avec le commencement du flanc ,
de manière qu'elle ne forme pas un angle fen-
fible.
Les bafiions étant tracés, d’après les principes
que nous venons d’ établir, ils renfermeront tous
une furface égale , ou prefqu’égale , & qui fera
toujours fuffifante pour leurs- défenfeurs.
Pour connoître les petits détails des différentes
opération que nous venons de décrire j
Voye% notre ouvragé intitulé Guide des officiers
particuliers en ■ campagne, N Q. 3,37.
B A S TO N N A D E . Punition militaire’.. Recevoir
la, bafionnade , c’eft recevoir des: coups de
bâton. Cette punition doit elle trouver place
parmi les punitions militaires' françoifes ?
. Quelques militaires youdroient qu'on fît légalement
ufage dë la- b'àjfioniiàdi dàn£ l^armée fran-
' Çhife;> & qù*bn s’ën Ter vît pour- lês^ fautes 1é-
geres. Il.s s appuyent fu-r l'exemple de quelques
regime,ns ' étrangers, qui font à notre fervice ;
fur le mot de cet officier , qui prétendoit s'être
touiout-s bien trouvé d'ayoir reçu & donné des
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coups de bâton ; fur l ’exemple des Romains ;
fur celui de quelques-uns de nos voifins , &
enfin fur celui de notre propre armée, pendant
la dernière guerrë d’Allemagne. A ces autorités,
ils joignent les raifons fuivantes : bafionnade,
difent-ils ,' permet de proportionner la peine
au délit ; cette punition fait de l'effet fur tous
hommes ; elle^ eft prompte , vifible , n’eft point
difpendieufe ; elle a en un mot beaucoup d’ avantages
, & prefque aucun inconvénient. Il peut
y avoir du vrai dans ces aflertions, mais il eft
aifé de démontrer que le faux y domine.
Les Romains faifoient un fréquent ufage de
la bafionnade\ ils en comptoient même de trois
efpèces différentes j mais la punition à laquelle
ils avoient particulièrement donné ce nom, 11e
reffembloit point à celle qu’on propofe de mettre
en ufage parmi nous. La b^fionnade étoit à Rome
une peine capitale , & qui n’étoit infligée que
pour les plus grandes fautes ; celui qui devoir
la fubir étoit conduit devant le tribun; cet officier
touchoit légèrement le coupable avec’ le
bout d’un bâton, & auffi-tôt tous les légionnaires
fondoient fur lui avec des pierres & des
bâtons, 8>z prefque toujours lui arrachoient la
vie : celui qui n*étoit pas mis à mort, n’en étoit
peut-être que plus à plaindre; il ne lui étoit
plus permis de retourner dans fa patrie, & il
étoit défendu, même à Tes plus proches parens,
de lui donner le plus petit fecoiirs. Voyez les
mémoires de l’académie des inferiptions, tome
35 , pag. 240. Cette punition étoit'infligée
aux foldats qui voloient dans le camp, qui dé-
roboient les armes.de leurs camarades, qui rërv-
doient un faux témoignage, qui avoient été repris
trois fois d'une même faute, ou qui avoient
commis une lâcheté ; elle étoit aufli' infligée aux
gardes qui avoient manqué à leurs devoirs, aux
officiers fupérieurs qui ne puniffoient pas les
fautes que leurs inférieurs avoient eommifes.
La fécondé efpèce de bafiannade dont fes Rôt
nains faifoient ufage, étoit àffe'z femblable à
la nôtre : elle étoit réfervée pour les citoyens
Romains ries coupables étoient frappés avec un
cep de vigne,, que portoient toujours les centurions.
Cette bafionnade n'étoit ni cruelle ni
infamante , elle étoit .infligée pour des fautes
affez légères. Sortir des retranchemens fans per-
miffion, être querelleur, difficile à« vivre &c. r
Voyez ‘encore les' mémoires de l ’académie des I inferiptions ;. tom.,$6 3pag. 165,.
La troizieme efpece àt,bafionnade employée par
les Romains, étoit réfervée pour les étrangers y
ils, étoient frappés aVec un bâton. Cette punition
étoit auffi infligée par les centurions,, 8c
n’étoit point flétriffante.
Laquelle de cçs trois efpèces de bafionnade 9