
Fl’et. Toiles. I’ieds. Potices.
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THÉORIE. On fe fert vulgairement dans l'armée
françaife 3 du mot théorie , pour exprimer la
connoiffance des ordonnances militaires. Faire la
théorie, c'elt enfeigrier les ordonnances ; apprendre
la théorie , c'eft les étudier ; fivoir. la théorie| c eft
les favoir par coeur.
Il eft un autre genre de théorie bien plus important
| Quant à la théorie de l’ art de la guerre, elle
i exigeroit :
1 i°. Un ouvrage bien fait, où Ton en développeroit
J & que l'on ne peut pas étudier dans les-
ordonnances ; c'eft celle de l'art de la guerre. Il a
des préceptes 8c des connoiflances qui embraflent
tous les grades, depuis le fous - officier W H
général en c h e f , 8c malheureufement c'eft cette
théorie pour laquelle nous n avons encore aucun
ouvrage élémentaire fatisfaifant.
A l ’égard de la théorie qui eft contenue dans
les ouvrages militaires, rien de plus néceflaire que
fou étude , fans laquelle les fous-officiers , les officiers
8c même les généraux font expofés à faire
des omiflions , 8c même à commettre des fautes.
Il feroit donc coupable , celui qui oferoit fe fier
aux obfervations qu'il pourroit faire , à ce qu'il
pourroit apprendre par le moyen de fes camarades
ou par fa propre expérience ; il s'expoferoit à être
fouvent en faute 8c U mériteroit d’être févérement
puni. Auffi , pour éviter de femblables inconvé-
niens, eft-il eftentiel qu'il y ait une école de théorie
dans laquelle on exigerait que les jeunes gens
qui’ fe préfenteroient pour être officiers, ainfi que
les foldats que l’ on voudroit faire fous officiers ,
donnaffent des preuves de la connoiffance qu'ils
ont de la partie des ordonnances qui concernent
les grades dans lefquels on voudroit les faire en-
* Trois ou quatre fois chaque année il faudrait
auffi , devant le corps affemblé, faire une leélure
des ordonnances avec des commentaires pour
pelles qui en auroient befoin, afin d'être mieux
clairement tous les principes.
2°. Une école dans .chaque corps , où l’on en
donneroit des leçons appuyées par des expériences
& des démonftrations, îoit fur le terrein réel, foit
fur un terrein fa&ice.
C ’eft par la rail on que difbit Lamachus, qu il
ne fe trouvoit pas deux occafions de faire la même
faute à la guerre, & par confequent d éviter c'elles
que l’ on avoit commifes, qu’il eft lï important de
le précautionnsr pendant la paix- , & de s affurer
des fuccès dans la pratique en s’ y étant préparé
par la théorie & l’étude réfléchie des principes de
l’art. ■ "
Dans ce moment il paroît un profpeclus pour
annoncer un jeu nouveau, intitulé Jeu de guerre,
& pouvant fe jouer comme celui des échecs. Ce
jeu enfeigne les -principales réglés de la tactique, &
repréfente les événemens de la guerre , les attions,
: les fiêges , l’emploi des différeutes troupes , les effets
de l'artillerie , les difficultés quoppoje le terrein aux
opérations militâmes , &c. M. Flelwig, allemand,
eft l’inventeur de ce je u , déjà très-connu en
Pruffe & à la cour du prince de Brunfwik. Le prof-
peélus qui paroît, eft de Ch. Fr. Cramer, rue des
Bons-Enfans, n°. 12.
TIRE - BOURRE. Les ordonnances défendent
avec raifon aux foldats d’ entrer dans leurs quartiers
avec les armes chargées. Pour prévenir les
accidents trop communs en ce genre, ne devroit-on
pas ordonner au caporal ou au brigadier de femame
de chaque compagnie, de refter fur la porte du
quartier jufqu’ à ce que tous les détachemens de fa
compagnie, qui ont monte la garde la veille, foient
arrivés, aient déchargé leurs armes avec le tire-
bourre, & rendu les cartouches qu’on leur avoit
données, % _ , v
On voit dans les ordonnances de Louis XIV,
que lorfqu’on vouloit, dans un champ, faire décharger
les armes, on faifoit tirer les foldats contre
terre, dans un endroit qui n’étoit pas frequente.
L’ invention du tire-bourre a fuppléé avec avantage
à cette manière de décharger les armes.
A la fin de chaque exercice , on fait décharger
les armes avec le tire-bourre.
Un offici-.r détaché doit faire décharger les
armes de fes foldats toutes les fois qu’une pluie
confidérable a pu mouiller la poudre. Il ne doit
jamais ordonner à toute fa troupe de décharger
les armes en même tems.
c o n ç u e s . . c
Peut-être auffi chaque mois raudroit-ii qu il y
eut des conférences fur les mêmes objets ; il faü-
droit auffi que toutes les fois qu’un fous - officier
ou un officier commettroit une faute contre les
ordonnances, il fut condamné à affifter un certain
$eitis à i’école de théorie.
TRAHISON. Perfidie, défaut plus qu moins
grand de fidélité envers fa patrie, fon prince, &c.
en un mot, envers ceux qui avoient mis confiance
en nous. | _ ,
Quand on n’ auroit pas allez de vertu pour de-
tefter la trahifon, quel qu’avantagé qu’elle puiflé
prôeurer, nous nous bornerons à dire que le feul
intérêt des hommes devroit fuffire pour la leur
faire rejeter ; car on fa t allez que. les princes même
qui emploient la trahifon pour le fuccès de
leurs projets, ne peuvent pas aimer les traîtres.
A ce fujet, on peut fe rappeler la réponfe de Philippe,
roi de Macédoine, à deux miférables qui,
lui ayant vendu leur patrie, fe plaignoient à lui
de ce que fes propres fold.ts les traitoient de traîtres.
iVe prenez Pas ëar<^e > leur dit-il, a ce que difent
cet gens grojjters, qui appellent chaque chojè par fon
nom•
TRAITÉS. L’intérêt de l’état doit feul fervir
de règle au fouverain, & quelquefois il leur im-
pofe la néceffité de manquer aux traités qu'il a
faits , i ° . quand l’ennemi ou l’allié manque à remplir
fes engagement $
20. Quand l’un ou l’autre médite de vous tromper
, circonftance où il ne refte plus qu’a les prévenir!
30. Quand une force majeure vous opprime &
vous force à rompre vos traités J _
4°. Quand vous manquez de moyens de continuer
la guerre.
Une fatalité malheureufe fait influer les richeffes
fur tout, & les princes font plus leurs efclaves que
lés autres; l ’intérêt de l’état doit feul leur fervir de
lo i, & elle eft inviolable. Si le prince eft dans l’obligation
de facrifier fa perfonne même à fes fujets,
à plus forte raifon doit-il leur facrifier des liaifons
ou des traités dont la continuation leur de viendrait
préjudiciable. Auffi y a-t-il plufieurs traités
que la néceffité ou la fagelfe , la prudence ou le
• bien des peuples oblige de tranfgreffer. Si François
T r. avoit accompli le traité de Madrid , il
auroit, en perdant là Bourgogne, établi un ennemi
dans le coeur de fes états j c’étoit réduire la
France dans l’état malheureux où elle étoit du
teffis de Louis XI & de Louis XII. Si , après' la
bataille de Muhlberg, gagnée par Charles-Quint,
la ligue proteftante d’Allemagne ne s’étoitpas fortifiée
de l’appui de la France, elle n’auroit pu
éviter de porter les chaînes que l’empereur lui
préparoit de longue - main. Si les Anglais n a-
voient pas rompu l’alliance fi contraire à leurs
intérêts, par laquelle Charles II s’étoit uni avec
Louis XIV, leur puiflance couroitrifque d’être diminuée,
d’autant plus que dans la balance politique
de l’Europe , la France l’auroit emporté de beaucoup
fur l’Angleterre. Le public , qui ignore ces
détails, ne juge que furies apparences & fe trompe
dans fes décidions : la prudence empêche qu’on ne
le défabufe; & le fouverain, qui quelquefois ne
peut fe juftifier pendant fa vie fans compromettre
l’intérêt de l’état, doit fe contenter de l’efpoir de
légitimer fa conduite aux yeux de la poftérité. Hif-
toire de mon temsg
Il ne faut jamais fe laitier furprendre par l’efpoir
d’un traité prochain. On doit fe rappeler de la faute
que fit le duc de Oueldres, en fufpendant fa marche
dansl'efpoir d’un accommodement entre François
Ier. & les Suifles.
Quand l’ennemi vous fait propofer des traités ou
des fufpenfions d’ armes , il faut bien avoir attention
d’obferver fi ce n’eft pas pour nous faire perdre
un tems précieux, qu’il vous fait des proportions.
Théodofe & Valentinien-,, empereurs d’Orient &
d’Occident, s’étoient réunis contre Genferic, roi
des Vandales j ce prince fe voyant hors d’état de
lutter contre deux ennemis auffi puiflans, marqua
le plus grand defir de faire la paix avec les deux
empires. Sous cet efpoir, irrendit inutile la jonction
des forces des deux empereurs, & leur fit con-
fumer toute une campagne à ne rien faire.
TR AITRES.On doit toujours fe méfier des traîtres.
Le comte de Fiennes voulant fe rendre maître,
par furprife, de la ville de Hefdin, voulut, pour
faciliter l’exécution de fes projèts, féduire un.fol-
dat français, prifonnier de guerre : celui-ci promit
& fit même les démarches les plus propres à per-
fuader de fafincérité; mais il donna avis au gouverneur
d’HefJin de tout ce qui avoit été concerté,
de manière que quand les Impériaux arrivèrent
devant la place , ils trouvèrent tout le monde en
armes, & tellement préparés aies recevoir, qu’ ils
furent obligés de faire leur retraite. Il eft donc
très-prudent, avant de fe fier, même à ceux qui
vous font les plus favorables & qui paroiffent vous
fervir le plus chaudement, d’examiner s’ils font
riches ou pauvres, quelles font leurs moeurs, leurs
relations; ii faut faire éclairer de très-près ieurs
démarches , leurs habitudes, les entourer d’ef-
pions, intercepter leurs lettres : telle fut en 1^42,
la conduite de Dubellay , gouverneur de Turin ,
avec le juge de cette place , qui prétendoit, au
moyen -d’ une faufle correfpondance , le rendre
maître du marquis de Guaft & de fa troupe.
Montluc dit que, pour prévenir les traîtres &
les découvrir, il faut fe faire donner des avis fup-
pofés fans nommer perfonne, dire qu’on eft averti
de l’entreprife & qu’on eft fur le point de la découvrir,
feindre auffi d’avoir quelqu’ intelligence
dans l’armée de votre ennemi.
Ventidius, général romain , fournit dans la
j guerre contre les Parthes, un exemple mémorable
de la manière de tirer parti des traîtres. Il y
avoit dans fon camp un petit prince de l’Orient,
qui, fous le nom d’allié, étoir entièrement dévoué
aux Parthes, avec lefquels il entretenoit une correfpondance
fecrète. Ventidius s’entretint familièrement
avec le traître, des opérations de la campagne.
J’ai appris, lui dit-il un jour, que les Parthes
ont deffein de pafler l’Euphrate dans un endroit
où , après l’avoir paffé, ils fe trouveront dans un
pays très-favorable à leur nombreufe-cavalerie, tandis
que s’ ils paffoient à l’endroit ordinaire, ils tom.
beroient dans un pays de montagnes qui leur feroit
très-défavorable. L’efpion ayant inftruit les