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tous les feigneurs de l’année/ 5 auxquels il pro-
Pofa le^ commandement qu'il avoit fait de
n aller à TafTaut auparavant le coup de trompette
: Paudace & la témérité de BoifTy à violer
m*^ta^res en une affaire fi dangereux
qu’éfloit l'ordonnance d’ un affaut : que celle
faute fi qu’elle ne pouvoit être expiée que par
la mort de lui qui l’àvoit commife, par laquelle
chacun àpprendiGit à fe rendre obferva-
t6ï . ^e. /es commandemen-s. Toutes fois que
ceftui-ci étant forti , ores que de travers , de
la maif’on de fe.ue madame fa . mère , il leur
en remettoit lé jugement , auquel il les prioit
tous de procéder hors toute paillon. Les choies
débattues -par commune voix, il fut jugé coupable
de mort. Lors le marefchal , lequel peu
auparavant m’avoit baillé une chaif n e d ’o r de
deux cents efcus en garde , me recommanda
^a*re aPPe^er prévoit & BoifTy enfemble.
Bilans tous deux entrés en la chambre où le
confeil fe tenoit, il lui tint ce propos : BoifTy ,
ta vertu & ton courage témérairement montrés
a l’affaut de Vignal , font fufceptibles de quelque^
faveur & recommandation , mais la loi
militaire , qui doit fervir de guide à toi & à moi ,
& que tu as fi inconfidérément violée , a fait
que par les voix de tous ces feigneurs, tu as
^té juge digne du dernier fupplice. Mais moi
prenant 8c mefnageant l ’entre - deux de la faute
«u de la .grâce , je t’ai -fait :porter la dureté
d une ignominleufe pr-ifon pour -expier ton
P^chs 8c ta faute : & d’autre cofté erabrafiant
miferiebrde , 8c confidérant que la valeur plutôt
que la malice t’avoir fait tomber en cette
défobéiffance , je -te la veux aujourd'hui pardonner
, a la perfuafion & prière de ces feigneurs
, & recognoître aufïi tout du -train
vçeft intrépide courage que tu as montré, te
jeptarct à corps perdu dans la brefehe , dont
■ Dieu t’a mîraculeufement fauve , pour tirer de
toi quelqu’autte fignalé fervice à la gloire de '
fa divine majeîté-, & de main en main -, de f
'Celle du roi noftre maiflre. Voilà pourquoi je ••
te donne celle chaifne d ’o r ( que je lui mis
-moi - même , au col ) : Vas à mon efcuyer, au- ;
*quei j-aî .commandé de ,te donner un cheval
•d Elpagne , un courtaut & des armes , pour
dorefnavant té tenir auprès de moi , & -fervir
en-ce que je te commanderai. Tous ces fei-
gneiirs trouvèrent i'aÇïe -de la corredion & -
celui de ia récompense fi admirables , qu’il
n’y eut celui d’eux ni de toute .l’armée qui n’en
louait infiniment de marefchal , & auquel cela
ne. -fervit d’efperon à toujours mieux faire &
obéir », P a g . 313 & fuivantes du tome. X X X V
de la colle dion des Mémoires relatifs -a VIlifloire
de France.
Après une vidoire remportée par les François '
dans -la -Valtelinevj Louis XIII envoya au .colonel ;
•C H A '
Gt-eder une chaîne dor \ laquelle pend oit une I
médaillé fur laquelle l’effigie du roi étoit em- I
premte.
Ces chaînes d’or étoient , avant l ’inflicution 1
des ordres de chevalerie, une récompenfe très- I
militaire-, tres-fage , 8c très-analogue au carac- I
tere des François. Récompenfèr avec de l'argent |
, n.a<a:i?ns clui n’annoncent que de la valeur, [1
c ejl épuifer le fife-, 8c rabaifTer ceux qu’il importe 1
delever-, récompenler avec des grades, c’efl af- i
oibhr 1 armée. Les chaînes d’ un métal précieux t|
avoient même fur les ordres de chevalerie cet 1
avantage fingulier, qu’elles donnoient la fàci- I
lue de mettre une jufle proportion entre la ’
recompenfe 8c l'adion qui l’avoit méritée. Il i
feroh utile , ce me femble , fi l’ on inflituoit I jamais quelque nouvel ordre de chevalerie , pour ||
récompenfér !les guerriers, d’avoir fans ceffe cette I
derniere obfervation préfente.
CHAMBRE DE MINE & DE FOUGASSE» |
On donne le nom de chambre à,cette partie d’uns I
mine ou d’une fougaffe dans laquelle on dépolis
la poudre; Voyei M in-e & F ougasse.
CHAMP. Battre au champ. Batterie connus
fous le nom de marche. Les tambours des gardes |
battent au champ pour le ro i, la reine, les princes 1
•du fang, & les maréchaux de France -, quand le
S. Sacrement ou un corps de troupes paffent à I
portée du polie ; quand on ferme & quand on 1
•ouvre les portes où ils font de garde -, on bat au 1
■ champ qpand les troupes marchent en bataille -, cette 1
batterie leur marque la mefure du pas, & leur I
indique quelle -eft la jambe qui doit être en I
mouvement.
C hamp - clos. C’étoit un lieu enfermé de I
barrières , dans lequel deux ou plufieurs per- f
fonnes vïdoient leurs différens par les armes.
Voyei les articles C h e v a l i e r & C h-e v a -
L-B R I E .
CHAMPIOTsT. Ce mot défignôit celui qui com-
battoit en champ-clos , pour la querelle ou pour I
celle d’un autre. Voye£ les articles C h-evaller & *
C hevalerie.
CHANCELLERIE MILITAIRE. La chanceU 9
lerie militaire doit fon inflitution au confeil de 1
de la guerre. -Un efprit fifcal l’a créée. On vou- [
loit avoir Pair d'économifer & cependant ne H
point dimmaer la dépenfe ; on imagina de faire I
payer aux officiers un droit pour l ’expédition I
de toutes lettres-, brevets ou commiffions , &
ôn décora ce droit du beau titre de chàncel- I
lerie militaire. Ce droit n’étoit point, il efl v ra i, I
exorbitant pour chaque individu , mais il n’en I
devoir pas moins être très - productif pour la ] caiffe dans -laquelle il étoit -verfé. Toutes les I
fois qu’un lieutenant-colonel fe retiroît, le droit I
de chancellerie militaire s’élevoit à plus de quatre |
cent cinquante livres. Ou les -gppointemens qu$
C H A C H A
Se ro* donne aux officiers de fes troupes font
rtrop forts, ou ils ne le font point. S’ils font
trop forts , ils faut les réduire •, s’ils ne font
«que ce qu’ils doivent être, il ne faut point les dimi
muer. Le 'droit de chancellerie militaire a néant if-
foi t , il efl vrai, celui d’attache ; mais ce n’e - ,
toit qu’en l’aggravant qu’il l’avoit fait difparoltre.
Les militaires ont tout lieu d’efpérer que ces droits
ri’exifteront bientôt plus : ce qui doit leur donner
cette efpérance , c’efl l’anéantiffement de la retenue
-des quatre deniers pour livre ., annoncé dans le
.plan que le miniflre de la guerre a lu au comité
militaire de l’affemblée nationale. Donner d’unë
main reprendre de l’autre , c’efl un art qui
fera abfdlument oublié par les adminiflrateurs.
Nous ne donnerons point ici le tarif de ce droit-, 51 efl du nombre de ceux dont il n’e fi: pas nécef-
•làire de transmettre le Convenir à la poflcrité.
CHANDELIER. Machine employée dans l’attaque
& la défenfe des places, pour fe mettre ’
'à l'abri de la moufqueterie des ennemis. I l con- •
fi fie en deux poutres parallèles., unies par une ;
•entre r toife , & placées à fix ou fept pieds de
Siflance l’une de l’autre : fur chacune de ces
poutres font placées deux pièces de bois élevées
a l’angle droit & d’une longueur proportionnée ,
à l’élévation qù’on veut donner au fafeinage -,
c’efl dans l’efpace compris entre ces quatre
pièces de bois qu’on place les fafeines ou les {
îaucifibns.
Les chandeliers garnis de leur Fafeines mettent
ceux qu’ ils couvrent à l’abri des balles-, on peut
s’en fervir dans une-infinité de circonflances.
CHANGE MENS MILITAIRES. Demandez à
-tous les citoyens qui ont depuis peu abandonné
le fervice militaire, pourquoi ils ne fervent plus-,
demandez à tous ceux qui fervent, pourquoi ils
foupirent fans ceffe après des circonflances Favorables
à leur retràite. Tous , -après avoir allégué :
quelques raifons plus ou moins fortes, finiront
par vous dire : les principales caufes de notre
dégoût, ou de notre retraite précipitée, ce font
les- changemens continuels dont nous avons été les
témoins & les viélimes. "Voici comme .s’exprime '
à cet égard un des cahiers adrefTés., par un^de '
n° s régimens , aux repréfentans de la nation. Les ’
officiers du régiment de...... convaincus que.l'inftabilité
de la conflitution militaire Françoife a
produit .ce dégoût pour lie fervice , qui efl aujourd’
hui .prefque général dans l’armée.,, & que :
Ses changemens arbitraires qii’ ont Fait - éprouver
aux^ ordonnances de nos rois les meffonnes qui
étoient le plus fpéc’ralememt.chargées de les faire '
obferver, font la caufe première de cètte ’indif-
lérencejour la lo i, ;qu’on remarque dans toutes ‘
4es claffes ^ nos guerriers.,'-Tqiplient &,c.
ïüifgue Ja yeifatUitë de Ua BonïtSiition müÿ- “
H J
taire a produit le dégoût dont font attaqués nos
officiers 8c nos foldats, nous devons nous hâter
d i l'anéantir : nos repréfentans doivent-, par une
loi conft-itutionnelle, flataer que la puifTancé légil-
lative feule , aura le droit de modifier ou de changer
les loix militaires : mais cette loi , doivent-ils
la publier aujourd’h u i, ou en retarder la publication
jufqu’au moment où ils nous auront donné
une nouvelle conflitution militaire?. ',
Quelques hommes qui trouvent l’ordre ancien
excellent, parce qu’ il efl bon pour eux, a (Turent
que nous deyons nous en tenir à .nos anciennes
lo ix , & que cè moment - ci nie fl point favorable
aux changemens-, même les plus tiécefiaires^
Tous les refilons politiques font, difent-ils, relâchés
ou détruits, fi Ton vient .à toucher à celui-
ci, il achevera .de fe rompre comme les autres,
& l’anarchie s’en fuivra néceffairement. Un ,roi
que la pofiérité admirera comme nous -Lavons
admiré, Frédéric II , • ajoutent-ils, penfoit qu’il
vaut-mieux l aiflèr lubfifler des imperfections dans
une conflitution militaire , que démonter une
machine fi compliquée & fi difficile ù remettre
en moirvement •, aufïi fes troupes, quoique leur
conflitution & leur organifation-ne fufient point
excellentes,, n-épnouvêtent - elles aucun changement
.pendant la durée entière de fon long
règne. Q u i, fans doute , on ne peut s?empêcber
de penfer comme le roi de pruffe o u ï, fans
doute, nous devrions adopter fon opinion fi
notre .conflitution militaire n’offroit, comme la
fienne , que de légères imperfections,; fi-elle avoir
comme la fienne, le verni« précieux de la vé-
tuflé & fi elle pouvoit cadrer avec notre conf-
titution civile ; mais puifqu’elle ne réunit aucun
de ces avantages précieux , nous devons déliter
, demander qu.’on ne rende les loix miii-
taires facrées pour le pouvoir exécutif, que Jorf-
qu’elles auront -été corrigées , refaites par le
pouvoir légiflatif. Mais telles que foient les loix
données a l’ armée par les repréfentans de la nation
, ‘elles doivent être invariables ; une convention
générale doit feule avoir le droit de
les modifier.ou de les changer. En demandant pour
-changer les loix militaires , l’intervention d’une
■'convention générale, je ne veux parler que des
loix conftitutiotmelles ; de ces loix qui fonc
intimement liées- à la conflitution de Tempire •
quant aux loix de détail , les -légiflatures ordh
11 aires doivènt avoir la faculté de les changer.;
le pouvoir’exécutif .lui-même doit pouvoir
faire des réglemens previfoires , en les fou_
mettant à la révifion de'la première légiflature -
la jelponfàbilité des minifties rend cette der"
niere coneeffion peu dangereufei Quel agent du
pouvoir-exécutif ofera faire un nouveau" ré-Ie-
rnent , q-iar.d^ il ne (fera point convaincir .de
1 abfolue-néceliité d’-uh changement^ quel minîflre
ofera siaveugler -fur le ie fo in d’ un changement,