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faire porter à fes gens la livrée dé nos rois j un
comte de cette maifon lui avoit fauve la vie dans
une bataille.
Louis IX donna dans la Paleftine le chef de
France à Tordre teutonique j il permit au jeune
prince Boëmond VI. d*ecarteler fes armes des
armes de France.
Philippe de Valois accorda la même rérom-
penfe à la maifon de la Tour-<TAuvergne, 8c à
celle de Salvain de Boiflîeu.
Charles V I . à Charles d^Albret.
Charles VII. accorda à Barbafan, un des héros
de fon tems, la prérogative de porter les trois
fleurs-de-lys d’or fans brifure > au vicomte de
Beaumont, celle de parfemerfonécu de fleurs-de-
lys , & à la fameufe Jeanne d'Arc le droit d'en
porter une.
François I. accorda à Jean de Haizecourt la
permiffion de compofer fes armoiries de la porte
& de la barrière :de Perronne , favoir d'azur à un
deffus de porte & une barrière d'or , à côté de
deux fleurs-de-lys d'or foutenues de deux croif-
fans d'argent. D’Haizecourt avoit par fon intelligence
& fa valeur contribué à fauver Péronne.
Henri-le-grand donna pour récompenfe au capitaine
Libertas, qui avoit délivré Marfeille de
la tyrannie de Gazaud & des mains des Efpa-
gnols , les armoiries fuivantes j un chef d’azur de
trois fleurs de lys d’o r , à fes armes de gueules
à un château d'argent.
Le même prince fit un don du même genre à
Pierre Hoftager , gentilhomme de Marfeille , qui
lui avoit aidé à foumettre cette ville. Il lui donna
un écu d’azur à une fleur-de-lys d 'ot, fur le tout
de fes armes. •
Henri IV . voulut encore que le fieur de V i e ,
vice-amiral de France, qui lui avoit rendu des
fervices fignalés, portât en fes armoiries une fleur-
de-lys d’or^
Louis XIII. & Louis X IV . ont aufli fait ufage
des armoiries comme récompenfe.
Avant de jetter un coup-d’oeil fur les princes
étrangers , nous croyons devoir faire obferver â
nos leéleurs que ce font les plus grands de nos
monarques, ceux dont le génie étoit le plus militaire
, qui ont fait ufage des armoiries pour ré-
compenfer leurs guerriers.
L ’empereur Frédéric II. accorda à un chef des
Turcs le droit de porter fes armes fur fa bannière j
Sigifmond permit à un gentilhomme provençal
de charger l’étoile de fes armes de l’aigle de
fable. Maximilien I. donna l’aigle de l’empire à
RaphaëlGrimaldi- Henri I I I , roi de Caftille, fit
porter un quartier des armes d'Efpagne au Begues ,
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de Villâines , un de$ dignes compagnons de Du-
guefelin ; & prefquë de nos jours le baron d’As-
feld a obtenu le droit de joindre T écu de Valence
à celui de fes armes, en récompenfe de fes.hauts
faits en Efpagtie.
Les rois de Naples de la branche d’Anjou ont
fait fouvent ufage de cette récompenfe.: les m allons
d'Andréa , d'Alleman , de Beccari en font
la preuve.
Jonvflle obtint d’Edouard premier, roi d’Angleterre
, de partir les armes dex fa maifon de
celles d'Angleterre, 8c de nos jours on a accordé
au général E lio t, ce vaillant défenfeur de Gibraltar
, le droit d’ajouter à fes armoiries celles
de la ville qu’il a défendue avec tant de gloire.
Plufieurs petits princes ont aufli ufé de pareilles
concédions 5 des républiques, des villes même
ont aufli communiqué leurs armes à des particuliers
j nous ne citerons que la ville de Sienne, qui
donna à Mantluc , fon brave défenfeur , le drok
de charger fon éeuffon d’une louve.
Nous n’entrerons ici dans aucun détail fur Ja
manière d'appliquer les armoiries aux récompen-
fes militaires , nous ne parlerons point du moyen
de varier le fupport., l’écu , le cimier , & c . Nous
nous contenterons de dire que les armoiries données
, ou changées pour des faits guerriers ,d e -
vroient être caraélérifées par un ligne général j le
cafque, par exemple , ou mieux encore une pièce
nouvelle : j’obferverai que les armoiries devroient
être aufli parlantes qu’elles pourraient l’être ,
c'eft-à-dire, très-analogues à l’aétion dont elles
feroient la récompenfe > qu’elles devroient être
établies par une lo i , accompagnées d’un décret
public , 8c diftribuées avec un certain apparat ;
j’obferverai de plus qu’il devroit être défendu,
fous les peines les plus graves, de charger fon
é c u , fans une permiflion expreffe , des pièces
réfervées pour les récompenfes militaires j qu’on
devroit enfin annoncer à Tannée que tout régiment
qui fe diftinguera obtiendra des armoiries
qu’il pourra faire graver fur fon cachet, peindre
fur les drapeaux, empreindre fur fes boutons , 8c
fur les caifles de les tambours.
Gomme le don d‘armoiries nouvelles peut être
employé en qualité de récompenfe , tant envers
les corps militaires qu’envers les individus qui les
compofent , de memë la privation d’anciennes
armoiries peut être mife , comme elle Ta été de
tous les tems, au rang des punitions militaires.
Voy ei D é g r a d a t i o n & C h e v a l e r i e .
A B MURIER. Il y a, depuis Tannée 17 7 6 , un
armurier dans chacun des régimens de l’armée
françoife > cet artifan n'a que le nom & la paye
de foldat y car il eft exempt de toute efpèce de
fervice militaire.
Ofl
A R Q
Ofl a SU raifort d’ établir un armurier^ dans chaque
régiment de l’armée françoife} les réparations,
quand on les fait chaque jou r, font moins confi-
dérables & moins couteufes : fi Ion furveilloit
avec foin les travaux des armuriers , elles devien-
droient encore 8c moins grandes & moins cheres 5
le défaut de furveillance fait que lesmêmes armes
paffent plufieurs fois par an, pour le,meme objet,
entre les mains des ouvriers. C.e ne fera que lorsque
les officiers feront perfonnellement intérefles
à ce que les armuriers travaillent avec folidite,
qu’on parviendra à déraciner cet abus : alors il ne
faudra plus que veiller à ce que les capitaines ne
faflent point payer à leurs foldats le prix des, réparations
, que. la mafle des armes devroit fup-
porter.
Une manière sûre de diminuer les travaux de
Varmurier i de prolonger la durée de l’armement, 8c d’avoir toujours de bonnes armes , confirte-
jroit, ce me femble, dans là dilbibution d’une
fécondé platine à chaque foldat. Voye\ P l a t i n e .
A cette précaution, il faudrait en ajouter une
autre, ce ferait de faire bronzer les canons de
"nos fufils : depuis que nous avons des armuriers
"dans chaque régiment, cette opération ne peut plus
'devenir nuifible à'l’arme. Voye£ B r o n z e r .
ARQUEBUSE. Efpèce d’arme à feu , une des
premières dont on a fait ufage : on trouvera dans
le di&ionnaire des arts & métiers, tome 1 , pag.
7 8 , article A r q u e b u s i e r ; ,? la defeription des
armes çonnues fous le nom d’arquebufe à rou et,
d'arquebufe à mèche , & d’arquebufe à croc.
ARQUEBUSIER. On donnoït le nom d’ar-
quebufiers à des foldats qui étoient armés d’arqué-
bufes. Il y avoit des arquebiifièrs à pied , & des ar-
qitebujiers à cheval j ces derniers mettoient fou-
vent pied à terre pour combattre avec l’infanterie.
Quand Xarquebufe à mèche fut remplacée
par le moufquet, les arquebufiers furent nommés
moufquetàires, comme ces derniers ont pris le nom
de fufiliers depuis le moment où le fufil a remplacé
le moufquet.
Les règnes de Louis X I I , François premier,
Heliri I I , & c , font ceux où nos hiftoires,parlent
des arquebufiers à pied & à cheval. Les hiiÆoriens
contemporains les nomment karquebufiers , arebu-
tiers , arquèboutiers , harqueboufiers.
Les arquebufiers à cheval étoient une efpèçe de
cavalerie légère : on en trouve la preuve dans les
mémoires de la Vieilleville. « En ce tems, dit-il,
( en 1558 ) il y avoit cinquante arquebufiers.à cheval
a chaque compagnie de gendarmes, qui fer-
v° ienJ * faire les découvertes & à.;efcartnoucher
ça 8c la , 8c les appelloit-<on ar goulet s . Voye? ce
mot. ». . 1 ‘ ^
Dans 1 état des forces que Henri II. aflemb’a
fÉ É marcher,en Allemagne , état qui eil coi>
-nrt mi lit. Suppl. Tome IV .
A R R 4^
fîgîié dans les mémoires de Boîvîn du Villars , ou
voit qu’il y avoit des compagnies de gendarmerie
accompagnées de cinquante arquebufiers ; d’autres
qui n’en avoient que vingt-fîx à leur fuite, d’autres
qui n’en avoient point : de ce nombre font,
celle de monfeigneur le Dauphin , du duc de
Bouillon , du comte de H aron, de M. de Jamers.
On voit dans ce même état que des compagnies-
de chevaux-légers avoient elles-mêmes des arquebufiers
à leur fuite. Le nombre des arquebufiers
étoit aflez généralement le huitième de celui" des
chevaux-légers ; on trouve cependant des compagnies
qui en étoient dépourvues : on trouve
en outre trois compagnies a arquebufiers à cheval,
une de cent hommes , une de foixante , & une
dé quarante. Voyeq le quatrième livre des mémoires
de Boivin du Villars. Ces mémoires font
vraiment intéreffans pour les gens de guerre, &
pour toutes les perfonnes qui veulent connoître
les antiquités militaires françoifes.
ARRE TS . Supplément. Le réglement pour le
fervice intérieur, de' Tin fan te rie a mis les arrêts.
au rang des punitions militaires qui doivent
être infligées aux officiers ; il diftingue deux ef-
pècés d’arrêts : Les arrêts fimp/es , & les arrêts:
de rigueur,
L’officier qui eft aux arrêts fimples , doit ne
fortir de fa chambre que pour le trouver à tous
les exercices , & faire fon fervice, il ne peut recevoir
chez lui aucune vifite' que celle des officiers
de fa compagnie. Les arrêts de rigueur font
marqués par une fentinelle placée à la porte de
la maifon ou de la chambre de l'officier qui y
a été condamné. L'officier mis aux arrêts de
rigueur, eft fufpendu de toutes les fondions de
fervice , & ne doit recevoir chez lui aucune vi-
fice, de quelque nature qu elle foit.
Cette différence dansles arrêts féduit au premier
afp ed , car elle place un échelon de plus dans
la partie inférieure de l ’échelle des punitions,
& véritablement c’eft-là un grand bien, un très-
grand bien. Mais a-t-on bien réfléchi à toutes les
Conditions impofées aux arrêts de rigueur} Si
l'officier eft obligé de payer la fentinelle placée
à fa porte , il lui en coûte près dé trois ,livres
par jour pour fon gardien j s'il ne la paye point,
on punit tous les foldats d’un régiment, de la
fauté commife par un : de leurs officiers. En plaçant
cçtte fentinelle, n'a-t-on pas dénaturé auffi
la punition des arrêts1 Autrefois l’officier qui
étoit aux arrêts, fe regardant comme prifonnier,
furfa paro le, fe faifoit un point d’honneur de
ne les violer jamais. - En e ft-il de même aujourd’hui?
je le demande à tous les militaires.
Rien de plus fage que la diftinéiion de fuf-
penfion , & de non-fufpenfîon - de fervice, elle
eût pû, fi elle eût été motivée, placer dans fa
tête des jeunes militaires des idées utiles, J\-pii:ois G