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dage latin , audaces fortuna juvat ,* adage cjll*on
. a voulu traduire par ce vers françois, le fucces
fu t toujours un enfant de l'audace j mais comme
cet. écrivain rie nous a point indiqué qu'elles
■ font les occafions dans lefquelles 1*audace tient
lieu de prudence , nous croyons devoir fuppléer
à fon filence ; nous emprunterons pour cela les
• expreffions dont M. le baron d'Angeli s'eft fervi
dans Ton ouvrage intitulé, confeil d‘‘un militaire
a fon fils. » Dans les affaires extrêmes , les objets
changent de face, St on ne doit pas s'attacher
à l'exactitude des réglés de 1? prudence ; il faut
au contraire pouffer la réfolution au - delà des
bornes de 1$ hardieffe j la feule reffource du
vaincu eft fouvent dans le défefpoir. » Une
grande audace, dans ces fortes de cas , h’eft pas
une petite fageffe j non qu'il ne faille faire une
grande différence entre le poffible & l’impoffible;
mais il faut donner beaucoup à la fortune, fe
réfoudre à tout ce qui pourra arriver, lorfqu'il
,n'ÿ a rien de mieux à faire, & qu'on ne voit
qu'un inftant entre le mal & le pire. Dans les
entreprife? néceffaires j indifpenfables , on ne
'confuite point, on prend fa réfohition de la chofe
même , & on avife enfuite aux moyens de l'exécuter
; car fi on veut s'arrêter à tous les obfta-
■ çles qui fe préfentent, on ne fa it , on n'exécute
jamais rien. » pag. n y & 1 16,
A U D IE N C E , Les miniftres de la guerre &
les généraux, emploient quelquefois un petit
nombre d’inftans à écouter ceux de leur fubor-
donnés qui ont à leur parler j c:e font ces apparitions
toujours courtes , fouvent données d’un
air préoccupé & diftrait, & accordées dans .des
endroits ou à des heures peu commode? , qu'on
a nomfhées audiences. Voici comme l'immortel
Boffuet, peint les hommes qui donnant des audiences
: 3? l'un toujours précipité , vous trouble
l ’efprit ; l'autre avec un vifage inquiet & des
regards incertains, vous ferme le coeur; celui-là
fe préfente à vous par coutume ou par bien-
féance , St il laifïe vaguer fes penfées fans que
Vos difeours arrêtent fon efprit diûrajt ; celui-ci
plus cruel encore , a les oreilles bouchées par fes
préventions, St incapable de donner entrée aux
raifons des autres , il n’éçoute que ce qu’il a dans
fon coeur. » C e t homme éloquent Çe fage di-
foit aux grands , qu'il? doivent par la tranqullité
d'un vifage favorable , calmer l’ame agitée de
ceux qui leur parlent, & qu'on doit trouver en
eux ces douces réponfes qui appaifent la colère
, & ces paroles qu'on préfère aux dons. »
pag. 175 & 176, '
Spifame, un des écrivains dn feijrieme fiécle,
qui s'eft lé plus occupé du bonheur des peuples
St du bon ordre des Etats, a mis dans fa collection
des arrêts, un projet relatif zux audiences :
il voudroit que les rois & letirs miniftres en
^opnaffçnt une chaque jou r, n’ayroit-il pas dû
a u G a v e
ajouté^ que les audiences des miniftres devroienè
avoir lieu, non dans une petite ville du royaume,
mais au milieu de la capitale : aujourd’hui Spifame
n'eût eu rien a délirer à cet égard } qu’elles
devroient être publiques , mais en même
tems fecrettes ; c’eft-à-dire, que tout le monde
pût y avoir accès, mais que ce qu'on dit au
miniftre > ne pût être entendu que par lui.
Comment veut-on qu’un lieutenant déjà intimidé
par la préfence du miniftre , puiffe lui expliquer
avec ordre St clarté ce qu'il a à lui demander ,
à lui dénoncer, à lui expliquer, fur-tout lqrf-
qu”il fe voit entouré des plus grands perfonnages
de l’Etat qui l’écoutent, ou du moins qui peuvent
l’entendre ? Voyez A ccès si ble'& M in istr e
DE LA GUERRE.
A V E R T I S S E M E N T . Commandementqui
annonce au foldat qu'on va lui ordonner d’exécuter
telle ou telle manoeuvre , tel ou1 tel tems
du maniement des armes. Voyez C om m andement.
AUGE. ( Troupes à cheval. ) Comme un che*
val coûte fort cher à nourrir, entretenir & acheter
, il eft par toutes fortes de raifons, un animal
très-intérelîant à confêrver. On ne fauroit entrer
dans de trop grands détails, fur la manière de le
préferver des maux très-nombreux auquel il eft
expofé entre les mains de la plus grande partie
des hommes auxquels on le confie. On diftinguo
au manège deux fortes d * auges , l'une pour manger
l’avoine & retenir le foin qui tombe du ray
telier, l’autre pour fifire boire les chevaux...... *
Relativement à la dernière, voyez le mot A breu-1
v o ir . Quant à la première, on ne peut s'en o c cuper
, relativement aux chevaux des troupes a,
cheval , que pour le tems de la paix ou celui des
cantonnejnens ey quartier d'hiver pendant 1%
guerre.
A moins que les pierres ne foient très-r dures
St fufceptiblès d’être très-polies , il faut préférer
les auges en bols, en mettant fur les bords une
plaqup de fer pofée à çhayd de manière qu’elle
puiffe y être contenue fanscloti ni fer qui déborde
, fans quoi le cheval, en mettant les pieds
.dans la mangeoire, rifqueroit dç fe hlcfier , foit
en fe déferrant, fi fon fer fe prenoit entre le feç
& le bois, foit en fe donnant un effort d'épaule.
Il faut veiller avec le plus grand foin à la pro*
prêté des auges. St à ce qu'elles foient encore
plus exactement- nptoyées lorfqu'on donne l'avoine
St après qu'elle a été mangée ; fans quoi Y auge
devient bientôt infeéte , St le cheval ne mange
plus qu’avec dégoût.
Lorfque les troupes à çheval fe trouvent <ou
en marche , ou dans des quartiers , ou dans 'des
cantonnemen? da/is lefquels ils font logés chez
dès particuliers, il eft important * après 3voir
hiçq
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bief) nétôyo les auges, de l ç ^ y e r St imbiber avec
du fort vinaigre, après les â v o îf fcrupuleufement
examinées pour favoir fi il ne fe trouve rien fur
les bords qui puiffe'bleffer les chevaux ; cette
précaution feule feroit capable d’empêcher un
cheval de gagner la morve.
A l ’égard des auges qui font dans les écuries
5' des câfernes deftinées aux troupes à cheval, il fe-
! roit avantageux qu’elles fuffent féparées pour cha- I que cheval, afin de régler plus aifément la nour-
riture qui lui convient. Voyez A v o in e ,
A U G E T . L*auget eft un petit canal fait aveG
c quatre petites planches ; on s'en fert pour con-
I duire le fauciffon du foyer de la mine ou de la
1 fougaffê , jufqu'à l’endroit où la poudre eft dé-
pofée. Voyez Fougasse & M ine.
I A U GM E N T A T IO N . Accroiffement, addi-
I tion d'uue chofe à une autre.
Le problème relatif à la manière de faire les
IL augmentations dans les troupes , doit être placé
p- parmi ceux dont là folution eft la plus impor-
tante î il mérite par lui-même d’occuper ce rang,
ƒ St parce qu'il tient à cet autre problème : une nation
B doit-elle conferver fur pied , pendant la paix , toutes
B les troupes dont ■ elle a befoin pendant la guerre ?
Avant de nous occuper de la première de ces
p deux queftions , nous devons jetter un coup-
f; d'oeil fur la fécondé; il feroit inutile dé chercher
la folution de celle-là, fi l'on avoit pris dans
celle-ci le parti de l'affirmative.
a win-uviibi. Ata u iu y tu a u ciltretenir,
même pendant la paix , un militaire très-
{ nombreux, c'eft, fans doute, parce qu’une nation
qui i dans l'état aétuel de l'Europe, licen-
-•f tieroit, à la fin de chaque guerre,' toutes les troupes
|î ; • qii’elle auroit raffemblées, verroit, pendant les
courtes trêves , qu’on daignèroit , peut-être , lui
accorder, fes ambaffideurs fans crédit , fes com-
merçans lans sûreté , & fes agriculteurs fans con-
M ■ fiance 5 parce qu.e chacun de fes voifins , St même
lé plus foible, auroit la prétention de lui didter
des lo ix, & s’arrogeroit le droit d’être iiîfufte à
• fon égard; parcè que fes;maux s’accroitroieht en-
Pendant la guerrç , car; fes troupes , fans inf-
truefaon & fans efprit militaire,-Teroiénl prévenues
par-tout, par-tout rep'ouffées , pa'r-tout battues,
partout défaites : on ne petit-| nierla vérité de ces
-citterentes propofitions : niais parce que la raifon
ffi- experiencenousdifent qu’ilferoit imprudent de
liçentier toutes nos troupes à la fin de chaque
% guerre, devons-nous, pour cela , conferver tou-
_ jours fur pied, meme pendant une profonde paix,
.jj..Wieam.ee de terre d’environ trois cents ™ilte
I 5 ° l “ 1 & nous ,exP ° fc r , par cette conduite.,
a ?o.r notre population diminuée , nos cawpa-
I ■ 6 es I^cutte?,.> " os wanufaélures défertes , nPs
nul 1 c, Suppl, Tonte
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attelîers abandonne's, nos boutiques délaiflees,
notre fife épüifé , en un mot notre force réelle
St notre bonheur détruits -, car tel eft l’effet
confiant des grandes armées. Oui , malgré les
maux que les armées nombreufes caufent, nous
devrions en entretenir conftamment fur pied une
des plus formidables , fi nos frontières n'étoient
point couvertes par un grand nombre de places
fortes ; fi nous n'étions pas féparés de nos ennemis
par de grands fleuves, par des bras de mer,
par de hautes montagnes , ou par des peuples qui
font nos alliés , nos défenfeurs naturels j fi la barbarie
régnoit encore en Europe , fi les différens
Etats vivoient ifolés , fi la balance politique n'é-
toit point établie ; fi nous n’avions pas dans les
différentes cours des hommes chargés d'inftruire
le gouvernement de toutes les opérations qu'elles
méditent y ou au moins de toutes celle? qu’elles
préparent ; fi les puiffances étaient auffi promptes ,
qu'ellesTétoient jadis , à arborer l'étendard de la
guerre; fi tout François n'étoit pas aifément tranf-
Tormé en foldat ; fi tout foldat national n'étoit
pas bientôt un bon guerrier 5 fi nos fois n'avoient
pas la glorieufe prérogative de créer des armées
en frappant la. terre du pied , St fur-tout s'il étoit
impoffible de conftituer notre militaire de manière
à ce qu’il puiffe, fans affoiblir fon efprit & fon.
inftrudtion , recevoir les augmentations fucceffives
que les circonftances rendent néceffaires. Mais
puifque nous jouiffons de tous ces avantages, nous
pouvons nous borner, ce me femble, à ne tenir fur
pied pendant une paix certaine, que le quart, tout
au plus , de l ’infanterie , St la moitié de la cavalerie
qui nous feroient néceffaires pendant la girèrre
là plus générale.
Comme .les militaires trouveront aifément les
raifons qui nous ont déterminé à mettre entre
la cavalerie & l’infanterie la différence que nous
venons d'affigner, St comme les articles C o m p a g
n i e , D i s c i p l i n e , R é g im e n t , P i e d d e p a i x ,
P i e d d e g u e r r e , & C o n s t i t u t i o n m i l i t
t a i r e F r a n ç o i s e , indiquent la conftitution primitive
que l'on doit donner aux troupes pour
qu'elles puiffent recevoir fans danger de grandes
augmentations , nous allons examiner quelle eft
la meilleure manière de: faire paffer notre armée
du pied de paix profonde, fur le pied de grande
guerre.
Il eft trois manières de faire les augmentations
necéflaires a une armee ; çreer de nouveaux corps;
creer de nouvelles compagnies dans les vieux
corps ; ou mettre dans les compagnies anciennes
un certain nombre dé nouveaux foldats : deces
trois maniérés, la dernierè eft celle qu'ont adoptée
tous les écrivains militaires qui méritent quelque
confiance : créer de nouveaux corps , c'eft
augmenter les dépenfes confiantes de FEjtat , car
il faut payer de nouveaux é ta ts -m a jo i;sc ré e r
de npuy eau?: corps, c'eft former des rcgim&ns