
, 30 C H E
eïpal ne donneront le certificat eî-deffus, ^ué
lorfque le citoyen qui auroit fouffert quelque
dommage auroit reçu un dédommagement dont
il fe feroit librement contenté. Ce certificat
feroit toujours joint au certificat de bien vivre.
V o y c i C e r t if ic a t .
Des hommes durs par caraâère , ou qui
ignorent combien la claffe des agriculteurs mérite
d’attention & d’égards de la part de l’adminiftra-
tion , ou enfin qui n’ayant point voyagé avec un
régiment , *’ont point une idée jufte des abus
^ue nous dénonçons ici , regarderont peut-être
le réglement que nous venons de propofer comme
inutile , ou du moins comme trop minutieux ,
mais j’ofe me flatter que les bons efprits 8c les
militaires fenfés l'approuveront , ou du moins
qu’ils reconnoitront la pureté de nos intentions , t
à la vérité dès traits que nous avons jetes dans
cet article.
CHEVAUX-LÉGERS DE LA GARDE DU
ROI. (Suppl. ) Depuis le moment où l’article
C h e v au x - légers d é l a gard e du r o i a été
imprimé , le roi a jugé à propos de réformer cette
compagnie de fa maifon. Elle a été fupprimëé le ]
premier oâobre 1787. Lé roi a confervé au lieutenant
de cette compagnie la totalité , de les ap-
pointemens , de fes privilèges & de fes prérogatives
-, au lieutenant en furvivance 12000 liv.
de traitement' annuel , lesjpriviléges dont il
jbiiifloit , & fon à&ivité au fervice ; aux autres
officiers , leur rang dans le militaire, l’adivité de
leur fervice fuiyant les commiffions & les brevets
qu’ils avoient obtenus , & leurs appointemens juf-
qu’à ce qu’ils aient été promus au grade de maré-
chal.de camp , ou remplacés dans les troupes.
La finance de .ces différentes charges doit être
rembourfée aux époques que le roi indiquera.
On a confervé aux c h e v a u x - lé g e r s furnumé-
faires 8c aux élèves de l’école militaire de cette
compagnie, l’a&ivité de fervice militaire pendant
dix ans , & le droit aux grâces dont ils feront
fufceptibles.
Le roi a cqnfervé à l’aide-major de la compagnie
, à l’aide - major adjoint en' furvivance ,
aux maréchaux des logis , porte-étendart, fourrier
major , brigadiers & c h e v a u x - lé g e r s , favoir -,
à ceux qui ont fervi cinquante ans , leur paye
entière -, à ceux qui ont fervi quarante ans & au-
deffus, les trois-quarts de leur paye , à ceux qui ont
fervi trente ans & au-deffus , les • deux tiers -,
à ceux qui ont fervi vingt ans & au-deffus , la
moitié •, à ceux qui ont fervi de dix à vingt ans,
le tiers ; & à ceux qui n’ont pas dix ans de
fervice , le quart de leur paye , jufqffà .ce qu’ils
aient obtenu des emplois dans fes régimeiià d’infanterie
, de cavalerie, de dragons ou dé chaf-
feurs. Sa majefté leur accorde de plus la jouiffance
des honneurs , des prérogatives & des privilèges
attribués à leurs emploi«. >
C H E
Lé foî â accordé aux petit* officïéfS 8t Ht
fecrétaire de la compagnie la moitié de leur*
appointemens pour retraite, & la confervation d*
leurs privilèges , & enfin aux timbalier & trompettes
la moitié de leurs appointemens pour
retraite.
CHEVRON. ( Récompenfe militaire.) Un édit
du roi du 4 août 1771 , enregiftré au parlement
le 2.6 du même mois , veut .que les hommes ,
q u i, après avoir fervi huit ans dans le même régiment
, y contra&ent un nouvel engagement ,
portent fur l’avant - bras gauche un'chevron brifé
de la couleur du revers , ou du parement de leur
habit : la même loi veut que l’homme qui ^ après
avoir fervi feize ans , contraâè un troifième
engagement , porte deux chevrons femblables a
celui dont nous venons de parler.
Rien de plus fage que cette diftin&ion , elle
forme une récompenfe véritable & bien choifie.
Je l’appelle véritable récompenfe, car elle diftingue
d’avec le foldat de recrue, l’homme qui a déjà
conlacré plufieurs années au fervice de la patrie ”,
& l’on fait que les foldats françois ont tous la
manie de paffer pour foldats formés , pour vieux
foldats : c’ eft une véritable récompenfe, puifqu’eH»
évite quelquefois à celui qui l’a reçue un traitement
mortifiant ”, quel eft en effet, l’ officier
fenfé qui traitera avec la même légéreté l’homme
dont il verra le bras chargé d’un ou de deux
chevrons, & celui qui n’en portera aucun ? Cette
récompenfe eft bien choifie , car elle èft tres-
vifible de point chère. Il feroit à délirer que l’état
pût accorder aux hommes diftingués par les 'chevrons
une petite haute paye quelque peu con-
fidérable qu’elle fût , elle les fotisferoit , elle
détermineroit beaucoup de foldats a fe rengager.
I lvfaudroit que la haute paye pour les deux chevrons
fût double de celle qu’on accorderoit pour
un : fi le délabrement de nos finances ne permet
point d’accorder de l’argent aux foldats diftingués
par le chevron, au moins pourroit-on leur accorder
quelques petites prérogatives ”, les faire jouir de
quelques exemptions , & leur confier une legere
autorité. Voye{ A p po in té & C h e f -de- f il e .
Peut-être auroit — il fallu pour rendre le chevron
plus flatteur , en étendre l’ufage jufqu’aux^ officiers
-, peut-être faudroit-il enfin accorder à tout
citoyen qui auroit fervi l’ etat plus de huit an*
& moins,de feize, le droit.de porter , fur toute
efpècé- d’iilfci's , un chevron d’une couleur tranchante”,
& à ceux qui auroient fervi plus de
feize ans , & cependant point affez pour obtenir
la croix ou le médaillon, . la permiflion de porter
deux chevrons. Je ne fais fi je fuis dans l’erreur ,
mais j’ imagine qu’un pareil établiffement auroi*
attiré & tetenu plufieurs foldats dans nos régi-
mens ”, & qu’ il auroit rendu le nombre des
retraites , pour les officiers, moins grand , 8c pa|
conféquenc moins à charge a l’état.
C H I
Depuis te moment où cet article a été livre l
l’impreffion, l’affemblée nationale a rendu un decret
qui rentre parfaitement dans les vues que j’avois
eues. Ce décret porte : T o u t m i l i t a i r e q u i a u r a
f e r v i V e fp a c e d e f e i [ C a n s , f a n s in t e r r u p t io n &
f a n s rep roche , jo u i r a d e la p lé n i tu d e d e s d r o it s d e
c i t o y e n a é t i f , & f e r a d i fp e n f é d e s c o n d i t io n s r e la t
iv e s à la p r o p r ié t é ù à la c o n t r ib u t io n , f o u s la
r e f e r v e e x p r im é e d a n s V a r t i c le p r e c e d e n t , qu i l n e
p e u t e x e r c e r f e s d r o it s f i l e f i e n g a r n ifo n o u e f i
f i t u è f o n d om i c i le .
Ce décret, plein de fageffe, crée une récompenfe
v é r ita b le & b ie n c h o ifie ; & il rend encore plus
néceffaire l’adoption de mon idée fur les chevrons.
CHIEN DE FUSIL. On donne le nom de
c h i e n à une partie de la platine du fiifil de munition.
V oy e^ le- dictionnaire des arts & métiers,
article A rq uebus ie r.
CHIFFRE. On donne ce nom à certains caractères
inconnus , déguifés ou variés dont on fe
fert pour écrire des dépêches qui contiennent
quelque chofe de fecret : les c h if ir e s doivent être
eompofés de manière qu’ils ne puiffent point être
compris par les perfonnes qui n’en ont point la clef.
Nous ne traiterons point de l’art de compofer
les c h if ir e s chiffrans , déchiffrans , & c ; ces détails
appartiennent à d’autres parties de cette encyclopédie
-,,v o y e i le dictionnaired’écônomie politique;
nous nous bornerons à indiquer le meilleur , le
plus fimple & celui dont les militaires peuvent
aifément faire ufage. Pour fe fervir de ce c h if fr e ,
on eft convenu avec la perfonne avec laquelle on
doit être en correfpondance , de faire ufage de
telle édition d’un ouvrage imprimé ; fi l’ouvrage
dont on eft convenu de Le fervir eft compofé de
plufieurs tomes , il faut quatre ch if ir e s pour chaque
mot, un pour le tome , un pour la page , un pour
la ligne , un pour le mot ; fi l’ouvrage n’eft compofé
que d’un tome, il ne faut que trois c h if ir e s
pour chaque mot, un pour la page , un pour la
ligne , un pour le mot ; ce c h if fr e ne peut être
déchiffré' que par ceux qui favent quel eft le
livre & l’édition dont on fe fert : il a cet avantage
fur tous les autres , que le même mot fe trouvant
à diverfes pages du livre , il eft rarement repré-
fenté par les mêmes caractères.
On doit féparer chaque nombre particulier par
une virgule , chaque mot par un point & une
virgule ; il refte pour marquer le Cens , les deux
points , le point 8c les alinéa.
Gomme il eft généralement reconnu que tes
généraux ne doivent écrire qu’en c h if fr e aux com-
mandans des places frontières , & à ceux des
corps détachés qui leur ôbéiffent , je me contenterai
d’appeler un feul exemple à l’appui de cette
maxime. La principale caufe des malheurs que
lès François éprouvèrent'en Italie , en 1 Ji2 , ce fut
une lettre çcrite de la manière ordinaire ? dans
C H I
laquelle La Falîce peignoit au vrai la fituation
fâcheufe où il fe trouvoit : cette lettre ayant
été interceptée par les ennemis , ils acquirent
de la hardieffe & de la confiance , 8c ils réuf-
firent bientôt à nous chaffer d’Italie.
Pour prouver aux chefs des armées combien iî
leur importe de compofer leurs c h i f i r e s avec art ,
& de n’en confier la clef qu’à des hommes d’urie?
fidélité bien éprouvée , je leur indiquerai le ftra-
tagême employé en 1544 Par Ie cardinal de
Grandvelle pour fe rendre maître de S. Dizier.
On fait que Sancerre , gouverneur de cette ville,
arrêtoit depuis un temps confidérable l’armée de
l’empereur ; qu’il fe flattoit de l’arrêter encore
pendant plufieurs jours , & de donner ainfi à fou
roi le temps de fecourir la place ; « fur ces entrefaites
un tabourin françois , dit Dubellài, etanû
allé au camp impérial pour quelques prifonniers ,
apporta au comte de Sanxerre des lettres en
c h i f f r e , lefquelles lui avoient été baillées en
fecret par un homme interpofé , & à lui incogneu,
qui difoit avoir charge de M. de Guife , de les
faire tenir fecrétement audit comte : lèquel le.*
ayant reçues & fait déchiffrer , fait affembler les
capitaines pour en ouïr la fubfiance ‘ c’eftoit quê
M. de Guife eferivoit que le roi , fçaehant l’ex^
trémité des vivres & des poudres en laquelle ils
entroient , leur mandoit de trouver, moyen dé
faire compofition fi honorable , que les hommes
fuffent fauvez , parce qu’il n’y avoir ordre dé
les pouvoir fecourir. Or avoit le feigneur d é
Grandvelle fait furprendre un paquet, dedans
lequel fut trouvé l’alphabet du c h i f fr e que îe>
feigneur de Guife employoit avecques le comté de
Sanxerre , -fur lequel il avoit contrefait ladite
lettre au nom dudit feigneur de Guife. Le comte
& les autres capitaines n’ayans cognoiffance de
cette falfité , furent en diverfes opinions ; mais
enfin ayans refpeêk au grand travail que les foldats
avoient porté , pour avoir été afliégés î’efpace de
fix fepmaines , & que les vivres-, & munitions
leur commençoient a deffaillir , de forte que mal-
aifément euffent-iis eu poudres pour fouftenir
encore un affaut, conclurent de tenter la volonté
de l’empereur ; ils envoyèrent un trompette au
camp impérial, afin d’obtenir fauf-conduit pour-
envoyer un gentilhomme devers 1 empereur , ce
qui leur fut accordé ». L’empereur à qui il tardoit
infiniment de marcher en avant , accorda a la
garnifon de S. Dizier une capitulation honorable.;
Les mémoires de Montluc nous offrent un
fécond exemple d’un ftratagême fondé fur la fur—
prife. du c h if fr e dés ennemis. « Le marquis da
Guaft,. dit çet homme célèbre , pour engager la
feigneur de Dros , commandant de Mondovi , a
capituler, chercha à lui enlever tout elpoir de
fecours ; pour cela il fit contrefaire des lettres
de M. Botières , par lefquelles il lui eferivoie
qu’il print parti, n’y ayant moyen de lg>fecourir ;