
» qu'il n'exige ni huile, ni te l, ni bois ; qu'il
s» iè contente de fa ration ; il doit s'enrichir des
» dépouilles de l’ennemi & non des larmes des
»a provinces. »
Enfin les officiers eux-mêmes retenoieni à leur
profit une partie des vivres qu’ils diftribuoient
a leurs troupes.
Les fournitures, relativement aux vivres des
troupes, étoient reçues dans les magafins par des
receveurs nommés fufceptores ; ils tenoient deux
efpëces de regiftres , l’un de recette & l’autre
de livraifon. Dans le premier étoit marquée l’étendue
& l'efpèce des terres de chaque particulier
, la nature & la quantité des vivres qu'il
devoit fournir. Ils vérifioient ainli en même-
temps la fourniture des provinces & celle des
prinçcpilaires. Si la recette étoit conforme à l'im-
pofition , ils donnoient, pour chaque contribuable
, des quittances où étoit fpécifiée chaque
fourniture. La recette & les quittances étoient
faites en préfence de citoyens nommés défenfears
des villes y ceux-ci veilloient à ce que les receveurs
n’employaient pas de fauffes mefures.
Dans la diftribution des vivres , les garde-
magafins prenoient des reçus portant la date du
jour & de l’a n , l’ efpèce & la quantité des
.vivres délivrés. Ces reçus. étoient portés aux
bureaux du prince , pour y être comparés aux
bureaux des principilaires (commis qui recevoient
les fournitures tranfportées dans les dépôts, les
faifoient voiturer où étoient les troupes, & en
répondoient jufqu'à ce qu’elles fuffent dans les
magafins), par l'aide du vicaire ou prétet“du
prétoire, & par le préfet de j’annone, lorfque
les"receveurs rendoient leur compte à la fin de
chaque année.
Les receveurs étoient annuels & dévoient avoir
des bieiîs fuffifâns pour répondre de leurs magafins
; ils avoient fous eux des commis nommés
cuiatores horeorum.
Les vivres dus aux foldats étoient reçus par
des commis nommés erogatores armons, militaris,
qui les diftribuoient aux troupes. Ceux qu'on
nommoit optiones les recevoient des fufcepteurs,
& les délivroient à d'autres commis nommés
actuaires y qui en faifoient la diftribution. Chaque
légion avoit un actuaire qui en tenoit un contrôle
exad que lui fourniffoit le fcribe, nommé
numerarius ou tabularius ; celui-ci étoit au-def-
fous de Y actuaire} il ne recevoir qu’une ration,
au lieu que l’autre en recevoit deux,.. Il y avoit
de plus, au-deflfous de l’ actuaire , un commis
nommé annonaire.
Vactuaire- avoit deux efpèces d’aides , les uns
nommés prspofiti pijlorums ceux-ci diftribuoient
le blé aux boulangers pour en faire du pain ou
du bifcuit : les autres diftribuoient aux troupes
l’ argent & le fourage.
Les actuaires pouvoient faire des avances en
argent aux foldats,à un intérêt fixé par le prince;
s’il furvenoit quelque différend, on dépofoit
l'argent dans une caille entre les mains des tribuns,
& ceux ci jugeoient les procès.
Une adminiftration auffi compliquée devint
fujette à des vexations, des exa&ions, des fraudes
& des malverfations de tout genre,
Àurelius Viétor dit que les actuaires étoient
une race perverfe , vénale , aftucieufe , fédi-
tieufe, avide, fujette à commettre des fraudes,
& à les* voiler en les préfentant comme un effet
naturel; ennemie des cultivateurs & des autres
citoyens dont les fonctions étoient utiles; habile
a s’attacher, par des' préfens, ceux dont la baf-
feffe avoit contribué à leur opulence.
Conftantin, Théodofe, Arcadius & Honorius,
ordonnèrent de ne point exiger en argent les
rations de vivres , fous peine de perdre ce qui
n’auroit point été reçu en nature dans fon
temps.
La cuiffon du pain & du bifcuit fe faifoit aux
frais des habitans des provinces , fans aucune
diftin&ion, mais feulement dans celles où il y
avoit des corps militaires. Les opinateurs , tou*
jours prêts à faifir la moindre occafion de rapine,
exigèrent le prix de la cuiffon du pain dans les
provinces où il n’y avoit de corps militaires
d’aucune efpèce.... Honorius le défendit, ainfi
que de donner des rations pour des foldats ou
officiers qui n’étoient pas préfens au corps.
Il étoit ordonné que l’argent qui revenoit aux
foldats pour leurs vivres, pendant leur abfence
par congé, feroit dépofé aux principia, & leur
leroit délivré à leur retour; mais que les tribuns
ne pourroient délivrer que trente congés ; au-
delà de ce nombre, les foldats abfens par congé
perdoient leur décompte , qui étoit remis par le
diftributeur à la caille du fifes & pour que les
tribuns n’excédaffent pas le nombre des congés
preferits, ils furent obligés de payer de leurs
deniers une indemnité aux foldats dont ils auraient
permis 1 abfence.
Le chef du collège où la diftribution s’étoit
faite, devoit certifier que chaque foldat avoit
reçu ce qui lui étoit dû... Ce reçu étoit envoyé
au prince dans l’efpace de trois mois ; fi le diftributeur
différait de payer, il perdait fon état;
& pour mieux inftruire le prince de la malver-
fation des diftributeurs, on dépêchoit vers lui
un ou deux foldats , . qui lui expofoiefit les
dommages qu’eux & leurs camarades avoient
foufferts.
Habillement,
Habillement,
Les Romains habilloient en partie leurs troup
e s , foit de la part du butin qui étoit donné
aux foldats, foit des contributions qu’ils levoient
fur les vainqueurs. . Le dictateur Papirius Curfor
ayant obligé les Samnites à demander la paix,
exigea d’ eux un habillement complet pour toute
fon armée. La même contribution fut une des
conditions de la paix accordée, par le fénat,
aux peuples d’Efpagne, vaincus par Manius &
Lentulus.
Lorfque les foldats avoient befoin d’habits,
il leur en étoit délivré, & le quefteur en rete-
noit le prix fur leur paye.
La milice étant devenue perpétuelle fous les
empereurs , les troupes furent habillées aux
frais de l’E tat, & une contribution fut établie
pour cet objet.
Logement,
Jufqu’ à Augufte., fes foldats romains ne marchant
que pour faire la guerre, n’avoient befoin
d'autres logemens que ceux en ufage dans les
camps. Mais dès l’inftant qu’il y eut dans l ’empire
des corps de troupes continuellement fous
les armes i il fallut s’occuper des moyens de les
loger; & il paraît que ce fut chez les différent
particuliers qui avoient des maifons dans les endroits
où l’on mettoit les troupes en garnifon.
Il -nous refte à ce fujet quelques détails q u i,
quoiqu’ infuffifans , ne doivent pas être négligés.
Confiance & Confiant permirent aux habitans
des provinces de donner aux gens de guerre
qu’ils recévoient dans leurs maifons, l’huile, le
bois & les autres fournitures nommées falgamumj
mais en même-temps de porter plainte aux com-
mandans des troupes contre ceux qui oferoient
l’exiger avec violence.... Ces princes vouloient
que l’humanité volontaire des habitans n’éprouvât
aucun obftacle, & que leurs biens ne fouf-
friffent aucun dommage contre leur volonté Ils
défendirent à tout comte, tribun, commandant
ou foldat, fous des peines très-graves, d’exiger
de leurs hôtes, fous le nom de falgamum , des
matelas, du bois ou de l’huile, malgré eux &
les magiftrats.
Théodofe voulut qu’aucune maifon de particulier
ne fût exempte de logement , excepté
celles où habitoient de leur perfonne les ex-
préfets, les ex-maîtres de cavalerie ou d'infan-
ferie , les ex-confeillers du prince & les exchambellans.
Lorfqu’ un mentor ou fourier avoit écrit s fur la
porte a’une maifon, la marque & le nom de
Art Mi lit, Suppl. Tome IV ,
celui qui devoit y loger, fi quelqu’ un étoit affez
hardi pour l’effacer, il fubifloit la peine infligée
pour le crime de faux.
Arcadius établit que le propriétaire aurait les
deux tiers du logis ; l'hôte ,, J’autre tiers : il
excepta de ce partage les ergafietia ou lieux def-
tinés à placer de la marchandife , afin ce les
fouftraire aux dommages que les gens de guerre
pourroient y faire : cependant fi, comme il ar-
rivoit le plus fouvent, il n’y avoit pas d’écurie
comprife dans la part du militaire, il en feroit
affigné une dans les ergafteria, à moins que le
propriétaire n’y pourvût d’une autre manière 5
quant au logement de ceux qui avoient le titre
d'illustres , l’empereur voulut que le propriétaire
& 1 officier euffent chacun une moitié de la
maifon... IL prononça la peine d’une amende de
3 2,741 iiv. contre ceux q u i, étant revêtus du
titre àlillujlres , n'obferveroient pas fon ordonnance,
& celle de la perte de leur em: loi contre
les autres militaires qui , par une témérité re-
préhenfible , violeraient ce réglement.
On en vint auffi jufqu’ à exempter du logement
des gens de guerre, les habitans des provinces,
moyennant une contribution , fous le nom de
epide metica. Juftinien fupprima cette efpèce
d'impôt, affez onéreux à ceux qui le payoient ;
mais bien plus onéreux encore à ceux qufene
pouvoient pas le payer, & qui en étoient d’autant
plus furchargés du logement des gens de
guerre.
Guerifon,
Il y avoit, chez les Romains, des hommes
chargés de fecourir les bleffés pendant le combat
; ils étoient fans armes 5 on les nommoit
defpotates y on,les choififfoit "légers , agiles &
courageux. Ils étoient placés à cinquante pas
en arrière de la première ligne, & huit ou dix
par chaque bande, pour relever les bleffés , &
empêcher qu’ils ne fuffent-foulés par la fécondé
ligne. Ils recevoient du tréfor impérial un écu
pour chaque foldat qu’ils confervoient. Lorfque
l’ennemi étoit nus tn fu ite , & que la fécondé
ligne les avoit dépaffés, ils ramaffoient les dépouilles
, les remettaient aux décargues , & en
recevoient quelques parties - pour leurs foins.
Ainfi les cavaliers, fûrs de ce butin, ne def-
cendoient point de cheval & gaidoient leurs
rangs.
Pour fauver plus facilement les bleffés, ces
defpotates avoient des chevaux dont la Telle por-
toit deux étriers, l’un attaché à l’arçon de devant
; l ’autre à celui de derrière, afin de monter
avec le bleffé qu’ils amenoient ; ils por-
toient auffi de l’eau pour ceux qui tomboienc
en défaillance. A a a