
Grecs a Sa'amine où il fut cômplettèment
battu. Témoin de fa défaite , le roi de Perfe
s enfuit & laiïïa à Mardonius fon armée, avec
ordre de continuer la guerre j mais ce général,
quoiqu’ à la tête de trois çents mille hommes,
fut défait à la bataille de Platée &: y perdit
la vie.
Bataille de Platée. — Pausanias et
Aristid e. — Dans cette affaire, les armées combinées
_ des Athéniens & des Lacédémoniens fe
montoient a foixante & dix mille hommes j mais ce
nombre étoit encore bien inférieur à celui des en-.
nemis^aulli les Grecs durent-ils encore çes nouveaux
■ fuccès à la manière défe&ueufe dont les Perfes
faifoient la guerre & à leur peu de valeur.
Les détails de cette bataille fervent toujours
à prouver davantage l’imprévoyance, Pi ^no-
rance &r la lachete des Perfes, & combien les
Grecs avoient fait peu de progrès dans leurs
•connqifiances militaires depuis Marathon ; ils
n avoient point de cavalerie, & les Perfes en
avoient une très-nombreufe ; iis avoieni voulu
changer de camp, & ils avoient exécuté ce mouvement
fi dangereux devant l’ennemi, avec aflez
peu de précautions pour s’expofer à être attaqués
lêparément, faute qui auroit dû leur être
très-funelte fans la mort de Mardonius , SC le
peu de valeur des foldats qui compofoient fon
armée.
Après la bataille de Platée on avoit continué !
la guerre 5 mais Xercès ayant été affaffiné,
Artaxercès qui lui fuccéda, jugea la paix nécef-
faire pour arrêter les progrès des Athéniens,
ê c il ordonna à. fes généranx de la faire, quelles
que puflent en être les conditions.
Dans cette guerre des Perfes contre les Grecs,
qur dura environ cinquante ans, la néceflité de
l e défendre ayant réuni les peuples de h Grèce,
ils formèrent une puifianee formidable, & les
avantages qu’ils remportèrent paroiffent a peine
vraifemblables. L’aride la guerre & Ces agens,
les foldats & les .généraux furent perfectionnés,
l’amour de la patrie faifoit des foldats , le mérite
feul élevoit aux emplois, & l’eftime pour les
grands hommes les -multiplioit.
Mais la paix divife ces républiques , qui deve-
îioient rivales dès qu’un ennemi commun^ jicdes
fortçoit plus à être réunies.
Athènes, ivre de fes fuccès, abufa de l’af-
cendant qu’elle avoiu pris $ eilfe- voulue traiter
fes alliés comme fes ftijets^ il- C u M o ï i-à ceux-ci
pour fëcouer te» joug' .'de 'fe> jetter d^ns le parri
de Lacéhemone p c ’eft c e ' qui2 arriva; Dèsa-lors
c e & deux- iépu&iiqaes-füreiit . o e m p é é e à ^ a f f a i b l i t
|7 ^IPt051uenaeilt > & ieuts querelles préparèrent
1 aflerviffement de la Grèce > après avoir occa-
fionné les guerres qui fatiguèrent le Péloponèfe.
Il feroit inutile de s’arrêter à la plupart de
ces guerres; trop fouvent te s . deux partis ne
femblcnt y avoir aucun objet, le théâtre des
operations militaires y change continuellement}
une en.reprife •eft abandonnée pour une autre
qu on abandonne encore ; on va au jour le jour j
on change au moindre revers, comme au moindre
fuccès, & on ne voit clairement de part &
d autre que de l’inquiétude & de la jaioufie ;
mais au milieu de toutes ce^ démarches auffi peu
decifives, l’art de la guerre faifoit des progrès
& c’eft à eux qu’il faut nous arrêter.
Avant le moment dont nous nous occupons,
le militaire grec étoit encore informe^, l’art
avoit fait de foibles progrès, la durée de cette
guerre en fit de.plus en pus une fcience.
Ordre des troupes ; cavalerie ; campemensj
évolutions j choc ; bagages; fièges; marches;
refervestous ces objets fe perfeâionaèrent.
Les chefs furent bientôt convaincus par l’elP-
perience, de la néceflité de donner un meilleur
ordre aux troupes. Ils voulurent connoître la
manière de camper la plus avantageufe, en continuant
cependant de camper fur les collines &
les montagnes, & en profitant le plus pofliblé
des avantages^ du terrein. lis voulurent s’affurer
par des expériences réitérées, des évolutions
les plus décifives. On crut s’être fuffifamment
prouvé que le choc feroit plus violent en proportion
de la maffe} on fentit la néceflité d’avoir
de la cavalerie, & on imita les Perfans en abandonnant
toutes les voitures, pour faire porter
les bagages par des bêtes de Tomme.
Quant aux fièges, celui de Platée prouve
combien on avoit porté loin les connoiffances
fur la manière d’attaquer & de défendre les places
partie infiniment effentielle, &• fur laquelle
depuis ce liège, l’hiftoire ne nous apprend aucune
découverte intéreflante ; ce qui paroît bien
moins extraordinaire, quand on a lü avec attention
la defcription du liège dont nous parlons.
En effet on ne peut s’empêcher d’être étonné
de tout 1 artv&: de toute la confiance dont le
fervoient les anciens, dans l’attaque & dans la
défenfe des places. On trouve le même merveilleux,
pour ée qui regarde la eônftruétion des
machines , la même adreffe à parer les-coups
& à- les porter, au point que la défenfe Cem-
bleroit furpaffer l'attaque, tant l’hiftoire nous
dit fur ce fujetdes' cnofes fi extraordinaires,
qu’il doit-être très-prudent de la lire avec bv.au-
cotip de-otrconlpeéh^B. X V manière dont
les
les anciens attaquoient & défendoient les places î
au mot A t t a q u e . )
L’ordre dans la partie fi effentielle dès marches,
■ fut dû à Teleutias; fi le terrein le peimettoit j
il marchoit en bataille & dans les terieins difficiles
, il Ce formoit en un certain nombre-de
colonnes, dont le front étoit mefuré fur la
largeur des routes. En marchant en bataille ,
Teleutias exerçoit les foldats & les officiers,
apprenoit aux uns & aux autres l’ordre & l'alignement
, les accoutumoit à ne craindre aucun
obftacle, à fe rompre, à fe réformer, à juger
des diftances, des éloignemens, &c. Il fut le
premier capitaine, qui fut ménager le pays ennemi
fur lequel il pafloit, & en tirer un grand
parti fans en vexer lès habitans.
Pour les marches favantes, leé modernes en
ont très-peu à comparer à celles de Nicias l’A-
thénien & d’ Agéfîlas roi de Sparte. Le premier
n’ayant point de cavalerie en Sicile, & craignant
pour fes derrières, fes flancs & fes bagages,
mit Tes pefamment armés fur deux lignes très-
diftantes , chacune de huit files ; la fécondé
êevoit faire volte-face , & repoulïer. les affail-
lans. Entre les deux lignes , il en forma deux
de fes gens de trait, qui dévoient , félon les
occurrences, paffer en avant des deux autres.
En:re les deux lignes des gens de trait il diftri-
bua fes /bagages par pelotons , afin de laifler
des. moyens de communication. 1 1 ferma fes j
flancs par de pareilles lignes de pefamment armés
, qui avoient derrière elles une pareille ligne
de gens de trait : c’étoit l’ordre à quatre fronts :
qui ne ralentiflbit point fa marche , vu la grande
habitude du foldat à faire le quart de conver-
fion pour faire face aux flancs. Agéfilas traver-
fant la Theffalie avec un corps de cavalerie &
d’infanterie rrès-inférieur à ceux des Theffaliens,
marcha fur un quarré long & vide , l’un des
petits côtés faifant la tête de la marche , la cavalerie
placée au-delà des angles de la tête &
de la queue, le bagage dans le yide , réparti
par pelotons.
Enfin , l’on attribue l’invention des réferves
aux Lacédémoniens. Cette difpefition dans l'ordre
de bataille eft infiniment précieufe, en ce
qu’elle fournit des moyens de remédier aux
maux qui peuvent arriver dans la ligne, & de
renforcer les ailes , comme de s’oppofer aux ennemis
qui voudroient prendre l’armée en flanc
ou par derrière.
Mais ce fut lors de la guerre des Thébains
contre une partiè de la Çréce , où l’on s’aperçut
davantage de tous les progrès faits par
lart militaire pendant les premières guerres du
PelopQnèfe.
■ Art Milita Suppl, Tome IV ,
! E pAmïnondA s .Devenue puiflante fousPélopidas
& Epaminondas, Thèbes avoit excité la jaioufie
de toutes les autres villes j elle fut donc
obligée de Ce défendre contr’elles, & elle op-
pofa fix mille Thébains pefamment armés, quinze
cents armés à la légère, cinq cents chevaux &
Epaminondas à vingt-quatre mille hommes commandés
,par le roi de Sparte.
On voit ici par le dénombrement des forces
thébaines , de la cavalerie dans l’armée des
Grecs. Malgré l’avantage remporté à Platée,
ils avoient tellement fouffert de la nombreufe
cavalerie des Perfes , que dès-lors ils réfolurenc
d’en avoir pour faire la guerre. Jufqu’alors aiiffi
on avoit eu des idé^s imparfaites fur les diffé-
rens ordres de bataille. On étoit affez légèrement
perfuadé de l’importance de Ce renforcer
dans quelque partie , de tâcher d’entreprendre
fur le flanc de l’ennemi, & de l’empêcher d’entreprendre
fur les fiens. On fa voit combien il
étoit important de mafquer fes mouvemens , &
de fe fervir , pour remplir cet objet, de tous
les avantages ou terrein 5 enfin , on faifoit con-
fifter l’art de la guerre,dans celui de couvrir
fes deffeins , et de faire prendre le change à
l’ennemi; mais oh ne connoifibit point encore
ces manoeuvres hardies , dont l’ordre oblique'
efl feul fufceptiblè , & dont Epaminondas tira
un fi grand parti à Leuétres & à Mantinée.
B A T A rL L E D E LE U C TR Ë S : — I I I e. DISPOSITION.
L’ordre de bataille de Leuétres confiftoit à re-
fufer fa droite & fon centre, pour attaquer par
fa gauche, en plaçant de ce côté fes meilleures
troupes, & en prenant les mefures néceflaires
pour envelopper le flanc droit de l'ennemi
(1). 1
(1) Malgré les progrès de l’art militaire, dont
nous croyons trouver les preuves dans les batailles
livrées au tems dont nous nous occupons, il faut
fe garder de croire à. fa perfection abfolue, & fe
borner à examiner fa perfection relative. Pour cette
raifon, nous allons communiquer au leéteur quelques
réflexions qui lui prouveront combien il feroit dan-.
gereux pour l’inftruétion , de trop s’extafier avec
les anciens & quelques modernes fur ces aétions
militaires , & de les regarder comme des modèles
uniques à Cuivre.
Les Lacédémoniens, félon Xénophon, avoient
formé leur ligne d’infanterie fur douze de hauteur ;
Epaminondas avoit porté jufqu’à cinquante la hauteur
des files de fon aile gauche.
Ce mouvement qui rétrécifloit autant le front
de l’armée thébaine déjà fi peu nombreufe, fut
exécuté avec précifion & célérité.
«c Epaminondas arrivé au pied, des montagnes de
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