
de la cavalerie , il fétnble qu’on doit en faire
très-peu de cas 5 & fi eette décharge feule que
demandent les partifans du feu peut occafion
ner du dérangement dans l’efcadron , fi quelque
cavalier craintif peut la prendre "pour prétexte,
li quelques chevaux mal accoutumés au feu ,
peuvent fe cabrer, reculer ou avancer, n’eft-il
pas infiniment plus prudent de négliger un feu
aufli peu nuifible, & dont il peut résulter même
le plus petit défordre.
D’après ces obfervations, il eft aifé de fe
convaincre qu’il ne refte plus au cavalier que
fon épée & un javelot, fi l’on juge à propos
de l’en armer. On croit que dans le moment
du choc, le javelot pourroit avoir des avantages
tant contre la cavalerie que contre l'infanterie.
Ainfi armé, le cavalier feul & ifolé feroit
foible, mal armé & peu en état de nuire ; mais
qu’on réunifie un certain nombre de ces hommes ,
qu’on les forme, qu’on les exerce, qu’on les
iafie partir au pas , & qu’enfuite on leur falfe
prendre fuccefiivement le trot, le grand trot
& le galop s ondemande qui pourra ne pas concevoir
le degré d’impétuofité , l’attaque déci-
five, l’unanimité de force qu’aquerront des hommes
ainfi menés à la charge.
La cavalerie acquiert, en chargeant, une force
de choc produite par la quantité de vîteffe avec
laquelle elle fe meut, & par la quantité de-
mafle du premier rang feulement.
La troupe de cavalerie a cette efpèce d’analogie
avec les corps phyfiques , que les
chevaux une fois déterminés , s’animent à_ un
tel point par l’accélération & l’enfembîe du
mouvement, qu’ils entraînent la volonté du
cavalier & le portent jufque fur l’ennemi ,
fans que la force motrice éprouve du ralentiffe-
ment.
Le point le plus eflentiel eft donc la quantité
de vitefle > mais cette viteffe doit être proportionnée
aux efpaces qu’on a à parcourir, fans quoi
elle ne produiroit aucun effet. Le grand art eft
d’empêcher les chevaux de s’efîbuffler avant le
choc. On peut donc , dès qu’on veut aller-à la
charge , commencer au petit trot , puis pafler
au grand trot, puis les cent cinquante derniers
pas prendre le galop , abandonnant la main aux
cinquante derniers , foit pour que cette impé-
.tuofité rendue décifive par l’accélération du
mouvement, renverfe l’ennemi, foit pour qu’elle
étourdifle le cavalier fur le danger , & qu’elle
entraîne fur l’ennemi le lâche comme le brave.
riences réitérées, on croit qu’il faut s’arrêter
à des efpaces de quatre toifes au plus entre
chaque efcadron, pour exécuter les mouvemens
de charge.
T ro u p e s légères'.
Les troupes légères , foit à pied, foit à
cheval , étant deftinées au double fervice de
troupes de ligne & de troupes légères, elles
fe foumettroient, à peu de chofe près, pour fe
former , marcher , manoeuvrer ou combattre
au même mode que l’infanterie pour les chafleurs
à pied , & la cavalerie pour ceux à cheval, fi
elles dévoient combattre en ligne > mais defti-
née à éclairer l’armée, à efcorter un convoi,
à protéger un fourrage, à faire un rideau
avant le combas pour cacher les manoeuvres,
à faire des feux , de fauffes attaques ou des
faux mouvemens pour tromper l’ ennemi, à le
tourner, &c. Dans toutes ces occafions, ces
-troupes devant agir prefque ifolément , tout
doit dépendre des connoiffances, de la fagacité,
du coup-d’oe il, de la hardieffe ou de la prudence
des commandans de bataillon, & plus
fouvent encore, des officiers & des fous-officiers
des compagnies..
A r t i l le r i e .
C’eft dans h guerre de, trente ans qu’on commença
à beaucoup mieux connoître l’ufage de
l’artillerie ; c’ eft a Guftave Adolphe qu’on dut
de voir dans les armées , jufqu’à cent pièces
de canon > mais ces pièces étoient prefque
toutes infiniment légères, & on a à fe reprocher
d’avçfir trop négligé depuis la manière
dont elles étoient conftruites. On croit aufli que
ce fut à ce grand général qu’on dut la première
artillerie à cheval , qui fut ou inconnue ou négligée
jufqu’à Frédéric-le-Grand , qui s’en fervit
aufli avantageufement dans la guerre de fept
ans î mais dont la perfection fembloit être ré-
fervée aux Français , combattant pour leur
liberté. Jufqu’alors l’artillerie n’avoit préfenté
qu’un affemblage de machines , d’agens , de
mobiles, 8cc. infinimentembarraffans, onéreux,
appéfantiffant la marche des armées, contrariant
leurs mouvemens , entravant leurs manoeuvres ,
circonfcrivant les moyens dont un général de
génie auroit pu tirer parti, engourdiflant le
courage des foldats & rendant rarement tous
les fervices que l’imagination peu expérimentée
femb/cit toujours en attendre. Cependant avec
l’artillerie légère , tout a changé de face : les
pièces de bataillons doivent difparoître ainfi que
la plus grande partie de celles de pofition (1).
Mais d’après des obfervations & des expé(
1) Les bouches à feu, pour ainfi dire immobiles,
& enchaînant auparavant autour d’elles, des troupes
Ainfi on ofe le croire & le dire avec l’artillerie
légère, portée au point de perfection ou elle
l’a été par les Français dans la guerre de la
révolution ; fervie par des hommes aufli braves.
& aufli intelligens que les patriotes courageux
qui fe font immortalifés avec cette nouvelle
arme > avec peut-être aufli quelques heureux
changemens dans les affûts de campagne & quelques
autres parties moins effeptielles > on pourra
à l’avenir diminuer infiniment la pefanteur des
armées, les rendre plus légères , plus faciles a
mouvoir, moins dépendantes > dès lors prefque plus
de fen de moufqueterie dans le corps de bataille ,
& la néceflité d’adopter une formation pour
l’infanterie qui permette des corps un peu pro-
jfonds, indépendans, pouvant marcher & manoeuvrer
rapidement fans craindre lesfiottemens ,
& pouvant en même-tems fe fouftraire aux minuties
de l’alignement, & à la crainte fi ridicule
& fi nuifible des inverfîons (1).
G r a n d e ta c tiq u e .
Après avoir donné une efquiffe des principes
de la tactique élémentaire , on devroit en faire
l’application à la grande taétique ; dans l’une &
l’autre marcher 8c combattre font les deux objets
auxquels fe rapportent^tous les mouvemens.
Par le mot de marcher, on entend tous les
mouvemens qu’une armée veut ou doit faire,
& ceci entre dans la connoiflance des généraux.
Pour les combats & les batail’es , il y une
infinité de caufes qui peuvent les nécefliter ;
mais il faut ün concours bienheureux de bravoure
& de difcipline de la part des troupes ,
de preftefle dans les mouvemens , de capacité
dans les officiers généraux & de génie , dans le
général pour faire réuflir , comme on le defire ,
des entreprifes > on ofe le dire, aufli foumifes
au hafavd, où il faut réunir autant de moyens
pour la réuffite , & où il y a autant de caufes
qui peuvent y nuire.
auxquelles le mouvement devenoit néceflaire pour
s'aflurer la victoire, ont acquis une célérité inconcevable
, & c’eft avec des pièces de huit, avec
Q u e l e d e v r o it être la d istrib u tio n d e s e x e r c ic e s
d iffer en s a u x q u e ls o n d e v r o it em p lo y e r le s c i to y e n s
d e la f é c o n d é c la j j ê , d e f i n i s h c om p o fe r la f o r c e
a B iv e , r e la t iv em e n t a. V u n e & a l autre
ta c tiq ue .
Rien de plus démontré que la néceflité où
l’on eft de tenir continuellement en haleine des
hommes deftinés aux plus grandes fatigues, &
le befoin que l’on a de faire répéter très-fou-
vent les principes d’évolutions & de maniement
d’armes, d’où dépend tout le méchanifme des
batailles, ce qui néceflite l’étude pour les officiers,
des obufîers, que l’on vient établir des batteries
jufqu’au milieu des bataillons ennemis, & porter
le ravage & la mort dans tous les rangs 5 déjà ils
commencent à être en défordre, & l’infanterie a
achevé de les culbuter à coups de bayonnettes.
(1) Les militaires qui feroient defireux d’avoir
des détails plus étendus & plus fatisfaifans fur cette
partie & les autres de la taCtique élémentaire,
voudront bien fe donner la peine de lire dans
l’ouvrage intitulé : le S o ld a t c i t o y e n , depuis la page
33S» jufqu’à celle 377.'
& l’exercice pour les officiers 8c les foldats 5
mais il faut d’abord prendre les hommes ifolément
, les réunir enfuite en certain nombre, en
former des corps , & exercer ces corps en particulier
& ifolés i il faut enfuite les réunir , en
former des armées & les exercer aux grandes
parties de la,guerre5 enfin, il faut apprendre aux
troupes comment on attaque & comment on défend
des places, ce qui détermine la diflribution
des exercices differens auxquels on doit employer
le foldat relativement, à l ’une & à l’autre tactique
en exercice d’école , de campagne , & de
fiège.
E x e r c ic e d 'é c o le .
L’exercice d’école n’eft autre chofe pour les
troupes de chaque arme , qu’un exercice des
principes , qui font relatifs à leur formation , à
leurs évolutions & à leur manière de faire ufage
de leurs armes 8c de combattre l’homme feul ;
enfuite quelques hommes formant des files, puis
quelques files formant des rangs, enfin des corps
entiers.
Que de moyens l’on auroit pour faire pratiquer
ces exercices aux citoyens de la fécondé claffe î
1 Quarante-huit bataillons d’infanterie, feize de
cavalerie & trois d’artillerie , placés dans diffé-
rens points de chacun des dix départemens, cora-
pofant une divifion, & conféquemment le même
nombre dans chacune des fix divifions , donnant
l’exemple continuel des exercices 8c devant exciter
l’émulation & l’aider par des leçons, indépendamment
de près de fept mille officiers ou
fous-officiers de ces foixante-fepe bataillons de
toute arme , en congé dans chaque divifion , &
répandus fur tous les points des dix départemens
de leur divifion.
A l’égard des officiers $c fous-officiers qui
Irefteroient à leur drapeau , ils fimuleroient toutes ies manoeuvres en laiffant entre eux les diftances
cenfées occupées par les foldats > manière infini-'