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entendu avec plaïfir la loi V dire à un officier condamné
aux ariêts de rigueur : Vous avez' manqué
affez grièvement à vos devoirs , pour que je
oeffe de vous prendre pour orgahe jtifqu’ au mo*
ment où votre repentir aura effacé de l’efprit de
vos fubordonnés, le fouvenir de vos fautes.
Je croirois que les arrêts /impies ne devroïent
jamais être prononcés, que contre les officiers
qui auroient par ignorance manqué à f accom-
plilTement de leurs devoirs. Alors la punition
auroit une grande analogie avec la f a u t e l a loi
feroit fuppofée dire à l'officier : Puifque vous
manquez d’inftruérion ,, vous devez relier dans
votre ‘chambre jufqu’ au moment où par de nouvelles
études , de nouvelles réflexions, vous vous
ferez affez inftruit de vos devoirs pour redevenir
mon digne, organe.
Les arrêts JiImpies, peuvent être ordonnés par
tous les officiers fupérièurs , à tous les officiers
fubalternes, & à tous les officiers fupérièurs d'un
grade moins., élevé.,^ ou moins anciens de fer-
vice. Ils peuvent, être ordonnés• auffi par tous
Les capitaines ■à tpus les lieutenans, & .à tous les
capitaines moins anciens cle fervice ; ils peuvent
être ordonnés par le lieutenant commandant une
compagnie, à tous les officiers de cette compagnie,
& enfin par un lieutenant commandant
un,détachement, à tous les officiers qu'il aura
fous fes ordres.-
Les arrêts de rigueur ne peuvent être ordonnés
que par le commandant du régiment , ou
par. tout autre officier commandant une partie
du régiment, ou un détachement , placé à une
4ffiah.ee qui ne luï.permettroit point de recourir
affez promptement à l’autorité du commandant
du régiment, ’ pour que le fervice ne fouf-
frît point des arrêts [impies.
Celui; qui met un officier- aux arrêts, doit en
Tendre.; compte, fur; je champ aü commandant du
régiment', en mptiÿant fes• raifoivs, de la punition
qu’il a ordonnée. ,
■ N. B. L e c o m p te q u e le r è g le m e n t p r e f e r it
de r e n d r e p o u r le s ■ arrêts ^ d é v r o i r ê t r è fa it p a r
é c r i t ! , c d é ta il té & lig n é p a r l’o ffic ie r q u i à u r o it
p u n i . -;IL d e v r q it e n c o re - a v a n t :'d'être e n v o y é a
l ’o f f ie ie rT u p é rié tïr , - ê tre ?p F é fe n té -a l’o ffid ie r p u n i.
C e lu i- c i d ê v V o it e t ê p l f g é ’d 'a r g u e r d e -fa u x
le s m o tif s d e d a ^ u n it i o m ,rkui t o u t f f e c o u f s t o u t e
r é c la m a tio n • p q fté rie U re lû v d e v ie n d r o J t'in te r d ite ;
N o u s d é v e lo p p e r o n s d a n s r :a rt-ic fë P u n i t i o n le s
a v a n ta g e s im ifiç iifé s :q u e ^ r ô d m ’r o it/n é c e f f à ir e -
s n e n t les ra p p o rts * q u e * 'f lo u s p ro p o fô rfs -’ic i;- n o u s i
y -p r o u v e ro n s - q u ’ils d o i v e n t e t r é é te n d u s d e p u is i
îe, fo l.d a t ju fq u ’au g é n é ra l,* & . q u 'i ls p e u v e n tf o u is i
m e t tr e d e s b o r n é s .à l 'a r b i t r a i r e , & à to u te s les
W j u f t ic e s ..
3-'9ffi cier qui amis un ;uive officier aux -a/rfet j
A R R A R T
petit feuî les le ver, à moins , dit le règlement^
d une injuftice conflatée avec la derniere évidence,
& alors le chef du corps peut les fufpendré ou
les faire ceffen N e vaudroit-il pas mieux confier
le jugement de cette efpece de procès à un
confeil régimental, qu’ à un homme fe u l, qui
peut av o ir , comme celui qui punit o u :qui eft
puni j fes haines ou fes préventions particulières.
Il en feroit de mêrtie des cas où un officier pro-
longeroit trop long-tems la durée des arrêtsi Ob-
fervofts que les rapports par écrit, demandés dans
le cours de cet article , aideront infiniment à
juger les difeuffions. de ce genre , & qu’ils doivent
même les prévenir toutes. \
'On peut ordonner les arrêts de vive voix , ou
par un ordre ligné;. on les fait ceffer de la même
maniéré. L’ordre peut être'porté par un adjudant
ou bas-officier j l’ordre doit alors être cacheté.
On peut auffi faire ordonner de vive voix
les arrêts, par un officier d’un grade fupérieur à
celui à qui , on les ordonne.
Tout officier mis aux arrêts doit fe préfenter.
lorfqu’il en fort, chez l’officier qui les .lui a(or-
donnés ; cette formalité bleffe vivement les officiers
fubalternes, elje leur paroît une vraie humiliation.
Elle n’étoit point vue jadis fous cet
afpeét 5 les chefs étoient les* amis, les peres de
leurs officiers; le militaire puni recevoit dans
cette vïfîte des confeils pleins de fageffe •& de
bonté } il'apprenoit lés vrais motifs de fa détention
: s’il en étoit--encore de même , les réclamations
qui fe font fait entendre n’auroient point
eu lieu. Conferv.er les; anciennes inftitutions quand
les anciennes moeurs n’ exiftent plus, c’eft introduire
une incohérence dangereufe, une incohérence
nuifîble à toute conftjtution politique. Nos
moeurs changent , Brutus , il Jiiut changer nos loix»
A R R O G A N C E . Pour faire feritîr 'aux militaires
les dangers de Y arrogance, il fuffit de leur
dite que ce mot réveillé une idée cohipofée dè
fierté, d’orgûeil & dé préfomption , & qu’on
donne le nom d’arrogant à celui qui s’attribue un
mérite, un droit, une autorité qu’il n’a pas.
A R T S beaux afts.. Nous confierons uiTarti-?
cle particulier aux arts indifféremment nommés
baux arts ou arts libéraux, afin d'examiner il un
légiflateur militaire ne. peut point faire nfage de
leurs prcklùérions pour donnér plus de; force &
plus d’ éhérgïë aux qualités & aux vertus des
guerriers ; afin d’indiquer aux généraux ce qu’ils
doivént faitê;pour cesarts ; afin de-rechercher s’il
eft u j é ^ é ù p e s officiérs frànçois-d’en faire l'obje
t d é ' p r u d e s { quels' font'Ceux de ces
aris-qùrl leUf importe *le plus-de’ cultiver.
L'homme chargé dans une foçiété d’hommes
libres dé donner des loix a fes coheitoyèns raf-
fem-WfrS' pour repouffer un ennemi commun,
A R T A R T j i
trouve avec facilité, des objets propres à fervir
de force aux réglemens qü’ il propofe ; pWS&i
ou1 il fâche fe fervir à propos des mots , liberté,
patrie, propriété, il modifie à fon gte le coeur
& l’efprit des hommes qu’ il commande .celui
qui eft chargé dans: un Etat purement mo-l
narchique , par un prince aime de fes fujets <, 4e
donnér des loix - à des fôldats ' citoyens , ' peut
de même avec les mots , patrie 3 roi p gloire s
honneur, obtenir des hommes qiu fe font dévoués
au fervice de l’Etat les facrificès pénibles
que la profeffion militaire rend indifpenfables f
mais il n’ en eft pas ainfi de celui qui veut donner
des loix aux fujets d’un défpote, à une armée
compofée ou d’étrangers raffemblés au hafa'rd,
ou de citoyens ramaffés' dans les dernières claffesj
de la foçiété , en un mot d’hommes fans propriété,
fans patrie , &ç. Sa tâche elt auffi difficile
qu’immenfe ; il ne peut efpérer de la remplir
qu’en faifant ufage' de tous les levîérs connus
, des plus petits' comme des plus grands ;
qu’en effayant de tous lès moyens imaginés par
les différens'peuples , & qu’en les employant
tous ? ou enfemble, ou fuCceftivement.
Je placerai les produéfions des beaux arts parmi
les objets dont cè légiflateur doit faire ufàge,
& je leur donnerai même un rang très-diftingüé ;
celles font en effet un des moyens des plus propres
à faire concevoir aux guerriers les opinions
que leurs chefs font intéreffés à leur faire adopt
e r ; , des plus capables d’élever ,leurs âmes, &
de léur infpij-er lés Vertiis1 qh’on délire rencontrer
en ,eux. Les beaux arts' rappellent aux hommes
la mémoire dés grandes aérions de leurs ancêtres
, & les engagent à les imiter ; ils réveillent
toutes les pallions , & principalement celles
qui ont le plus d’influence fur les âmes nobles
& élevées.; ils excitent cet heureux enthoufîaf-
me , qui arrachant l’homme à lui-même, ScTen-
traînant avec une forée irréliftible, produit les
aérions héroïques, 8c finit toujours pat couronner
d’un heureux fûccès les entreprifes lès plus
difficiles. Les prodüéïions des- 'beaux' arts ont
cela de particulier, c’eft qu’elles^ font une -im-
preffion prefque égale fur les citoyens dés républiques
, fur les fujets des monarques & fur les'
éfclaves des defpotes. Si Thémiftôcle fut fou-
vent réveillé par les trophées de Mffriade ; fi
Géfar fondit en larmes à la vue des portraits
.d’Alexandre, il eft peu de nos militaire^- à qui
les ftatues ^ des grands hommes , faites pour
etre expofées dans le Mufeum françois, n’ayent
arraché des larmes à qui les tableaux & lès;
gravures , faites pour Conferver le fouvenir dos
aérions militaires mémorables, n’ayént'arraché
des^foupirs ; que le bufte de ce jeune héros , qui
jouit de fà gloire j n’ait réveillé en furfaUt; que
k s vers compofés par nos grand.s poètes , à la
.Ipuangç des guerriers célèbres ,n’ ait animé d’un
noble courage.; & à qui les éloges prononcés
dans nos chaires ou dans< nos académies , n’ayent
infpiré les réfolutions les plus magnanimes. Les
prodüéïions des beaux arts ont encore cet avantage
, pu’après ^yoir infpiré les grandes aérions
elles les'récompénfent, & quelles offrent pen-
; dant très-lpng-tém's au peuple qui les a employées
à ce dernier o b je t, des monumens agréables &:
même glorieux. Elles, fe font entendre à toutes
les clâffes dé la foçiété ; elles parlent à l’efprit
& au coeur ; on peut en un mot les confidérec
comme dés troupes auxiliaires, dont un légiflateur*
ne doit jamais négliger de fe fervir.
Les Grecs , les Romains , les Etrufques,
d’autres peuples de • l’antiquité avoient recodtui
; tous les effets des beaux arts -, auffi les ern-
ployoient-ils tous au bien public. Pourquoi n’imiterions
nous pas ces peuples fages? Pourquoi
ne ramenerions-nous pas , comme eu x , les beaux
arts à leur véritable b u t , qui eft dé toucher v ivement
les coeurs ; à leur véritable emploi, qui
eft d’élever. J’ame ? Pourquoi, au lieu de Ieüt
permettre de fe dégrader en flattant la vanité , eri
i amolliffant les -caraétères ,• en égarant l’imagina-^
tion, en corrompant les moeurs , ne les émploi-
rions-nous pas à infpirer aux hommes la paffiou
du beau & du bon ; à rendre la vérité & la
vertu aimables ; le menfonge & le vice odieux ;
à augmenter la, valeur , à affermir le courage , à'
épurer les moeurs , à récompenfer les aérions
; valeureufes, à célébrer , à illuftrer , à immor-
. tarifer les auteurs. de ces aérions ?
Pour que les beaux arts çroduifent parmi les
militaires les effets que nous venons d’indiquer,
; il faut qu’ils foient étroitement liés à toutes les
fonérions de la vie commune ; il-faut qu’ un homme
de guerre ne voye les dehors d’aucun moi
nument dèftiné à- des: guerriers, qui ne lui rappellent
, à l’ aide des différentes branches de l’ art
, du deffin, lé fouvenir des hommes qui ont
| montré des v'ertus ou des talens militaires émi-
jnens. Voyei A rc de tr iom ph e , C a se rne ,
1 M in is t r e de l a guerre , St a tu e s , T a b
leaux ; que tout ce qu’il voit dans l ’intérieuc
de ces édifices - tende au même but où par fon
nom , ou par fa. forme ou par fes décorations f
qu’ au théâtre il entende chanter les louanges
des Bayards , dès Dugiiefclih , des Dunois , air
lieu d’y voir réparoîtrè fans ceffe dés héros fa^
buleux , ou des divinités qui ne feroient point
comptées aujourd’hui parmi les hommes eltima-
bles. Voyei C h a n so n m il it a ir e , C om é d ie ,
s M usique ; que les poètes, les orateurs, les
, hiftoriens, les journaliftes même, ne prodiguent
plus des éloges qu’aux hommes qui ont bien
mérité de la patrie ; ne faffent plus fervir leur
éloquence qu’à célébrer les héros.: alors les beaux
artsy ramenés à leur véritable origine, entraîne-
rpüt les. militaires avee force , mais par une yio-,