
M A N
S e c o n d p o r t d 'a rm e s 3 ou. V a rm e d a n s te I r a i ,
Pour foulager le bras'Se la main gauche , on fài-
iîroit avec la main droite l’arme entre la naiffance
de la moulure de la croffe & la platine ; alors la
main gauche pourroitfe mouvoir ians craindre que
le fufil ne vacillât, parce qu’il feroit foutenu par
la main droite. Si l’on vouloir garder cette pofition
long-rems, le bras gauche fe plieroit, croiferoit
fur l ’arme à la platine, couvriroit le baflinet, cqu-
vriroit aufiïle poignet droit, & viendroit faiiir l’avant
bras droit avec la main gauche.
Il faudroit eonfulter la taille & la conformation
de chaque élève, afin qu’il ne fût pas gêné dans le
port de fon arme ; le bras gauche ne feroit jamais
tout - à - fait tendu, dans la crainte de le fatiguer
trop vite, & afin de lai fier l’avantage de foulager
le bras, en de raccourciffant ou en l’alongeant de
quelques lignés, fans changer le port de l’arme. Il
faudroit peu s’occuper du coup-d’oeil > il ne fert
à rien que les armes foient alignées entr’ellès , &
trop fouvent l’amour des choies inutiles a occa-
fionné des peines aux foldats, & donné aux officiers
des occupations auxquelles on mettoit une
importance toujours déplacée 5 ne perdez jamais
de vue que les foldats ne font formés Se çonfervés
que pour la guerre.
R e c r u e p o r ta n t U f u f i l «
En mettant un fufil entredes mains d’une recrue,
îl feroit utile de lui faire fentir combien il doit
s’attacher à une arme avec laquelle il doit attaquer
-& fe défendre, & combien il doit s’habituer.à
s’en fervir avec aifance. On lui demanderoit de ne
pencher le corps ni d’un côté ni de l’autre, d’avoir
fes hanches bien égales, & de faire tous les mouvemens
de fes bras très près du corps.
Dès que la recrue feroit affurée dans le port de
Ton arme, on lui feroit exécuter feule tous les différé
ns mouvemens -de la marche en portant le fufil
; viendroient enfuite les mêmes exercices en
rang , puis en file , enfin en rang & en file-.
D if f e r e n t e s m a n ié r é s d e f e f e r v i r du fu f il.
11 ne doit pas fuffi-e de favoir porter le fufil, il
faut encore favoir s’en fervir >• fans baïonète, ce
n’eft qu’une arme de jet» armé de la baïonète,
c’eft une efpèce de pique. On peut donc le regarder
comme deux armes différentes, & il feroit
néceflaire de donner aux foldats élèves des polirons
analogues aux différentes manières dont ils
pourroient être forcés de s’en fervir.
‘ F u f i l com m e a rm e d e j e t .
Quelle eft la manière la plus, fûre & la plus
prompte de charger & de tirer .un fufil;? Comment
M A N
fâub-il s’y prèndre pour attraper l’objet contre lequel
on vire? Plusieurs hommes réunis ne doivent-
ils pas remplir ces objets différemment qu’un feul?
Charger le f u f i l & le tir er .
Saifir fon arme de la main droite, la foutenir
enfuite delà main gauche, ouvrir le baflinet, amorcer
, pofer la croffe contre terre, mettre la cartouche
dans le canon, bourrer & porter Ton arme,
tels font les procédés au moyen aefquels on peut
charger le fufil.
Au commandement A p p r ê t e z -v o u s p o u r f a i r e f e u ,
l’élève, fans changer de pofition, aimeroit fon
fufil avec le pouce de la main droite, & l’em-
poigneroit après au deffus de la naiffance de la
monture de la croffe.
Au commandement E n j o u e , f a i t e s f e u , l’élève
porteroit fon fufil, la croffe contre l'épaule droite,
la main-& le bras gauches a'ongés de façon à diminuer
le poids du fufil, & à l’affermir contre l’épaule
, en le faififfant entre b platine & la première
capucine, la tête appuyée contre la croffe, & un
| peu penchée en avant, afin de vifer plus à l’aife,
& les deux premiers doigts de la main droite fur la
gâchette } il feroit feu dès qu’il feroit en joue ,
: reviendroit à droite, mettroit le chien à fon re-
; pos , amorceroit, finiroit de charger le fufil, H
prendroit la pofition primitive du port de l’arme.
Ces différens procédés ne font pas pour le coup-
d’oeil 5 mais il fuffira de favoir s’ils ne font pas les
meilleurs, & fi, pour ti:er avec plus de fuccès,
il faut que les agens foient uniquement occupés à
mettre en joue ainfi qu'on les y aura habitués ;
alors il fera décidé qu’il faut abandonner les méthodes
fi fort mitées pendant la paix , de voulo r
que tous les coups d’une troupe n’en faffent qu’un
pour le bruit ; méthode qui peut bien proüver l’attention
& la bonne volonté'des foldats, mais qui
détruit néceflairement toute efpèce de poffibilité
pour bien tirer.
Cependant chaque foldat fait partie d’un rang
& d’une file, & il faut trouver une pofition qui
facilite à plufieurs hommes de tirer en même tems
fans fe nuire les uns aux autres-dans le rang &
dans la file.
Depuis long-tems on avoit fenti l’inconvénient
attaché àJa méthode de faire mettre genou en terre
au premier rang} cette méthode,. impraticable à
la guerre, donnoit de la lenteur au feu y elle étoit
gênante pour le foldat} elle pouvoir infpirer des
craintes à des hommes qui n’étoient plus dans une
pqfi.tipn d’offenfive : la façon de placer la jambe
droite embarraffoit le fécond & le troifième homme,
& après avoir fait feu, il étoit difficile de fe
relever promptement, parce que les deux bras qui
foutenoient l ’arme, ne pou voient plus .aider à
prendre l’équilibre.
Ces obfervations ont fans doute décidé à faire
tirer debout les fufiiiers de chaque file} cepen-
M A N
dsnt cette méthode n’eft pas exempte d’inconvé- !
riens, le canon du fufil de l’homme du troifième
rang étant toujours trop expofé à bleffer l'homme
du premier. On cherche depuis long-tems la meilleure
manière de mettre en ufage cette façon de
faire feu : on en a fait des expériences heureufes
au milieu du filence & de la tranquillité * dans
des exercices à poudre & meme a balle} mais
on a bien fenti qu'à la guerre les réfultats fe-
roien.t fouvent meurtriers : il femble donc qu il
faudroit, pour la fureté des foldats & le réfultat
plus heureux du tir des armes à feu, ne permettre
de faire feu à trois rangs que dans les oçcafions
où les files peuvent s’ouvrir, & les hommes du
troifième rang fe jettr un peu à droite ou à gauche}
ils ne courroient plus les rifques alors de
bleflèr les hommes du premier rang. Dans les cas
où l’infanterie feroit arrêtée, à couvert & obligée
de faire feu, les hommes du premier rang pourroient
mettre genou en terre 'âz fraifer le front,
tandis que ceux du fécond & du troifième rang
feroient feu. Si l’infanterie au contraire pouvoir
marcher à découvert en faifant feu, il faudroit
fe décider à fe mettre fur deux rangs, & à faire
feu en tirailleurs. Enfin , fi 1 infanterie, obligée
de faire feu, fe trouvoit derrière un ravin, un
abatis, un retranchement, alors, ou elle s’ét.eri-
droit de manière à laiffer un créneau libre ail troifième
rang, ou fi elle ne pouvoit pas'étendre fon
front, elle feroit un feu fucceffif par homme de
chaque rang.
U fa g e du f u f i l com m e p iq u e .
On a toujours trouvé difficile de fe fervir avec
avantage du fufil armé de la baïonète : fa forme
le'rend pénible à remuer, S z ce n’ eft que l’habitude
& lVxercice qui peuvent donner à chaque
foldat l ’aifance & la force qui font néceflaires
pour s’en fervir.
D é f e n f e .
SiTon eft attaqué, il faut fe défendre enpréfen-
tant à l’ennemi un ordre & des pofitions d’armes,
qui lui en impofent & qui puiffent l’arrêter.
A t ta q u e .
Si au contraire on vouloit attaquer & marcher
en avant, il faudroit chercher les pofitions qui biffent
le plus de liberté au corps & aux jambesfpour
fe mouvoir & même frapper s’il étoit néceflaire. ■
Le fufil, comme pique, ne doit fervir dans la
défenfe, que dans le cas où l’on feroit attaqué par
de la cavalerie, & où l’on n’auroit aucun moyen
de s’aider de quelque retranchement, procuré par
b nature du terrein ou pratiqué exprès, encore
faudroit-il y joindre du feu fi b chofe étoit pof-
fible.
MAN 7^9
Dans l’attaque, après avoir fait faire ha ut les
armes pour marcher avec plus d’aifance, on pour-
roit, au moment où l ’on joint l’ennemi, faire pre-
fenter 1a baïonète aux deux premiers rangs,, les
autres portant les armes hautes, & fervant à augmenter
la maffe & fes efforts.
S e r ep o fe r f u r le f u f i l & p o r te r le f u f i l .
Mais les foldats ne peuvent pas toujours faire
feu, attaquer ou fe défendre ; ils ne peuvent pas
toujours porter le fufil : il eft quelquefois nécef-
faire qu’ils fe repofent.
Au commandement L e s a rm e s p r è s d u p i e d , on
faifiroit l’arme avec la main droite^à la hauteur
de l’épaule gauche, & on la placeroit, 1a croffe à
terre, à côté du pied droit, en un tems.
Au commandement P o r t e z v o s a rm e s , 1a main
droite placeroit en un feul tems l’arme contre l’épaule
gauche, & 1a main gauche 1a faifiroit & la
contiendroit.
MANOEUVRES. Les manoeuvres peuvent être
confédérées comme divifées en trois cîaifes : en
m a noe u v r es d e com p a g n ie 3principalement connues
fous le nom de m a noe u v r e d e d é t a i l , & auxquelles
on a donné auffi le nom d’é v o lu t io n s ; en m a noe u v r es
d e r é g im e n t , défignées fous le nom générique d’e
ma noeu vr es ; & en m a noe u v r es d !a rm é e , connues fous
le nom de g ra n de s m a noe u v r e s .
M a noe u v r e s d e d é ta il.
Quelqu’avantageufe que foit 1a pofition qu'un
corps militaire a prife, quelque bon que foit l’ordre
dans lequel il s’eft formé, il eft fouvent obligé,
par les circonftances, d’abandonner fa pofition ou
fa formation primitive : o r , comme il ne peut jamais
paffer d’un ordre à l’autre, & prefque jamais
changer de pofition fans fe rompre en fractions
plus ou moins confidérables, il faut, pour que la
manoeuvre générale foit faite fans çonfufion &
d’une manière précife, que chacune des fraétions
faffe des mouvemens qui lui foient propres & qui
cependant foient combinés avec ceux du refte des
fractions. C’eft à ces manoeuvres individuelles &
particulières qu’on a donné le nom de m a noe u v r es
de d é ta i l. _ .
Pour paffer d’une pofition ou d’un ordre à l ’autre
, il n’y a qu’une grande manoeuvre qui foit la
bonne. Pour exécuter une grande manoeuvre, il
n’y a qu’une manoeuvre de détail qui foit la meilleure
: nous ne chercherons pas quelle eft, dans
les différentes circonftances, cette manoeuvre de
détail qui doit être b meilleure : nous ferions
obligés'de faire un nombre immenfe de fuppofi-
tions : nous nous bornerons à chercher les règles
générales auxquelles les manoeuvres de détail doivent
être a'ffujetties.
Les manoeuvres de détail doivent être, i°. cal