
verain en fixoit le nombre : l'enrôlement y étoic
forcé, afin d'affurer, d'une manière invariable,
le fervice de la force publique.... Ce fut fans
doute la même raifon qui décida les conquérans
a exiger Je iervice militaire de leurs nouveaux
fumets, afin de s'affurer davantage des foldats,
pour attaquer ou pour défendre.
Les loix^ concernant les levées doivent déter-
miner l 'e n r ô lem e n t , f a f o r m e , f e s c o n d i t io n s , J â g e ,
la. - ta ille d e L e n r ô lé , l e tem p s d u f e r v i c e , la m a n
ié r é d 'y ê tre a dm i s & d 'y a v a n c e r .
Dans les républiques anciennes, où l’on cal-
culoit les devoirs des hommes réunis en fociété,
on avoir fend que tout citoyen étant effentit 11e-
menc fo.dat, le but principal de l'éducation publique
devoit etre de former des gens de guerre.
Ofons voir, dans cette inftitution fi fage, un des
plus fermes foutiens de la liberté publique. Quand
chaque citoyen eft deftiné à former la force publique
> quand 1 éducation qu'il reçoit prépare
& accoutume, dès l'âge le plus tendre/fon
corps, Jon coeur & fon efprit, à cette grande
idee, il elt bien difficile qu'un individu ou une
corporation quelconque puiffe facilement détruire
la liberté de gens qui ont tant de raifons
f de moyens pour la défendre. Voyons quelles
étoient a cet égard les inftitutions anciennes.
A t h é n i e n s . .
îolon, laiffant aux plus riches habitans d’Athènes
8c du territoire de l’Attique les premiers
emplois, 8c voulant admettre au gouvernement
m yrefte du peuple , divifa les citoyens en quatre
çlafics : dans la première furent comp is les citoyens
qui avoient au moins environ 27,000 liv.
çie revenu ( dô notre monnoie ) 5 dans la fecon-
e e , 16,200 liv. & la pofiîbilité d'entretenir un
Cheval a la guerre $ dans la troifième, 10,800 L;
dans la quatrième , ceux qui n'avoient qu'un
revenu ipteneur à ces eltimations, ou ceux qui
n ayant aucun revenu, vivoient de l'exercice d'un
nietier ou d'une profeffion.
En attribuant aux trois premières claffes tout
le poids 8c tous les honneurs de la magiftrature
Solon les chargea en même-temps de tous les
frais de la guerre. Ainlî les citoyens des trois
premières claffes devant remplir feuls les emplois
civils 8c militaires, l’éducation publique fut dirigée
vers ces deux principaux objets.
Education militaire,
t Tous *es énftns nés dans ces trois piaffes
etoient donc envqyés chaque jour aux écoles
Publiques , nommées g ym n a s e s ; on les yamménoi t
de grand matin, 8c on les ramenpit chez eux
avant la chiite du jour.
Les mairies dévoient avoir au-delà dé quarante
ans.... Après le chef de l’ école , les premiers
maîtres étoient les p éd o tr ib e s ou maîtres de
paieffre. Ceux-ci ayant examiné la conllitution
des enfans, les forpoient en compagnies, leur
preferivoient un régime propre à entretenir leur
fanté, 8c les appliquoient, fuivant leurs forces,
aux exercices de la coude, du faut, de la danfe,
de la lutte 8c du difque : celui - ci comprenoit
l'art de lancer les javelots.... Aux exercices du
corps on joignoit ceux de l’efprit.
A g e m i l it a i r e fi* a dm ijfto n au f e r v i t e .
Cette éducation finiffoit à dix-huit ans î tout
citoyen parvenu à cet âge étoit tenu, par la
lo i, de lé prefenter devant les magiliruts, nommés
te x ia r q u e s . Ceux- ci , après un examen de
les moeurs, le revêioient d'une armure, dans
le temple.d Agrante , fille de Coecrops, en uré-
lènce au peuple, 8c lui faifoient prêter le ferment
fuivant :
« Je ne déshonorerai point ces armes facrées,
« 8c je n’abandonm rai point le chef de la troupe
» dans laquelle j e ferviraiî j e combattrai pour
» les temples 8c les chofes facrées, feul 8c
" accompagné. Je ne iaificrai point ma patrie
” moindre qu elle ne m’a été tranfmife j je tra-
» vaillerai au contraire à la rendre plus forte &
plus fiorilïante j je m embarquerai pour fon
» fervice , 8c je cultiverai la portion de terre
» qui me tombera en partage. J obéirai aux loix
» établies 8c à toutes celles que le peuple éta-
” bliia d’un confentement général. Si quelqu’un
» veut, renverftr ces loix, je m’y oppolerai, doit
” feul, foie de concert avec les autres, 8c je
“ défendrai la religion de ma patrie. J’en prends
» à témoins les dieux A g r a n t e , E n ia l iu s , M a r s ,
É J u p i t e r , T h e lo , J ie g u em o jie , »
Les jeunes gens reçus de la forte, 8c formés
par compagnies, étoient employés à la garde de
la ville St des forts qui déftndoient les frentiefes
Sc le territoire de l ’Attique, ou dans quelques expéditions
peu importantes. Ils s'y formoient aux
exercices, au fervice, à la difcipline 8c aux
travaux militaires..... A l’âge de vingt ans, ils
venoient fe repréfenter aux magiftrats, qui les
mferivoient alors fur le regiftre de leur tribu.
Pour fervir dans la cavalerie, il falloit fubir
un examen différent de celui que fubiffoient
ceux qui étoient deliinés à l’infanterie...... Les
généraux- ne pouvoient pas changer le fervice
ci un citoyen, Sc le faire pafier de la cavalerie
dans l'infanterie.;
D u r é e d u f e r v i c e .
Depuis 1 âge de vingt ans jufqu’à quarante >
les citoyens ënregiltrés étoient obligés, lorfqa'oh
les y appelloit, de marcher aux expéditions ordonnées
par la république , dans quelque pays
que ce fût. En général, tout citoyen âgé de
quarante ans n’étoit plus tenu qu'à la défenfe du
territoire de l'Attique, & cette obligation du-
roit jufqu’à foixante ans j les feuls citoyens qui
en fuffent exempts étoient les fermiers des revenus
publics S c les directeurs des fêtes de
Bacchus.
Athènes retiroit auffi des fèrvices de ceux que
l’on nommait c o h a b ita n s ou é tra n ge rs .
Les c o h a b i ta n s étoient des citoyens de quelu’autre
ville grecque , qui avoient tranfporté
ans l’Attique , famille , corps & (biens j fous
condition de payer une redevance annuelle, &
de le mèttre fous la tutelle d’un citoyen.... Ils
n'étoient point obligés au fefvice militaire ; mais
plufièurs fe préfentoient volontairement & étoient
acceptés, afin de ménager le fang des citoyens.
Les étra n ge rs étoient ceux qui, fans avoir
tranfporté leurs biens dans l'Attique, y obte-
noient la permiflion d'y exercer une profeffion,
en payant un tribut annuel, S c fe mettant fous
la tutelle d'un citoyen... Comme ils pouvoient, ,
ainfî que les premiers,, parvenir à obtenir l’exem- ■
ption de la redevance ou l’attelie, au moyen de
quelques a&ions d'éclat à la guerre, ils s’of-
froienr pour fervir & ©n en formoit des compagnies
»
G r a d e s , a v a n c em en t.
Les troupes extérieures & intérieures étoient
commandées par des officiers dont les principaux
étoient les fir a g e t e s ou généraux. Pour être élu
f ir a g è t e s , il falloir pofféder des biens-fonds dans
Je territoire de l'Attiquè, & être père d’enfans
vivans. Le peuple étoit divifé en dix tribus j
l'éteôion des fira g e te s étoit réglée, d'après cette
divifion } tous les ans le peuple s’ affembloit à un
jour marqué, pour procéder à cette éFeâion ;
chaque tribu élifoit fou général..... Mais il faut
obferver que ces dix f tra g e te s n’étoient pas tous
employés au commandement des armées';- ils formoient
un confdii général d’adminiftration militaire.
D'ailleurs on ne choififloit pas toujours dix
nouveaux f ir a g e ie s ; les fufïrages fe réuniffoient
fouvent fur ceux qui s'étoient diftingués dans
cet emploi.... Phocion fut élu quarante-cinq fois,
fans avoir jamais follicité cette faveur.
Ce grand nombre d'éleâions entretenoit l'émulation
dans tous les citoyens*.
Sous les J tra ge te s étoient dix ta x ia r q u t s y dont
chacun commandoit l’infanterie de fa tribu.
Outre cette fon&îon , ils étoient chargés de
choifir l’affiette des camps; d'y faire, ainfi que
fur les routes, préparer des marchés où les offir
ciers & les foldats puffenc acheter les denrées
dont ils auroient befoin, & d'y maintenir la
police.
Sous les ta x ia r q u e s étoient les c h ilia r q u e s , ou
commandans de mille hommes > fous ceux - c i ,
les commandans de cent & de cinquante hommes
} ceux qui ne commandoient que dix ou
cinq hommes , répondoient à nos fous - officiers.
La cavalerie avoit deux généraux, nommés
k ip a rq u e s ; fous eux étoient deux p h i la r q u e s , dont
chacun commandoit la cavalerie de fa tribu.
Dès que Y h ip a r q u e avoit été nommé, il facri-
fioit & prioit les dieux qu’ils lui accordaffent
de penfer, de dire de faire ce qui leur feroit
le plus agréable & en même-temps le plus cher,
le plus glorieux & lé plus utile à lui j à fes amis
8c à la république.
Outre les p h ila r q u e s deftinés à aider Y h ip a r q u e
dans fes fondions, il avoit un confeil dans lequel
étoient des orateurs chargés de contenir les ca>
valiers dans le devoir par la terreur des châti-
mens, Sc de mitiger, dans le confeil 'de difcipline,
les jugemens trop févëres; ce confeil verf-
loit auffi fur la réforme des chevaux.
Cette conftitution primitive fubfifta jufqu’à la
guerre des Perfes.... A cette époque, le danger
& les befoins de l'Etat armèrent tous les citoyens
fans difiindion de claffes.
L A C £ D fe M O N I E N S.
E d u c a t io n m i l i t a i r e .
Dans la réfolution de former irn peuple vertueux
, paifible chez fo i, mais toujours prêt à
fe défendre, Lycurgue propofa un genre d’éducation
qui tendait à former des hommes ro-
buftes, capables de jouir fagement des biens de
la- nature, S c d'en fupporter les maux avec courage.
Tout le fvftême de cette éducation ten-
dort à rendre lés citoyens efclaves des loix, à
les former aux peines d’une vie dure, à leur
donner des moeurs graves & honnêtes ,. à les
inftruire des arts & des fciences, S c fur-tout
à leur apprendre l'art de combattre & de
vaincre.
Pour affurer les fuccès de cette éducation,
les enfans nés contrefaits étoient expofés fur le
mont Taygetej on ne cônfervoit que ceux que
la' nature avoit avantageufement formés*
Dans chaque claffe, celui qui montroit le plus
d’efprit & d’intelligence, & le plus d'ardeur
pour la guerre, en devenoit le chêfj les autres
.obéilToient & fubiffoient fans murmurer les
peines qu'il infligeait : ils combattoient entre