
par delà Marienbourg , près d’un châtetfu
,, appelle F a :g i i o l l e s , par lequel il lui ma'ndoit
& enchargioit expreffément, qu’il ne mît rien
au hafard , & n’entreprît aucune choie qu’à^
,, fon plus grand avantage, & fur-tout , qu’il
„ n’ allât po’nt affaillir l’ennemi dans fon fort-,
,, mais que s’il vouloir fortir & combattre qu’il
,, ne différât point. Defquelles nouvelles étant
,, ce prince fort ennuyé, comme ayant desia
j, préveu & projeté le fait & conduite de cette
„ entreprife, ayant communiqué le tout a M. le
„ maréchal de St André , les princes &
3r capitaines dignes de ce confeil advisèrent de
,, redreffer le tout félon le mandement dé Sa
„ Majefté. Le général fe contente donc d’at-
tacher une efca.rmo.uche , dans laquelle il eut
„ un grand fuccès , mais dit Rabutin , . le
„ rout n’engendra qu’une opinion aux ennemis -
„ de notre foibleffe de.cueur, & mauvaile con-
noiffance de lavoir ufer d’une victoire , & a
5J tous ceux qui n’ont Iceu les caufes, de juger
. les chefs de cette entreprife n’être parfaite-
„ ment expérimentés en l’art militaire. Par quoi
, , j’ai bien voulu emplement déduire le tout ,
„ & ce qu’ eftant venu à la cor.noiffance du
„ roi , s’eft repenti grandement d’avoir plus ad-
, , jouté de foi à la douteufe & envie Life opinion,
„ qu’à la prudence d’un fage prince Voye-^
les Mémoires de Rabutin, tom. 3^5 de la collection
, pag. Z35 8c Z53.
Pourquoi Spinola , ce général, le feul peut-
être digne' > d’être, oppofé à Maurice , lui qui
avoit remporté de grandes victoires en Eipagne,
en Allemagne , en Flandre., vit - il fa gloire
flétrie en Italie pendant la campagne de 1630?
C’eft qu’il ne lui étoit pas permis, fous quelque
prétexte que ce fût, de s’ écarter des ordres imprudents
qu’on lui envoyoit régulièrement de
Madrid. Ii mourut quelque temps après , répétant
jufqu’au dernier feupir ces paroles efpa-
gnoles , m e hem q u ita d o la honora : ils m ont
ravi l’honneur.
Pendant que Louis XIII régna , prefque tous
les généraux qui fe laifsèrent conduire par le
cardinal de Richelieu & le pere Joleph, furent
conftamnient battus.
Guftave Adolphe donnant des ordre? aux chefs
de fes troupes, leur mandoit : étant éloigné de
vous., je ne puis diriger vos opérations qu’en
termes généraux : il arrive à la guerre des évé-
nemens que toute la prudence humaine ne peut
prévoir-. Saîfiffez ç e s niomens -, profitez des Qcça-
fions favorables qui fe préfentent & s’échappent
au même inftant. Je vous donne carte blanche ;
agiffez gveç la fageffe qui eft digne de vous &
4e moi.
Bannier, ce digne élève du grand Guftave ,
difoit à fes confidens : pourquoi çroyea-vous que
GaJas & piçôlojaini n’ont jamais tien pu faû*
d’heureux contre moi ? c’eft qu’ils ne pou voient
rien entreprendre fans le confentement des mi-
niftres de l’empereur.
Au moment de fa mort , le général Tilly fe
plaignoit toujours de* ce qu’on liii avoit arraché
la vi&oire des mains , en l’empêchant d’attaquer
l’ennemi dans l’in liant où il pouvoit le flatter de
le vaincre.
Les mémoires du temps nous apprennent que
le prince Eugène , avant de prendre le commandement
de Farinée impériale en 1698 , exigea que
l’empereur lui permît de faire tout ce qu’ il jugerait
à propos , fans qu’il pût être recherché lotis
aucun prétexte. v;
Ce prince dit un jour à un de fes amis qui
l’interrogeoit fur la caufe de la profonde rêverie
dans laquelle il étoit plongé : je faifdis réflexion
que fi Alexandrele Grand avoit été obligé d’avoir
l’approbation des députes de Hollande, îï s’en
ferait fallu de plus de la moitié que les conquêtes
n’euflent été fi rapides.
Le duc de Marlboroug , cet émule célèbre
d’Eugène , étoit plus roi que général -, il difpofoit
à fon gré des volontés de la Cour & du Parlement
, des finances 8c des troupes -, aufii fit - il
de grandes choies •, dès l’inftant où fon crédit
eut diminué, où il fut contrarié , il abandonna
le commandement.
Louis XIV, ce prince exceflivement jaloux de
fon autorité , fit dire à Turenne qu’il ferait charma
d’apprendre un peu plus fou vent de fes nouvelles ,
& qu’il le prioit de l’inflruire de ce qu’il aurait fait.
Catinat écrivoit à Louis XIV & à fes miniftres:
un homme chargé des affaires doit prendre fur lui,
en homme de bien , le parti qu’il croit le meilleur i
on ne voulut pas l’en croire , on lui défendit de
s’oppofer au paffage du prinçe Eugène,' 8c cette
défënlè fut la caufe première de fes fautes & de
fa difgrace.
Les François n’auroient pQÎnt éprouvé devant
Turin les revers qui les accablèrent, file maréchal
de Marfin n’eût .été porteur d’un ordre qui
défendoit au duç d’Orléans d’agir d’après les cir-
1 confiances.
Si Vendôme avait, eu pendant les campagnes de
Flandre , en 1706 8c 1709, l’autorité dont il avoit
précédemment joui, çes-deux campagnes n’euffent
| pas été marquées par de§ défaftres.
M. le maréchal de Noailles donnant des infime-*
tions au comte de Berçheny, parle ainfi : Il fufïie
de dire en gros à un homme de guerre dont l’in-
telligençe & le mérite font connus , les points
principaux dont il eft chargé-, il convient même
de lui laiffer la liberté de changer les difpofitions
propofées , fuivant les circonftances 8c les çon-
nqiffances qu’il acquiert fur lés lieux.
Avant le commencement de la bataille de
Fo*tenoï, le comte d’Argenfon , au lieu de donner
des ordres au maréchal de Saxe, envoya.prendreries
fiens, 8c pendant cette même bataille , Louis XV
dit tout haut : je fuis bien sûr qu’il fera tout
ce qu’il voudra.
Le roi de Truffe, Frédéric le Grand, écrivoit
au général Fouquet : j’attends' tranquillement ce
que le, hafard décidera de l’entreprife , sûr que
vous ne négligerez rien & que ce ne- - fera pas
votre faute fi vous ne réuffiffez pas -, 8c dans une
autre lettre t,je vous laiffe le maître de faire ce
que vous jugerez convenable, 8c je ne vous dis
mes idées que parce que le terrain de ces contrées
m’eft très-connu.
• En commënçant la guerre que là paix de Tefcnen
a terminée, JofephlI clit^au général Laudon : je
ne vous donne aucun ordre -, un homme comme
vous n’a pas befoin d’inftru&ions qui le gêneraient
peut -être i férvez-moi, 8c foyez peffuadé que
quand vous perdriez une bataille déçifivevje n’en
conlërverois pas moins pour vous toute l’eftime
qui vous eft due.
CARTOUCHE- Ôn donne, vulgairement le
nom de car tou ch e au papier fur lequel on écrit les
différentes efpèces de congés que l’on donne aux
bas-officiers 8c aux foldats.
Une ordonnance du z Juillet 1716 défend à
tous les officiers des troupes du roi, fous peine
d’être caffés, de donner des congés, foit abfolus,
foit pour un temps quand même ce ne fëroit
que pour un jour, à aucun cavalier , dragon ou
foldat de fes troupes fur du papiér ordinaire.; ou
fur leurs fimples fignatures -, il èft pareillement
défendu auxdits cavaliers, dragons 8c foldats de
s’en fervir, à peine d'être punis comme déferteurs.
Sa Majefté veut, que tous congés -, fans exception
, foient écrits dans le blanc d e s ca r to u ch e s
imprimées qu’elle a fait adreffer aux majors &
aux aides - majors de fes régimens d’infanterie ,
de cavalerie & de dragons , & fcellées du timbre
où cachet qu’elle a fait faire pour chacun defdits
régimens , lequel doit toujours refier avec les
exemplaires de.s': c a r to u c h e s imprimées es mains
defdits majors & aides-majors , & en leur abfence
aux officiers chargés du détail. •
Par un édit du mois d’Àoût 1717 , enregiftré
au parlement de Paris le z6 dudit mois, le roi
a fait défenfe à tous graveurs, imprimeurs , libraires
& autres , de graver s imprimer, vendre
& débiter des fo rm u le s 8c c a r to u c h e s pareilles à
celles que Sa Majefté a fait graver pour les congés
militaires, ïà peine^ des galères perpétuelles.
C’eftla Cour qui adreffe aux régimens les differentes
. efpeces de ca r tou ch e s y comme il arrive
quelquefois que les régimens en manquent, on
donne alors dès congés'fur du papier ordinaire.,
aiais on prend la précaution dè les timbrer de
«ces mots , à d é fa u t d e ca r to u ch e im p r im é e , & d’y
appofer le cachet du régiment, encore n’employe-
t-on l e s c a r to u c h e s non imprimées que pour des
congés limités 8c très-courts.
Ne pourroir-on pas, ne devroit-on point mettre
une très-grande variété, foit dans les ornemens
dont font chargées les c a r to u c h e s , foit dans l’ex-
preffion des congés ? on pourrait faire de cette
variété une punition 8c une récompenle vraiment
françoife. V o y e [ .notre article C ongé , tome 1 ,
page 759 8c fuivantes.
C a rto uch e. On donne aufii le nom de c a r to
u c h e à la charge entière d’une,arme à feu. Les
c a r to u c h e s pour les fu'fils font com.pofées du trentième
d’une livre' de poudre 8c du' feizième d’une
livre de plomb : la poudre 8c le plomb font enfermés
dans tin rouleau de papier, dont le diamètre
éft fixé par celui de la balle. Quand les c a r to u c h e s
font deftinées aux honneurs funèbres , aux réjouif-
fances 8c aux exercices militaires , on ne met
dans le rouleau de papier qu’un foixantième de
:1a livre de poudre.
Nous avons remarqué dans l’article C a l ib r e ,
que les premières ca r to u c h e s dont nous avons parlé
.dans cet article , font ordinairement trop grofles.
V o y .e [ C a l ib r e r . Quant à la manière de faire
les ca r to u c h e s , v o y e£ le dictionnaire de l’artillerie \
on. trouvera encore dans le même dictionnaire
ce qui eft relatif aux c a r to u c h e s pour le canon.
CASAQUE. La c a fa q u e étoit une efpèce de
fubrevefte que les guerriers portoient par-deffus
l’arirçure ; la couleur & la forme des c a fa q u e s ont
beaucoup varié. Ce n’eft que du temps de Montlus
‘qiié toutes celles d’un même corps de troupes
furent de la même couleur -, c’eft écrivain dit:
les p rote fia ns , devant Montauban , avoient tous
des c a fa q u e s blanches qui furent les premières que
j’avois jamais vues. F h y e^ dans H collection des
mémoires particuliers relatifs à l’hiftoire de France,
le tome Z4, page 3z8.
CASEMATE , ( fupplémenc. ) On trouve
dans un ouvrage nouvellement publié, une idée
relative, aux. c a f em a te s qui m’a paru faite pour
être adoptée -, l’auteur voudroit que le roi payât
aux particuliers , & fur-tout aux corps religieux
qui feront bâtir dorénavant des maifons dont les
caves feront fi tuées de manière à pouvoir fervir
de c a fem a te , une Comme proportionnée aux dé-
penfes auxquelles ils feront tenus pour faire
donner aux voûtes de ces fouterrains la force &
lepaifieur néceflairè aux c a f em a t e s*
CASERNER. Caferner des' troupes, c’ eft les
loger dans des édifices conftruits pour le logement
des gens de guerre ou deftinés à cet objet.
> CASSER. Gaffer un corps ou un individu ,