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Le réglement provtfoire pour le fer-vice de l’ infanterie
en campagne ,. veut que l ’armée- fran-
çoife marche ordinairement l’ur, fix c o lo n n e s , &
quelquefois fur. quatre : il prefçrit la manière
dont chacune .des c o lo n n e s doit être compolee ,
dans l’une & dans l’autre, circonftance. V b y e ç
l’article 11 & fuivans du titre 2.5.
Il faut bien , fans doute, que le chef d’une
armée détermine d’une manière générale , au
commencement d’une campagne , le nombre de
c o lo n n e s d e m a r ch e que" foti armée doit former ,
le front que chacune de ces c o lo n n e s doit avoir ,
& le rang que chaque efpèce de troupe doit
occuper' dans . la c o lo n n e dont elle fait partie :
mais il eft bien difficile , il eft même prefque
impoffible que ce premier ordre fublifle. conftam-
ment •, les événemens de la guerre , les çirconf-
tances du terrain , les opérations de l’ennemi ,
mille autres caufes difficiles à prévoir & trop
longues à énumérer , peuvent, doivent même le
détruire très-fouvent : ce qu’il y a de certain ,
c’eft que dans les plaines, dans les pays ouverts ,
il faut multiplier autant qu’on le peut le nombre
A s c o lo n n e s . Plus les c o lo n n e s font multipliées ,
moins elles font longues •, or , moins les c o lo n n e s
font longues , plus la marche eft prompte 8c
rapide : moins les c o lo n n e s font longues , plus lès
officiers généraux qui les conduifent ont de facilité
à prévenir les défordres & à les réparer : moins
les c o lo n n e s font longues , plutôt l’armée eft en
bataille. Tout cela eu “vrai , mais comme il éft
vrai aufli que plus les c o lo n n e s font multipliées ,
p)îïïs il faut ouvrir des marches*, que plus on
ouvre de marches , plus on détruit de grain ,
plus on gâte un pays , plus on donne de peine
aux pionniers ; il réfulte de ces obfervations qu’il
y a dés avantages & des inconvéniens par-tout,;
de quel côté y a-t-il le plus ou le moins d’incon-
véniens ? c’eft aux généraux à en juger : quant à
nous , nous croyons qu’il eft prefque toujours
avantageux de multiplier le nombre des c o lo n n e s .
Plus lé front des c o lo n n e s , d e m a r c h e fera con-
fidérable , moins leur profondeur fera grande ,
mais plus il faudra de temps pôur oiivrir' lès
chemins des c o lo n n e s y plus il fera difficile dé
combler les ravins , de jeterles ponts , &c. y il
v a donc ici j comme par-tout ,-t/n milieu a -faifir :
ce milieu a été -indiqué par quelques écrivains
à cinq toifes ou trente pieds. Quant à nous , nous
penfons que trente pieds eft lé m in im um de largeur';
car une" ouverture de trente pieds ne peut guères
fuffire qu’à douze hommes , ou tout au plus à
quinze. Il réfulte en effet d’un grand nombre
d’expériences que j’ai faites à Metz , qu’une troupe
en bataille occupe près de deux pieds par homme ;
or s’il faut deux pieds à un homme immobile f
portant fes armes j il faut au moins vingt-fix ,
vingt-huit ou même trente pouces à un homme
en pleine marche. Il en eft donc du front de
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chaque colonne comme de leur nombre , il ne
peiit être déterminé d’une manière confiante ,
uniforme , car il dépend de la qualité des chemins
que les colonnes' doivent parcourir , & d’un
grand nombre d’antres combinations , que les
circonftances obligent de faire.
Il eft de même très-difficile de dire quelle doit
être la composition intérieure de "chaque colonne
de troupes , quels font les corps qui doivent en
avoir la tête , & quels font ceux qui ddivent en
avoir la queue ; quel doit être le rang , l’em-*
placement & la compofition des colonnes dartillerie 8c de celles des équipages , 8cc. Tous ces objets
font fournis aux circonftances des temps & des
lieux. Voye{ l’article - M arche ; l’auteur à qui
nous le devons y a fait des fuppofitions propres
à répandre de la lumière fur cette branche bien
importante de l’art de-la guerre.
Quant aux petites précautions relatives à la
police des colonnes dé màich'e , voye^ le titre 2,J
du réglement provifoire , déjà cité dans cet article 4
l’article M a r c h e , & P olice des a rmé e s .
On donne aufli comme nous l’avons dit , le
nom de colonne au chemin que doit fuivre une
colonne de troupes ou de bagages. Vôyeç , relativement
à la manière dont ces colonnes doivent
être tracées & ouvertes , les articles C hem in ,
8c M a r ch e .
§. H L
Des colonnes pour le combat.
- Ce n’eft point ici que nous devons examiner fî
les armées françoifes doivent combattre lur trois
rangs de hauteur, ou fi elles ne doivent fe pré-'
fénter aü combat que formées en ' colonne. La
place de cette difciilfion importante , dont le
fujet occupe & partage, depuis un grand nombre
d’années, tous les militaires françois , eft naturellement
fixée aux articles O rdre profo nd ,
O rdre m in ce & O rdre m ix t e : mais comme
les partifans de* chacun de ces différens fyftêmes
conviennent qu’il eft plu fleurs circonftances dans
lefquelles l’infanterie doit , pour vaincre, ou pour
11’être pas- défaire , être formée en colonne , nous
allons examiner quelles font les proportions,
quelle • eft l’organifation la plus convenable aux
différentes colonnes que nous avons nommées
colonnes pour lé combat.
On convient généralement que „l’ infanterie
menacée par la cavalerie', doit ,'pour n’être point
défaitec, fe ployer en colonne'' ; oh convient aufli
qu’il eft beaucoup de circonftances où l’ infanterie
d o it, pour renverfer de l ’ infaiiterie^ prendre un
ofdi‘ë plus profond qu’étendu ; que l’ infanterie
doit , pour rçiiftér à un corps compofé de cavalerie
& d'infanterie fe 'ployer aufii en colqnrie j
qu’ il faut placer de l’infanterie eh colonne dans
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l’intervalle compris entre les deux, ftgfles^d’unô
armée en bataille ; qu’i l . faut , des c o l o t y i e s ; pour
çouvrir les flancs de la cavalerie ;. qu’il faut fe
mettre en c o lo n n e pour attaquer des»; retranche-?
mens, pour pafler un défilé ; on convient enfin
qu’il faut fe former en. c o lo n n e pour exécuter un
pafiage .de ligne ; il s’agit donc de-trouye.ïi quelle
eft, pour chacune de ces circonftances , la p i lo n n e
la meilleure. Je dis p o u r c h a c u n e d e c e s f ir c o n j la n ç e s ^
car la c o lo n n e la plus propre contre la cavalerie
peut n ôtre point la plus propre pour exécuter un
pafiage de ligné. ,, pour p a fier un défilé , &c.
Je ,ne prétends cependant .point qu’il faille créer
une c o lo n n e différente pour chacune des çi.rcçnf-
tances que nous . venons d’indiquer mais feulement
pour celles qui , n’ayant point une analogie
parfaiterayéci les autres , -rendent indUpenfable la
formation d’une c o lo n n e différente.
§. I Y .
D e la c o lo n n e c o n t r e l a c a v a le r i e .
Nous donnons lé nom de c o lo n n e c o n t r e la
c a v a le r ie à la difpofition que l’infanterie* doit1
prendre, pour réfiftèr à un corps de guerriers
qui combattent à cheval. -
IJrr grand nombre d’écrivains militaires s’étant
occupés de l’ordre que doit prendre ,- d’après leur
fyftême, l’ infanterie qui eft obligée de traverfery
a portée, d’un corps de cavalerie, un (terrain
propre à cette dernière arme ; chacun d’eux donnant
à la c o lo n n e qu’il a cré^e, .perfectionnée , ou
adoptée', la préférence fur. toutss les antres, & i
appuyant fon opinion fur des raifons plaufibles ,
fur des autorités refpe&ables , 8c fur des exemples
heureux , -ley militaire qui veut s’inftruire doit
néçe flairemenf',v-;ap.rès avoir flotté .long-remps ;
dans une incertitude cruelle, concevoir un certain
mépris pour la taétique", ou .du moins pour les
qu’on lui attribue. Comme ce pyrrhonifme
pèift avoir , à la guerre , lès fuites les plus ,fu-
neftes, nous devons effayer de le détruire : pour
y parvenir , nous annoncerons d’abord les difte-
rén-tes;conditions qu’une c o lo n n e co n tr e la c a v a le r ie
devroit remplir pour mériter d'être.généralement
adoptéé ; & puisnqus indiquerons les principales
c o lo n n e s qui ont été propofëesou exécutées : ainfi
nos lefleurs pourront, en rapprochant ces différentes
c o lo n n e s du modèle in tel lèâuel que, nous,
allons leur offrir , juger avec, facilité' celle : qui
mérite d’obtenir la préférence.
A Une c o lo n n e , c o n t r e la c a v a l e r i e devroit pour
tre parfaite, i°. Ce former a v e c -u n e g r a n d e p r o m u - '
titu d e a v e c u n e e x t r êm e f a c i l i t é - : • a v e c u n è -
g ra n d e p rom p titu d e- , car fçs. ennemis- marchent;,
av^ec une grande; yéipçitg^a v e c ,u 'w g r a n d e f a c i -
car .ceux qui .doivent la former fonp quel.7.
quefois ou peu habiles ou troublés par" la vue.
C O L
d’un: danger; imminent : iP. elle devroit avoir la
faculté d.e faire face pan-tout' ; car elle petit être
inveftie : 3 de marcher fur toute ej’ptce- de terrain &
par- toutes fes faces , car elle a prefque toujours
befoin d’ avance* chemin ; car elle peut être obligée
de fuivre tous les rayons du cercle dont elle
peut fe confidérer comme le centre y car la campagne
n’offre que très-rarement des peloufes unies ,
des terrains artiftement nivelés : 4b. elle -devroit S a voir:
que. p,eu de pourtour & aucun côté faible-- plus
fon périmètre .eft confidérable-, plus eîlè offre des
points d’ attaque , & l'on fait qu’ un feul endroit
■ foibîe la rendroit la proie de l’ennemi •: 5 elle
devroit pouvoir fe couvrir de beaucoup de feu , car
ce _neft que par des armes de jet qu’elle peut
efpére.r de tenir fon ennemi éloigné d’elie : 6°. elle
devroit être, également ^propre à. un- cûrps fuivï\ dé
fon canon 8/ dejes équipages, & à un corpsdépourvib
de l}un & de Vautre de ces objets ; à un corps corn-
P°fé dt plufieurs bataillons , ou dVutv jê u l, & même:
à un détachement de deux ou trois cents hommes •
de l ’ infanterie, peut fe trouver eh effet dans ces ,
diverfes circonftances : 7°. elle devroit pouvoir fe
remettre en bataille avec facilité , ou former
avec promptitude une- colonne d’attaque • car elle
peut- être obligêe-.de faire un grand feu ,' ou d’ attaquer
dé l’infantetié ; 8Q. elle devroit enfin pouvoir
réparer aifément lés défordres bc:rfarhnês dans1 fon
intérieur , our par le canon de lennemi j ou par'
-d’autres caufes qu-ûn ne peut prévoï\fj parce que"
c’eft de l’ordre.- qui règne dans fori vntérieuf que:
dépend fon falut.
^ Telles1 font les principalès ccnduipns que doit
réu'nir !une càlpnrte d’ infàhténe ..deftinèe! à .re-
poufier les^efforts de la caValene.
^Quelle, eft des différentes difpofitions ima->
ginées -ou employées • jufqu’ à ce jour celle qui'
approche le plus du modèle intelléauel que nous.
venQns d’offrir ? Eft-ce la colonne du chevalier
Folard ? eft-ce celle de M . . Dumefnil-Durand ?
eft-ce la difpofition de M. de . Guibert ? eft-ce
la colonne que nous a donnée fauteur anonyme^
d’ un ouvrage intitulé , nouvelles Conjîitutions
militaires ? eft-ce le.quarré long à centre vide •
qui eft prefçrit par l’ordonnance pour l’exercice1
de l’ infanterie donnée le I e r juin 1-776 ? fontrce
plufieurs petites colonnes , placées toutes à la
même hauteur 8c à une : diftance -égale à leur
front ?, font-çe quatre petites'colonnes; pleines ,
placées aux.quatre angles- d’un grand quarréi a-;
centre vide ? eft-ce la colonne de M. le eheva-.
lier Dutheil.? eft-ce une colonne ferrée en maffe
paty pelotons Sc- formée en arrière fur'..le. centre ? -
eft-ce enfin une colonne imaginée par"un officier*
Béÿfrzf Çpm»' que nous^ avons perdu depuis•
; n t, •felQn-i.ejsi.app'arénees y -je fuis,
Ie,feul dépoiî taire, §& que- je ferai connoître’ dansj
,1e ' «cour-? .çe,c
Je ^entreprendrais certainement point;,-, je. l?aii.