
1 que , la crainte Cervile des coups Ils t\e défirent
point que le foldac craigne la renommée qu’ il
Jaifleru après lui , qu’ il craigne le mépris de Tes
compagnons d’ armes , qu’ il craigne l’ indignation
de fes chefs -, pourvu qu’il craigne ia mort , la
prifon ou les coups , ils font fatisfaits. E ft-c e
qu’ ils ne favent point que cette c ainte rappetifle ,
rabaifle , énerve l’a me ? tandis que l’autre l’agrandit
, i’élève , la fortifie. Je les ai obfervés fouvent
les effets de ces deux efpèces de craintes , & je
les ai toujours reconnus. tels que je’ viens de les
décrire. Je ne prétends cependant point qu’il ne
faille jamais recourir a la crainte phyfique , nos
armées modernes font trop nombreufes pour être
bien compolees, mais on doit, je crois, même en
faifant ufage de cette crainte , la déguiler tellement
qu’il l'oit iüipolïible de la reconnoître , ' ou du
moins de la voir feule.
. CREMAILIÈRE ou CREMILLÈRE. On d o n n e
c e n o m a u n e e fp è c e p a r t ic u li è r e 'd e p e tits r e d
a n s ta illé s d a n s l’é p a ifle u r d u p a r a p e t d ’un
o u v ra g e . Voye^ n o s a r tic le s O u v r a g e e n t e r r e 8c R e d o u t e .
■ CRÊPES. La dernière ordonnance militaire
relative au fervice de l ’infanterie en campagne
veut que l’on garniffe de crêpes les drapeaux
qu’on porte à des convois funèbres., elle veut
aufli que lorfque le colonel d’un régiment meurt
les drapeaux foient garnis de crêpes jufqu’à ce
que cet officier foit remplacé.
Je l’avoué j j ’ai vu avec peine nos bandes
noires quitter .la couleur qu’elles port oient'à ce
noir quion voyoit dans leurs drapeaux 8c dans
leurs vc t emen s pouvoit fervir de leçon à nos
jeunes colonels , en leur faifant l’entir que
régner par l ’amour & par les vertus , c’eft un
moyen sûr de donner à fa mémoire une durée
confiante.
CRIMES & DÉLITS MILITAIRES. Vaye?
D é l i t s .
C R U C I F I E M E N T . (Punition militaire.
Aciion de crucifier). Chez les Romains on fai-
fpit'mourir par le fupplice de la croix les transfuges
pris les armes à la main.
CUISINE. Afin d’établir de l’ordre 8c de
la régularité dans les camps, les ordonnances
militaires ont fixé l’endroit où les loldats, les
bas-officiers 8c les officiers doivent faire cuire
leurs alirnens. C’eft. toujours en arrière des
tentes , à cinq toifes ehviron de la dernière.
1 On a prétendu que pendant la. paix il feroit
utile, pour économifer du bois & pour débar-»
rafler les chambrées, de donner à une ou. plu-
fieurs compagnies une cuijïne commune , ce
changement produiroit fans doute quelques avantages
pendant l’été , niais il auroit aufli fes
inconvénien-s, il n’en faudroit pas moins d’ ailleurs
pendant l’hiver allumer du feu dans chacune
des chambrées- -, & cette .augmentation
dépafleroit fans * doute de beaucoup la diminution
que l’été produiroit.
D A N D A N
D ANGER. Ce feroit une queftion bien in-
tereflante à réfoudre que celle-ci. Faut-il faire
connoître au foldat les dangers qu il va courir,
ou faut-il les lui difjimuler? s'il efl des circonf-
tances où il faut éclairer le foldat fur les dangers
qu'ïl court , quelles font ces ■ circonfiances ,
& quelle conduite doit-on tenir dans chacune
d? elles?
Il y auroit encore une autre queftion du
même genre a réfoudre & dont la foîution
-ne feroit guères moins importante. Faut - i l
montrer au foldat comme, difficiles toutes les en-
Xreprifes qu'on lui propofe d'exécuter , ou doit-
on lui en faire voir l'exécution aifée?
Tromper les Sommes eft toujours criminel 8c dangereux*, telle e f i , quoiqu’on dife Monrluc,
quoiqu’en penfent quelques autres militaires ,
2’opinion à laquelle je tiendrai jufqu’à ce qu’ on
m’erl ait prouvé la faufleté. D’après cela je
n’héfiterai donc point à dire qu’ il faut toujours
faire connoitre au foldat & les dangers?qui le
menacent & les difficultés qu’il doit furmopter
pour obtenir la viétoire.
DANSE.. La danfe étoit mife par les peuples
de l’antiquité au rang des exercices gymnaf-
tiques ; doit - elle de nos jours occuper dans
nos maifons d’ éducation militaire une place fi diftinguée ? on feroit tente de le croire fi l’on
ne conlultoit que les g ftatuts des maifons où -l’on élevoit la jeune noblefle qui Te deftinoit
au parti des armes •, mais il n’en eft plus de
même quand on confidère les effets que la
danfe moderne peut produire-, alors on convient
que fi elle ne doit point être exclue de l’éducation
, elle ne doit être placée que dans un
rang très-fecondaire , ■■ ...1 ics délaffemens. Voye1
l’article É d u c a t io n m i l i .t /.i k e .
• DARD. Terme générique dont on fe fert J
pour défigner toutes les armes de jet que les
anciens lanço’ienc avec la main & fans le Te-
cours d’aucune machine.
DÉBANDADE. Aller à la débandade , c’eft
marcher fans ordre & fans règle ; aller à la
débandade, c’eft pendant la guerre courir à une
perte certaine, & pendant la paix., à la maraude,
au pillage & à tous les autres excès.
DEBANDÉR. Une troupe qui fe débande,
feft celle qui fe fépare confufément , qui fe
difperfe & qui s’enfuit. On ne fe fert guères
de. ce mot que dans la circonftance d’une
fuite.
DÉBARQUEMENT, (a&ion de débarquer).
La manière de difpofer & de faire combattre les
troupes pour exécuter un débarquement, appartient
au Diâionnaire de la Marine 5 & la manière
de s’oppofer à un débarquement, a celui de
Part militairs.
L’auteur de l’article C o t e s nous a donné fur
cet objet des inftruétions très - intéreflantes,
mais ces leçons font un peu trop générales pour
f’uffire à notre objet. Nous n’entrerons point cependant
/ici dans les détails relatifs à cette opération
, parce qu’ils peuvent être fuppléés par
ce que nous avons dit dans les articles D e s c
e n t e s , D é f i l é s , G u é s & R i v i è r e s . Voye[
ces mots tant dans le corps du diéüonnaire militaire
que dans ce fupplément.
DEBOITEMENT. (A â ion de déboiter.) On
a tran (porté avec raifon ce terme de l’ art du
menuilier & du charpentier dans celui du militaire.
Un corps de troupes étant en bataille
peut, après s’être mis par le flanc, fe préparer,
par un fimple déboitement à fe ployer en colonne,
fur le point qu’on lui aura défigné. Le déboitement
peut également s’exécuter par la droite
& par la gauche , en avant & en arrière. Il
n’y a jamais que les trois premières files qui
agiflent, la première déboite de l’épaîfleur .des
trois rangs, la fécondé de l’ép ai fleur de deux, | 8c la troifième de l’épaifleur d’un feul.
DÉBORDER, DÉPASSER. C’eft encore par
'une métaphore que le mot déborder a été tranf-
porté dans le vocabulaire militaire. Il étoit naturel
que dans l’enfance de l’ art de la guerre
on donnât pour bornes à remplacement d’une
armée l’extrémité des ailes de l’ armée qui lui
étoit oppofée , & que d’après cela on crut que
celle qui dépafloit l’ autre alloit au-delà des
limites qui lui étoient naturellement preferites.
Il étoit peut - être naturel aufli qu’on regardât
alors le débordement comme vicieux-, aujourd’ hui
le débordement eft fi dangereux pour le général
qui î’eprouve, qu’ il fe regarde prefqué comme
vaincu. M. Mauvillon à qui nous devon« un
excellent eflai fur l’ influence de la poudre a
canon fur la guerre moderne , dit avec railofi
que toute armée dont les ailes ne font pas
bien appuyées & qui Te trouve depaîfee doit
néceffairement avoir du deffous. Une armée, dit-
il , eft tournée dès que des troupes ennemies
fe trouvent fur fon flanc, même a une tres-
grande diftance. Celle à laquelle le ' feu agit
eft déjà très - confidérable , & la lenteur avec
laquelle des troupes poftées changent leur ordonnance
fait qué l’ennemi peut parcourir un
grand efpace avant qu’elles l’aient changée.
Si pendant ce temps - là elles ont feulement
pu -s’approcher à la portée du feu , la chofe
devient impoflible. Voilà pourquoi une armée ,
aufli tôt qu’elle reçoit la nouvelle qu’ un corps
détaché s’eft porté ainfi fur fon flanc, ne fonge
d’abord qu’à la retraité, parce qu’elle ne voit
pas de moyen de parer à cet inconvénient,
ayant que l’ennemi tombe fur elle. Le fécond
principe , c’eft qu’on peut compter qu’un ennemi
pofté & attendant l’attaque , ne pourra
tomber ni fur l’armée ni fur le corps détaché,
pour peu que leurs mouvement foient combinés
avec réflexion. On pourra toujours , 611 fe
rejoindre, avant qu’il ait exécuté.ce mouvement;
ou, ce qui vaut bien mieux, tomber avec le
corps qu’ il laifleroit en repos pour accabler l’autre,
fur fon -mouvement , 8c le prendre en flanc.,
tandis qu’ il l’exécuteroït , ce qui ne pourroit
manquer de caufer fa perte totale.
Il y a deux caufes entièrement relatives à
nos armes , qui facilitent à un point extrême
une telle entreprife , contre une armée dont le
flanc n’eft pas à l’abri de toute infulte. Des corps
qui forment un crochet, peuvent s’étendre , fe
féparer même à la très-grande portée de fufil fans
rien, craindre-, parce que les feux croifés de l’ artillerie
& de la moufqueterie couvrent la trouée
tellement, que l’ennemi ne fauroit tenter d’y
entrer. Les anciens ne favoient ce que c’étoient
que feux croifés ; l’attaque aux armes de main
étoit la feule véritable ; les efcarmouches des
vélites n’étoient qu’un je u , qu’une efpèce de
préambule, qui ne décidoit rien : & à l’arme
blanche le coin étoit une prdonnance favorite
pour percer une troupe bien ferrée, la prendre
enfuite en flanc , & la défaire ; combien cela
n’auroît-il pas été plus aifé à exécuter àv l’égard
d’ une armée qui le feroit féparée j pour en
prendre une autre en flanc. Les anciens pou-
voient donc fans crainte former la potence pour
s’oppofer à celle qui auroit' formé le crochet,
dans le defléin de les prendre en flanc, &
voilà ce que nous ne pouvons pas, 8c ce qui
forme la fécondé raifon , pourquoi un mouvement
combiné de cette nature peut s’exécuter,