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dans le fofle pour le combler ,. ou faire une ef-
pèce de gué : les foldats portent ces fagots devant
eux , ils fervent à les- parer de quelques
balles.
FAMINE. On emploie à la guerre"!« moyeir
terrib’e de la famine pour forcer une ville à fe
rendre, ou pour obliger une armée ennemie à,
abandonner la pofition qu'elle occupe , ou pour
i ’expofer à recevoir ou livret bataille d'une manière
défavantageufe pour elle» Les précautions
à prendre pour forcer une ville par la famine,
font en bien plus grand nombre & exigent de
la part du général, des manoeuvres, une célér
ité , un fecret dont il peut fe palier,. lorfqu’if
veut former un liège en règle & prendre une
place par force. Il eft important, par fes manoeuvres,
fes marches, les faux bruits répandus,
& c . , de perfuader à l’ennemi combien on penfe
peu à environner la place dont on a projetté la
rédu&ion par la famine; il ne l’eft pas moins de
sulfurer à temps de toutes les productions de la
terre dont la ville ennemie pourroit s’approvi-
fionner, & qui font dans fes environs ou à la
portée. Dès l’inftant où l’on a fixé le jour de
rinveftiffement, il faut tâcher de faire répandre
une telle terreur dans tous les villages environ-
nans, que les habitans fe décident à fe réfugier
dans la ville avec leur famille , fans cependant
leur laiffer les moyens d’y entrer avec leurs bef-
tiaux ; détourner tous les ruiffeaux, tarir toutes
le s fources qui fourniffent de I’eam dans la. ville,,
doit ajouter à la détrefiè des affiégés. Dans ces
foîtes d’entreprifes, les foldats n’ayant aucuns
des travaux pénibles des fiégrs- à faire , comme
tranchées,, para lèles, & c . , on pourroit les employer
même à détourner une rivière qui paffe-
rok dans ia v ille , dans le cas où cela feroit p o t
fibie & infiniment avantageux. Que feroit une
pareille entreprife auprès ,des travaux exécutés
par les Romains pour foumettre Aliéfie , Mar-
feille , & c .., & parmi les modernes ,. ceux en- |
trepris aux fiéges de Metz,, de Candie ,, de
Rhodes, &c.. .
Si l’on fe propofe de forcer l’ennemi à abandonner
une pofition avantageufe pour lui & trop
nuifible aux projets de la campagne, les foins
à prendre font dmrie toute autre nature t ici il
faut agir & manoeuvrer de beaucoup plus loin,
tâcher de lui enlever fes magafins ou-au moins
lui en rendre- les communications périlleufes- &
difficiles , le refierrer dans fes fourages, fi l’on
ne peut pas réuffir à- les lui enlever en entier;
prendre foi-même de telles pofitions, qu’ il foit.
forcé de relier dans l’ina&ion & de vous abandonner
la campagne. Tout ceci fuppofe une armée
fur 1 offenfîve; car dans lardéfenfîye , une armée
doit bien plus s’occuper à prendre & à confer-
ver des pofitions avantageuses qu’à foriger à in- j
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quiéter corde nul’lelenmneemnti advaencs llae sd éfifeennnfievse ;. ce qui ne s’ac,
Les moyens à employer pour forcer l’ennemi
par la famine ,> à donner ou à recevoir la bataille
d’une manière défavantageufe , tiennent à ceux
dont nous-venons de parler, & font peut - être
d’une plus facile exécution..
FASCINE. Après oir coupé bois , lès
| mêmes branches fervent à faire les fafcines : on
fait avec lès moyennes des piquets pour les fixer,
S c les troncs fervent à faire des abatis. Cès
fortes d’ouvrages-étant confiés aux foldats, on
devroit fentir combien il feroit avantageux de
les inftruire, pendant' la paix,.fur la manière de
favoir faire des fagots & des fafcines de toutes
les groffeurs & grandeurs, dont .on peut avoir
befoin pendant la guerre, en les inftruifant en
même-temps des différens ufages dont ils peuvent
être..
J FATIGUE. La guerre étant une fatigue continuelle,
on devroit mettre au rang des premiers
devoirs du foldat de s’habituer conftammenc
pendant la. paix, a toute forte de ffitigues-, &
il y en a de bien plus d’une efpèce ; faire dè
longues marches ou les faire dans des terreins
très - difficiles , faire des travaux très-pénibles
pour fortifier un camp, une pofition, la tête
d’un pont, lés bords d^une rivière, &c.; monter
des gardes longues, périlleufes & où il faut apporter
une grande vigilance ,traverfer des rivières
au gué , bivouaquer,.manquer de nourriture ou
n’en avoir que de la mauvaife , être mal vêtu
mal couvert , manquer de chauffure, être très--
long-temps fous les armes, dans 1 attente d’être
furpris ou attaqués ; être expofés à la pluie , au
froid^ & à toutes les intempéries des faifons ;.
bleffés ou malades, être long-temps fans fecours,
être forcés à toutes les privations, &c. On ne
finiroit p a s f i l’on vouloir énumérer en détail-
toutes les fatigues auxquelles font expofés. les
militaires. D’où s’enfuit la néceffité des exercices
du corps, dont nous avons tâché de faire fentir
l’importance (Voyez Exercices du corps. Suppl. ) s
& l’habitude de cette gymnaftique, fi fortprifée
& mife en pratique par les anciens , fi fort négligée^
& -peut- etre meprifée par les modernes» Et fi l’on prend fe parti auffi fage que néceffaire
dans une république, de foumettre tous les ciftoaiyreen
se nature rf edrvanicse l’médiluictaaitrioen, dtoèus-sl olress eilx efracuidcreas bquuif tep,e ucveettnet faofrfciiere rd eà clo’hropms,m cee ttcee thtea bfiatundtée droes-
fpaetiignueess, &qu it ofuosn lte sf udpapnogretresr. & braver toutes les
s On ne faureit trop le répéter, quand on lit
l’hiflôire ancienne , on fe croit tranfporté dans
un autre univers & parmi d’autres êtres. Qu’ont
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de commun en effet les François, le$ Anglois**-
les Ruffcs, avec les Grecs & les Romains?' Rien
prefque que la figure ; les fortes âmes de ceux-
ci , leurs corps infatigables paroiffent aux autres
des exagérations de l’hiftoire. Gomment, forcés
de nous trouver fi petits, fi foibles, penferions-
nous qu’il y ait eu de fi grands hommss ? Ils
exiftèrent pourtant, & c’étoit des humains comme
nous. Qui donc nous empêche d’être des hommes
comme eux ? Nos préjugés & les paffions, de
petits intérêts concentrés avec l’égoïfme dans
tous les coeurs, par des inftitutions ineptes que
le génie ne didta jamais..... Voyez au contraire
Lycurgue, il impofa à fon peuple, déjà dégradé
par les vices & la fervitude, un joug de fer;
mais il l’attacha , l’ identifia , pour ainfi dire, au
joug , en l’occupant toujours ; il lui montra fans
cefiè la patrie dans fes loix, dans fes jeux, dans
fa maifon, dans fes amours, dans fes feftins ; il
ne lui laiffa pas un inftant de. relâche pour-être
à lui feu l, & il fit des Spartiates des êtres au-
deffus de l’humanité. Sparte n’étoit qu’ une ville,
il eft vrai ; mais par la feule force de fon infti-
tution, cette ville donna des loix à toute la.
Grèce, en devint la capitale, & fit trembler
l’empire perfan.... Le même efprit guida tous les
anciens légiflateurs dans leurs inftitutions , & ils
trouvèrent lès moyens de réuffir dans des jeux
qui tenoient beaucoup les citoyens raffemblés,
dans des exercices qui augmentoient avec leur
vigueur & leurs fo rce s , leur fierté & l’eftime
d’eux-mêmes ; dans des fpeétacles q u i, leur rap-
pellant l’hiftoire de leurs ancêtres,leurs malheurs^
leurs vertus , leurs victoires intéreffoient leur
coeur, les enflammoient d’une vive émulation ,
& les attachoient fortement à cette pâmé dont
on ne cédait de les occuper.
FAVEUR. En vain avez-vous fait-les loix les
plus fages pour ne donner les honneurs & n’ ac*
corder les places qu’au mérite , au favoir, aux
talens, à la vertu ; dans là république même la
plus auftère, vous verrez l’ argent & la faveur
faire trop fouvent préférer l’intrigant, l’adulateur
, l’ ignorant ou l’homme immoral.... C ’eft un
parent, c’ eft un ami ; il tient à des hommes puif-
fans ; fes preneurs font en grand nombre ; vous
vous ferez un partifan à toute épreuve, il pourra
vous être utile dans des circonftances- épineufes;
on en viendra même jufqu’à ofer parler des- talens
& des vertus qu’ il n’a pas.. . A nfr parle-t-
on à l’homme puiffant pour lui arracher fa figna-
ture ou fon confentement. Et la faveur repouffe
de cette manière l’homme de mérite des places
où le bien public l’appelloit.... Et quand l’argent
vient à l’appui des follicitations, ou qu’il augmente
le nombre des folliciteurs & leur énergie,
comment la faveur ne feroit-elle pas forcée de
céder à des moyens auffi irréfiftibles ? Auffi vos
armées ont de mauvais généraux; vos foldats
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des officiers incapables de les conduire S c de les
commander ; vos fubfiftances, vos fourages, vos
fournitures , des entrepreneurs , des régiffeurs
ineptes ou infidèles ; vos magafins font infuffi-
fans , vos fonds dilapidés, vos tranfports incapables
de faire le fervice, vos hôpitaux remplis
de voleurs & d’affaffins : & les maux incalculables
& irréparables attachés au mauvais choix
des agens auxquels on confie toutes les places1
dans lès armées, font dus uniquement à la faveur.;.
Chaque homme en placé veut avoir des créatures,
des partifans, des prôneurs, des défenfeuis même
dans le befoin; & l’homme de mérite, l’homme
vertueux ne pourroit rien être de tout cela.
D’ailleurs , uniquement occupé de fes devoirs,
il cherche à augmenter fes connoiffances ne fait
fa cour à perfonne, ignore l’exiftence de la faveur
, & fi quelquefois on le force à avouer
qu’il accepteroit telle,ou telle place, c’eft d’après
la convi&ion générale de l’ineptie ou de
l’incapacité de la trop grande partie de ceux qpi
les occupent.
FEMMES. Les femmes font-elles fufceptibles-
de cette efpèce de courage qui entraîne les
hommes aux combats & leur en fait braver les
dangers? L’hiftoire ne nous montra-rt-elle pas les
femmes capables, comme les hommes, de s’élever
au-deffus de la crainte de la mort. (Voyez Ama±-
%ones , diftionnaire militaire. ) Nous n’héfiterions
point' à prendre le parti de l’affirmative. Tout
être dont* le coeur peut concevoir une paffion
vive, s’élève par inftinêljufqu’à cette efpèce de
courage ; le coeur des femmes , fufceprible des
paffions les plus ardentes., pôut donc le.s pouffer
à expofer leur vie pour les fatisfaire : il y a encore
, en faveur du courage des femmes, une_
rai fon nouvelle; elles adoptent très - facilement
tous les préjugés dont leurs inftituteurs veulent:
occuper leur ame ou leur efprit, elles doivent
donc porter la bravoure auffi loin & peut-être
plus loin que les hommes ; mais nous ne nous
arrêterons pas fur cette queftion, la folution en.
feroit inutile la nature & les inftitutions politiques
modernes ont éloigné les femmes dès corm.
bats; nous ne chercherons pas non plus-à prouver
aux guerriers de quelle honte ils fe couvriraient
en terniffant leurs armes du. fan g des femmes,
&' combien ils doivent au contraire les garantir
de la cruauté & de la brutalité des foldats,
( Voyez Boucliers votifs.■ Suppl- ----Humanité.
; Suppl.) Combien ils doivent leur prodiguée les
égards dont nos ancêtres , ces preux fi vantés,
ufoisrit envers elles, & dont Bayard nous a donné
dans Breffe un fi bel exemple. Nous n’examinerons
pas non plus ici fi , dans l’état aétuel des
fociétés politiques-, les- femmes peuvent, comme
chez les Grecs & lès Samnites, être propofées
comme des récompenfes militaires, ou fi les fou-
I yerains peuvent récompenfer les braves de leurs