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eft en. bataille , probablement à divifions
doublées, & alors comme en colonnesi! faut
marcher pour chargera la bayonnette ;.fufle-t-on
même fur trois de hauteur, on ne pourroit faire
feu qu’en marchant ,. méthode dont on ne fau-
roit trop prouver le danger & l’inutilité.-.. La
conduite des troupes françaifes dans toutes les
batailles où elles ont été viétorieufes., dans la
guerre de la liberté, eft une preuve allez: forte
de la vérité de ces affertions.
Ecoutez ce roi fi bien fait pour donner des
leçons fur l’art de la guerre, & auquel on croit
devoir la mauvaife méthode de faire tirer le fol-
dat pour l’étourd r* •— ec. Je permets, dit le roi
de Prufle, que les troupes pruffiennes occupent,
aulli bid-n que les autres des poftes avantageux
& s’en fervent pour un moment, afin de tirer
avantage de leur artillerie 5 mais il faut qu’elles
quittent tout d’un coup ce pofte, pour marcher
fièrement à l’ennemi qui, au lieu d’attaquer, eft
attaqué lui-même & voit fon projet renverfé j
car tous les mouvemens que l’on fait en pré- ;
fënce de l’ennemi fans qu’il s’y attende, font un
très bon effet ; dans ces occalions, je défendrois
à mon infanterie de tirer y. car cela ne fait que
l’arrêter ; & ce n’ëft pas le nombre des ennemis
tués qui nous donne la victoire, mais le terrein
que vous avez gagné : le moyen le plus fur eft
donc de marcher fièrement 8é en ordre à l’ennemi
& de gagner toujours du terrein.-»
« Il ne -faut point compter Rajoute le même
to i) fur la façon de combattre par le f e u c e
n’eft point à. coups de fufil qu-on gagne les batailles
, je le fais par l’expérience que j’en ai
faite ; on ne peut répondre du fuccès d’une
journée que Lorfqu’on parvient à faire porter les
armes à une ligne d’infanterie, & qu’on la, détermine
à marcher à l’ennemi. »
Mais les feux de la moufqueterie & de l’artillerie
ne font pas lès feuls dont on rafle ufage
à la guerre. ceux avec des matières combufti-
bles font employés ou comme précaution au
comme ftratagême j les differtations à ce fujet
étant très - inutiles on fe bornera à quelques
exemples ou préceptes.
En allumant un grand feu fur lés décombres
d’une brèche , on s’affure un excellent moyen
d’empêcher de monter à l’affaur 5, il peut aufli
être employé pour la défenfe d’une chauffée,
d’un défilé, &e....... Au fiége de Beauvais par
Charles, duc de Bourgognè^en 1472^les bourgeois
voyant qu’ils ne pouvoient foutenir l’af-
faut qu’on alloit leur donner, allumèrent un
grand feu derrière la brèche : cette incendie
arrêta les affaiilans & les empêcha de pénétrer
dans la ville.
On fe fert aufli, pour repoufler les affiégeans
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d'ans un aflaut, d'eau ou d’huile bouillante , de
poix fondue, &c.
Le connétable de Bourbon , en 1514., fe trou-1
vant devant Marfeille, & voulant décamper incognito
y profita d’un moment où le vent pou-
vo t porter la fumée fur l’ennemi 3 i l fit allumer
de grands feux devant fes- lignes, & décampa
fâ n s être aucunement inquiété.
D’après les feux- & la fumée, on peut juger
de l’étendue du camp de l ’ennemi & même du
nombre d’hommes.
Il eft avantageux de faire allumer, autour dii
pofte, des feux fur certains paflages où vous
ne pouvez pas mettre des gardes , pour faire
croire à l’ennemi que ces points font gardés
: on envoie de temps en temps des foldats
pour les attifer , & on peut aufli fe pofter dans
des endroits ou l ’on n’allume pas de feu 3 l’ennemi
qui veut vous furprendre, peut donner dans
ces petits poftes qu’ il ne peut ni ne doit foup-
çonner.
Claudius, général romain , pour obliger An-
Ltiochus, roi de Sy r ie , à fe retirer, & pour le
tromper fur la force de fon armée occupa un
- camp beaucoup plus grand qu’ il n’etoit nécef-
faire à fes troupes, & fit allumer tant de feux
qu’Antiochus, craignant d’avoir fur les bras une
armée nombreufe, fit fa retraite avec une ex^
: trême précipitation.
Placer les- feux très-en arrière de l’endroit ou
. l’on eft campé, eft quelquefois un moyen de
'fa ire tomber l’ennemi dans vos poftes ».croyant,
i d’après vos feux >, qu’il' eft encore loin de vos
. troupes.
Si le feu prend: à un village dont la défenfe
vous eft confiée, n’envoyez perfonne de votre
détachement pour arrêter l ’ in c e n d i e 3 car ce peut
être une r u f e de l’ennemi pour divifer vos forces :
■ faites fonner le toefin, prendre les armes à votre
. troupe, fe placer fur le parapet ou dans les points
de défenfe , pour obferver ce qui fe pane au-
‘ dehors 3 & leshabitans , fécondés par quelques
•foldats, travaille t’ont à arrêter & à éteindre
Pincendie.
Eumenevou lant retarder la marche d’Antigone,
qui v e n p i t pour enlever fes quartiers qu’ il
n ’ a v o i t pas euy le temps de raflembler , marche
droit à lu i, & lorfqu’il eft à une certaine diftan-
c e , il fait allumer un grand nombre de feu x ,.
de manière à faire croire qu’il avoit toute fon
armée avec lui 5 dès-lors Antigone, craignant
lui-même d’être attaqué, décampe à la- hâte,
prenant un autre chemin, & donne à fon ennemi
le temps de r a f l em b l e r fes troupes....( Voye^ dans
. le fupplément,. les mots files, hauteur. )
FIDÉLITÉ. Ici h fidélité ne peut être, de Ja
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part d’un militaire, que celle à fa patrie ou à fa
parole..... C’eft par l’éducation, les fêtes , les
fpedfcacles, les habitudes, les bonnes lois » les
inftitutions douces, qu’on attache les citoyens
les uns aux autres, & tous à leur fol & à leur
patrie : ce furent ces moyens qui portèrent les
anciens à ces facrifices , à cette fidélité pour
leur patrie, dont rien aujourd’hui ne nous donne
l’idée , & qu’il nous appartient à peine de croire;
il doit être fuffifant d’appuyer ces aflertions par
quelques faits.
Un officier romain, bleflé & prifonnier de
Mithridâte, fut mené à ce prince : Si je te fais
foigner & guérir de tes bleffures, deviendras-tu
mon ami, lui dit le roi ? Oui, répond Pompo*-
nius, fi vous faites la paix avec les Romains 3
finpn tant que je vivrai je ferai votre ennemi.
En vain Sertorius étoit-il maltraité de fa patrie
, il ne lui reftoit pas moins attaché, & re-
fufoit de fe lier à Mithridâte qui l’en follicitoit
vivement.
Bélifaire , après avoir vaincu Vitigès, roi des
Goths, refufa fa -cqpronne que les vaincus lui
effroi en t.
Fabius, ayant réglé avec Annibal le rachat
des prifonniers , & le fénat refufant de ratifier
fon accord, vendit tous fes biens pour s'acquitter
de fa parole. .
Les înftitutions de la chevalerie occafionnèrent
des aéies héroïques de fidélité parmi les modernes.
Lorfque Jès François afliégèrent Perpignan en
IJ74, la ville étoit défendue par Jean Blanc 3
le fils unique de ce dernier ayant été pris dans
une fortie , les généraux ennemis lui firent dire
de rendre la place , s’il ne vpuloit pas voir fon
fils maffacré à fes yeux. Il leur fit répondre que
fa fidélité pour fon maître étoit fuperieure à fa
tendreffepour fon fils ,& qu’il leur enverroit fon
propre poignard, s’ils manquoient d’armes pour
lui ôter la vie.
Dévie, vice-amiral de France, ayant eu, en
1586, le gras de la jambe emporté d’un coup
de fauconneau, ne pouvant plus monter à cheval
fans reffentir les douleurs les plus aiguës,
s’étoit retiré dans fes terres en Guienne 3 il y
vivoit depuis trois ans, lorfqu’il apprit la mort
du dernier des Valois, l’embarras où étoit
Henri IV , & le befoin qu’il avoit de tous fes
fujets : il fe fit couper la jambe, vendit une
partie de fon bien, alla trouver ce prince, &
lut rendit de grands fervices à la bataille d’ivry
& dans plufieurs autres occalions. — Deux jours
après l’aflaflinat d’Henri IV , ce même Dévie
paflant dans la rue de la Ferronnerie , & examinant
l’endroit où cet attentat avoit été commis
, fut fi faifi de douleur qu’ il tomba prefque
mort 3 le lendemain il expira.
A la bataille de Pavie, en , le fénécha
de Molac voyant une arquebufier prêt à tirer fur
le roi, fe précipita au-devant-du coup, & par
le facrifice de fa vie , fauva celle de François
1°*.
FIFRE. Le fifre, infiniment de mufîque militaire,
eft une efpèce de flûte. C’eft aux Suifles
que nous devons cet infiniment 3 il-étoit déjà
connu dans les armées du temps d’Henri IV :
le luxe, car c’eft un vrai luxe que nos mufiques
fi nombreufes, fi bonnes, fi douces, s il n a pas
banni le fifre, ne lui permet plus de fe faire
entendre feul.
FILE. Nous effayerons de préparer, dans cet
article, la folurion de deux quefti.ons importâmes.
Ie*. De combien d’hommes une file doit-elle être
compofée dans l’ordre mince? i ° . De combien
d’hommes doit-elle être compofée dans l’ordre
profond ?
P remit re quejiion.
Les partifans de l’ordre mince ne font point
parfaitement d’accord fur le nombre d’hommes
qui doivent compofer une file 5 il en eft qui
voudroient qu’elle fût compofée de quatre hommes
, & d’autres quelle ne fut compofée que
de trois. Les partifans de quatre hommes de hauteur
difent : i°. L’infanterie fur trois rangs n’a
allez de force ni pour choquer l’ennemi , ni
pour réfifter à fon choc , non plus qu’à celui de
la cavaleries i ° . fi les files font fur quatre de hauteur,
& qu’on veuille ou recevoir le choc de
l’ennemi, ou l’attaquer 3 fi l’on fait doubler les
compagnies, ou encore mieux les divifîons, on
a fur-le-champ des corps à huit d’hauteur, qui
ont une grande confiftance contre des corps à
trois, & approchent aflez des colonnes pour en
avoir la légèreté , la mobilité, la maffe même
& tous les avantages, fans en avoir les incon-
véniens; lorfque l’infanterie, dans un combat
, a éprouvé quelques pertes, les trois rangs
font réduits à deux, & conféquemment très-foi-
bles 3 4°. il faut à l’infanterie fur trois rangs un
terrein immenfe pour fe déployer 5 y°. il eft
très-difficile de la faire marcher alignée 3 6°. un
même homme ne peut guère fe faire entendre à
un bataillon entier, &c.
Les partifans de la formation fur trois rangs
conviennent que quatre rangs doivent marcher
mieux alignés que trois; ils conviennent encore
qu’il eft plus difficile au chef d’un bataillon formé
fur trois rangs, de fe faire entendre de tous les.
hommes qui le corapofent, qu’un chef d’un bataillon
formé fur quatre 3 ils conviennent qu'il