
quand il faura qu’il doit en prouver la néeeflite
a une affemblée jaloufe de fes droits , je dis mieux ,
à une nation qui jouifiant depuis peu de fa libertéf
doit néceffairement regarder comme des attentats
à fon indépendance , les entreprîtes même les
moins criminelles.
Quant au befoin de changer dans le moment
a&uel toute notre conftitutîon militaire,
il eft infiniment aifé à prouver. Voyez l’armée,
dirai - je aux plus incrédules , & jugez. 11' faut
changer la manière de recruter nos troupes,
parce qu’elle eft immorale, impolitique, & très-
couteule -, il faut changer fe manière de choifir
les officiers, parce qu’elle eft inconftitutionneïley
il faut changer l’ordre de l’avancement , parce
qu’ il eft le produit de l’ariftocratie la plus révolta
n te •, il faut changer la manière de répartir
l’arméè dans les provinces , parce qu’elle eft vi-
cieufe fous tous les afpe&s -, il faut changer jul- .
qu’à nos plans de campagne de guerre, parce
que la nation doit voir d’ une manière bien différente
de celle que nos rois avoient adoptée ; il
faut changer notre difcipline, parce'qu’ elle étoit
calquée fur des inftitutions qui font étrangères
à nosi préjugés & à nos moeurs ; il faut le hâter
de faire tous ces changemens, parce que dans un
mois il fera peut-être trop tard. L’édifice entier
fe fera écroulé , il nous aura entraîné dans fa
chute, ou du moins nous ferons privés de tous
les bons matériaux qui nous reftent ", ils feront
ou dégradés par la chute de l’édifice , ou cachés
fous fes décombres. Voye^ F rance , C on st itu t
io n m il it a ir e F r an ç o is e .
CHANGER DE PAS. C ’eft porter deux fois
de fuite, pendant la même mefure, la même
jambe en avant , afin de fe trouver au pas avec
la troupe dont on fait partie, & de fe maintenir
néanmoins aligné avec les hommes qu’ on
a à fa droite & à la gauche. La manière d’exécuter
ce mouvement devant, toute fimpîe qu’elle
e f t , être enfeignée au foldat, devroit retrouver,
dans nos réglemens pour l’exercice de l’ infanterie
, la place qu*on lui avoit donnée dans les
ordonnances qui ont précédé celle du I er. juin
1776 -
CHAPEAU. Vêtement qui couvre la tête. On
trouvera dans l’article C o if fu r e l’hiftoire des variations
qu’ont éprouvées les chapeaux de l’armée
françoife., cette hiftoire eft longue fans être
complette, car on n’y parle point des chapeaux
à deux cornes, On ne doit point faire un crime
de ce filence à l’auteur de cet article ; çes chapeaux
font poftérieurs au travail qu’ il a fait fur
la coiffure militaire françoife. Les chapeaux, à
deux cornes ont été donnés très - récemment
aux régimens de chaffeurs à pied & à cheval*,
les militaires qui ont fait ufage de ces chapeaux,
SÜfenç qu’ ils préfençent beaucoup d’inconvéniens.
Il n’y a qu’ une efpèce de chapeaux dont on n’ a
pas effayé, & celle-là ferait peut-être te feule
bon 1e , ce font les chapeaux à la Henri IV.
CHAPELLE. On donne le nom de chapelle à
l’endroit où chaque régiment s’affemble , dans
un camp , pour faire la prière & pour entendre
la méfié. Le réglement pour le fervtce de l’infanterie
en campagne, place la chapelle vis-à-
vis le centre du régiment , près de la garde d»
camp. Voye[ le réglement que nous venons de
citer, titre 9 , article 32..
CHARGE. Le mot charge a dans le vocabulaire
militaire , plufieurs acceptions différences..
Il fignifie le choc de deux troupes qui en viennent
aux mains-, il exprime la quantité de poudre
& de plomb qu’on met dans une arme à feu ,
pour tirer un coup ; il déltgne aufîi l’aélion de
charger une arme à feu , il défigne enfin une
manière particulière de faire réi'onner les infyru-
mens militaires.
§•
De la charge , ou du choc de deux troupes qui en
viennent aux mains , qui étoit nommée cargue
par les français des 24e , 25e , & i 6s fiècles.
Chez les peuples de l’antiquité, deux armées
ennemies ne fe rencontroient guères dans an
endroit favorable pour combattre fans fe livrer
bataille > elles ne fe livroient guères bataille
fans fé charger ; elles ne fe chargeoient poin t
fans fe choquer ; aujourd’ hui deux armées ennemies
palfent quelquefois une grande partie
d’une campagne a la vue l’ une de l’autre, fans
fe livrer bataille ; elles fe livrent fouvent bataille
fans fé choquer.
Quelles font les caufes de ces différences ? il
en exifte un grand nombre : on fe hitoit jadis
de livrer bataille , parce qu’on étoit moins habile
dans fa r t des négociations qu’on ne l’eft
aujourd’hui ; parce qu’on n’avoit pas affez de
richeffes pour conferver long-temps fur pied des
armées nombreufes-, parce que les armées étoient
çompofées d’hommes qui avoient un grand défir,
un grand befoin de rejoindre leurs familles *,
parce que les militaires étoient citoyens, & les
citoyens militaires, ou, en d’autres termes, parce
que nul homme n’étoit intéreffë à faire traîner
les guerres en longueur, & ç . On ne fe livroit
jamais bataille fans fe charger, parce que les deux
armées étoient couvertes, d’armes défenfives ;
parce que les armes de jet étoient bientôt épui-
fées, car chaque combattant n’en portoit qu’un
petit nombre, paqce qu’il étoit bien difficile d’en
tranfporter à la fuite de • l’armée un approvifion-
nement çsnfidérable ; parce que ces armes n’a-
voient rien d’affez effrayanjt pour déterminer
un des deux partis à prendre la fu ite , & enfin
s r *
parce que les atteintes n’en étoient ni très-fréquentes,
ni très-meurtrières. On ne fe chargeoic
jamais fans fe choquer , parce qu’on étoit accoutumé
à fe. choquer -, parce que le choc étoit
Teflentiel, Pobjet, le but du combat’, parce
que les deux armées vouloient en finir, 8c qu’elles
favoient que fe choc pouvait feul vider le diffé-
férend. Une preuve certaine que l’ habitude a ici,
-comme par-tout ailleurs, une influence tres-
grande , c’eft que l’on voit le choc devenir
plus rare à mefure qu’on s’ éloigne du temps
où il étoit indifpenfable : une fécondé preuve
*de cette vérité, t ’eft que la cavalerie, qui ne
peut guères combattre fans charger, charge plus
ibnvent que l’ infanterie & choque aufii plus
fouvent. Pour obliger les armées à fe charger 8c à fe choquer, il faudroit donc les replacer
-dans des circonftances ferablables à celles où
-elles étaient autrefois.
Mais eft - il réellement plus avantageux de
mener les armées à la charge que de les laifler
fe pafler par les armes jufqu’à ce que Pune
-des deux , ennuyée de garder la même pofition ,
ou rebutéé des pertes qu’elle a faites, lâche le
pied ? cette queftion ainfi énoncée eft beaucoup
•trop vague 5 il faudroit, pour la bien réfoudre.,
•faire autant defuppofitions différentes qu’on pourvoit
imaginer de caraétères différens dans les
peuples il faudroit faire autant de liippofitions
differentes qu’on pourroit imaginer de pofitions
politiques diverfes 1 il faudroit faire autant de
ïuppoficions différentes qu’on pourroit imaginer de
variations dans les circonftances du terrain. Nous
n’entreprendrons pas de .faire ces fuppofitions , &
nous nous bornerons à obferver que les écrivains
militaires, nationaux 8c étrangers , difent unanimement:
les François doivent, toutes les fois qu’ils
le peuvent, charger l ’ennemi & le hâter de le
•choquer.
Comment doit-on ordonner un corps de troupes
qu’on veut mener à la charge ? Cette queftion
eft«des plus importantes elle fera difcutée dans
les articles C o lon ne, Ordre .profond & O rdre
MIN.CE.
Comment doit-on conduire un corps de troupes
qu’ on mène à la charge ? Cette queftion -eft
compliquée , mais moins difficile à réfoudre que
les precedentes •, nous nous -en occuperons dans
le §. 3 de cet article , & .fous les mots Charger
Vennemi, Pas de charge 8c .Marche.
§. I L
De la charge qdoh met dans les armes A feu , 6'
de la maniéré de charger ces armes.
Charger une arme à. feu , c’ eft mettre de la
poudre dans fon baiïinet , de la poudre & des
balles dans Ion canon.-
L î manière de charger frs armes dévoit être ,
avant l’ invention des cartouches, & moins prompte 8c moins sûre qu’elle ne l’eft aujourd’hui : moins,
sûre , il devoit arriver fouvent ce qui n’arrive
guères de nos jours , que le foîdat mettoit
trop ou trop peu dé poudre dans le canon ; moins
prompte , il étoit impoflible que chaque homme
chargeât & tirât trois fois par minute , comme
on le fait aujourd’hui , ce qui eft' pourtant , on
ne peut trop le répéter , non - feulement inutile
mais même nuifible : il eft en effet impoflible de
bien charger 8c de bien.tirer, quand on charge
v 8c quand on tire fi vît-e. Voyei F eu.
Les ordonnances militaires indiquent aux chefs
des compagnies les attentions qu’ils doivent avoir
dans la charge ; mais elles n’ont point parlé , c e
me fcmble , de ce qui méritoit le plus de fixer
leurs regards. On a toujours bien charge , quand
on n’ a mis ni trop ni trop peu de poudre dans
le baflinet quand on a fuffifamment déchiré la
cartouche -, quand on a eu foin de fecouer la cartouche
avant de la laifler couler dans le canon,
& quand on a bien bourré rc’étoit donc ces temps
que l’ordonnance devoit indiquer , comme l’ objet
de l’attention particulière des commandant des
compagnies.
Nos ordonnances militaires diftingu oient trois
efpèces de charges : une , qu’elles appeloient charge
en dou^e temps • une , charge précipitée , & une ,
charge à volonté. Ces noms différens ne défignoienc
cependant qu’un feul & même ob jet, une même
charge, mais exécutée avec une promptitude plus
ou-moins grande. Dans la charge en dou^e temps,
le foldat n’exécutoit les différens temps que lbrf-
, qu’on lui en faifoit le commandement -, dans i a
charge précipitée, il s’arrêtoit quand il étoit par-
.venu à certains temps qui lui avoient été défi-
gn.es & dans la chargea volonté, il ail o it, fans
s’arrêter , jufqu’à la fin de la charge.
La manière dont ces différentes charges s’ exé-
cut-oient n’appartenant point à l’Encyclopédie ,
nous renvoyons nos le&eurs aux ordonnances qui
règlent l’exercice des troupes : nous nous permettrons
cependant deux obl’ervations fur oet
objet. La première , fur les mots charge précipitée
; 8c la fécondé , fur la manière dont cecre
charge eft divifée.
Le mot précipité offre à l’efprit l’idée d’une
vîrefîe très-grande , & même trop grande -, eft-
ce bien-là ce que le réda&eur vouloit dire ? La
fécondé , .c’eft qu’au lien de fixer la fin du fécond
1 Temps au moment où le foldat a lai fie couler
la cartouche dans le canon , il aurait fallu la
fixer à l’inftant où il tient encore la cartouche
entre fes doigts -, après l’ avoir fait entrer dans le
canon-, ainfi on auroit fait contraéter aux foldats
Phabitude de bien fecouer la cartouche , ce qui
eft très important. Au lieu de fixer la jïn du
troifième temps au moment où le foldat a sxé