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l’impreffion que’ cet éclat devroit' faire forl’efprit '1
des ennemis. Qui fait il feroit peut-être bien J
plus - dangereux qu’on ne. penfe , d’arracher a la
multitude une idée fi profondément enracinée ».
BROUETTE. Il y a deux ëlpèces de b ro u e tte s
dont les militaires fe fervent ; des b ro u e tte s ordi^
naires à une feule roue, & defc b r o u e tte s à quatre
roues. Les premières font connues de tout le
monde -, elles fervent à tranfportet les terres .qu’il
faut remuer pour conftruire les ouvrages de fortification
: les fécondés feront décrites dans le
di&ionnaire de l’artillerie , parce qu’elles font
néceffaires au travail des mines:
B r o u e t t e , (punition militaire.) On a fait
de l’a&ion de pouffer la b ro u e tte une punition militaire
-, cette punition eft faite pour être adoptée;,
elle punit yifiblement & utilement pour l’état.
Vt>ye[ T r a v a u x e u b l ic s - & P io n n i e r s .
BROUILLARD. Le 'nombre affez confidérablc
d’évériemens militaires importans , auxquels des
b r o u i l la r d s ê pais ont donné lieu, nous ont déterminé
à placer ici ce mot, quoiqu’il n’appartienne
point réellement au vocabulaire dè .l’art de la
guerre.
On doit fe garder avec autant de foin, & marcher
avec autant de précaution pendant les jours
de b r o u i l la r d , que pendant une nuit épaiffe ; les
ennemis peuvent profiter de cette vapeur qui
obfcurcit l’air pour lurprendre les poftes, les
places & les camps ; pour paffer une rivière , pour
formeç. une. grande embufcade. Les b r o u illa r d s
font utiles aux petites armées qui en ont de grandes
à combattre/, ils le font encore aux troupes dont
la principale force confifte dans des armes de main.
Indiquons des exemples à l ’âppüi de chacune de
ees affertîdns.
XJn b r o u i l la r d épais contribua au gain de la bataille
de Magnéfie : Antiochus ne pouvoit diftin-
guer les différentes parties de Ion armée, les
conduire , les faire agir à propos , parce que fes
troupes occupoient un-terrain très-vafte : les
Romains', dont l’armée, étoit raffemblée & peu
nombreuse , agiffoient avec autant d’ordre que fi
le jour'eût été clair & ferein t les b r o u illa r d s contribuèrent
encore d’une autre manière aux fuccès
des Romains v c’étoit avec les armes demain qu’ils
combattoie.nt ,i& leurs ennemis avec des armes de
jet.' l e s ,b r o u il la r d s concoururent aux fuccès des
Romains à Magnéfie, ils concoururent à leur défaite
à Tràfimènê ; ils favorisèrent la groffe embufcade
q.u’Annjbal avoit dreffée. Uladiflas furprit,- à la
fav.eur d’un b r o u i lla r d é pais, le camp des chevaliers
Teiitoniques. Charles PCII s’approcha de mente,
fans être, découvert, du camp; des Ruffes campés
fous Narva. Charles - Quint palfa l’Elbe en ,1547
à l ’aide d’un épais b r o u i l la r d , 8c le duc de Savoie
le Pô en 1705. Le nombre des lùrprifes de places,
exécutées pendant un temps à e b ro u illa rd : ,, ^ très-
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confidérable ; les principales font celle"de Turin
par les Impériaux en 1542. , & celle de Vieux-
Briffac par le prince Eugène. Voye{ l’artiole Surprise.
BRUSQUER. Brufquei- line place , c’èft l’attaquer
d’emblée , ou du moins ne point suivre
dans la manière d’en faire le fiége , les règles
prèfcrites pour l’attaque.
Brufquer une place digne d’un fiége en forme ,
c'éft une. éntreprife que l’épitKète de folle ne carac-
térife que foiblement; brufquer une place médiocre,
c’eft une témérité , on perd beaucoup de monde,
& on donne lieu à une- place peu importante de fe
défendre comme une bonne -, brufquer une place
mauvaife^ c’eft encore compromettre la vie de
beaucoup d’hommes, pour être maître quelques
heures plutôt, d’une bicoque que la plus petite
tranchée, que le plus petit appareil d’un fiége en
forme eût' forcé de capituler & de fe rendre :
comme les circonRances peuvent cependant obliger'
à brufquer une place , nous allons tranfcrire ici
• les règles , de conduite que- nous a d-onné fur cette
opération l’auteur du Di&ionnaire militaire portatif.
« Ces fortes d’entreprifes ne peuvent réuffir, que
lorfque la garnifon eu très-foible; que les défenfes
dè la place font en mauvais état ; que te front
attaqué eft fort étroit ; que les dehors , s’il y ën
a , font à foifés fecs; qu’il s’en trouve qui font
commencés, 8c non encore achevés;, que les glacis
ne font pas rafés de la place ; qu’il n’y. a point de
paliffadfe , ou qu’ëlle eft mal plantée j enfin , qu’il
y a au delà du glacis quelque haie, rideau, ravin,
enfoncement, maifon, jardin, clos , 'foifés, &c. ,
qui püiffent faciliter lès travaux & les communications
aux lôgemens du glacis.
Telles font les obfervations les plus elfentielles,
qui déterminent les cas où l’on peut brufquer une
place.
Il y a encore d’autres circonftances dans
lefquell'és on peut ne point balancer ; par. exemple ,
fi entre une place-& une avenue extrêmement
étroite , il fe trouvoit quelque large efpace de
terrain rempli de travaux de terre , qu’il s’agiroit;
de franchir, pour abréger un chemin - également
long & pénible. Cependant il faudroit ne pas-
négliger de bien s’établir au delà'de l’avenue;-
car fi l’ennemi revenoit fur fes pas , il y auroit
grand rifque de payer l’attaque au double.
Après avoir donc reconnu ces défauts , ou
tous bu en partie , dans une place , fi l’on juge à propos de l’attaquer h ru fq u em cn t , on fait de
grands amas d’outils & de matériaux , parmi
lel’quels on met grand nombre de. fagots d’un
pied de diamètre; , & de quatre, de hauteyr
ayant chacun un bout de piquet aux deux extré^
mités , pour pouvoir les planter à terre facilement.,
& en couvrir les troupes qui auront donne *
jufqu’à ce que les lôgemens l’oient faits.
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rOn fait aufiî provifibn d’échelles pour paffer-
p.ir deffi-s Jesi fràifes des ouvrages que l’on veut
îpfuker. En mênie temps on règle: le nombre des
travailleurs , tant pour les lôgemens des ou vrages ,
8ç ceux du glacis , que pour la parallèle & les
communications ; celui des troupes , dont les
unes font deftinées à attaquer le chemin couvert
8c. les .dehors , . & les autres à: foute nir les tra
vailleurs , dont elles doivent occuper les- ouvrages ,
d^s qu’ils .'feront faits;;, & celui de la caValeiie ,
Ipit pour .porter des .fàfcines au lieu marqué pour
la- parallèle j. foit pour fe tenir iur la gauche-
& fur la'droite , 3i arrêter les lbrd.es de:.
l’ennemi.
Tous ces préparatifs étant faits:; ;, d è s que 1»
nuit approche , 8c .que l’ennemi-ne peut découvrir
lès dé Marche s d'e l’afiiëgèân't', on fait avancer,
les troupes , lès travailleurs faifant halte de
temps en telrnps, pour ne les" pas fatiguer , jul-
qü’à ce qu’on foit arrivé environ à cent toifés
du glacis 5 où l’on fait halte pour la dernière
fois.
Peu après1 .on donne le figrial par un battement
dè mains , ou un coup1 de fifilet, & chaque corps
s’avance vers l’endroit qu’il 1 doit rinl’ultèr le plus
vîte .& : avec- le moins'dè bruit qu’il, peut , obfer-
vant de tomber tout à; la ; fois- fur les angles fail-
lans du chemin couvert , d’où on chaffe l’ennemi,
qu’on pourfuit > jufqu’aux angles ,rentrans pour
tâcher de le couper, & l’empêcher de rentrer- dans,
la place’.
; S’il y a quelque demi-lune , ouvrage à corne,
ou autre dehors de fimple terre , ou de gafon
qu’on veuille attaquer ,. il faut dans le même
temps- y planter des échelles , & tacher d’y
entrer auffi par la gorge , pour s’en rendrb
maître plutôt, & y faire fes lôgemens avec beaucoup
de promptitude.
/*■ Cependant lés ingénieurs font avancer lès travailleurs
chacun dans leur pofte , 8c leur diftri-
buent le travail , qu’on doit faire avec beaucoup
de diligence. Les troupes qui doivent les fou-
' tenir fe' couchent ventre à terre auprès d’eux ,
& celles qui ont chaffé l’ênnemi fe mettent à
couvert des traverfes , s’il y en a , ou fe retirent
derrière la paliffacle , fe faifant une efpèce de
, parapet avec des fagots,
î Elles doivent faire feu le refte de la nuit contre
les défenfes ; de Taffiégé , pour l’empêcher d’y
paroître & de tirer fur les travailleurs : en quoi
on a de l’avantage lur lu i, parce que la- lueur du
©iel fait découvrir facilement le.fommet des para-
I pèts , au lieu que, ,l’ennemi tirant du haut en
bas & dans-l’obfçur ", ne peut le faire qu’à coups
[ perdus» •
j : En même temps- qu’on travaille aux lôgemens ,
a la parallèle & aux communications , il faut
auifi faire pouffer vers la campagne, un ou deux
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bouts de tranchée , pour communiquer au camp
avec moins de danger. Tous ces ouvrages doivent
être en état de défenfe au commencement du
jour , ce qui peut fe faire aifément , le front de
l’attaque n’étant pas ordinairement fort large dans
ces-occafioBs ,, & fe trouvant toujours quelque
couvèrt , chemin creux, haies, & c . , qui facilitent
les tra vau*..
Dès que, le jour ;paroît, on fait retirer les
troupes dans les lôgemens, & la place d’armes^
que l’on perfeétionne le jour & la nuit luivatlte*
tandis qu’on amène en même temps du canon
pour placer les batteries fur le chemin couvert j
8c acheyer le refte du fiège à l’ordinaire.
Ces fortes ^l’entrèprifes doivent fe: faire aveé
beaucoup d’ordre & de diligence, 8c les troupes
qu’ort y,envoyé doivent être plus nombreufes qu©
la garnifon , pour être en état de. la repouffér facilement
toutes les, fois- qu’elle s’avifera de faire
des forties , fans qu’elle . puiffe endommager les
travaux»
Si ce que je viens de dire fur la manière de
brufquer une placé, ne fnffit pas, voici ce que
dit encore-Fur le même fujet -l’auteur de l’inf-
truction pour la conduite des fiéges. Pour donr
ner une idée de l’ordre qu’il voudroit qu’on ob-
fervât dans pareille attaque , il fuppofe d’abord
la place régulière, où il compte en tout fix ou
fept cents hommes de pied, & cent ou cent-vingt
chevaux de garnifon ; il fuppofe encore que les
glacis' ne font point rafés du corps de la place,
que la paliffade eft élevée d’environ quatre ou
cinq pieds , & qu’elle eft plantée fur le fommet
dè fbn parapets
Les chofes étant ainfi, on enverra, d i t - i l ,
fix lieutenans, dont chacun a a fes ordres un
détachement de trente hommes, avec deux fer-
gens & fix grenadiers ; on fera après marcher
cinq autres détachemens, commandés -par autant
de capitaines qui ont chacun un lieutenant,
un enfeigne & deux fergens, cinquante hommes
&dix grenadiers.
Les premiers détachemens ne porteront que
leurs armes, hormis quelques haches pour couper
les'paliffades, en cas de befoin ; mais les
féconds auront chacun une fafcine double, avec
un piquet de la longueur de cinq pieds, pour
pouvoir l'arrêter contre la paliffade. .
Suivront quatre pelotons de travailleurs de cinquante
hommes chacun , chargés de faleines &
d’outils, qui 'doivent marcher après les détachemens
des capitaines , & fe retrancher dans les
angles fur la place d’armes de la contrefcarpe.
Quatre pelotons de cent hommes fuivront encore,
les détachemens des capitaines , ceux-ci porteront,
outre;,leurs armes, chacun un fagot.
Après eux, trois gros de travailleurs de cent
hommes chacun, chargés de fafcines, de piquets.