
les prîmes d’éducation foient aulïï conftitutîon-
tie!s que . les peu fions le font peu , leur éta-
bliffemenc lèroit perdu ou denendroit moins
utile fi on^ lie le courormoit point par un fia
eond. Ce fécond bienfait que je vais folliciter
pour-notre armée, bienfait qui rejaillira non-
leulemsiu fur les militaires de toutes ies dalîes,
mais encore, fur tous' les citoyens d’un . grand
nombre de villes du royaume con lifte à créer
■ des moyens faits pour entretenir parmi nos
détenteurs Je goût de l’étude & du travail que
leur éducation première leur aura inipiré.
Les motifs^ qui m’ont détermine à penfer qu’il
eit de l’interet de la nation de chercher à' entretenir
dans l’armée françoile le goût des
feiences & des'- arts '-font très nombreux, je me
bornerai à indiquer. ceux qui m’ont particulièrement
frappé, j
La premiers raifon qui doit déterminer la
nation a creer des moyens capables d’entretenir
t ’a 1 J,™=e l’amour des feiences & des arts
« eft qu il en eft de > ce fentiment comme de
toutes les autres pallions, il s’éteint dès qu’il
manque d’alimens.
On fe plaint allez communément que l’efprit
des _ officiers françois eft moins cultivé que
«elui du refte des citoyens : cette plainte eft
affez généralement fondée & mérite une attention
particulière : c’eft en répandant les lumières
qu’on aflure, qu’on affermit la liberté. 1
L’ignorance & l ’efclavage1 marchent ordinairement
de front, fe foutiennent, fe'fortifient mutuellement.^
Gardons-nous néanmoins de faire
nn^ crime a nos militaires du peu d’ inftruaioh
qu’on leur reproche; enlevés à leurs pareus , à
leur inftituteurs dans l’âge où l’on commence à
s’inftruire, voye[ A g e , imbus encore pour la
plupart de cet antique préjugé qui leur crie ,
dès leur enfance, que le militaire eft affez fa-
vànt quand il a du courage, voyez Moeurs ,
relégués prefque toujours dans de' petites villes,
dépourvus de tous moyens d’infiruftion , occupés
pendant leur vie entière d’objets qui rie
peuvent ni agrandir leur e lpr it, ni former leur
coeur , ils font pardonnables d'-avoir peu d’amour.
pour les arts , peu de goût poar les
feiences , & nous ne devons être étonnât que
de trouver parmi eux les connoiflances qu’ils y
ont rafle mblées. - J
Il n’eft fans doute perfisnne qui n’ait remarqué
la grande influence que les moeurs
militaires ont fur les moeurs de U nation
voyei Moeurs ; B n’eft perfonne qui ne fâché
que tout homme ennemi de l’inftrudion, fans
.goût pour les feiences & les arts eft nécefTai-
rement ^force, pour s arracher à l’ennui, de s’adonner
à la première paillon qui le l’odicite ; il
n eft donc perfonne qui ne fente que fous ce point de vue il eft intéreffant de faire naître & d’en- J
rretenîr dans l’armée le goût des feiences Sc
des arts , puifqu’il eft prouvé -que fl ce goût
n épure point les moeurs de tous , il épure
du moins celles du plus grand nombre.
Il exiffe une fi grande analogie , une liai-
fon fi intime" entre toutes les- feiences q.fe
eeUii qui a pris la peine d’en approfondir
une a acquis une grande facilité pour arriver
aux autres. L’art militaire ne fait point d'exception
à cette règle générale. Il eft donc encore,
fo*is ce rapport , incéreflant pour la nation de
propager dilis i’armée le goût des feiences &
des arts.
Le bonheur des hommes qui. fe vouent à la
défenfe de. 1 état, eil le dernier point de vue
que je confidérerai. Les militaires éloignés par
- leur devoir du lieu qui les a vu naître , des
lbu,tiens de .leur enfance , • des compagnons de
leur jeuneffe , vivant, prefque toujours a i milieu
d’une ville étrangère, peu favorifés des
biens de la fortune, dégagés pour la plupart
de ces loi ns de famine & d’ affaires qui l'ont
de vrais plaifirs ont bien moins de moyens
qae le refie des François pour arriver à un
bonheur durable. Le goût des feiences 8c des
arts leur en rendra l’accès faeile : il efi bien
peu d’iioiames qui n’en ait fait une douce ex-
: périence.
Mais comment parviendrons-nous à aplanir
devant les militaires le chemin de l’ inftruélion.
Il ne faut pour cela qu’étabiir à la fuite de
chacun de nos régimens un certain nombre de
profefleurs 8c de maîtres, qui feront obligés
de donner journellement des leçons publiques 9
oc qui pourront en donner de privées.
Pendant ^ le temps où les emplois militaires
ont .été reférves a une feule clafl’e de citoyens,
la nation entière auroic pu ne prendre qu’un
foible intérêt à l’établrtfement que je propofé ;
mais 1 urique tous les ciroyens font également
adiüiûibles à tous les emplois de l’armée , tons
les François doivent le voir avec intérêt. 0 b-
I fervons encore que les citoyens de toutes les
claffes ayant la liberté d’affifter à toutes les
leçons que l’ on donnera aux militaires , tous
auront la facilité de faire acquérir à leurs
entans les connoiflanc s dont ils ont été prives
jufqu’ a ce jour : ainli un établiflement qui
rie fera en apparence deftiné que pour l’ armee,
fera cependant utile a la nation \ observons
enfin que d’après l’opinion où l’on efi de faire
arriver au grade d’officier un plus grand nombre
de folidats qu’on ne l’a fait pai lé pafle, nous
fommes tous inté;reSfés à ies mettre à portée
d’acquérir le« connoiflances qui leur font né-
ceflâires.
Les cours ®fu?il • féroit utile d’établir à 1«
fiiite de chaque régiment font au nombre de
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tfx -, un pour l’art de la guerre , un pour les
feiences mathématiques, un pour les arts qui
tiennent au delfin , le quatrième pour les
langues étrangères , le cinquième pour I:hif-
toire, le fixième pour la littérature françàife.
A ces fecours particuliers il faudioit en joindre
de généraux : la formation d’ une bibliothèque à
la fuite de chaque régiment , 8c la création
d’une académie militaire dans la capitale du
royaume.
Nous ne nous arrêterons point à montrer
Futilité de chacun des cours particuliers dont
nous propofons la création , car elle efi évidente*
nous ne parlerons point non plus- en détail,
dans cet article , des avantages que produiront
les bibliothèques 8c l’ académie militaire,
parce que nous les avons développés, dans l’ar
ticle A ca jd-é m i s & B i b l i o t h è q u e . Nous, nous
bornerons à indiquer les avantages généraux que
ces établiflemens produiront, & les fources dans
lefqueiles la nation pourra pui-fer les fonds né-
ceflaires à ces objets-.
Si Fétablifleraent de 1 xécole royale militaire
étoit encore tel qu’ il fut lors de fa création ,
fi l’égalité politique de tous les François n’ a-
Voit point été établie,. fi les collèges qui ont
été fubftitués à Vécole• militaire n’avoient point
encore affoibü la bonté de l’inftitution primitive,
sïil avoit été pofiibîe de trouver une . mefure
équitable pour répartir les-' penfions gratuités ,
nous n’aurions point propofé la defttuélîan des.
écoles & collèges'■ militaires : nous ne l’aurions
point propofé non plus fi par cet établiflement
beaucoup de jeunes citoyens notaient entraînés
vers un état pour lequel ils manquent quelquefois
de goût 8c de dilpofition -, nous ne l’aurions
point propofé fi le gouvernement n’etoit
pas quelquefois obligé d’abandonner ceux qu’il a
Soutenus-, avant de les avoir rois en état de fe
pafler des fecours que leur éducation leur a. rendu
néceflairejs.; nous ne l ’aurions point propofé s’ il
étoit-poflible d’ établir de l’égalité entre le nombre
des places vacantes dans, l’année & le nombre
de, fujets élevés dans les collèges y nous rie
l’aurions point propofé enfin, s?il étoit poflible
de répartir d’ une manière confiitutionnelle les
places dans les collèges j mais entraînés, par les
eonfidérations. que nous venons d’expofer, 8c
par celles que nous avons, développées dans
Particle E x a m e n , nous nous femmes crus au-
torifés à conclure qu’ il faut détruire à jamais
les, colleges militaires-, je veux dire que l ’état
ne doit phi s fe charger de faire .élever aucun
citoyen à fes frais.
La réforme des collèges miîiràires prononcée,
les fonds nécéflaires à l’ établiIfement des primes
d’éducation, aux frais d’éxamen-, à la création
des cours , à la formation des bibliothèques des
régimens & de l’académie militaire font trouve».
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Il ne faudra pour tous ces objets qu’environ
5,-60,000 liv. & Vécole militaire a 1,260,000 1.
de revenu, l’état économifera donc 1,300,000 1.
Cette économie ne devrok cependant point ,
quelque confidérable qu’elle foit, déterminer la
nation à détruire les penfions gratuites, fi ces
penfions dévoient produire plus de bien que les
primes & les cours d’ inftitution ‘publique. Balançons
les avantages & les inconvéniens des
deux fyftêroes.
Les pqnfions gratuites n’iirftruifent qu’ un petic
nombre de militaires', c’eft néanmoins le plus
grand nombre qu’ il faut éclairer, & tel-fera
l’effet des priâtes 8c des cours. Les penfions
abandonnent un jeune militaire dès qu’il a
atteint la feiziètne année , 8c l’âge de feize ans
efi précifera.ent celui où l’inftruélion commence,
ce fera là un fécond avantage des cours d’inftitution
militaire. Le» colleges ne font utiles
qu’à ceux qui y font renfermés. Les cours pu-
b.ics répandront généralement les lumières , &
c’eft là le troifième avantage qu’ils préfentent.
Les collèges ne font rien pour les foldats -, les
cours pourront faire beaucoup pour eux ; ce
quatrième avantage efi t r è s g ra n d . Le peuplé
ne peut profiter des leçons données dans les
collèges , il fera libre d’alïifier aux cours j le
cinquième avantage les- rend conftitutionnels.
Le temps n’eft plus où- les fils de i’artifan,
du laboureur doivent manquer de pain , afin
que les fils des gentilshommes reçoivent gratuitement
une éducation très - difpendieüfe : les
places de profefleurs dans les colleges étant peu
nombreufes, à peine font -elles un objet d’émulation
-, quand il y aura en- France fix cents
places^ de ce genre , un très-grand-nombre de
citoyens fera des efforts £our les. obtenir. Le
temps, des études eft borné, pour chaque individu
dans les collèges, à un très-petit nombre
d’années, avec, les cours publics , il n’aura pour
bornes que la durée des fer vices.
On remarquera, fans doute., qu’en dëtruifant
Picole militaire nous enlevons aux militaires, &
fur-tout aux nobles qui font pauvres-, une ref-
fource néceflaire : mais eft-il vrai que la noblerte
pauvre profitât feule des penfions- gratuites ?
eft-il poflible dans le nouvel ordre de choies-
de mettre un impôt fur uné 'certaine claffe
de citoyens pour gratifier. , avec fon produit, une
autre claffe de la lociété ? Remarquons que les-
çbjeélions , qui font fi--fortes contre l’établifle-
ment des penfions. gratuites , ne portent ni furies
primes ni- fur lés cours publics : tous les
citoyens y auront des droits-, tous-y participeront,-
l’état n’ achètera plus des. efpérances ,.il payera des
feryiees.
La difficulté de fe procurer, des- profefleurs ,
d’avo-ir des ouvrages élémentaires , & un très-
grand nombre d’autres qu’on pourroit faire çontre