
leur accordant des honneurs extraordinaires, ils
n’en abufaffent. Après la bataille de Marathon,
Mil-tiade demanda la permiflïon de paroître dans
l’affemblée publique, portant fur fa tête une
couronne de laurier. Elle lui fut refufée... Quand
lu feras feul triompher Athènes, lui dit un Athénien
, tu pourras demander des difiinftions perfon-
nelles. L’efprit de la république vouloit qu’une
certaine égalité régnât entre fes membres , &
que les honneurs éclatans fuffent réfervés au
corps entier..... C e bon efprit s’altéra dans la
fuite » les Athéniens, pour des actions beaucoup
moins glorieufes que celles de Marathon, décernèrent
en public , à leurs généraux , des couronnes
©u des ftatues , ou leur permirent d’employer
la part du butin, qui leur appartenoit à
faire ériger un te mole, où l’on, gravoit le décret
honorable qui leur accordoit cette permif-
fîon. Le citoyen qui montroit le plus de valeur
dans le combat obtenoit des couronnes , des
chevaux, des armes.. Le prix étoic donné fur le
champ de bataille même 3 le général y joignoit
des éloges.
Une autre efpèee de Eécomoenfe étoît les
honneurs funèbres qu’on readoit aux morts,
après la bataille,fuivantrufage confiant de toute
la Grèce.
Outre ces prix généraux de la valeur,. le chef
de 1 armée en donnoit pour des, allions particulières,
ainfi que pour l’exa&itude dans, l’obfer-
vation de la difcipline.
Recompenjè ckeç les Romains, Si- aucune difci-.
p ine ne fut plus févère dans fes loix pénales,
te plus attentive à les maintenir, aucune ne fut
plus grande & plus magnifique dans fes Fécom-
penfes, : elles ésoient proportionnées à la- gnan-
deur des. a étions y & pour en augmenter l’éclat
& le prix par la folemnité, le général tes diftri-
buoit en préfence de l’armée.. Il louoit chacun
de ceux qui les avoient mérités , rappelloit leurs
belles, aéüens précédentes, & faifek le récit- de
celles qu’ il alioit récompenfer. Quelquefois les,
légions elles mêmes décérnoient le prix du. courage
& dé la fcience militaire..
Celui qui,. en- délivrant une troupe entourée
par l ’ennemi.,, confervoit à l’Etat plufieurs citoyens,
recevoir la couronne objidionale : elle
fu t d’abord: d’herbe verte,. & enfuite on la, fie
d ’or.
Après la couronne objidionale 3 la civique étoic
la plus honorable } elle fut d’abord, de chêne
v e td > enfuite de l’ efpèce de chêne nommé efpur
tus, &; confacré a Jupiter 3 puis de chêne commun,,
quercus ; enfin de toute efpèee d’arhre
glandifère que io n rencontroit, en. ayant feu-
îenunt égard au frust. Elle étoit donnée à celui
qui fauv.oit un, citoyen ,. fois romain, fois du \
nom latin 3 celui-ci couronnoit lui-même fon libérateur
> & s’il ne le faifoit pas volontairement,
les tribuns l’y obligeoient 5 il devoit, pendant
toute fa v ie , l’honorer & le refpe&er comme
fon père. Il paroît que l’on ne donnoit la couronne
civique à celui qui fauvoit un citoyen,
que lorfqu’ il avoit tué un ennemi, & eonfervé
la place où il combattoit. L’aveu du citoyen
fauvé étoit aufli néceffaire. On n’obtenoit point
la couronne en fauvant un auxiliaire 3. fût-ce
même un roi... Tout l’honneur confifioit à fau-
ver un citoyen 3 il étoit perpétuel. Quand le
libérateur paroifloit dans les jeux publics, tous
les fpeélateurs fe levoient, & le fénat lui-même :
il avoit place auprès des fénateurs 3 à la guerre
il étoit exempt des travaux & du fervice ordinaire
3 fon père & fon aïeul paternel jouifloient
du même avantage.
La troîfième couronne étoît la murale, def-
; tinée à celui q u i, dans l’attaque d’une ville ,
montoit le premier fur le rempart, malgré les
efforts des alfiégés 3 elle fut de feuilles d’arbres
dans les premiers temps 3 dans la fuite on la fit
d’o r , ainfi que la quatrième , nommée vallaite*
que l’on donnoit à celui qui s’ouvroit le premier
un paffage dans un camp attaqué. ~
: - Ees autres a&ions de valeur avoient aufli leurs
récompenfes. On éleva des ftatues^, on érigea
des colonnes 5 on permit à. des généraux vainqueurs
de fe faire précéder par des flambeaux
! & des joueurs de fiute , lorfqu’ils fe retiroient
;chez eux après le fouper... La peinture férvît
aufli à perpétuer les avions mémorables... Les
■ inferiptions étoient aufli un monument des victoires
, des a étions de valeur & des récompenfes
qu’elles^ obtenoient.
. Le citoyen, qui fe diffinguoit par un courage
• éminent,,recevoit une couronne d’o r5 les omettons
qu’elle portoit, annonçoient pour quelle
aébon elle avoit é.té donnée.
Celui? qui- frappoit un ennemi, non- dans un
combat général' ou dans un affaut, mais dans un
combat particulier cherché volontairement , &-
fans y être obKgé par fon devoir , recevoit une
kajle fans fer... Lorfqu’il- avoit tué & dépouillé
ton adverfaire , on lui donnoit une phalera, s’ il
étoit cavalier 5. un, brajfelet, s'il étoit fan-
taflin..
; Le brajfelet dlor ou d'argen*- étoit réTervé- pour
les citoyens; le collier., au contraire, étoit d'or
pour les étrangers ou les auxiliaires, & d’areent
pour les citoyens.
■ Q u trouve aufli-, parmi les dons militaires:,
■- des chaînes., des boucles , des. cornes d’argent 3 le
■ vexile. fut aufli une récompenfe militaire, ainfi
que le don de la portion de terre que lion pouvoir
labourer en. un, jouri &une heaine de'farine
que Ton nommoit adoreum, & qui étoit décerné
par les tribuns militaires , les troupes ou le
peuple.
Parlons auflî des places données dans le Cirque,
du titFe d"imperator attribué au général par fon
armée, des furnoms donnés pour des allions particulières
5 des portions de butin, de l'augmentation
de ration ou de paye , do l’exemption des
travaux , du fervice du camp, des enfeignes
particulières données à une légion, ainfi que des
furnoms...
Il y eut auflî des temples v otif , c’ eft-a-dire
voués par les généraux, s’ils revenoient triom-
phans dans Rome... Une autre récompenfe affez
rare, mais très-honorable, confiftoit a confacrer
à Jupiter Férétrien , les dépouilles qu’on nommoit
opimes ; c’étoient celles qu’un général en-
levoit au général ennemi, après l’avoir tué.
Enfin Je plus haut degré des récompenfes militaires
fut la pompe triomphale 1 on ne l’accorda
d’abord qu’à un diâateur, un conful ou un prê
leur 3 on l’accorda enfuite aux proconfuls.
Il falloir que la guerre eût été déclarée, félon la
lo i , contre un peuple puiffant 5 que la viéïoire
eût été difficile & furvie de grands avantagesj
que le général l’eût remportée avec fon armée
ic non avec celle d’ un autre conful, & c ... On
regarde comme fuperfiu de rapporter ici les détails
des triomphes 5 mais on croit devoir ob-
fèrver qu-’ il y en avoir de plufieurs efpèces.
C ’étoit du tréfor public que l’on tiroit les
fiais du triompher
Mais à: peine Rome eut-elîs été forcée dé fe
Ibumettre au pouvoir d’ un feul, que cette glo-
rieufe récompenfe accordée d’abord par le fénat,
enfuite par le peuple , pour avoir vaincu les
ennemis de Rome, dépendit entièrement de la
volonté & des caprices de l’empereur ou de
quelques femmes, & ne fut bientôt plus ni fol-
ficitée , ni accordée r les fuccès devinrent plus
rares, 1e viee triompha feul 3- des récompenfes
prodiguées par là faveur, dérobées par l’ intrigue,
perdirent tout leur prix y les peines infligées par
FinjuIHce ne produifirent que F indignation. Il
n’y eut plus de patrie y l’intérêt particulier, le
faite, la tyrannie anéantirent ces moeurs àuftères
& cette inflexible difeipline qui avoient élevé
Rome au faite de là puiflance-
Qüelques empereurs tentèrent de rétablir la
difeipline 3 mais fa-bâfe étoit détruire,4 e peuple
étoit fans v ertu, les loix fans vigueur ; les or
donnanees multipliées par les princes firent
tnéprifées par les croupes, & l’on vit fouvent,
dans les camps, les défordres les plus honteux
& des peines-atroces ~
Retraites.
Dans un régime militaire, où tous les citoyens
étoient foldats , & oii i's ne prenoient les armes
u’au moment où il failoit faire la guerre, afin
e tes quitter pendant la paix , il ne pouvoit pas
y avoir, à proprement parler, de retraites à
accorder aux foldats. Nous allons cependant examiner
ce q u i, chez lès anciens, fe rapprochoic
de ce que nous appelions actuellement une retraite
militaire,- fur-tout chez les Romains, rela^
tivement à leurs vétérans.....
Parmi les Grecs. Les citoyens eflropiés à la
guerre, ou fi grièvement bleflés qu’ils ne pou-
voient plus fubfifter dé leur travailpréfentoient
une requête aux magiftratS3 ceux-ci , après avoir
conftaté l’état & l'indigence de ces braves citoyens,
leur aflignoient, fur le tréfor public,
une penfton alimentaire.
Lorfque les citoyens tués à la guerre laifloient
une femme, une m ère, des parens âgés, l’Etaç
en prenait foin, & ils étoient fous la garde du
polémarque.... Leurs enfans-,étoient élevés aux
Frais de là république jufqu’à dix-huit ans. Oh
leur faifoit prêter alors te ferment militaire,on
le ur donnoit une armure complette, & ils avoient
dans toutes les cérémonies publiques le droit de
préféance fur tous les citoyens du même
âge.
Che% les Romains. Conflantih accorda aux vétérans
plufieurs privilèges 5 ils confifloient dans*
l’exemption des charges civiles, dès travaux &
des-contributions pour les ouvragés publics, de
toute efpèee de tribut, d’impôt, corvée, droit
de marche & de douane. Les fils de vétérans
jouiffoient de ces exemptions,pourvu qu?ils fer-
viffent, ainfi qiie leurs pères ; s’ ils étoient incapables
du fervice militaire , on les employoit
dans les offices préfidiaux.
Le même prince fit diftribuer aux vétérans les*
terreins vagues 8r inutiles , & leur en atcordâ-
la poffeflion perpétuelle , fans impôt ni redevance
5 il fit donner à. chacun une paire de boeufs,
cent boifleaux de différens grains, & 1288'fiv.
& foR 4 den. pour acheter lès outils & les inf-
trumens de l’agriculture. Quant à ceux qui pré'-
féroient le commerce, il leur accordà, pour la^
femme de cent oboles, l ’exempt-ion de l’ impôt
payé par les marchands , & invita ceux qui étoient
oififs à employer un de ces deux remedes contre
l’indigence.
Ceux qui avoient obtenu leur congé avant le
temps , pour une caufe honnête , n’eurent
d’ èxemption que pour eux fèulss tous les autres
vétérans , de quelque troupe qu’ ils fuflën t, fe
furent eux & leurs femmes..