
Multiplier les attaques 9 ceft la première
maxime établie pour les opérations de ce genre ; or s
on ne peut multiplier les attaques, fi les c o lo n n e s
«nt beaucoup do profondeur & de front, donc..,
3a conclufion eft claire : plus une c o lo n n e a de
front, plus il faut qu’elle comble du fofTé , &
qu’èlle abatte du parapet •, doncr. il ne faut point
augmenter excefliveraent le front des^ c o lo n n e s
4Üeftinées à cet objet. S i, d’apres ces vérités , on
vouloit réduire exceHivernent le front & la profondeur
des c o lo n n e s deftinees a attaquer des
retranche mens , on tomberoit dans d’autres incon-
véniens -, c’eft par-tout d’un jufte milieu que
dépend le fuecès. Une colonne de douze files de 1
profondeur , & de douze ou tout au plus de vingt-
quatre do front, formée fur le centre en^ arriéré , |
ou d’après les principes de M. de Seguier , me I
paroît ic i, comme prefque p^r-toat ailleurs , la
meilleure qu’on puiffe employer. §. y 111.
. D e U c o lo n n e p o u r l e p a jfa g e d es l ig n e s .
Si une fécondé ligne qui vient pour en remplacer
une première , doit, afin de fe rendre
fur le terrain qu’elle veut occuper, le former en
■ colonne , & ne fe déployer que lorfqu’elle 'eft
arrivée fur ce terrain la meilleure, -co lo nne , pour
exécuter cette manoeuvre -, eft celle qui le déployé •
avec le plus de promptitude & qui le couvre dans .
tous les inftans de plus de feux. Nous ne dirons
pas qu’elle eft des differentes c o lo n n e s , dont
nous avons parlé , la meilleure pour cette operation
-, mais on ne la cherchera fans doute que
parmi les co lo n n e s formées ■ fur le centre , au
nombre defquelles eft la c o lo n n e à intervalles perpendiculaires.
V o y e^ l’article L igne , P assage
©es L ig n e s .
§. I X .
D e l a c o lo n n e p o u r U p a jfa g e <Cnn d é f i lé .
•Nous verrons dans l’article D é f il é , P assage
d ’ un d é f il é , q.u’i-1 eft prefque toujours plus
avantageux pour pafler un défilé de former une
c o lo n n e f e r r é e , que de recourir aux manoeuvres
par file ou aux c o lo n n e s avec diftanee -, il s’agit
J onG d’-examiner ici qu’elle eft la c o l o n n e que
3’on doit fubftituerà ces manoeuvres. Les c o lo n n e s
perpendiculaires ou les c o lo n n e s ferrées -e® mafle
&rjfo.rmées fur le centre font encore ici celles
qui -méritent prefque toujours la préférence :
«comme1 il eft cependant des cas* où il eft plus
avantageux d’employer pour cet objet des co lo n n e s
ferrées 8 e formées fur le premier ou fur le dernier
peloton d’un bataillon, que fur le -centre de ce
même bataillon , nous nous garderons bien de
foannirabfolument ces c o lo n n e s . Il ne faut point,
jfens doute , multiplier inutilement le nombre
d e s m a n oe u v r e s , voye% M a n oe u v r e s , m a ïs auffi
n e f a u t - i l p o in t e n r e je te r q u i p u ifle n t n o u s ê tre
u t i le s . V o y e j 9 f u r la m a n iè re d e p a fle r u n d é filé »
l’a r tic le D é f i l é -, v o u s tro u v e r e z e n c o re fo u s c e
m o t d e s ré fle x io n s f u r la m a n iè re d o n t d o it m a n
oe u v re r u n e c o lo n n e q u i r e n c o n tr e u n d é filé .
§. X.
D e s c o lo n n e s a v e c d i j la n c c .
Les ordonnances militaires françoifes fe fervent
encore du mot c o lo n n e pour défigner une troupe
rompue à droite ou à gauche par feéfion , par
peloton , ou par^divifion j & qui marche par fa
droite ou par la gauche en confervant fes dif-
tances. Si la définition que tous les ta&iciens
ont donnée du mot c o lo n n e eft bonne , il eft
clair qu’on a eu tort de fe fervir de ce mot dans
cette circonftanee , car une troupe rompue de
cette manière n’a aucune des qualités d’une c o lo n n e .
L’auteur de l’ouvrage intitulé d e V E fp r i t m i l i ta
i r e s’exprime ainfi fur ces prétendues c o lo n n e s . Au
refte , il n’eft pas befoin d’avertir qu’ il ne peut
être ici queftion de la c o lo n n e ouverte qu’on fe fsuvient que j’ai proferite. Cette c o lo n n e , fi
pefante dans fa marche , par la nécelfité des
alignemens , fi flafque , fi foible , fi incapable
de défenfe , fi impraticable devant la moindre
troupe ennemie -, 'cette c o lo n n e qui n’a que la
propriété de fervir de paflage à l’ordre déployé,
& qui même à cet égard eft beaucoup plus lente
dans fes moyens que la c o lo n n e ferrée , à moins
qu’il ne plaife à l’ennemi d’attaquer précifément
-du coté où l’on eft formé , cette c o l o n n e , dis-je ,
eft aflurément, même dans le fyftcme de l’ ordre
mince, une difpofition très-abfurde.
§- X I.
D e l a m a n i é r é d e f o r m e r l e s c o lo n n e s .
Comme une troupe eft toujours très-foible a«
moment où elle pa(Te d’un ordre à un autre , on
doit rendre ces inftans le plus courts qu’il eft
poflible , & par conféquent recourir au pas le
plus vif •, c’eft donc au p a s d e ma n oeuv re que les
c o lo n n e s doivent toujours fe former & fe déployer.
On devroit exercer lés troupes à former & à
, déployer les c o lo n n e s , tant en marchant , que de
pied ferme. Il eft plufieurs circonftances où il
eft ban que les divifions qui doivent former la
tête des c o lo n n e s continuent à gagner chemin -, &
ou il eft avantageux de gagner quelques pas à
mefure qu’on fe met en bataille.
D o i t- o n f o rm e r le s c o lo n n e s e n m a r c h a n t par
le f la n c , o u e n fa if a n t d e s d e m i- q u a r ts d e c o n -
' v e r fi o n 8c m a r c h a n t e n f u ite p a r le f r o n t des
. p e lo to n s ? c e s d e u x m a n iè re s p e u v e n t a y o ir cha-.
cune leur emploi i la première eft cependant
prefque toujours préférable à la fécondé. |
Nous ne parlerons point ici de la manière dont
les troupes formées en c o lo n n e , doivent marcher
pour joindre l’ennemi ; on trouvera ces détails
dans les articles M a r c h e 8c C h a r g e .
§. X I I .
D e V a t ta q u e d e s c o lo n n e s .
Nous avons indiqué dans les d-ifférens paragraphes
de cet article les principaux objets dignes
de fixer l’attention des militaires -, il ne nous
refte donc plus qu’à parler de la manière dont
on doit fe conduire quand on a à combattre une
o o lo n n e .
Un grand nombre de fuppofitions différentes
fe préfentent ici à nous ; nous n’eflayerons point
de les épuifer : b o u s nous bornerons a fixer nos
regards fur les plus importantes. Comment doit
agir un corps d’infanterie dépourvu de canon &
de cavalerie, qui veut attaquer une c o l o n n e ?
comment doit agir un corps d’infanteriè dépourvu
de canon feulement ? comment doit agir un corps
d’infanterie qui a du canon 8 c point de cavalerie ?
comment doit agir un corps de cavalerie dépourvu
d’infanterie 8 c de canon ? Nous ferons abftradion
des qualités du terrain , de la valeur des troupes ,
8 c nous fuppoferons que la différence entre le 1
nombre des combattans des deux partis eft trop
peu confidérable pour être confidérée.
Ce n’eft qu’en fe formant en c o lo n n e que l’infanterie
dépourvue de cavalerie & de canon peut
vaincre de l’infanterie forméeén c o lo n n e : tous les
militaires en conviennent •, v o y e [ notre article
C h o c . Mais l’afîaillant doit - il fe borner -à une
feule attaque, ou doit-il en former plufieurs?
doit-il' diriger fa marche vers le front, les flancs
ou les angles de la c o lo n n e ennemie ? Si l’ennemi
avoit allez peju de connoiflance des hommes 8 c
de l’art militaire pour vous attendre de pied
ferme , yous devriez former une attaque environnante
, je veux dire , tomber avec quatre ou
cinq petites .c o lo n n e s différentes fur le front , les
angles & Jes flancs de fa c o lo n n e • mais comme
cette luppofition n’eft pas admiflible , on doit
conclure que lorsqu’on eft rélolu à attaquer un
ennemi formé en c o lo n n e , il faut aufli former
des c o lo n n e s i marcher à lui , ainfi que nous l’avons
dit dans les articles M a r c h e & C h a r g e , 8c
attendre tout de la fupériorité de force , d’adreffe
8 c de valeur.
Quand on a de la cavalerie & point de canon ,
on doit former une attaque environnante & limul-
janée. La cavalerie fe dirige , ainfi que nous le
dirons plus bas ; l’infanterie marche d’un pas
ferme 8 c décidé vers les flancs & le front de la
o o lo n n e ennemie : ce fut à peu près ainii que nous
Vainquîmes, à Fohtenoi.
Si on a du canon & point de cavalerie , & fi
l’ennemi a la patiente ineptie de fe laifler can-on-
ner , on fait feu fur lui jufqu’au moment où il eft
ébranlé par le canon , & puis on marche à
l’attaque *, mais , on le fent, cette fuppofition eft
encore parfaitement inutile -, eft-il de chef militaire
aflez peu inftruit pour fe conduire ainfi.
Quand on a du canon & de' la cavalerie on
recourt encore à une attaque fimultanée 8 c environnante
, après avoir toutefois porté, à coups
de canon , le trouble dans les rangs de l’ennemi.
Après avoir examiné comment l’infanrerie doit
ttaquer de l’infanterie en c o l o n n e , nous devons
examiner comment de la cavalerie doit attaquer
de l’infanterie en c o lo n n e . Nous prendrons ici
M. le baron de Boan pour guide.
«L’infanterie doit-elle craindre , fe demande cet
écrivain, la cavalerie en plaine? peut-elle luiréfif-
ter ». Cette queftion , qui agite encore quelquefois
les militaires eft aufli inutile que difficile à réfoudre ,
puifq.u’il fe trouvera toujours des exemples faits
pour donner à chaque arme la confiance de la fupériorité
de fa force ; confiance qu’ il né faut pas détruire
, mais qu’il faut au contraire augmenter par la
recherche de tous les moyens qui peuvent raifon-
nablement l’infpirer.
Les fuccès d’une arme contre l’autre font prefque
toujours déterminés par la fupériorité des
hommes qui fai compofent. De l’excellente cavalerie
battra de l’infanterie médiocre & réciproquement,
de l’excellente infanterie nefelaifîera point entamer
par une médiocre cavalerie.
D’après les, précautions que prend l’infanterie
pour fe mettre en état de défenfe , la cavalerie
doit combiner fes moyens d’attaque. Cette première
emploie fon feu pour porter de loin le dé-
fordre dans nos elcadrons, & elle fe renferme fous le
double rempart de les bayonnettes pour réfifter à
notre impétuofité-, c’eftdans cette pofition , réellement
formidable, qu’elle prétend attendre la cavalerie
fans la craindre. Attaquer de l’infanterie ainfi
difpofée, c’eft je l’avoue,choifir le moment de fa plus
grande réfiftance 8 c hafarder fes fuccè,s ; mais l’offi-
cier de cavalerie n’eft pas toujours maître de choifir
l’inftantoù il doit attaquer -, fes opérations particulières
tiennent fouvent à des vues générales qui
les entraînent, Sc' aflujettiflent celui-ci à des ordre*
qu’il n’a pas le droit d’examinenfon métier eft d’exécuter
avec intelligence & félon les règles de l’art.
Supposons donc de l’infanterie dans Ion ordre
défenfif, luppofons aufli la cavalerie hors de la
portée des coups de cette infanterie -, car c’eft
toujours dans cet éloignement qu’elle doit faire
. fes premières difpofitions d’attaque. La cavalerie
fe mecra en c o lo n n e par pelotons , compagnie & c ,
fuivant l’étendue du front qu’elle voudra atraquer,
8c fi les forces le lui permettent, elle doit toujours
faire fes dilpofitions de manière à attaquer deux
points à la fois, choififlant les plus foibîes, ceux qui