
naififance du général, fa figure , fa taille, fon air,
fes propos, fes richeffes, l'aideront, fans doute,
à fe la concilier, mais il ne l'obtiendra d’une manière
durable que de fes talens &: de fes vertus.
Voye% «Gén ér a l , & A m ou r du so l d a t . Les
hommes n’accordent fur eux une autorité confiante
qu’à ceux de leurs chefs, auxquels , malgré
les fédu&ions de l’amour-propre * ils ne peuvent
refufer une fupériorité de qualités aimables, efti-
■ mables , & fur-tout refpeâables 5 qu’ à ceux en qui
ils reconnoiflent des lumières plus étendues que
les leurs , un coup d’oeil plus jufte , un jugement
.plus sûr ; qu’ à ceux qui ont une grande capacité
pour découvrir, dans chaque cas , le véritable
état des çhofes , &r une fageffe qui ne fe laifîant
point éblouir par4es apparences , prend toujours
le parti le meilleur. Ces vérités donnent le mot
d'un grand nombre d’énigmes politiques & militaires.
Pourquoi les ordres de tel général, de tel
c h e f de cof ps , de tel capitaine font-ils plus ponctuellement
fuivis que ceux de tel autre ? c'eft que
l'un n’ a que du pouvoir, & que l’autre a du pouvoir
& de l'autorité'y c'eft que l'on eftime l’un ,
qu'on a de la confiance en fes lumières , au lieu
qu'on méprife ou qu on eftime peu l'autre. Ces
vérités donnent peut-être âtifli la folutïo-n d*un
grand problème} ils-montrent que ^ v a n ité eft
le vrai principe de l’indifcipline moderne, comme
un excès de courage étoit le principe de l'indifci-
pline de nos pères : chacun fe comparant à fon
chef croit être plus éclairé que lu i , & dès-lors
.chacun penfe pouvoir lui retirer une partie de
Yautorité qu’ il lui avoit donnée : c’eft de-là, peut-
être auffi , qu’il n’eft point de héros pour fon va-
let-de-chambre , & que les militaires les plus élevés
en dignité font ordinairement les moins fu-
bordonnés. C 'eft peut-être cette même obferva-
tion qui a fait avancer que les lumières font inutiles
aux militaires , & dangereufes entre les mains
des fubalternes : o u i, les lumières trop foibles,
les demi-lumières , car les lumièresvives & sûres
ne peuvent jamais produire que des grands avantages.
Voyei M oe urs.
Nous conclurons de toutes ces réflexions que
le général doit , pour obtenir de fes fubordonnés
une entière obéi fiance , réunir au pouvoir très-
étendu qu’il tient de la nation , ou de fon chef,
une fouveraîne fàgeffe qui dirige le pouvoir, $£
une fouYeraine bonté qui l'anime.
C l
B A C B A G
B a c h e l i e r . Les bacheliers étoient des chevaliers
du fécond ordre., on les nommoit indiffé-
remment bacheliers, & &as chevaliers : on leur don-
noit ce nom , parce qu’ils n avoient pas un a-flfez
grand nombre de vaffaux pour lever la bannière,
ou parce qu’ils n’avoient point encore mérité &
obtenu le privilège de la lever. Foye[ l'article
C h e v a l i e r .
BAGAGES. Supplément. L'auteur de l'article
B a g a g e s a donné, dans l ’article E q u i p a g e s ,
le détail des bagages permis aux officiers des
différens grades} mais comme il n’a point con-
fulté Tordonnance la plus récemment rendue , les
états qu’il fournit font fautifs : au lieu, de con-
fulter, comme il l ’a fait , la collection de d’Hé-
ricourt, on confultera le nouveau code militaire,
lorfqu’il aura été rédigé & publié , & en attendant
l’ordonnance provifoire de 1778.
On convient généralement, que des bagages con-
fidérables gênent une armée dans le choix de fes
camps } l’incommodent un jour de bataille rangée}
lui font à charge dans les marches même les plus
ouvertes , & à plus forte raifon dans les paflages
de défilé & de rivière ; la rendent ou immobile
ou très-lente , & l’obligent cependant à décamper
fouvent} détruifent le pays où elle Te trouve,
confument une quantité ptodigieufe de vivres &
de fourrages } exigent un nombre immenfe de
bêtes de fomme, de charretiers , de valets , êtres
totalement parafites } privent enfin l’Etat des fer-
vices de beaucoup d’hommes eftimables 5 nous
pouvons donc nous difpenfer de nous élever ici
contre leur multiplicité : mais comme toutes les
puififances n’ont point encore promulgué des loix
fomptuaires militaires , 8r comme les guerriers,
femblables à des enfans malades , aiment fouvent
beaucoup mieux endurer le mal qu’être privés des
petites douceurs que leur procure leur -maladie ,-
nous allons exauVner quelle devroit être là con
cluite d’un générai qui commanderoit une aimée
furchargée de bagage.
C e général pourroit prendre pour guides , ou
Scipion , ou le conful Metellus , ou Alexandre,
ou le duc d’Albe , ou le prince Eugène , ou bien
enfin Frédéric-le-grand.
La première opération que fit Scipion en prenant
le commandement de l’armée Romaine devant
Numance , ce fut de réformer , par un éd it, tous
«es bagages Tuperflus.
l e premier édit du conful Metellu s , dans 1»
B A G
guerre contre Jugurtha, fut le retranchement des
bagages- qui n’étoient point indifpenfablement né-,
cefiaires.
Alexandre , fur le point d'entreprendre la conquête
des Indes , s'apperçoit que fon armée ,
furchargée de dépouilles , fera trop pefante , il
fait alfembler auffi-tôt tous les charriots , met lui-
jnême le feu à fes propres équipages , à ceux de
fes courtifans & des principaux chefs, & ordonne
au refte de fon armée d’imiter fon exemple.
Charles-Quint ayant réfolu d’attaquer Alger ,"
afifemble une armée formidable , & en donne le
commandement'au célèbre duc d’A lb e } ce général
ordonne à la noblefle de renvoyer fes gros équipages
, & de ne conferver que ce qui leur eft ab~
folument néceflaire} on murmure, mais on ob é it,
parce que le duc donne l’exemple de.iafoumif-
iîon à fes propres loix.
Le prince Eugène ordonna de renvoyer pour
quelques jours , fur les derrières , une grande
partie des équipages de fon armée , & il défendit
enfuite de les faire revenir fous quelque prétexte
que ce fût.
« Un Anglois fort riche, & d’une naiftance distinguée
, voulut, dit M. le baron d’À n geli, dans
l’ouvrage intitulé": confeils d‘un militaire a fon fils3
faire une campagne en qualité de volontaire, dans
les armées prufliennes, pour apprendre la guerre
à cette, excellente école. 11 y parut avec de fuper-
bes équipages , une table recherchée, & tout l’attirail
de l’opulence & du luxe. Il fut furpris de fe
voir traité fans confidération. Son pofte étoit tou- WÊ
jours aux équipages ou aux hôpitaux 5 il eut même •
la dquleur amère de ne pas afliftér à la bataille de
Rosback. Les repréfentations qu’il fit faire plu-
fieurs fois au roi de Pruffe, n’ayant eu aucun effet,
il fe détermina à lui porter lui-même fes plaintes»
Votre manière de vivre dans mon camp , lui dit
Frédéric, eft un grand fcandale : il n’eft pas pof-
fible, fans beaucoup de frugalité, de s’endurcir aux
travaux de la guerre } &c fi vous ne croyez pa9
pouvoir vous faire à la mâle difeipline des armées
prufliennes, je vous exhorte à retourner en An-
gleterrre, page 11. >>
Ces différentes manières de fe débarraffer de fes
bagages font bonnes } les circonftances feules peuvent
indiquer quelle eft la meilleure : quelque bonne
que foit celle qu’on choifira , elle n’en changera
pas moins de nature , fi elle, n’eft fécondée par
l’exemple du général} exemple q u i, comme le
difettf Tacite , la raifon & l'expérience, eft un