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Les flèches font deftinées à couvrir une grande
garde ou à fermer l’entrée d'une redoute ou
d ’un autre ouvrage.
' Pour augmenter la force d’ une flèche , on
peut l’entourer de palifîades, de fraizes, de chevaux
de fr ize , de puits, de piquets de chauffe-
trape, de planches armées de clous, de vignes
militaires , de herfes de laboureurs, de ronces ,
d’épines , de petits foffés , d’ abatis , de capo-
nières cafematés , de foffés pleins & d e fou-
gaffes. Voyez ces mots 5 voyez auffi fortification
de campagne ( Supplément ) , avec des idées très-
oppofées à celles reçues jufqu’ à préfent.
Quant à la manière de tracer & de conftruîre
les flèches, voyez ouvrage en terre. ( Supplément.)
Fléchés. On donne auffi ce nom à deux
fortes pièces de bois fufpendues à la partie fu-
, périeure de la porte d’ une ville ou d’ un château
, auxquelles eft attaché un pont-levis qui
' fe leve & s ’abaiffe par le moyen de ces flèches.
F LOTTEMENT. Si l ’on adoptoit le principe
donné dans le di&ionnaire militaire, au mot !
alignement, quune troupe eft d'autant moins forte
quelle eft plus mal alignée..., on en auroit bientôt
conclu tou« les dangers du flottement, d’ ou fuit
pour l’ordinaire la deftru&ion de 1 alignement 5
& l’on auroit fenti la néceffité de préférer pour
toutes les marches quelconques, l’ordre le moins
fufceptible de flottement. Or , plus une ligne de
troupes eft longue, plus les files font peu profondes
, & plus auffi cette troupe eft expofée à
flotter & à perdre fon alignement ; mais quel
■ eft l’ordre ou le front des troupes eft le moins
long & les files les plus profondes? C ’eft l’ordre
en colonne, bien différent cependant de l ’ordre
profond des Romains, & encore plus de celui
des G re c s.... Obligé de prendre l’ordre mince
pour exécuter le fe u , & convaincu de la difficulté
& des dangers de marcher en confervant
lin front très-étendu, on a dû chercher une ef-
pèce d’ordre profond qui fe prêtât avec une
grande facilité à .tous les développemens exigés
pour étendre la ligne , de manière à pouvoir
faire feu.... On paroît donc bien convaincu des
avantages de l’ordre en colonne pour la marche;
mais on n’a pas encore affez entièrement abandonné
l ’habitude de vouloir faire marcher une
ligne , foit avant de faire fe u , foit en faifant
fe u , foit après l’avoir exécuté de pied ferme 5
on ne s'eft pas affez convaincu peut-être de la
néceffité d-j ne déployer des colonnes que dans
les Feux feulement ou les troupes font à l’abri
d’être attaquées & peuvent faire beaucoup de
mal par leur feu. Car hors de ces circonftances,
pourquoi les déployeroit-on ? fl. elles font hors
de la portée du feu de l’ennemi > elles ne pourvoient
auffi lui faire aucun maj avec le le u r , fl
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elles y font expofées ; ou l’on eft décidé à attaquer,
& alors il faur couvrir fa marche par le
feu des tirailleurs , en impofer à l’ ennemi par
l’artillerie légère , & marcher rapidement pour
l’enfoncer, mais en colonne ou dans un ordre
à huit ou feize de profondeur..... Pendant ce
temps, fi l’on peut fe permettre un feu d’ infanterie,
ce ne peut être que de la part des
parties de la ligne qui ont été refufées, 8c qui
relient dans l’ immobilité ; d’où l’on peut voir
combien, pour éviter les flottemens fi fort def-
■ truéleurs de l’ordre 8c de l’ènfenable , il faut
décider enfin les queftions les plus importantes
de la taélique , & fur lefquelles on a peut-être
très-mal interprété le grand maître moderne de
l’art de la guerre, qui a paru adopter de préférence
l’ordre à trois de hauteur, 8c s’eft appliqué
à faire marcher fes bataillons ainfi déployés.......
Mais en étoit-il de même à la guerre? On a de
la peine à le croire , quand on fait avec quel
art le grand Frédéric avoir organifë la marche
des colonnes, leur arrivée fur le terrein du combat
, & la manière de fe déployer affez à portée
de l’ ennemi pour l’attaquer incontinent > qui
fait même s’ il eût fongé à faire autant déployer,
fi-de fon temps l’artillerie légère eût fervi comme
de nos jours, fe fût autant approché de l’ennemi,
&"en portant dans fes rangs l’épouvante
& la mort, eut donné une auffi grande latitude à
l’infanterie pour marcher & attaquer en maffe ,
au moins à huit ou feize de profondeur.... Ce
problème, dont la folution a occupé les plus
grands tacticiens, commença à être réfolu en
partie par Guftave - Adolphe j ce -grand homme
de guerre fentit combien la formation des groffes
maffes d’infanterie étoient en contradiction avec
la nature des armes. 11 rangea fon infanterie fur
fix rangs, & lorfqu’ il formoit des brigades, elle
fe rangeaient fur ce principe ; mais là où il fe
croyoit obligé de former des corps profonds ,
pour les oppofer aux gros bataillons des Impériaux,
il les plaçoit en première ligne en mânes,
& la fécondé ligne les foutenôit fur l’ordre
étendu. — Toutes les puiffances adoptèrent cette
ordonnance & rejettèrent les mnffes profondes,
pour faire mettre l’infanterie fur fix ou huit
rangs j ce qui fe continua jufqu’à la fin du fiède
paffé, où l’ infanterie fe mit fur quatre rangs.
Mais l ’invention des fufils & leur maniement rapide
amena l’ordonnance fur trois rangs, vers
a fin de la guerre pour la fucçeflion d’Efpagne,
& la rendit enfin générale. Cependant confulta-
t-on alors toutes les obligations du foldat à la
guerre? Calcula-t-ôn qu’il ne devoir pas^feule-
ment faire feu , mais qu’il devoit marcher &
combattre quelquefois corps à corps ? Qu’ en
marchant il devoit éviter les flottemens, confer-
ver un alignement, prévenir toute confufion
dans les rangs & les files ; qu’ en combattant
corps à corps, il devoit pouvoir s’ affurer la
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viCloire par fa maffe s’ il eft à-peu-près d é - .
montré que ce n’eft; pas au feu de l’infanterie
auquel on doit le fuccès des batailles, mai* à
celui de l’artillerie 8c aux manoeuvres favantes
qui débordent 8c enveloppent une ou deux ailes
de l’en n em io u le perçent dans- fon centre, au
développement rapide ou à l’arrivée inattendue
de corps de troupes nombreux q u i, profitant de
la furprife de l’ennemi, l’attaquent & le culbutent
} on fera forcé- de convenir qu’ il faut encore
plus S’occuper de la manière la plus avan-
tageufe de marcher, de fe déployer & de porter
fur. l’ennemi des corps qui puiffent lui en impofer
8c le battré. — Là guerre faite par les François
pour leur lib e r té le s a vus prefque par-tout
ébranler l’ennemi par l’artillerie légère, les tirailleurs,
les chalîeurs à,cheval, 8c le renverfer
enfuite avec la bayonnette , en marchant en colonne
ferrée , au pas de charge, & en chantant
l’hymne des combats.... Ils ont rappellé par-tout
les beaux jours de- la Grèce , où les- armées du
grand roi furent diffipées par des poignées de •
citoyens combattant pour la liberté , & mar- ■
chant au combat en chantant, 8c au fon de. leur '
mufique gi.e-trière-
FOIBLESSE. Nous entendons ici par foi-
bleffe, les fautes commifes par rapport au foibie
que l ’on a pour quelqu’un, à la difpofition de
trouver bien ou d’excufer tout ce qui vient de
lu i, ou de lui accorder tout ce qu’ il demande 5 .
ainfi Agéfilas, roi de ^Lacédémone, confia à Pis :
fandre le commandemèüt de la flotte de Sparte,
non parce qu’il étoiî le plus dignq de cette
place , mais pour plaire à. fa femme, pour laquelle
il avoit un grand foib ie, & de laquelle
il étoit le frère. C et a d e de faibleffe fut d’autant
plus nuifible à l ’E ta t, que Pifandre perdit
k bataille & expofa le falut de Sparte.... Ainfi
le maréchal de îVrenne, cet homme fi prudent,
fi fage, fi réfervé, fi modéré, ne fut pas réfifter
à fon foibie pour une femme, & lui fit part
du fecret de l’Etat. Comment après'de pareils
exemples de foibleffe de la part d hommes auffi
recommandables qu’Agéfilas & Turenne, &
d’après les fuites fâcheufes de leur facilité à
céder à ce penchant, ne pas trembler avec rai-
fon pour des hommes bien moins vertueux &
trop fouvent même paffionnés 8c expofés à céder
non-feulement à leur propre foibleffe, mais
encore à celle des perfonnesqui les entourent,
les conduifent ou, les dominent. Leur maïtrefie,
leurs amis prétendus, des hommes cupides qui
mettent tout en oeuvre pour les fcduire, & qui,
uniquement occupés à connoître leurs foibles,
©nt un fi grand talent pour en profiler... A peine
un homme e ft- il en place, & déjà une foule
d’autres eft occupée à étudier .fes goûts, fes be-
foins, fes vices, fes qualités & fur-tout fes foibles
5 & s’ il n’eft pas continuellement fur fes
FON j,-t
gardes, s’il ne fe tient pas extrêmement ifolé
fi fon unique occupation n’eft pas l ’etude de
fon état, s’il écoute les perfcnnes qui l’entourent
fur d’autres objets que ceux dont il les a chargés
, s’ il s ’écarte un feul inftant de la ligne de
fon devoir, fut-il l’homme le plus parfait,,
le moins paffionné, le plus indifférent, il n’é vitera
pas les pièges dont il eft entouré, & ce
ne fera qu’en y tombant qu’ il pourra les apper-
cevoir. O vous , foibles 8c préfomptüeux humains,
qui ofez compter fur vos forces 8c parler?
de vos moyens quand vous follicitez des places;
vous fur-tout qui avez l’audace de vous croire
capable de les remplir, avez-vous réfléchi un-
moment aux fautes fans nombre qu’ont commis
& que commettent tous les jours les hommes,
les plus vertueux, & fe méfiant davantage d’eux-
mêmes ? Ave z-vou s pefé avec impartialité vos
forces ? Avez- - vous calculé le nombre de vos-
paffions l’empire qu’elles ont fur vous ? vos
foibles qui font devenus des- befoins ? Non y
fans- doute 5. vous n’ avez écouté que votre ambition
& celle de toutes les perfonnes qui ont
-déjà calculé fur le profit qu’elks retireront de
vos foibleffes 8c des faveurs qu'elles leur procureront
infailliblement.
FOIRES:- Les foires, étant le rendez-vous plus
ou moins confidérable des marchands forains &r
dts gens de la campagne , qui fe rendent à la
foire pour, vendre ou acheter on fentira facilement
combien il eft important, pendant la.
guerre, d’augmenter de vigilance, les jours où
"fe font ces fortes de raffemb'l-.’mens. On peut
prefque en dire autant des marchés; & lorfqu’om.
.craint les projets de l’ennemi fur une ville ou
! un pofte de guer re, & qu’on eft chargé de les-
défendre,, il eft néceffaire de profcrire ces af-
femblées , ou de tes faire tenir éloignées de la-
place ou- des poftes , en ayant encore le plus-
grand foin de les faire furveiller. Il feroit inutile
de répéter ici les faits hiftoriques qui viennent
à l’ appui de la néceffité , pour les com-
mandans de places- ou de poftàs , de redoubler
de vigilance dans ces occafions ; il doit fuffire
d’en faire mention , afin de rappeller aux militaires
combien font nombre ufes les obligations
qu’ils s’ impofent, en fe chargeant d’une place
quelconque à remplir pendant la guerre.
FONDS pour la guerre. Il y a relativement
“ à la guerre deux grandes vérités qui font fi bien-
■ démontrées & fi fort à l’avantage de l’huma-
j.nitë , que l’on eft douloureufement affeétë en
étant forcé de fe convaincre de 1a- manière barbare
doi.t on les oublie, & des maux qui en-
céfultent pour les malheureux humains.
La première de ces v érités ,. c’ëft qu’il n’eft
peut-être aucune guerre néceffaire .-Ceci a beCoi»;