
veille, jeûne, (oufifre & ris ; écoute les vieux ,
ümir'e Ls vieilles; jette ton argent aux femmes,
ton honneur aux hommes ; flatte tout le. monde
& n’aime que to:.
Si tu veux réntfir, perlîfte dans cet exercice
toute la vie; garde-toi furtout d’avoir des re*
mords, fans quoi tu n’iras pas loin.
Et à quoi mènent toutes ces peines ? À de la
cendre ou à de la fumée.
INVALIDES. Quoiqu’il y ait déjà un article
du général Lacuée fur les invalides , dans le Dictionnaire
auquel celui-ci ferc de fupplément, je
ne faurois m’empêcher de donner ici 1 extrait d’une
addition à l’article invalide, qui fe trouve dans la
première Encyclopédie.
Lé plus grand des malheurs que la guerre entraîne
après elle, c’eft la confommation d’hommes,
& le minière de la guerre eft quelquefois occupé
vainement à remplacer tout ce que le fer, le feu,
les maladies, la défertion , laifient de vide dans
une armée. Quelques campagnes enlèvent à la
France une grande partie de cette jeuneffe qu’elle
a mis bien des années à élever, & les enrôle.mens
volontaires ou forcés dépeuplent les campagnes.
Pourquoi ne pas employer les moyens qui fe préfet!
té ne, de rendre quelques habitans à; ces communes
où trop fouvent l’on ne rencontre plus
que des vieillards & des filles de tout âge.
Quel inconvénient y auroît-il de ftatuer que tout
défenfeur de la patrie , auquel fe s fervices, fes actions
ou fes bleflures auroient mérité la vété-
grancè, & qui ne feroit pas placé dans lès demi^
brigades de vétérans, fe reçireroit dans fa commune
, & qu’il y jouiroijt d’un traitement de 60
centimes par jour s’il s’y maiioit, & de 40 centimes
feulement s’ il ne fe marioit pas. On conçoit
bien que les invalides, c’eft-à-dire, ceux que leur
âge, leurs infirmités ou leurs bleflures rendroient
incapables de fe marier ou même de fe fervir.,-fe-
roient placés dans l’hôtel de'Mars à Paris, ou dans
ceux deftinés à cet objet dans chaque divifion milita
:re.
L’auteur de YEfprit des Lois, dit que là où
deux perfonnes peuvent vivre commodément, il
s’y fait un mariage ; il ajoute que lès fille«, pour
plus d’une raifon, y font affez portées d’elles-
mêmes , & que ce font les garçons qu’il faut encourager.
Un foldat avec 60 centimes par jour, & ce que
pourra gagner fa femme avec le produit de fon
travail & de fon économie, aura préeilement ce
qu’il faudra pour vivre commodément avec une
compagne : voilà donc un mariage.
Le foldat fera encouragé par le bénéfice de la
loi ; la fille, par la raifon que tout la gêne étant
fille, & qu’elle veut jouir de li liberté que toutes
les filles croient appercevoirdans l’état de femme.
Un nomme, dans une commune de campagne,
avec zeo livres de rente affûtées, quand même il
| feroit hors d’état de travailler, fe trouve plus
riche que la plus grande partie des habitans du
! même lieu, tels que manouvriers, bûcherons,
vignerons, tifleranas & autres. On fuppofe, avec
j aflez de raifon, le travail de ces hommes borné à
j deux cents jours dans l’année, le furplus, comme
I les fêtes, les journées perdues par la rigueur des
faifons, la maladie , &rc. ne pouvant point entrer
en compte. Or, il eft bien rare , ou plutôt il n’eft
pas ordinaire que ces hommes gagnent 1 franc
par jour, ce qu’il faudroitpour égalifer la fomme
allurée aux vétérans mariés. Voilà donc l’égalité
de fortune établie entre le foldat & les habitans
de la campagne.
Il feroit en outre fort aifé de prouver qu’indé-
pendamment du prpduit de quelque léger travail
ou de quelque petit.commerce dont le vétéran eft
le maître de s’occuper, il fera plus riche & plus
en.état de bien vivre, fans bras avec fa paye, que
le payfan fans paye avec fes bras. Quelle eft donc
la fille qui refuferoit un vétéran même eftropié ,
■ qui ne peut dans aucun>cas être à fa charge, &
qui peut lui procurer du bien-être ? Et quel eft le
vétéran qui, connoiffant fon état, ne croira pas
qu’il y a de la générofité dans le procédé d’une
fille qui vient ainfî, en l’époufant, s’offrir à partager
avec lui fon bien-être & fes peines ?• Cela
peut donc faire de très-bons mariages, & voici
l’utilité dont ils pourroient être à l’état.
Ces vétérans maries auroient des enfans : on
pourroit exiger que tous les enfans mâles, à
moins de mauvaife conformation, d’infirmités,
de défaut de taille ou de quelques autres raifons
qui feroiept pîévues par la loi faite à ce fujet,
feroient deftinés à fervir l’état comme foldat, de
dix-huit à vingt-trois ans. En conféquencè le
père & la mère recevroient pour eux 3 fr. par
mois, depuis l’inftant de leur naifiance, jufqu’au
moment où ils auroient atteint l’âge de dix - huit
ans. Cette fomme dé 36 fr. par année mettroit
du bien-être dans le ménage, & aideroit à élever
l’enfant, & même à l’éduquer. 10 centimes de
plus par jour dans, un ménage, à la campagne,
procurent de l’aifance. '
Il ne faudra pas avoir recours à de grands calculs
pour prouver les avantages qu’il y aura pour
l’état & pour les vétérans, dans le mode que l’on
propofe. A l’ hôtel dès invzhdes, il en coûte 1 fr.
40 cent. parjour pour la nourriture & l’entretien
de chaque invalide j ce qui eft plus du double de
ce. que coûteroit un vétéran marié dans une commune.
A l’égard des vétérans ou invalides dans
lès nouvelles fuccurfales que l’on vient d’établir,
ils. y coûteront 1 fr. 20 cent, ce qui feroit encore
le double de plus : il y auroit donc une grande
économie pour le tréfor public. Quant aux vétérans
, on fait que ceux renfermés dans l’hôtel,
font autant d’hommes perdus pour l’état ; qui
font privés, en y entrant, & de l’efpérance de fe
voir, renaître dans une poftérité/ & de celle de
revoir
revoir leurs parens ni les amis de leur enfance :
rien ne les follicite à fe marier ; tout au contraire
le leur défend, & il eft des cas où il ne fuffit pas
de permettre, il faut encore encourager. L’effet
du mariage eft le foutien des empires ; il faut pour
pour ainfî. dire l’ordonner.
On a demandé d’envoyer chaque vétéran dans
la commune où il eft n é, dans la perfuafion où
l’on eft qu’un vétéran placé dans une commune
éloignée de fon pays natal, auroit de la peine à
s’y établir: il ne faut laiffer à combattre aux filles
que la forte d’antipathie naturelle pour les imper- fe&ions corporelles; il ne faut pas ajouter celle
de sellier à un inconnu.
Il y a dans les habitations de campagne une
honnêteté publique qui ne fe rencontre que là :
tous font égaux en privation de fortune, mais ils
ont un fentiment intérieur qui n’autorife les alliances
qu’entre gens connus.
Tel vétéran en veut à ma fille, dira un payfan ;
j’en fuis bien aife ; il eft de bonhe race, j’en ferai
mon gendre : expreflion naïve du fentiment d’honneur.;
_ - „
On n’entre pas dans de plus grands détails fur
les moyens d’exécution de ce projet, des privilèges
à accorder aux vétérans mariés, de la né-
ceflité de les établir de préférence dans des communes
de campagne voifines des grandes communes
où ils pourroient être nés, de préférence
à ces grandes communes, &c. On fe contente d’avoir
laiffé entrevoir la néceflité, la poflibijité &
futilité des mariages pour les vétérans qui peuvent
en contracter.
Quelques perfonnes pourroient peut être craindre
qu’une partie des vétérans qui fe marîèroient,
ne s’ennuyaffent bien vite d’un genre de vie pour
lequel ils rPauroient pris aucune habitude, &
qu'alors ils n’abandonnaffent leur femme & leurs
enfans.
Si le vétéran marié renonçoit aux privilèges de j
l’honneur, & s’il devenoit fourd aux cris de la j
Nature, qui dit fans ceffe d’aimer & de protéger fa !
femme & fes enfans, les difpofitions de la loi
l’empêcheroient de s’écarter de fon devoir. Dans
le cas d’abandon de ce qu’il doit avoir de plus 1
cher, il feroit déclâré déchu des grâces de l’état,
fa paye lui feroit ôtée en entier, fans aucune efpé- ■
rance de pouvoir la réobtenir, & la totalité de la
paye feroit dévolue à la femme fi elle avoit deux
enfans & au deffus ; la moitié fi elle n’en avoit j
qu’un , & le quart fi elle n’en avoit point.
Il n’y auroit donc pas lieu de craindre que le
foldat renonçât à une vie douce & tranquille
pour faire le métier de vagabond & d’homme
fans aveu, genre de vie humiliant par lui - même,
& qui le priveroit fans retour du fort heureux
dont il ne tiendroit qu’à lui de jouir & de partager
avec fa famille.
A l’égard des filles qui, la plupart dit-on,
auront de la répugnance à s’unir à un vétéran
Art Militaire. Suppl. Tome 1K.
1 eftropié, on a oublié fans doute que partout on
trouve les filles difpofées au mariage, parce que
tout les en follicite en tout tems, l’efclavage
dans l'adolefcence , l’amour-propre & celui de la
liberté dans la jeuneffe ; l’envie d’avoir ou de
jouir dans l’âge mûr, la crainte du ridicule & de
cette forte de mépris attaché au titre humiliant
de vieille fille : voilà bien des motifs de quitter
un état où la Nature & fe s befoins font perpétuellement
en procès avec les préjugés.
La loi pourvoiroit auflï à affurer ï ’exiftence de
de la femme qui deviendroit veuve avant que le
dernier de fes enfans eût atteint l’âge de dix-huit
ans. ( Foyei V é t ér an , dans ce Supplément.)
IVROGNERIE. En parcourant l’hiftoire des
différens peuples , en lifar.t les récits des voyageurs
, on eft tenté de regarder l’ivrognerie
comme une des pallions ou des foiblelfes les plus
communes parmi les hommes. On voit, en effet,
prefque tous les légiftateurs rechercher avec
. foin les moyens les plus propres à prévenir l’i-
vreffe ou à détruire l’ivrognerie, & les peuples
les moins civilifés font ordinairement ceux qui y
font le plus adonnés.
L’homme qui n’eft pas dominé par cette paf-
fion , conçoit avec peine comment elle peur
exifter : cependant elle eft malheureufement très-
commune ; elle règne parmi les militaires, elle y
produit de grands maux, & il feroit heureux de
trouver les moyens de la prévenir ou de la détruire.
„Alexandre vit fa vie abrégée & fa gloire ternie
par le goût du vin j Attila en fut la viCtime : on
avoit donné à Artus de Coffé le furnom honteux
de maréchal des bouteilles. Le tempérament de
Pierre-le-Grand fut ruiné par le vin, & dans 1*t-
vreffe il commit des aétes de cruauté & de fureur
dont Phiftoire a confervé le fouvenir. A la
journée de Cafteinaudari, le vin caufa la perte
d’un grand-homme ; au paffage du Rhin, fous
Louis !XIV, le grand Condé fut la victime de
l’intempérance de quelques-uns de fes fubor-
donnés. L’ivreffe fit manquer au maréchal de
Rantzau quelques projets qui auroient ajouté à sa
gloire; enfin Santa-Cruz cite un général efpagnol
qui, dans le vin, ordonna de donner l’affaut à
une ville aux murs de laquelle il n'y avoit point
de brèche.
Mais autant on doit infifter fur les moyens de
bannir l’ivrognerie parmi les officiers français,
autant il faut s’occuper des moyens de la détruire
parmi les foldats, où elle fait les ravages les plus
funeftes. C’eft toujours de l’ivreffe que naiffent
les querelles qui privent l’état de fes plus intrépides
défenfeurs ; c’eft au cabaret où le foldat,
éloigné de fes officiers, forme des complots de
défertion. Pour fatisfaire au goût du vin, le
foldat vend fon linge, emprunte, & fe trouve
obligé enfuite de déferter fes drapeaux. La moitié
Xxxx