
commifiîonnaîre général, fera- toujours nuifible
à l’éta t, auquel il coûtera des appointemens ; aux
manufa&ures qu’ il pourra vexer , auxquelles du
moins il peut faire la loi ; aux troupes, qu'il
mécontentera toujours même quand il fera le
bien. Tels font les hommes , ils n’aiment point;,
& ils ont raifon , qu’un tiers s’immifce dans leurs
affaires ; ils loupçonnent toujours que ce tiers
étant homme n’efi: point à l’abri de la féduâion
de l’or. Les magasins 3c leurs gardes ; les bureaux 8c leurs fcribes -, les verfemens , reverfemens ,
faux tranfports , tout cela retombe fur le cônfora-
mateur & même fur le fabricant, Ce font-là des
vérités généralement reconnues 8c dont nous
avons démontré l’évidence. Vo/eç notre article Ha b
i l l e m e n t ■, nous croyons avoir prouvé qu’ il feroit
avantageux de laiffer aux troupes l’abfolue dif-
pofition de leurs fonds pour l’habillement, 8c
donné un moyen (Impie , facile 8c peu difpendieux
de|fe ménager .des approvifionnemens en cas de
guerre.
Le directoire devoit retenir huit deniers » par
jour pour l’infanterie Trançoife & les hu(Tards :
dix deniers pour l’infanterie étrangère & légère ,
,airïfi que pour la cavalerie & les dragons : onze
deniers pour l’artillerie , les mineurs 8c les ouvriers
; un fol pour les chafièurs. A la fin de
l ’année le' directoire devoit fournir le bordereau
de chaque régiment 8c le régiment payer l’excédant
de fes demandes, ou recevoir l’argent qui
lui avoit été retenu de trop.
J’ai vu un calcul par lequel on prouvoit que les
bénéfices fur le produit de l’argent que le directoire
touehoit avant d’être obligé de payer les fabricans,
auroit pu fuffire à tous les faux frais que caufe
cette branche de Tadmini'ftration. Nous n’entrerons
point dans ces détails , ils font inutiles puifqu’ il
eft démontré , fans leur fecours , qu’il n’eft pas né-
eeffaire de créer pour l’habillement des troupes un
directoire commiflionnaire.
§• I I I .
Directoire de Vadminijlration des Hôpitaux.
Entraîné par l’amour du bien & par le charme
îrréfiftible que la vérité a pour moi, j’ai cru devoir
montrer l’inutilité du directoire de l’habillement
te les vices du directoire des fubfiftances militaires
; guidé par le même m otif, je donnerai à
l ’établiffement du directoire des hôpitaux militaires
les louanges qu’ il mérite. Il doit en effet paroître
aux yeux de tout homme impartial non-feulement
utile , mais encore néceffaire. Comment, fans
J’ établiffement de ce directoire , les chefs de l’ad-
miniftration militaire auroient-ils pu fuivre les
rameaux, aufii variés que nombreux, que cette
branche préfente. Ce directoire avoit encore cet
avantage fur les autres, que n’étant ni marchand
ni même commlfiionnaire, il ne pouvoît donner
à la malignité aucune prife fur lui. Il retenoit, il
eft vrai , en fes mains , deux cinquièmes de la mafle,
affeélée pour la guérifon de l’armée , mais cette
retenue éçoit néceflaire. Comme les fonds dont
on avoit laifTé aux régimens la libre difpofition ,
pouvoient fuffire à .ceux qui étoient bien conf-
titués , qui étoient placés dans les climats fains \
dans de bons établiffemens militaires & qui ne
faifoient point de mouvemens extraordinaires ,
il eut été vicieux de leur payer une ma (Te plus
forte ; mais comme ces mêmes fonds ne fuffifoienc
point à ceux qui Te trouvoient placés dans des
circonfiances contraires •, à ceux qui étoient obligés
de louer des édifices pour placer leurs malades ;
a ceux qui étoient obligés de les faire entrer dans
les hôpitaux de charité , il falloir bien charger un
comité d’apprécier cette augmentation de dépenfe;
il falloir bien encore veiller à l’entretien des
édifices & à l’approvifionnement des objets chers
& d’ un ufage non journalier qui doivent fe trouver
dans les grands hôpitaux, & c’étoit-là les fonctions
du directoire : c’étoit avec les fonds qu’il
gardoit en réferve 8c dont il comptoit avec le
confeil do la guerre , que le directoire faifoit ces
achats & ces dépenlès -, c’ étoit encore avec ces
fonds que le directoire devoit former les prix
d’encouragement qu’ il fe prppqloit de donner aux
officiers de fanté 8c qu’il fabriquait les jetons ,
prix de l’ afli.duité des membres du confeil de
fanté. Foyei H ô p i t a u x , o f f i c i e r s d e s a n t é ,
& CONSEIL DE S A N T É .
Le directoire des hôpitaux militaires étoit com-
pofé de cinq membres : de deux officiers généraux
membres du confeil de la guerre •, d’un com-
mifTaire des guerres 8c de quelques officiers dé
I fanté pris parmi les anciens médecins & chirurgiens
des armées , diftingués par leurs connoif-
l ’ances dans leur art & dans la partie adminif-
trative des hôpitaux.
Le premier des officiers de fanté qui compo-
foient le directoire, en étoit le rapporteur, & le
fécond étoit le vice-rapporteur. Ces deux officiers
de fanté qui étoient employés avec le même titre
auprès du confeil de fanté , /ormoient ,entre le
directoire 8c le confeil de fanté , le- canal de
communication qui devoit exifter entre ces deux
comités du même corps. C a r , d’après l’efprit de
la loi , le directoire des hôpitaux 8c le confeil de
fanté ne formoient qu’ un corps divifé en deux
parties ; une , le directoire , étoit chargé de
l’adminiftration des finances & de'- la partie
exécutive, & l’autre, le confeil de fanté, de tout
ce qui étoit relatif à l’objet médical.
Le rapporteur mettoit fuecefiivement fous les
yeux du directoire les délibérations du confeil de
fanté, & fous les yeux du confeil les demandes
du djreâoire. Il devoit tenir un regiftre exaét de
tous les officiers de fanté employés, foit dans les
D I |
hôpitaux , foit dans les régimens , avec des notes
fur leurs talens & lur leurs fervices , afin de
pouvoir en rendre compte au directoire. Il faifoit
tous les rapports dont il avoit été chargé, il mettoit
en délibération tous les objets traites dans ces
rapports , 8c tous ceux qu’ il croyoit utiles au bien
du fervice.
Le commiffaire des guerres étoit chargé de. la
tenue des regiftres , de la correfpondance , de
la vérification & de l’examen des comptes;
-DISCRÉTION. C ’eft en Italie qu’eft née
l’exprefilon vivre a discrétion. Permettre aux
foldats de vivre à diferétion, c’efl leur donner le
droit d’exiger des habitans d’un pays ou d’un
endroit quelconque , tout ce qui eft néceffaire
à la fiuisfaétion , non-feulement de leurs befoins ,
mais même de leurs défirs. Les peuples policés
né-' font plus vivre leurs foldats à diferétion ,
même fur le territoire du peuple vaincu. L’indiici-
pline auroit bientôt détruit le corps à qui on
auroit permis de v-iyre ainfi.
Se rendre à diferétion , c’eft fe rendre fans
capitulation. Jadis un efclavage long & dur 8c
quelquefois la mort , étoit le fort réfer-vé a celui
qui Ce rendoic à diferétion , aujourd’hui celui qui
le rend de cette manière éprouve, il eft v ra i, des
humiliations militaires, mais fes jours fant toujours
en sûreté. C’eft-là un effet des lumières
qui éclairent notre fiècle.
D I S T A N C E (fuppl. )
De la dijlance entre deux hommes du même rang.
Les ordonnances militaires veulent qu’on ne
laiffe aucune dijlance entre les hommes d’ un
même rang *, on a prétendu, par le rapprochement
extrême , remédier à la foibleffe de notre ordre
habituel. Ce remède produit quelques avantages,
mais il a de grands inconvéniens pour les marches,
pour le feu, & en auroit encore davantage fi
l’on combattoic à l’arme blanche. Il eft en effet
ïmpoflible qu’un homme qui eft ferré , preffé par
fes deux voifins marche avec aifance , vife avec-
adreffe , & qu’ il pare avec facilité les coups de
l’ennemi ou qu’ il lui en porte de très-affurés.
Cette vérité avoit été fentie par tous les peuples
de l’antiquité. Foyeç T actique. Il éft des tacticiens
qui réduifent à 18 pouces l’efpaçe que
chaque homme en bataille doit occuper -, d’autres
le portent à zo pouces , d’autres enfin à a i.
D ’après un grand nombre d’expériences que j’ ai
faites , je me crois fondé à dire qu’il faudroit
le calculer fur 23 ou même fur 24 pouces : alors
fi y auroit environ un pouce de diftance entre
chaque homme & cette dijlance , toute petite
quelle eft , leur donneroit beaucoup de facilité
loit pour faire feu , foit pour marcher. Ce qui
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m’ a conduit-à cette conclufion , c’eft l’olifervation
fuivante. Toutes les fois que j’ai mefuré le front d’ un
bataillon qui ve noir d’être correctement aligné, après
un repos, j’ai vu que chaque homme n’occupoit, il eft
vrai, que a i pouces,mais après une marche,ou apres
un feu de deux rangs , j’ai vu toujours que chacun
occupoit environ vingt-quatre pouces. Ne di~
fons point au foldat. de laiffer cette diftance
d’un pouce , car il en laifferoit une plus grande;
mais calculons toujours comme fi nous lui avions
dit de la prendre, car il la prend conftamment.
De la diftance entre les rangs.
La difiartfe entre les' rangs d’une même troupe
a beaucoup varié , on en connoiffoit il n’y a
pas encore long-temps deux ou trois différentes,
il n’en eft aujourd’hui qu’une feule ufitée. Les
ordonnances veulent que' cette diftance foit de
vingt - un pouces., à compter des talons de
l’homme qui eft derrière aux talons de celui
qui eft devant. -Cette diftance eft - elle fuffi-
fante, 8c la manière dont on la mefure efl>
elle bonne.
Il eft néceffaire de rapprocher beaucoup les
rangs afin que les hommes du premier (oient
moins fou vent bleffés par ceux du troifième,
& afin que le pas puiffe être emboîté. Mais
eft- il réellement pofiible de marcher un pas
emboîté? je ne l’ai jamais vu exécuter ailleurs
que fur une efplanade , ou dans un hangard.
Voye^ Marche & Pas. Mais eft-il réellement
pofiible de faire feu quand on a le fac fur les
épaules, ou même quand on l’a dépofe, fi l’on
n’ a confervé que vingt - un pouces de diftance
entre les rangs? Toutes le's- fois que j’ai mefuré
les diftance s après un feu de deux rangs ,
j’ ai trouvé qu’il s’étoit établi entre chacun un
efpace de deux pieds ; toutes les. fois que
j’ai mefuré les dijîances après une marche dans
un terrain labouré ou peu uni, j’ai eu les mêmes
réfultats. De ces obfervations je me fuis cru
autorifé à conclure que - la diftance entre les
rangs devoit être comptée fur vingt - quatre
pouces. Je ne prétends cependant point qu’on
doive ordonner d’augmenter la diftance , mais
qu’il eft prudent de calculer comme fi elle étoit
augmentée , & fur-tout de ne jamais faire tirer
à la fois plus de deux, rangs de notre infanterie..
Voye^ Feu.
La manière nouvelle dont on a ordonné de
mefurer la diftance entre les rangs eft vicieufe,
en ce que le foldat ne peut guères juger lui-
même s’il ne s’eft point trompé. Ne vaudroit-
il pas mieux revenir à l’ancienne méthode ^ en
mefurant du dos de l’homme du -premier rang,
à la poitrine de celui du fécond, on rend cette
opération plus facile. N ’attachons cependant jamais
une trop grande importance à ces minuties :