
854 P O N rend imperméable : on en fait des taffes , des bouteilles,
&c.
On connoît lJufage des taffetas ou toiles recouverts
de quelques couches de .cette même diflo-
lution; ils deviennent imperméables à l 'e a u S e a u x
fluides aériformes.
Le ca o u t c k o u ç_3 fort rare il y a cinquante ans ,
eft devenu fort commun , & l'on fait qu'il [peut
être remplacé par le fuc de nombre d’arbres de
la Guyanne , moins rares que celui qu’on tire du
Pérou. Il peut auffi être remplacé par plufieurs
de nos huiles végétales : l’expérience en a déjà été
faite p o u r celle de lin , dont on s ’ e f t fervi pour
faire des fondes de chirurgie, & dont on a enduit
des taffetas avec fuccès.
Son vernis fèche même plus complètement que
celui de la diffolution du ca o u t c k o u c $ ainfî les outres,
foit qu’on les conftruife en cuir , foit qu’on
les préfère en toile enduite de c a o u t c k o u c , ou
d’huile de lin préparée par. les oxides des métaux,
ou oxigénée, peuvent être rendues imperméables.
On pourioit fe fervir de coutil ou de toile à
fix fils , comme dans la marine, dont on fait des
.tuyaux de conduite pour les pompes foulantes.
On peut aufli fabriquer un cuir végétal avec
l'huile de lin oxigénée, au moyen de plufieurs
couches de cette huile, appliquées fuccemvement
l'une fur l'autre à mefure qu'elles font léchés. On
fe fert d’un moüle pour remplir cet objet.
Sans doute cela exige des expériencès , mais
elles feroient très-aifées à faire pour les outres pro-
pofées. En attendant ces elfais faits en grand, on
fe bornera à de plus petits, i°. avec le cuir préparé
, 2°. la toile verniffée , 30. le cuir artificiel
par la diffolution dir c a o u t cho u c , ou de l'huile de
lin oxigénée. On auroit bientôt fait les autres ef-
fais fi la forme que l’on fe propofe de donner aux
outres étoit approuvée.
F o rm e des ou tr es.
Une feule forme & des dimenfions femblables
étoient nécelfaires pour toutes les outrés , afin
qu’elles puffent réciproquement fe remplacer, &
qu’il n'y eût pas à fe méprendre dans l’ordre de
leur affemblage.
D e f c r ip t io n d e s ou tr e s p r o p o f e é s . '
Le capitaine Wilhiac propofe une forme éloptique
pour'le facdeToutre, mais le' châffis S t le
plancher auxquels feroit fixé'le fond fupérieur,
feroient un héxagonejymétrique. Les dimenfions
de l’outre feroient de fix p'ié'ds trois pouces dix
lignes pour le grand axe , & deux pieds pour le
petit ; la h a u t e u r f e r o i t également de deux pieds 5
ce qui porteroit la folidité à un peu plus que dix-
huit pieds c u b e s .- Elle ne plongeroit donc en entier
que fous une charge de douze cent foixintè-
dix livres (poids); mais à<caufe des réductions
néeeffaires, tant par la compreflibilité de■ l'air que |
par l'inégal rempliffage des outres, on ne les
fuppoferoit capables de porter*qu’un peu plus de
mille livres ( poids ).
Le châflis auroit de longueur fix pieds neuf pou.
ces trois lignes, & pour fa plus grande largeur,
deux pieds neuf pouces trois lignes : fa moindre
épaifleur & fa hauteur feroient de quinze lignes.
Un plancher recouvriroit aufli le fond inférieur
des outres. Il y feroit attaché, comme le plancher
fupérieur, par des lacets de fer à écrous , & ne
déborderoit que de quinze lignes. .
Le plancher fupérieur feroit garni, x°. de fix
anneaux de fer, placés aux fix angles de l'héxa-
gone ; ils ferviroient à lier les outres enfemble;
2P. d'un double robinet en cuivre, deftiné à laiffer
entrer ou à retenir l’air dàns l’outre; 30. d’une
couliffe faite de deux membrures , dans laquelle
fe logeroit la traverfine , qui répartiroit fur deux
outres le poids du tablier.
Le châffis feroit garni, fur les deux faces latérales
, de huit couflinets ou rondelles de: liège,
dont l’objet feroit d'empêcher la dégradation, des
châflis flottans l’un fur l'autre, de tenir les outres
à une plus grande diftance entrélles, &de donner
plus de liberté à l ’écoulement du courant.
O u tr e m ife a la fe r r e p o u r le ira n fp o r t .
Lorfque l’outre, que l’on peut fuppofer dilatée
, fe contraéleroit, fes parois fe repliant fur
elles-mêmes, viendroient fe loger dans la hauteur
du châflis ; elles y feroient reçues en entier ainfi
que toute l'épailïeur du plancher inférieur; alors iïx
crochets placés aux fix angles de la face inférieure
du châflis, quitteroient, en tournant, les crampons
fur lefquels iis étoient en repos, & viendroient
s-’agraffer fnr les pitons du plancher inférieur, en
gliflant furies crampons,.afin de tenir l’outre fermée
& pour empêcher tout balotement.
Ainfi l'outre fe trouvant à la ferre , dans une
boîte bien clofe Ï pourroit être chargée fur
la plus petite voiture ou fe tranfporter à dos de
mulet : le poids de chacune devant être de foixante-
dix livres , un mulet en porteroit facilement quatre;
une charrette de Franche-Comté, facilement
quatorze ; deux autres charrettes porteroient les
madriers, tabliers, uftenfiles & approvifionnemens
nécelfaires pour le montage de ces quatorze outres,
& la nourriture des chevaux, charretiers , &c. de
façon que trois charrettes légères y deux charretiers
au. plus '& trois -forts chevaux pourroient
.tranfporter les objets. nécelfaires pour .remplacer
deux pontons, lefquels exigent deux haquets très-
lourds , quatre charretiers & feize .chevaux. Si
l’on fe fervoit de mulets , il en faudroit huit &
quatre charretiers.
La manoeuvré pour remplir l’outre d’air deman-
derôit trois, hommes $£• une fécondé de tems,
fins leifeçéurs d’aucune machine* Deux hommes
prenant les extrémités du châflis & appuyant avec
le pied fur le bord du plancher inférieur, n’au-
roient qu’à lever pour dilater l’outre & la remplir
de l’air de l’atmofphère, qui y defeendroit par fon
propre poids; un troifième homme fermeroit au
moment même le robinet, & l’outre feroit prête
à flotter.
U fa g e d e s ou tr es.
Les outres ainfi conçues vont offrir une manoeuvre
très-rapide, & l’application la plus fim-
ple. Dans tous les cas de paflage de fleuves, rivières
,' ruifleaux, fofles, marais, &c. &. même dans
le cas d’un débarquement maritime, elles fe prêteront
à tous les befoins des armées fous des formes
variées , ou de ponts ou de radeaux , & fans
demander plus d’appareil ni d’autres moyens fup-
plémentaires , que quelques amarres & le tablier
ordinaire des ponts.
F o n t f u r u n . f le u v e rap id e .
Voudra-t-on pafler des fleuves rapides ou de
grandes rivières ? à mefure que les outres feroient
enflées & mifes à l’eau, elles feroient aflemblées
en train de fept (trois à la fuite l’une de l’autre
dans leur longueur, & deux de chaque côté de ces
trois, & appuyées contr’eilës; ce qui auroit alors
la forme de la bafe d’une arche de pont ). Ces outres
feroient liées par deux cordes, paflees dans les
anneaux ; elles le feroient encore par deux cordages
légers pour chaque outre, qui, fixés d’un
bout & à demeure aux pitons du plancher inférieur
, viendroient, en fecroifant, s’attacher par
l’autre extrémité , à l’angle oppofë du plancher
fupérieur ou à celui de l’outre voifine. Cette'
fécondé amarre a le double objet, i° . de retenir
dans la perpendiculaire le fond inférieur de l’outré
, qui doit tendre à l’en écarter quand elle
plongera fous'le fardeau ; i ° . de faire connoître
la déperdition de l’air dans les outres. Le relâchement
de ces cordages l’annonceroit d’abord, &
des noeuds, placés de diftance en diftànce fur leur
longueur , ferviroient à la mefurer.
Enfin, des poutrelles feroient placées dans les
coulifles ; elles formeroient trois cours de traver-
fines , par le moyen defquelles les poutrelles du
tablier porteroient fur toutes les outres à la fois.
Le train d’outres ainfi formé, remplaceroit avec
avantage le ponton de cuivre, comme il eft facile
de s’en convaincre. Le ponton ne peut être em- !
ployé que fur des rivières peu larges, & dont lé
courant eft peu rapide. Il ne peut porter que des
fardeaux de quatre à Cinq milliers, fans être expôfé \
au danger de la fubmernon ; l’outre au contraire
feroit facilement furchargée de fix à fept milliers.
Il feroit plongé à fleur d’eau , fans avoir rien à
craindre de l’agitation des flots ; il n’offrir oit aucune
prife au courant, puifqu’il le fendroit par les
bouts minces & arrondis des outres, & livreroit
de plus paflâge aux eaux par les intervalles que
l'épaifleur des châflis & ceile des couflinets ont
mis entre les outres.
O u t r e s com m e b a tea u x .
Le train pourroit auffi remplacer les bateaux
d’arfenal & même les bateaux les plus grands
que l’on emploie aux ponts pour la grofle artillerie
& les gros équipages de l’armée : à cet effet, il
fuffiroit de prolonger le train par l’addition de
deux , trois, quatre ou fix outres; le train devien-
droit alors capable de porter neuf, dix ou douze
milliers. Voici comment le tablier fe prêteroit à
cette augmentation : deux poutrelles & les tra-
veifines nécelfaires ayant été ajoutées fur l'un 5c
l’autre côté du tablier , on enleveroit de diftance
en diftance un madrier que l’on remplaceroit par
deux autres , mis bout à bout ; ils déborderoient
ainfi les premiers de là moitié d’une longueur ; fur
les bouts paflant, d’autres madriers, placés au
long , formeroient un trotoîr que l ’on élargiroit
à volonté. Le pont offriroit alors un paflage de
vingt pieds, quoiquè les madriers ne foient longs
que ,de dix ; car le plus grand avantage de cet
équipage de pont , & le plus indifpenfable à
fon objet, étant de pouvoir être transporté partout
, on a dû, afin de n’être pas arrêté dans les
chemins tournans, réduire les, longueurs le plus
qu’il a été poflible.
T a b l ie r d iffe r en t p r o p o f e .
C’eft d’après cette condition impérative que
les poutrelles ont été formées de deux pièces.
Leur articulation fe fait de deux manières, &
toutes les deux auffi expéditives, ce fëmble , que
les .clameaux au moyen defquels on les fixe ordi-r .
nairement. La première eft à boutons, avec cla-
vètes. La fécondé eft compofée d’une patte &
d’une frète. Cette dernière, en permettant aux
bouts articulés de glifler l’un fur l’autre , fauve-
roit de la fujétion d’une exactitude rigoureufe
& prefqu’impoflible dans l’efpacement des trains. ,
Sur la rivière, elle dojineroit de la fouplefle au
tablier par le jeu qu’elle permettroit entre la vraie
& la faufîe poutrelle , lorfque le train voifin flé-
chiroit fous le fardeau.
R a d e a u continu, f u r l e s ea u x f a n s c o u ra n t.
Avec les mêmes matériaux , le pont feroit jeté
beaucoup plus Amplement & plus vite fur les eaux
qui n’auroient que peu ou point de courant.
Pour un paflage brufque, par exemple, fur une
petite rivière ou fur les fofles d’une fortification
inondée, les hommes de la tête de la colonne apportant
les outres, les poutrelles 8c les madriers ,
les outres feroient enflées, à me fnr e jetées a l’eau,
Nnnnn 2