la vitefle avec laquelle il fe fait * afin de pouvoir
juger du tems qu’une troupe emploie à parcourir
tel ou tel elpacs connu.
Enfin* ce qui eft une conféquence nécefiaire *
que l'on établifies l’accord des mouvemens dans
la marche d’une troupe* non-feulement dans
chaque rang & file 5 mais encore dans toute
une troupe nombreufe qui marche, foit en bataille
* foit en colonne.
Homme placé.
Il faut remarquer que le foldat n’ eft prefque
jamais un être ifolé * prefque partout il fait
partie d’un rang ou d’ une file.
Une file eft un compofé de phifieurs hommes ,
placés les Uns derrière les autres * fur un alignement
perpendiculaire au front de la troupe.
Un rang eft compofé de plufîeurs hommes
placés les’ uns à côté des autres.
Dans l’une & l’autre pofition * la façon dont
le foldat-eft placé * n’eft pas indifférente.
Comme homme de file , il doit être quarré-
ir.ent devant lui , 8c couvrir l’homme qui le
fuit* ou être couvert par rhomiiKi qui le précède.
Comme homme de rang * il doit être le point
d’une ligne droite, être aligné avec les hommes
qui le fùivent de droite & de gauche, avoir
le corps aplomb & la tête bien placée.
Enfin *- ce même homme porte une arme,
s’en fert * change de pofition & de place, d’ où
naît le maniement des armes & la marche. Pour
cela * l’homme doit être placé * lès bras feuls
& les jambes doivent fe mouvoir* le corps doit
être toujouis immobile 5 & les mouvemens finis ,
le foldat doit fe trouver dans la pofition primitive.
' : .
Mais ici* comme il ne faut que de l’ attention
&c de la bonne volonté, il s’ uffit pour bien
faire concevoir * de joindre toujours* te tout
de fuite* la; pratique, à la théorie.
Pour parvenir à habituer le nouvel élève à
être toujours bien placé, on mettroit d’abord
fes deux talons alignés & à deux pouces * la
pointe dès pieds environ à huit pouces l une de
l’autre * les cuiffes* les- os du baflin & les jambes
bien aplomb fur les talons* le ventre en arrière
* la poitrine ouverte 8c. faillan-te fans affectation
; le dos applati, le corps n’inclinant pas
plus fur. une hanche que fiir l’autre j . les bras
peudans fur les cô.të,s, fans, aucunë -gêne. ; la
fête droite, le'regard fier, hardi. 8c 'décidés
enfin, les épaules & les’ talons dans une même
ligne droite & perpendiculaire au terre in qu’il
occupe. Pour habituer l’ élève dans cette pofition*
on le placeroit * comme on vient de le détailler ,
ifolé & fans armes. D’abord * on le laifferoit
peu de tems dans cette pofition gênante dans
les commencemens ; enfuite, on viendroit par
l’habitude à le laiffer tiès-long-tems & avec les
armes, dans une pofition qui eft le principe de
toutes les autres* & qui doit contribuer à lui
donner de l’ aifance pour toutes celles qu’ on
voudroit lui montrer.
Aplombs.
Dès que l’élève feroit bien affermi fur la pofî-
tion de fo’n corps * il faudroit le faire pafter
aux aplombs * c’ eft-à-dire l’accoutumer &Mui
apprendre à s’ affermir fur l’une 8c l’autre jambe
mcceffivement * à y bien prendre 8c conferver
fon équilibre* 8c acquérir par ce moyen le talent
detre maître de fon corps, pour pouvoir marcher
avec plus d’affurance cc d’aifance.
Pour bien prendre l’aplomb fur l’une & l’autre
jambe * il faut que la ligne que l’on conçoit
tirée du centre de g-avité* 8c qui tomboit d’abord
dans l’ elpace qua (Iran gui aire qui comprend le
fol occupé par les deux plantes des pieds * tombe
feulement fur celui qu’occupe la plante du pied
fur lequel on prend l’aplomb} i l eft donc nécef-
faire que la pofition du corps fe change imperceptiblement
* 8c qiie fon, poids fe porte fur la
jambe qui eft en repos. Si donc l’on veut prendre
l’aplomb fur la jambe droite , il faut légèrement
ÿ.incliner le çorps* fans que là tête * les
épaules* ni le ventre changent de pofition ; enfuite
ii faut porter la jambe gauche en avant* de façon
que le jarret foit tendu * le talon à deux pouces
de terre, & la pointe du pied* à un pouce 8c deix.I
feulement. Après avoir refté quelque tems dans
cette pofition * on peut pafter légèrement cette
même jambe* 8c la porter en arrière; enfin,
on peut la porter à côté de l’autre , & reprendre
la pofition primitive. Dans ces trois mouvemens,
le corps a dû toujours refter immobile jufqu’à
la fin du troifième *, ou reprenant la première
pofition, l ’on rapporte fur la jambe qui arrive,
le poids du corps qui lui appartient, lorfque
toutes les deux font en !repos & placées.
L’aplomb fur la jambe gauche doit être pris
comme celui fur la jambé droite.
Les mouvemens de l’aplomb bien exécutés*
& la tranfitioh de l’état d’équilibre fur une feule
jambe à celui de l’équilibre fur deux-, le corps
étant toiijburs bjc-.n placé, on a donné aux élèves
les1 principaux principes de la marche* qui n eft
autre choie qu’un,.équilibre continuel.&c fucceûif
fur -çhaque jambe l'une après l'autre.
Pas en avant.
On vient de voir la manière dont on pouvoit
inftruire les élèves de pied ferme; mais il faut,
encore les faire mouvoir pour marcher en avant.
Si l'on veut faire partir de la jambe gauche, on
la fait porter à-peu-près un pied en avant fans
que le corps ni la jambe droite remuent ; à .me-'
fure que la jambe gauche va plus avant pour
finir le pas, le corps s’inclinej le talon droit
s’élève * & le ' mouvement de la jambe droite
commence pour aller en avant dès que le pied
gauche eft placé.
En inftruifant les élèves de la manière dont
ils doivent faire le pas * il faut que leur corps
refte toujours droit & quarrément* que la tête
foit placée* que le jarret fe plie d’abord pour
commencer le mouvement, s’étend® enfuite infen-
fiblement à mefure qu’on finit le pas 5 ,1e talon
à deux pouces, la pointe du pied à un & demi
du terrein que Ton parcourt.
Pas en arriéré.
Le pas en arrière n’eft pas naturel * il peut '
cependant être utile dans quelques occasions 5 il
faut le marcher très-peu de tems * & ne le faire
que d’ un pied en inclinant le corps un peu en: '
avant.
Pas oblique.
Afin de ne pas obliger le corps à obliquer* j
en exécutant ce pas quelquefois utile *^il faut
que la jambe fur laquelle on croife forme un pas
d'un pied * tandis que l’autre jambe qui marche 1
du côté où l’on oblique eft portée fur le cô'.é à
deux pieds ail moins* & fuivi par le corps* en
ayant foin de tenir en arrière l’épaule qui eft
oppofee au côté où l ’on marche * afin de conferver
l’alignement dans lequel on eft parti.
Observation.
Le* Prufliens qu’on ne fiuroit jamais trop citer
en fait de ta&ique , n’ont qu’ un feul pas qui eft
de foixante-feize à la minute ; ils n’ en connoif-
fent aucun autre, aufli l’exécutent-ils avec une j
exaêlitude* à laquelle on croit pouvoir attribuer
toute la préçifion de leurs manoeuvres.
Seulement ils l’alongent quelquefois au lieu de
le redoubler; mais en s’en tenant toujours ftric-
tement aux foixante-feize par minute ; 'a in fi de
vingt pouces ils peuvent-le porter à trente, ce
qui fait acquérir tout de fuite un tiers de vîtefle
de plus.
A droite.
Aux principes de la, marche doit fuccéder la
manière de faire face de différens côté§> pour
faire à droite* on tourne fur le talon gauche, de
gauche a\droite dans le premier tems ; dans le
fécond on place le pied droit à côté du gauche*
les deux talons parallèles & le corps quarrément.
i j j '- . * A :g a u ch e .
, Pour faire à gauche, on tourne fur le talon
gauche > de droite à gauche dans le premier
tems ; au fécond on place le pied droit 8c : le
corps revient quarrément.
D .’em i- to u r 'a d ro ite . -
Pour faire face à l’oppofite de l’endroit où l’on
eft , il faut porter le talon droit à trois pouces en
arrière de la place qu’ il oeçupoit 5 au fécond tems
tourner fur les deux talons de gauche, à droite *
& au troifième rapporter le pied droit à côté
du gauche & placer le corps quarrément.
Les mêmes mouvemens pour revenir face en
tête.
. Homme '- en rang.
Les élèves bien inftruits* feuls à feuls dans
tous ces principes, on- les formeroit en rang * en
plaçant à chaque extrémité ou des caporaux ou
des élèves bien formés ; afin d’inftruire chaque
élève du terrein qu’l doit occuper, on le fuppô-
feroit placé dans un quarté dont les côtés auroient
vingt-quatre pouces * afin de pouvoir s’y mouvoir
à l’ aife. 8c dans tous les fen$. On 'leur expli-
queroit que les hommes en rang doivent être
unis les uns aux autres, fans fe gêner dans les
mouvemens qu’ils peuvent avoir à faire; on
feroit çonfifter cette union à faire toucher légèrement
à.chacun d’eux avec leur coude droit,
le coude gauche de l ’homme qui eft à leur droite ;
enfin l’on infiftïrojit encore à les faire marcher
droit devant eux , & à ne fe jeter ni à droite
ni à gauche; fuivroient enfuite tous les principes
dont on les a inftruits feul à feul.
Homme en file.
Les élèves bien inftruits en formant un rang
on les mettroit en file. Les inftruétions feroient
les mêmes ; mais les foins deviendrôient plus
néceflaires. Ici l’élève feroit encofejmoins ifolé
que dans le rang * il^aurpit des hommes devant
lui, il en auroit derrière}' la régularité dans fes
mouvemens, deviendroit donc d’autant plus
importante, que fans cette uniformité il gêneroit
les hommes qui feroient derrière ou devant,lui*
ou en feroit gêné.
Bientôt on augmenter oit ces rangs 8c ces files
d’abord peu nombreux. On formeroit des corps.
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