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une contribution pécuniaire, la répartition de la
Comme totale de cette contribution fera faite à
raifon du tarif arrêté chaque année par le gouvernement
, pour le remplacement en argent de chaque
foldat.
Cette répartition fe fera fur les confcripts | au
marc la livre de leurs contributions , tant foncières
que mobilières , ou de leurs pères.
É Seront exempts de la contribution ceux dont les
cottes de contribution n’excéderont pas io f.
Les fommes provenantes des contributions admîtes
en remplacement, feront verfées dans les
mains de qui fera ordonné par le gouvernement,
mais toujours deftinées au recrutement des armées.
M o d e d u r em p la c em en t p a r la fu b f i itu t io n d a u t r e s
p e r fo n n e s.
. Si l’affemblée des confcripts a délibéré de faire
remplacer par d’autres citoyens les fpldats demandés
à la commune ou à l’arrondiffement pour
. fon contingent , il leur fera accordé un délai de
huit jours pour repréfenter les foldats à fubftituer,
& ceux-ci ne feront admis qu’après la vérification
faite par le maire & confirmée par le fous-préfet,
cette admiffion devant toutefois être confirmée
par le commandant de la divifîon.
Ces foldats fubflitués ne feront pas âgés de plus
de quarante ans , et de moins de vingt-un.
Ils ne feront atteints d’aucune infirmité incôm- ;
patible avec le fervice militaire ; ils ne feront j
convaincus d’aucune condamnation à peine afflic- j
tive.
. Si dans le délai prefcritJ’affemblée des conscripts
n’a _ças préfenté les foldats qui doivent être fubf-
titués à ceux demandés, alors il fera procédé au
tirage au fort, fe'on la forme prefcrite ei-deffus,
fi mieux n’aiment les confcripts recourir à la voie
du remplacement par la contribution pécuniaire.
B é n é f ic e d u r em p la c em en t a cco rd é a u x in d iv id u s .
Indépendamment du bénéfice du remplacement
accordé à l’affemblée générale des confcripts de
chaque commune ou arrondilfement, chaque individu
fur qui le fort feroit tombé, pourra jouir
du même avantage, & il fera admis aux deux manières
de remplacement approuvées, par la loi.
En conféquence, il pourra, dans les huit jours, à
compter de celui où le fort lui eft échu, préfenter
à fa place un homme avec les qualités requifes ,
ou bien payer comptant la fomme fixée par le gouvernement
pour le remplacement d’un foldar. I
Les perfonnes qui liront ou qui auront lu dans |
ce D i c t io n n a ir e le mot F o r c e p u b l i q u e , nous |
trouveront peut-être en contradiétion avec nous-
mêmes, dans ce que nous venons de propofer ici {
pour le recrutement des armées. Dans l’article j
F orce publique, nous demandons les jeunes gens 1
de vingt-un & vingt-deux ans, & nous ne les
raifons fervir que deux ans. Ici nous étendons le
recrutement furies citoyens, depuis vingt-un ans
jufqu a quarante j mais là, nous avons cru propofer
ce qui feroit pour le mieux j ici, nous propofons
ce que nous croyons être le moins mal dans la
fuppofition où l’on perfifteroit à préférer une con£
cription militaire, non pas telle qu’elle a été dé-
crétée , mais corrigée de la manière dont nous la
propofons.
RÉPUTATION. Il y a des hommes affez fûrs
A3^ez fatisfaits de l’opinion qu’ils ont d’eux-
mêmes, pour être indifférens fur celle des autres,
& il y en a qui en font plus tourmentés que des
befoins de la vie.
i^e aeur a occuper une place dans 1 opinion des
hommes a donné nailfance à la réputation, ref-
fort puiffant dè la fociété.
Une réputation honnête eft à la portée du commun
des hommes : on l’obtient par les vertus fo-
ciales & la pratique confiante de fes devoirs.
Cette efpèce de réputation n’eft ni étendue ni
brillante , mais elle eft fouvent la plus utile pour
le bonheur, & celle à laquelle on devroit s’attacher
de préférence.
^Un homme qui occupe de grandes places , un
general furtout, ne doit rien négliger pour fa réputation
j il en eft comptable à fes concitoyens &
au monde même j il doit donc bien fe garder de
facrifièr fa réputation à fa renommée. Ce feroit
aimer bien généreufement l’humanité, que de la
fervir au mépris de la réputation , ou ce feroit
trop méprifer les hommes , que de ne tenir aucun
compte de leurs jugemens : les gens en place ne
doivent jamais oublier que l'on jouit bien plus de
fa réputation que de fa renommée.
On ne jouit en effet de l’amitié, del’eftime,
du refpeét & de la confédération , que de la part
de ceux dont on eft entouré & dont on eft per-
fonnellement connu : il eft donc plus avantageux
que la réputation foit honnête, que fi elle n’étoiç
qu etendue & brillante : la renommée n’eft trop
fouvent qu’un hommage rendu aux fyllabes d’un
nom.
Si 1 on reduifoit la célébrité à fa valeur réelle,
on lui feroit perdre bien des fe&ateurs : laréputa-
tion la plus étendue eft toujours très-bornée. Com-
» a W M ^’hommes à qui le nom d’Alexandre
n eft jamais parvenu ? Ce nombre furpaffe fans aucune
proportion celui de ceux qui favent qu’il a
^t(r |e conquérant de l’Afîe. Quel caractère de
foibleffe, que de pouvoir croître continuellement
fans atteindre à un terme limité l 'On fe flatte du
moins que' l’admiration des hommes inftruits doit
dédommager de l’ignorance des autres j mais le
propre de la renommée eft de compter, de multiplier
les voix & non pas de les apprécier.
Les réputations ufurpées qui produifent Je plus
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d'illufionj ont toujours un côté ridicule qui de-
vjoit empêcher d’en être fort flatté. If
Une forte d’indifférence pour fon propre mérite
eft donc le plus fûr appui de la réputation : la
modeftie eft le lèul éclat qu’il foit permis d’ajouter
à la gloire.
RETRANCHEMENS. Quoique l’on ait traité
cette partie fi intéreffante de l’art de la guerre
avec beaucoup trop de Iégéreté dans ce D i c t i o n n
a ir e , nous croyons inutile de nous en occuper
ici après ce que nous en avons dit en traitant,
dans ce S u p p lém e n t , d e la fo r t if i c a t io n d e c am p a g n e ,
au mot F o r t i f i c a t i o n , d’après les idées de 1*officier
général, que nous regardons comme l’homme
de ce fiècle qui a développé le plus de génie dans
l’art défenfif.
RICHESSES. Ce n’eft pas , difoit Diogène ,
pour avoir de quoi vivre fimplement avec des herbages
& des fruits qu’on cherche à s’emparer du
gouvernement d’un état, qu’on saccage des villes,
qu’on fait la guerre aux étrangers ou même à fes
concitoyens, mais pour manger des viandes ex-
quifes & pour couvrir fa table de mets délicieux.
Juftin, faifant la defcription des moeurs des anciens
Scirhes , dit qu’il méprifoit l’or & l’argent
autant que les autres hommes en font paffionnés ,
& que c’eft au mépris qu’il font de ces vils métaux
, ainfi qu’à leur manière de vivre fimple &
frugale , qu’il faut attribuer l’innocence & la pureté
de leurs moeurs , parce que, ne connoiffant
point les rfchefEs, ils n’ont que faire de convoiter
le bien d’autrui.
Les Lacédémoniens furent un des peuples de la I
terre qui eut fans cloute la meilleure police, les f
plus belles & les plus fages inftitutions civiles &
militaires, & celui chez lequel la vertu, la discipline
& la bravoure furent le plus en honneur &
produifirent les plus grandes chofes tant qu’il
Gpnferva les lois de fon fublime légiflateur j mais
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après, comme le dit Plutarque, que l’amour de
l’or & de l’argent fe fut gliffé dans la ville de
Sparte, avec la poffeflion des richeffes fe trouvèrent
l ’avarice & la chicheté, & avec la jouif-
fance s’introduifirent le luxe, la molleffe , l’indif-
cipline, la lâcheté & la volupté.
A peine les richeffes de l ’Afîe eurent-elles pénétré
dans la république romaine , & bientôt fes braves
légionnaires ne furent plus que des foldats amollis
par les jouiflànces : la aifcipline fut négligée, l’on
craignit de fervir, & l’on ne tarda pas à être
obligé de chercher des foldats dans les dernières
claflès du peuple.
Un très-petit nombre d’hommes fait acquérir
la rich. ffe fans bafTeffe & fans injuftice} il eft permis
à un beaucoup plus petit nombre d'en jouir
fans inquiétude, fans remords & fans crainte ;
aucun peut-être ne fauroit en être privé fans douleur
: les richeffes ne font donc communément
que -des hommes vils, des méchans ou des ef*
claves.
Combien la grande majorité des généraux français
, des commiffaires des guerres, des entrepreneurs
, & généralement des employés du gouver--
nement, n’ont-ils pas mérité les reproches des étrangers
& de leurs concitoyens , pour toutes les dilapidations
& les vols inouis qu’ils fe font permis
partout où ils ont fait la guerre î Leur luxe , le
fafte de leur table & de leur vêtement, leur immoralité
qui contraftoient fi fort avec la mifère
extrême du foldat, à qui feul l’on devoit la victoire
, couvrira à jamais leur nom d’une honte
ineffaçable, & fera oublier leurs belles actions ,
pour ne fe rappeler avec indignation que de leurs
richeffes fi mal acquifes & de leur fafte doutant
plus déplacé , que la plupart d’entr’eux, nés dans
les dernières claffes du peuple, avoient à peine le
plus mince néceffaire avant que la guerre de la révolution,
& principalement le régirhe de la terreur
, ne fut venu porter la plupart d?entr’eux à
des gradés ou à des places qu’ ils n’auroient jamais
dû occuper.