
dangers delà guerre encre le riche & le pauvre,
& les rende moins fréquens & moins redoutables.
Quand il fe répandra fur la terre pour de
nouveaux combats un tel fléau de deftru&ion ,
qu il menace également le pauvre qui fe bat aux
frontières _> & l'intérieur de la cité , où le riche
infcnfîble ne prête pas même l'oreille au récit
de fes horribles fouffrances , ou qui s'endort
dans la moheffe, au fon des inftrumens de fes
courtifanes. Et c’eft alors que les guerres feront
moins fréquentes j c’eft alors que les peuples fen-
tiroient^ enfin leurs droits, leur folie , leur mi-
fere 5 c’eft alors qu’ils fentiroient qu'ils ne font
qu’une feule & même famille , que la nature ne
les créa égaux frères que pour leurs communes
jouiflances , & non pas pour s’entredévorer
».
. 33 Un jour peut-être quelque bienfaifant génie
faura nous infttuire , nous réveiller tous à
la vie fociale , & Terminer une dernière guerre ,
qui fera la plus horrible j il ira dans les cieux
faifir la foudre, par des procédés qui ne nous
paroiffent point impoflibles , & du même coup
qui frappera le monftre de la guere , pour ne
plus reparoitre , il fera fortir du chaos univer-
fel la douce lumière j qui apprendra enfin aux
nations la route unique & sûre du vrai bonheur
».
» Jufque-là, que de fang, que de larmes funèbres
! . . Pauvres humains ! »
Vous avez fait, dit Voltaire, un bien mau- i
vais fermon fur l’impureté , ô Bourdalou ! !
mais aucun sur ces meurtres variés en tant de
façons , fur ces rapines, fur ces brigandages , ;
fur cette rage univerfellë qui défoie le Monde, j
Tous les vices réunis de tous les âges & de
tous les lieux n’égaleront jamais les maux que
produit une feule campagne.
Miférables médecins des âmes, vous criez
pendant cinq quarts-d’heure fur quelques piqûres
d’épingles , & yous ne dites rien fur la maladie
qui nous déchire en mille morceaux !. .
Philofophes , moraliftes , brûlez tous vos livres ;
tant que le caprice de quelques hommes fera
loyalement égorger des milliers de nos frères 5
la partie du genre humain confacrée à l’hé-
roïfme fera ce qu’il y a déplus affreux dans la
nature ■ entière.
Que deviennent & que m’importent l'humanité,
la bienfaifance, la modeftie , la tempérance
, la douceur , la fageffe , la piété , tandis
qu’une demi-livre ■ de plomb tirée de fix ceints
pas me fracaffe. le corps , & que je meurs à vingt
ans dans des toiirmens inexprimables , au milieu
de cinq ou fix mille mourans j tandis - que mes
yeux qui s’ouvren: pour la dernière fo is , voient
la ville où je fuis né détruite par le fer & par la
flamme , & que les derniers fons qu’entendent
mes oreilles, font les cris des'femmes & dès en-
fans expirans fous des ruines, le tout pour les
prétendus intérêts d’un homme que nous ne con-
noiffons pas.
Les malheureux harangueurs parlent fans cefle
contre l’amour., qui eft la feule confolation du
genre humain & la feule manière de le réparer j
ils ne difent rien des efforts abominables que
nous faifons pour le détruire.
GUERRE. ( Art de h ) On ne pourra pas
trouver déplacé que l’on donne ici un extrait de
l’ouvrage de Machiavel fur l’art de la guerre.
» Les républiques nedoivent pas permettre que
: la profeffion des armes s établiffe & s’exerce en
tems de paix , elle favorife les ufurpations
Au tems où écrivoit Machiavel, on ne fentoit
pas la néceffité d’avoir des troupes pour fe trouver
en mefure contre les autres puiffances de
l ’Europe 5 mais la fageffe de la république doit
reconnoître le principe , & conféquemment n’avoir
aux drapeaux que les officiers , fous-officiers
&r peu ou point de foldats : quelques camps chaque
année doivent fuffïre pour l’ihftru&ion de
l’enfemble & de tous les foldats-citoyens ren-
vpyés'chez eux.
» Les monarchies ne doivent pas moins s’en
» préfervër > les gens de guerre corrompent un
« r o i, & fe font rriniflres de toute tyrannie......
» ( pag. 1 1 ) Ils fe rendent redoutables aux
» princes même. ( pag. 13 ) Exemple, les R.©-
» mains».
» Point de moyens fuffifans d’entretenir des
» foldats quand il n’y a point de guerre. On peut
» fouff ir quelques garnirons permanentes de fol-
» dats ou gens de-pied pour la garde des châ-
» teaux forts. ( pag. 17. ) Quant aux gens-d’ar-
» mes , je les.entretiendrois par voie d’ordon-
» nance , mais non pas femblables à celles que
» les François tiennent, parce que leur gendar-
» merie eft trop ' dangereufe &. infolente , aufli
» bien que la nôtre 5 mais bien.je fuivrois la fa-
» çon défaire des anciens, qui lsvoient les gens
» à cheval de leurs fujets ; & au tems de paix ,
» on les envoyoit à leurs mai fons vivre de leur
» métier. ( pag. 18 .) Mais on les feroit exer-
» cer chez eux féparément. (pag. 39.) Chaque
» Etat doit fe faire fervir par fes fujets. ( p. 20. )
» On n’a que la fie des autres nations. D’ail-
» leurs, on a à craindre de leur part trahifon &
» ambition au lieu que la République qui fe
» fert de fes armes , n’a tout au plus à craindre
95 que
» que Tufurpation des citoyens, mais elle n'a
» jamais lieu tant qu’il y a des ennemis à com-
» battre , ce n’eft qu’en tems^ de paix que fe
y» concertent de tels projets ( pag* 16. ) ».
Au tems de Machiavel , c’étoit une efpèce
de néceffité pour les fouverains de fe fèrvir de
troupes étrangères , ( furtout pour l’infanterie )
qui leur étoient plus entièrement dévouées } ce
ne fut que tard , & après de très-longues guerres
y furtout après celles de Louis XIV, que
chaque fouverain eut des troupes nationales à fa fol dé 5 encore l’ufage d’avoir des Suiffes , des
Allemands , des Wallons, des Italiens même , fe
conferva-t-il chez plufieurs fouverains j mais il
faut toujours en revenir à ces deux principes fi
importans pour une république : ne point fou-
dcyer d’étrangers pour fa défenfe, ne point ou
très-peu garder de troupes pendant la paix.
» Taille des foldats indifférente , c’eft Ia;forme ,
» qu’il faut confidérer. (pag. 2 9 . ). Si l’on veut
» prévenir les^ défordres des gens de guerre à
» l’égard des citoyens , il faut empêcher que les
» chefs ne foient à la tête des gens de leurpro-
» vince , dé crainte qu’ils- n’obtiennent trop
»d’empire, ou que les mêmes ne commandent
» aux mêmes compagnies plus d’une année. ( pagl
Cette idée, qui étoit celle du defpotifme,
neparoît pas convenable dans une république,
furrout fi pendant la paix les troupes ne font
raflemblées que momentanément , & pour s’entretenir
dans les exercices & les principes relatifs
à l’art de la guerre.
» Armes des anciens dans les armées ( p. 40)
» le bàfton , l’épieu , pavoi, piques, &c. ».
» Armes a&uelles. ( pag. 43/) Les foldats ont
» un alerot pour la défenfe du corps J pour
» l’attaque, un bâton long de 17 pieds s qu’on
» appelle une pique , avec une épée au côté ,
» qui n’eft guère pointue. Il y a parmi les gens
» de pied les arquebufiers , lefquels tieunent la
33 place des archers qui tiroient de l’arc , & les
» autres qui tiroient de la f ronde. ( pag. 44. )
» Les Suiffes ont inventé la pique pour arrêter
99 le choc delà cavalerie } les troupes de Char-
93 les VIII, qui en fai foient ufage , la firent
» adopter en Italie ».
» La meilleure manière d’armer une armée ,
» feroit de donner â la moitié de l’infanterie le
» pavois à la romaine, à deux fixièmes la pique,
^es' arÇlue^ s i l’autre fixième. Quant à
»»"Ri cavalerie, elle ne vaut rien pour l’attaque
» d’une troupe bien armée & bien en défenfe; j
elle peut-fèrvir 1 faire des- découvêtres , à ]
Art Milit. Suppl. Tome LV'»
» h a r c e l e r l’ e n n em i , à le p o u r f u i v r e d a n s u n e
» d é r o u t e . ( p a g . j o — ƒ 1 . ) » .
» L ’ a r t i l l e r i e d o i t p e u f e r v i r d a n s u n e b a t a i l l e
M à d é c o u v e r t . ( p a g . 1 0 4 j & c . ) » .
O n p e u t v o i r , d ’ a p r è s c é s d i f f é r e n t e s i d é e s ,
c o m b ie n f o n t g r a n d s l e s c h a n g e r f i e n s a r r iv é s
d an s l ’ a r t d e l a g u ê t r e . O n p o u r r o i t c e p e n d a n t
e n a d o p t e r q u e l q u e s - u n e s p o u r la m a n iè r e d ’ a r -
; m e r o f f e n f i v e in e n t & d é f e n f i v e m e n t p a r t i e d e
: l 'in f a n t e r ie . M a i s la c a v a l e r i e e f t d e v e n u e u n e
a rm e t e r r i b l e , & i ’ a r t i l i e r i e t e l l e m e n t n é c e f -
f a i r e . q u e d ’ e i l e - f e u i e d é p e n d a é lu e i l e m e n t l e
f o r t d e s b a t a i lle s . , f u r t o u t d e p u i s l a m a n iè r e
d o n t a f e r v i j d a n s la g u e r r e d e l a l i b e r t é , l 'a r t
i l l e r i e l é g è r e f r a n ç o i f e .
A l 'o c c a f î o n d e l a c a m p a g n e d e 1 7 7 8 & 1 7 7 9 j
l e r o i d e P r u f f e d i f o i t à u n v i e u x m i l i t a i r e :
n o u s n ’ a v o n s p a s f a i t g r a n d ’ c h o f e d a n s l a d e r n
i è r e g u e r r e , n o u s n ’ a v o n s e u q u e d e f o i b l e s
f a c c è s ; c ’ e f t q u e ' n o u s f a i f o n s l a g u e r r e à d e s
c a n o n s , & n o n à d e s h o m m e s . J’ a u r o i s p u e x é c
u t e r q u e lq u e c n o f e , rn'ai's j ’ a u r o i s f a c r i n é p lu s
d e ‘a m o i t i é d e m o n a r m é e , & f a i t c o u l e r b i e n
d u fa n g in n o c e n t ; f i j’ a v a i s f a i t c e l a , j ’a u r o is
m é r i t é q u ’ o n n f’ e û t d o n n é l e f o u e t d e v a n t l e
f r o n t d é l ’ a rm é e . Les guerres deviennent terribles
a faire. E t a lo r s o n n ’a v o i t p a s é p r o u v é e n c o r é
t o u s le s a v a n t a g e s q u e l ’ o n p b u v o i t t i r e r d e
l ’ a r t i i l e r i é d ë g è r ê i
» T r o i s f o r t e s d ’ e x e r d é e s n é c e f f a i r e s : c e u x
» q u i f a c i l i t e n t l e s m o u v em e n s d u c o r p s , c e u x
» q u i a p p r e n n e n t à m a n ie r l e s a r m e s , c e u x q u i
» c o n c e r n e n t l ’ o r d r e d e s m a r c h e s , d e s c o m b a t s ,
» d e f e p 'a r q u e r e n a rm é e . ( p a g . y 5 . ) » .
» D i f p o f i t io n s d ’ u n e a rm é e p o u r u n e b a t a i l l e .
» T r o i s o r d r e s d e b a t a i l l e , ( p a g . 6 y — 66— 6 7 -—
68-. ) ».
» E v o l u t i o n s & m o u v e m e n s . ( p a g . 6 9 ) B a g a -
99 g e s , a t t i r a i l s . ( p . j 6 . ) A r t i l l é r f e . ( p . 7 3 . ) D e s
» v i v t e s p o u r u n e a tm é e . — P a in a e s a n c i e n s
» d a n s l e s a rm é e s . — ^ L e u r s p r o v i f îo n s . ( p a g e s
” 15T — I 9o* ) B u t in d e s a rm é e s & f o l d e d e s
>9 t r o u p e s . ( p a g . i j ô ) C a m p em e n t . — G u e t &
» g a r d é d u c a m p . .( p a g . 2 8 2 ) P o l i c e d u c am p .
>»J( pa-g: 1 8 4 . ) F o r t i f i c a t io n s . ( p a g . 2 0 7 . ) M i -
» n é s . ( p à g . 2 2 8 . ) » .
P o u r q u o i , f e d em a n d o i t u n n i i l r t a i r ë t r è s -
in f t r u i t , l ’ a r t d e l a g u e r r e f e t r o v e - t i l l i v r é à
u n e f o u l e d e p r in c ip e s v a g u e s , i l lu f o i r e s , in -
c e t t a in s ? C o m m e n t f e f a i t - i l q u e t a n t d ’ é c r i t s &
d’ o r d o n n a n c e s n’ a i ë n t f e r v i ju fq ü ’ à p r é f e n t q u ’ à
é g â r e r l ’ in f t r u d i o n d e s g e n s d e g u e r r e , e n f a t i g
u a n t in u t i l e m è i i t l e u t a p p l i c a t io n , q u a l a r é t r é c
i t , e n ' l a t é d u i f a n t à a e s ' v é r i t é s p u é r i l e s & in -
F f f f