
tiquer dans la traverfe, nous lèverions aifêment
ees obftacles. Il ne faudroit pour cela , que remplacer
par des bayonnettes ordinaires les fers
de-lance que nous avons propofés : pour rendre
le bout des mâts propres à recevoir nos bayon-
nettes, il ne faudroit que réduire la groffeur de
leur partie fupérieure à celle de nos canons de
fufil -, la diminution qu’ on -leur feroit éprouver
ne leur feroit point nuilible. Les bayonnettes né-
ceflaires à nos mâts , nous 1ère lent fournies ou
par les derniers rangs de notre ordonnance, ou
ce qui feroit mieux encore ; par nos arfenaux. Les
foldats du premier rang porteroient ces hayon-
nettes j ce feroit une diitinciion qui , loin de leur
être à charge , leur feroit fouvent utile , car nous
avons prouvé article Bayonnette , qu’ il efl fouvent
utile d’en donner deux aux faclionnaires.
Que Pon adopte le fer de lance ou que l’ on
uréfère la bayonnette nous n’en devons pas moins
difpofer le mât de manière à ce qu’ il puifle présenter
ion fer à la hauteur du poitrail du cheval,
& de le fixer dans cette pofition , de manière à
ce qu’il ne puifie ni glîffer en arrière , ni être
arraché ou renverfé avec facilité : pour cela je
place à fon extrémité inférieure une fourché de
fer dont les branches ont huit pouces de longueur:
lorfque cette fourche efl fichée obliquement dans
la terre , elle empêche de mât devenu lance de
reculer : lorfque cette fourche eft plantée perpendiculairement.,
elle donne au mât allez'de l'olidité
*our qu’un vent médiocre ne puifle le renverfer ,
I c e lle ne lui en donne cependant point affez pour
«m’il oppofe une réflftance trop opiniâtre à un
vent violent. Ainfi le changement que 1 addition
de la fourche fait éprouver au m â t, loin d’etre
dangereux eft au contraire utile.
A deux pouces de l’extrémité du mât & dans ■
fa partie inférieure , j’ai placé un morceau de fer
auquel j’ai donné la forme d’un ergot de coq. Cet
ergot met la lance dans l’impoffibilite abfolue de
clilTer en arrière i il ne nuit point au mât, car il
t e porte point à terre i lorfque le bois eft planté
perpendiculairement.
Deux petites mains de fer fixées vers le milieu
de mon mât , fervent, au moyen de deux piquets
de neuf à dix lignes de diamètre & de trois
pieds de longueur, à conftruire un chevalet qui
inaintienéla pointe de la lance a la hauteur de
trois pieds & demi, & qu> la rend immobile.
Ces deux mains ne nuiront point au bois , coniidere
comme mât, elles feront même utiles au foldat.,
car elles pourront lui lervir a fufpendre fan havre-
fàc ou quelqu’autre objet.
Les deux piquets de neuf à dix lignes de ^ diamètre
& de trois pieds de long , y compris le
fer dont ils font armés, augmenteront, il elt vrai,
le poids des uftenfiles de campement ; mais cette
augmentation fera compenfée par la loUdite que
les tentes acquerront, car ces piquets pourront etre
placés aux quatre angles de la tente.
J’ai placé à deux pouces du pied du mât un
petit morceau de fer rond, de trois lignes de diamètre
& de deux pouces de longueur'-, ce morceau
de fer aidera au foldat à faire entrer dans la terre
la lance & le mât, & il lervira encore a lie r,
quand on le jugera à propos , quatre lances eft-
iemble : la traverfe de la,tente remplira ce dernier
objet j mais on ne fera ulage de la ti a~
verfe que dans le cas où l’ on aura beaucoup de
temps à loi & où l’on voudra donner a fa ^pa-
liflàde un degré de perfeEtion de plus qu’ a l’ordinaire.
La façon de planter la lance & de lui donner l’îit-
dinaifon qu’elle doit avoir, eft flmple & facile ;
l’homme le plus mal-adroit la pofsèdera dès le
premier elfai v il ne faut pas trois fécondés pour
planter une' lance , & il n’en faut qu’une pour
l’arracher , toutefois quand on eft maître des
derrières ; car fi l’ennemi voulait les arracher jen
les tirant à lui , il ne 1g poutroit qu’ avec une extrême
difficulté -, le chevalet étant difpçfé de
manière à fervir d’areboutant au corps de la
lance.
Un cheval très.-exercé, à fauter , franchit avec
peine une barrière perpendiculaire de quatre pieds,
de hauteur -, ainfi un efeadren ne pourra jamais
franchir notre paliflade , ne fût-elle corn.potée que
d’un Teul -rang de lances-, à plus forte raifon ^n’ep.
franchira-t-il peint deux, placées comme les nôtres
le feront, à quatre ou fix pieds de diftance 1 une.
i de l’autre.
Les lances n’étant dans chaque rang qu’à vingt-
huit pouces l’ une de l’-autre, la cavalerie ne pourra
paffer entre deux v l’ infanterie for tira néanmoins
aifêment, foit en bataille y foit en colonne y. fcc
rentrera avec facilité.
Les lances n’empêcheront point l’ infanterie
qu’elles couvriront de taire feu : elles ne tour—
friront point du feu qu’elle fera -, le fer de ta- lance,
préfénte ton tranchant aux balles , & la hampe
eft trop peu élevée pour en être i cuvent frappée.
Les lances ne gêneront point notre artillerie •*
l’efpace vide qu’elles laiffent entre elles forme
une embr^lure naturelle. L’ artillerie ennemie ne
fera que peu de mal a une palifiade formée
par des pièces ifolées & qui préletitent peu de
fur face.
Le fer de la lance & les mains de fer augmenteront
un peu la fatigue des foldats qui porteront
les mâts y les piquets donneront à quelques sucres
un furcroît de charge -, mais, fût-on obligé pour les
décharger d’augmenter de deux au trois, le nombre
des chevaux de peloton de chaque, régiment ,
; cette augmentation de depenfe qu’on pourra ce-
! pendant le difpenfer de taire, ne fera-t-elle pa*
j bien compenfée par les avantages qu’on retirera
uêceffaîrement du moyen que noifs offrons ^ les
forces que l ’ infanterie acquerra & l’opinion qu’elle^
concevra d’elle-même , mettront fans doute le
gouvernement à même d’économifer fur le
nombre de combattans, & les hommes qu il con-
iervera le dédommageront amplement de l’argent
qu’il répandra : que dis-je il n’y a dans un des
baffins de la balance qu’un peu d’or , tandis que
la vie de beaucoup d’hommes eft dans l’ autre
je calcule encore, & mes yeux font encore fixés
fur le ftyle qui marque de quel côté eft le poids
le plus grand -, je-ferois impardonnable fi j’ etois
plus long-temps incertain : ne balançons donc plus
Sc occupons-nous à lever quelques objections,
qui , fi elles n’étoient pas réfolues , pourvoient
déterminer , peut-être , les adminiftrateurs a fermer
l’oreille à la voix qui nous parle.
Si le fer de votre lance eft fans cefTe expofe a
PairJ il fé rouillera-, s’ il eft nu , il pourra blefler
les hommes qui le porteront, & quand la tente
fera tendue , l’eau pénétrera entre le fer de la
lance & l’ouverture pratiquée dans la toile & dans
la traverfe. 11 eft aifé de parer à ces trois incon-
véniens. LTn fourreau , terminé par un collet de
cuir , fuffira à ces trois objets. On auroit bien
pu faire entrer le fer de lance dans le corps de la
hampe , de manière qu’il n’auroit vu le jour qu’au
moment où l ’ on auroit voulu s’en lervir -, mais
la machine auroit perdu de fa (implicite & peut-
être même de fa folidité. Si ‘ l’on préfère les
bayonnettes , toutes les objections difparoiffent.
Qui portera les lances? qui portera les piquets;? '
Les lances y les hommes qui portoient le mât des
tentes -, les piquets y ceux d’entre les foldats qui
ne porteront ni marmite, ni bidon, &c. : nous
avons d’aiileurs pourvu à l’augmentation de poids ,
en multipliant le' nombre des chevaux de peloton -,
ces chevaux pourroient porter les facs des hommes
chargés des lances 8c des piquets.
Mais dans une retraite précipitée , on perdra
beaucoup de piquets de tente -, & même après
l’ affaire la plus heureufe, il y en aura beaucoup"
d’égarés & de cafîes. Cette objeâion eft la feule
qui ait un poids fait pour être confie!éré -, mars
j’oie croire que les lances pourront quelquefois '
prévenir les journées funeftes : quand elles n’y
auront pas réufii , la perte de ces morceaux de
bois fera , de toutes celles qu’on fait dans ces
momens défaftreux , la plus ailée à réparer. Eft-il
d’ ailleurs une machine militaire qui ne préfente
point le même inconvénient ? La guerre exige des
làcrifices, & celui-là fera bien peu fenfible.
Nous n’avons jufqu’à préfent parlé que de la
cirçonftance où l’ infanterie doit réfifter à la cavalerie,
les lances peuvent cependant être employées,
avec utilité dans quelques autres momens décififs.
Veut-on placer derrière un gué peu sûr une
troupe foîble ? on la fortifie en plantant fur le
bord de la rivière un grand nombre de nos lances.
A-t-on réfolu de former un ordre oblique,- de
placer à l’ehdroit qu’on refufe des régimens foibles
ou mal compofés ? on tran 1 porte là un grandénombre
de lances , on en couvre cette partie de l’ordre
de bataille , & on eft alluré que l’ennemi ne pénétrera
pas par ce côté. *
On envoie aux défenfeùrs d’une redoute mena.-
cée une centaine de lances, & ils ont de quoi
fraifer les parties les plus foibles de leur parapet ,
& de quoi repouffer avec facilité l’ennemi qui
monte à l’affaut -, car nous ofons avancer qu’oa
n’a peut-être jamais eu d’arme de liaft plus commode
& plus utile.
Veut-on fermer une trouée , un défilé , un chemin
creux ? on a recours aux lances , & on eft
sûr du fuccès : on garde de même avec peu de
monde un pofte élevé , en plantant fur la croupe
de la montagne quelques-unes de nos lances. Ou
peut , en un mot, toutes les fois qu’on eft fur la
défenfive , employer, avec une confiance entière y
le moyen que nous venons d’offrir , 8 c quand on
agit offenfivement, s’en fervir avec fucces dans
plufieurs circonftances;
Les piquets deftinës à former le chevalet, "étant
fichés en terre , peuvent; eux-mêmes fervir à
augmenter la force d’une troupe ou d’un pofte. ;
ils réunifient en effet tous les avantages que nous
avons reconnus dans les pieux & dans les piquets»
Voyez P i e u x & P i q u e t s .
D’après tout ce que nous venons de dire, nous
croyons pouvoir nous difpenfer de comparer nos
lances avec les moyens imaginés ou ufi-rés juC-
qu’à ce jour -, il eft évident qu’elles ont tous les
avantages du meilleur d’entre eux , les piquets y
| & au-cun de leurs inconvéniens.
Quelque foin que j’aye donné à la conftruéïîon;
des lances que je propofe , je fuis bien éloigné
de croire qu’elles ont atteint , dans mes. mains y
le degré de perfeéfion dont elles font fufceptibles t.
je m’eftimerois heureux , fi cet article doonoît as
quelques militaires le défir de travailler a les rendre
parfaites.
Cet article êtoît fini & la machine dont il
traite exécutée , quand un militaire tres-inftmtt s, à qui le hafard a fait connoitre Pun & l’autre *
m’ a dit que mon idée n’ étoit pas neuve, qu’il
croyoit l’avoir trouvée dans les rêveries du maté-
chai de Saxe : tant mieux, me fuis-je écrié, & j’ai
couru a^fîitôt âmes livrés. J’ai trouvé en effet dans
; l’Ouvrage intitulé Mes Rêveries y tome premier*
i pag. 73 , que le vainqueur dé Fontenoy- a em-
: ployé fes pilons à foutenir fts tentes. L’efpèce
d’analogie qui exrfte entre mes idées, & celle dtî
maréchal de Saxe, loin de bleffer trron amour-
r propre fta vivement flatté. Je croyais bien av&ir
, trouve une machine utile, cependant je fîottoàs