
330 E X S
moindre négligence à ce fûjèt.. Comment: en effet £ii e
envifager !a faim, la foif, les langues, ks dangers
& la; mo't à des hommes que le moindre befoin
doit- accablerx,8c que la plus légers, peine'doit rebuter.
J; Avec quel courage. des foldats pourront- ils
fùpporter des travaux, dont ils.n’ont aucune habitude?.
Avec quelle ardeur feroient-i:s des marches forcées
fous des officiers qui ont à peine la force de voyager
à cheval ?:
On parle de la valeur de ces guerriers modernes,.,
©n vante leur bravoure un jour de. bataille ; mais
on ne. nous dit pas comment ils fupportenr, l'excès
du travad , comment ils réfîftent à la rigueur des
iàifons & aux. intempéries de l’air } on ne nous dit
pas qu’un peu de foleil ou de neige, que la privation
de quelques foperfluités arrêtent Couvent nos
armées & en détruifentune grande partie ; on ne nous
dit pas fur-tout que prefque toujours il y a autant
de foldats dans les= hôpitaux que fous les armes, &.
!a .^us partie des* hommes qui entrent
à 1 hôpital y meurt,.ou en fort pour venir lan<*uir
dans les armées ou l'es furcharger de bras inunlçs
& de confommateurs infiniment onéreux.
Dans quelles époques , depuis que. les Erançpis
font connus, leur a-t-on<vu déployer autant de.
valeur-, de réfignation ^dc patience, faire des aâes
au/fi héroïques,. que. dans la. guerre préfente.,, en-
treprife & foutenue pour défendre. & aflurer leur
liberté ?.Mais eu même-temps combien., pour n’avoir
pas été exercés à la peine, aux.privations,,aux fatigues
exceffiv.es, à.I’abftinence 8c à tous les maux,
attachés à la guerre , n’en a-t-on pas vu périr dans
les hôpitaux , dans lès camps , dans les marches ?;
Combien chez lcfquels leur peu de force corp,o-
lelle s’oppofoit au courage de leur aaie, & qui.
perdoient la vie pour leur partie, en regrettant de
ne pouvoir pas lui rendre de plus grands fervices?.-
Effets malheureux & nécefiaires de la négligence,
pour ne pas dire du-mépris dis- exercices du-corps
dans toutes les clafies de citoyens} effets non moins
foneftej de la manière aufli barbare qu’inconféquence.
E X P
con" on mie en tequficion tous les jeunes gcfis^
fans diftin&ion, depuis dix-huit jufqu’à vingt-cinq
ans j âge ou. l’homme achève fa format on, & ou.
i l périt bien plus promptement,. fi l’on veut exiger
dfc lui des allions au-rdeffus de fes forces..
EXPEDITION-, Expédition militaire, ou fïtriplement
expéditiony fe dit d’une entrep ife de.guerre}
ce qui donne à.ce mot une grande latitudè}.on peur
le reftreindre infiniment} ainfî l!on peuti charger un-:
fous-officier d’une expédition ; & la guerre de Saint-
Louis contre, lès Sarrafîns fot une grande expédition.
outre-mer,, ainfi que toutes les tentatives dés croifés -
dans l’efpoir chimérique,.autant que dans le projet
extravagant de conquérir la Terre-Sainte , & de
détruire la puiffance dès conquérants arabes, tai —
tares ,,&c. Les foins à prendre pour aflurer la réul-
fitc des expéditions militaires, rentrent, dans tou*
ceux dont , dépendent, le fuccès à la guerre. La capacité
8c la fagefle des chefs , les précautions relatives
aux- fubnftances , à-la guérifon du foldat, à
fon armement, vêtement, équipement,, la fcience
dans les. marches , les* campement, les portions, 8u a.
EXPERIENCE. Vexpérience eft l’effet de l’emploi
du temps & non de fa durée } le jeune guerrier
amoureux.de fon métier & d elà gloire, qui,,
dans-la guerre., toujours infpiré par fa noble paf-
fion , toujours éclairé par ]a raifon, voit, obferve,
médite & combat-} celui qui-, pendant la paix, par—-
court nos frontières pour y voir les terreins fur lef-
quels Turenne Gondé,, Luxembourg, Maurice
- ont fait mouvoir leurs armées , ont. préparé ou
remporté des victoires} celui qui, après avoir vi*.
dans le même efprit la Bohême, la Sififie, va.
obferver les élevés* du grand maître de b. radique,
moderne., & affifter aux leçons qu’on en donne
encore dans fes Etats ; celui qui paflê les jours de
fon repos ailire Célar-, & qui fe transporte avec-
les hiftoriens aux. champs de Lcuéfres & de Manti-
née j : voilà celui qui a de l'expérience militaire»
F
J* ACTION. Le dictionnaire de l’Académie définit
le mot fuélion, guet que fait un cavalier ou
un fantalfin qui eft en vedette ou en fentinelle;
& à ce mot guet, le même dictionnaire dit : la
fonction d’ un foldat mis en fentinelle, ou d’une
'troupe de gens de guerre qui fait la ronde pour
empêcher les furprifes de l'ennemi. Voilà donc la
•faôtjon qui ne femble être deftinée qu’ à guetter
les mouvemens 8c les manoeuvres des ennemis 3
des malfaiteurs ou des perturbateurs du repos
public j mais l’on guette foit en étant en fenti-
jiclle ou en faéfion , fait en faifant la patrouille :
en effet , un foldat en faction ne peut pas s’écarter
de l’endroit où il eft pofé. S’il eft devant
le corps-de-garde, il peut à la vérité avertir la
garde} mais pofé par-tout ailleurs, que peut-il
faire? Rien. D ’ailleurs, une fois fon pofte connu
3 on aura grand foin de l’éviter. (On ne parle
ici que des poftes dans les places de guerre ou !
de garnifons, 8c pendant la paix.) Ajoutez à ces ;
vérités la peine qu’ éprouve le foldat en faCtion, ..
•fur-tout en hiver s 8c vous vous convaincrez fa- f
cilement de l’ inutilité des fanions , des maux :
qu’elles occafionnent, 8c fou vent même des maladies
qui en font les fuites ; & cependant bien
loin de fe corriger de cette méthode^ vdus
voyez toutes les villes où il y a des garnirons ,
remplies de fentinelies, aux hôpitaux 3 aux pri-
fons, aux drapeaux, chez le «éforier 3 aux fpec-
tacles, à la porte des magafins 3 fouvent à toutes
les portes, li la garnifon eft conflgnée, c’eft bien
pis encore dans les villes de guerre, tous les
remparts, les poftes avancés font garnis de fen-
tinelles} à chaque pas on en trouve dans la ville :
enfin il fembleroit que la partie la plus efientielle
de la pratique militaire eft de favoir faire faction.
Voudroit-on me dire que c ’eft pour occuper
le foldat ? Eh bien J faites le travailler à la terre}
fi au contraire c’ eft pour la fureté ou pour la
police, faites faire des patrouilles. Qu'à tous les
inftans,que dans tous les lieux, le malfaiteur 3 le
perturbateur du repos public tremblent d’être fur-
pris.3 qu’ ils fe croient continuellement pourfuivis,
guettés & arrêtés. Mais n’affurez pas fon impunité
en paralyfant la force armée à côté de vos
guérites. Dans le temps où le guet à pied 8c à
cheval étoit chargé de la po ice de Paris, ce
n’étoit pas les fentinelies qui affuroient la tranquillité
publique, mais les patrouilles multipliées
tant à pied qu’à cheval. D ’ailleurs les fentinelies
du guet à pied a voient des lîfllets, & par ce
moyen il s’établiffoit entr'elles une correspondance
tiès-aClive , 8c qui fe dirigeoic vers les
corps-de-garde , d’où il ïbrtoit promptement un
certain nombre de foldats pour courir vers l’endroit
d’où étoit parti le premier coup de fifflet;
d’après ce mode, les fentinelies étoient moins
inaCtives ; mais fur le tout elles n’acquéroient
de l'utilité qu’en raifon des efpèces de patrouilles
qui fe portaient rapidement à l’endroit
indiqué.
En temps de guerre, les faCtions deviennent
nécefiaires pour les gardes très - avancées j en*
core faut-il éviter de les multiplier; & le ba-
foin que l’on a trop louvent de furveiller les
fentinelies , devroient peut -être faire préférer
des patrouilles peu nombre ufes & fe foccédant
continuellement. Si vous vous en rapportez au*
fentinelies , vos foldats de garde s'endormiront?
fi Vous préférez des patrou.iles, ils feront con*
tinuellement au guet, par la néceflké de fortir
très-fouvent, de pouvoir fe repofer davantage ;
mais de n ’avoir pas le temps de s’endormir. S’il
s’agit de veiller a la fûreté d’une ville1 da guei>
r e , des patrouilles fur les remparts, d. hots &
dedans la v ille , feront bien préférables à cette
multitude de fentinelies ifolées , & ne pouvant
trop Couvent ni voir ni être entendues. Ne laif-
fez ouvertes que les portes àbfolument nécefiaires »
placez un certain nombre de foldats de garde au
centre de la v ille , aux portes ouvertes & aux
avancées ; que ce foit de ces poftes que partent
continuellement des patrouilles pour le dedans,
le dehors’de la ville & les remparts, 3c vous
aurez affuré la tranquillité 8c prévenu toutes les
furprifes. Autant vaudroient des termes 8c des
cariatides, que vos fentinelies attachées à faire
machinalement, fans discontinuer, une vingtaine
de pas en avant 8c en arrière, à côté de leur
guérite, ne pouvant être ni apperçues ni entendues
du corps-de-garde , ni des autres fen-
tinelles.
FAGOT. Les fagots ne doivent pas être uniquement
deftinés à faire des fafeines; il eft important
de faire des fagots de différentes grandeurs
} il eft avantageux d’en avoir de petits
dans les redoutes , poftes ou maifens dans le cas
d’ être défendus. On pourroit en jetter de tous
allumés fur les ennemis, dans le moment de l’attaque.
Lorfqu’ il s’ agit de pafier un fofie plein
d’eau à plus de trois pieds de hauteur, on doit
avoir eu la précaution de faire préparer aux foldats
des fagots les plus gros pofiibles avec des
menues branches bien ferrées, afin de les jetter
T t *