
cependant de fixer l’a-ttentiôn des légiflâteurs,
C ’eft: le bois néceffaire pour chauffer les bureaux.
Aujourd’hui on prélève çe bois fur la portion que
la loi donne aux foldats : fi les foldats ont trop
de bois , il faut que la loi en retranché une partie -,
s’ils n’ en ont pas trop , perfonne n’ a le droit de
leur en enlever une feule bûche -, en euffent-ils
de relie , c’eft à leur profit que cet excédant doit
tourner , 8c non a celui du corps.. En donnant
aux bureaux le droit de prendre , fur ce qui revient
au foldat, le bois dont ils ontbefoin , on donne
lieu, aux julles plaintes des troupes , & à beaucoup
de malverfations qu’ il eft très-difficile de modérer
& impoffible de punir.
;Bu re.a u de la Guerre. On donne ce no ni à
un édifice dans lequel les commis du département
de la guerre le raffemblent pour travailler.
Si l’ adminiftration d’un grand empire eft une
machine vraiment effrayante , môme lorlque le
génie ,/econde par une l'age économie, fe charge de
la diriger , que doit-elle être quand, l’ infouciance
& la parefie ont multiplié les refforts à l’ excès s
quand les adminiftrateurs , au Heu de chercher à
tout fimplifier , ne le font occupés qu’à tout compliquer
-, quand une baffe cupidité a multiplié les
a gens Subalternes , afin de fie procurer un plus
grand nombre de vils courtifans., ou afin d’échapper
avec plus de facilité , à l’ aide de la divifion dans
les détails , aux yeux clairv'oyans d’une probité
févère.
Je ferois un .gros volume fi je voulois tranfcrire
toutes les plaintes qu’ont arrachées aux militaires
François les „abus qui s’étoient gliffés dans les
bureaux de la guerre. Ils fe plaignoient qu’ ils
avoieat une extrême difficulté à pénétrer jufqu’au
commis le plus . fubalterne > qu’ ils étoient mal
accueillis par tous -, ils. difoient que les expéditions
étoient toujours retardées •, ils prêtendoient
qu’ il y avoit une connivence marquée entre les
bureaux & tous les fournifleurs des troupes j ils
affuroient enfin que c’ étoit-là ' le vrai repaire du
defpotifine ariftocratique fous lequel l’armée
gémiffoit. Je n’ajouterai point de foi à ces inculpations
*, grâces en foient rendues à la révolution
qui s’eft opérée parmi nous , nous n’aurons plus
fans doute de pareils maux à craindre. La bureau-
C A D
crade périra , du même coup qui a fjait i\ioarîr Iqs
autres monftres qui nous dévor. dent. 'Un imnillrc
de la guerre, animé par lepatr otifme 8c-l’efprit
d*économie , réduira c.é grand nombre de .commis
à quatre,fecrétaires., qui ne porteront même point
le titre de commis -, qui ne partageront point les
dignités militaires avec les défenfeurs de la
patrie. Quand le nombre des expéditions à faire
fera très-grand , il appellera quelques copiftes à
un éçii par jour. Ces fçribes , certains qu’on ne
les appellera point une fécondé fois s’ ils ne travaillent
la première .avec autant de foin que
d’exa&itude , commenceront leur travail dès
l’aurore 8c ne l’abandonneront que très-tard dans
la nuit. Q u o i, dira-t-on , quatre feçrétairès , &
de temps en temps quelques copiftes , tandis que
nous avons aujourd'hui 12,9 commis \ Quand nous
aurons Amplifié nos, Ioi-x -, quand perfonne ne
voudra , n’ofera les interpréter ; quand il n’y
aura plus ni régie, ni -directoire ; quand l’ordre
de l’avancement fera invariable*, quand les garnirons
feront permanentes gqnand les municipalités
feront formées & chargées-d’un grand nombre de
détails y quatre fie.fcrëtaires fiuffiront au miniftre -,
Louvois ,n’en .avoit que dpuze , & la machine
îétoit bien plus compliquée .qu’elle -ne l’étoit il y
a quelque .temps- Frédéric II avoit une armée
plus confidérab le .que la nôtre ,- fes .troupes étoient
difperfées fur la lurfa.ee ^entière de fon royaume ,
.il entroit dans;.les -plus petits détails militaires;,
& il n’avoit cependant pour tous commis qu’un
très-petit nombre de fourriers de fon armée.
Frédéric,il eft ymh.travailloit beaucoup lui-même :
eh pourquoi nos ir>iniftres ne travailleroient-ils
point? Frédéric était économe de,,fqs finances v:
eh pourquoi nos miniftre,s ne deviendraient - ils
point économes des tréfors de l’état ? Frédéric
étoit un grand homme : eh pourquoi n’auriofis-
nous pas de grands hommes poujr miniftres ?
La France fer.oit - elle épuifée en ce genre ?
Quand on le -voudra bien , quand on ne fe. bornera
point 1 choifir dans, une claffe .trèsrpetite,,
oh trouvera des hommes .dignes, i$e ^emplir les
places importantes , ‘des hommes qui aux vertus 8c aux qualité? néceffaires aux miniftres joindront
les talens qu’ ils doivent réunir. Voye{ Ministre
DE LA GUERRE.
C A D
C a BASSET. Le çabajfet était un habillement
de tête auquel on a .donné le nom de pot-en-tête
& çelui de bourguignotte. Le çabajfet étoit particulièrement
deftiné aux picquieri».
ÇAD ÇT GENTILHOMME, (fuppl.) L’ordonnance
du 2,5 mars 1776 , qui crépît un
emploi de cadet gentillipmmc à la fuite de chacune
des compagnies de l’armée françôifè , ordonnance
dont on a rendu compte dans l’article,. Cadet ,
page 365 du tome premier du Di&ionnaure de
l’art militaire, a été abrogée par une nouvelle
ordonnance
ordonnance, qui elle-mcme a été détruite par celle
qUya été promulguée par le confeil de la guerre.
II n’y a aujourd’hui que deux cadets.gentilshommes
par régiment.
Lorfque M. de Sic Germain créa les cadets
gentilshommes , il ne voulut point augmenter le
nombre des combattans ; il ne voulut point non
plus augmenter celui de leurs chefs *, il voulut
feulement préparer un grand nombre de jeunes
gentilshommes à remplir, avec diftinélion , les
emplois de fous:lieutenans , ou , ce qui eft la
même chofe , procurer à la jeune nobleffe^ du
royaume une éducation conforme à fa naiflànce" &
analogue aux emplois qui lui étoient deftinés.
Kien de plus beau fans doute que ce projet ,
rien de plus digne d’être loué , .mais peut - on
parler en mêmes termes des moyens qu’on employa
pour l’exécuter?
Quelles lumières pouvoient acquérir à la fuite
des régimens les jeunes gentilshommes qu’on y
plaçoit ? Ils pouvoient tout au plus y apprendre
le maniement des armes & les ordonnances militaires
*, car la loi n’avoit pourvu à leur fournir
■ des maîtres d’aucune efpèce, des fecours d’aucun
■ genre. C’eft- quelque chofe fans doute que les
■ ordonnances & l’exercice mais un très-petit
nombre de mois luffifefit à -cette double infinic-
tion , qui ne renferme d’ailleurs qu’une très-petite
partie des connoiflances néceffaires à un officier
françois. Voye^ C a p i t a i n e s Le coeur d e s cadets
gentilshommes pou voit-il fe former à cette école , '
.leur innocence fê çonferver , leurs moeurs s’épurer ,
leurs manières fe polir ? Ils étoient toujours
«nfemble , & l’on fait , comme l’a dit Rouffeau ,
•que l’haleine de l’homme eft mortelle à fes
S e m b l a b l e s , je veux dire qu’il n’eft point, pour les
jeunes, gens, de compagnie plus dangereufe que
celle des jeunes gens. Voye\[ M e n t o r ; Ils n ’ é to ie n .t
furveillés que par un feul officier, & l’on fait
qu’un Mentor choifi avec foin & vivement inté-
refle à la conduite d’un feul pupile , ne réuflit
pas toujours à le garantir des pièges parfemés fous
les pas des jeunes militaires. Voye% M e n t o r :
•cet officier, choifi par le colonel, étoit d’ailleurs
;le plus fouvent un officier de fortune , & l’on
lait que les hommes qui compofent cette claffe ,
peuvent enfeigner la valeur & la probité , mais
que c’eft a ces feules vertus que fie bornent communément
leurs exemples & leurs leçons»
Mais pourquoi chercher à démontrer qu’on
navoit point pris, en créant les cadets gentilshommes
, toutes les précautions qu’exigeoit une
opération de ce genre, puifqu’ il eft aifé de faire
voir que le gouvernement ne peut efpérer, quelques
depenfes qu’il faffe & quelques moyens qu’il em-
ploye, de faire donner une bonne éducation à
des jeunes gens raffemblés à la fuite d’un régiment
? je veux dire qu’il ne peut fe flatter de
•df.t* Milit. Suppl. Tome IV .
voir leur éfprit s’éclairer , leur coeur fe former, 8c leur corps fe fortifier.
Ce ferait en vain que le gouvernement comp-
teroit aujourd’hui fur le fecours des aumôniers^ des
régimens : ces eccléfiaftiques o n t , je le crois ,
les vertus 8c les talens propres à l’état qu’ils ont
embraffé-, mais il y a bien loin de là aux talens 8c aux connotffances néceffaires pour inftruire les
jeunes militaires. Avant d’employer les aumôniers,
il faudroit donc les renouveler tous, ou prefque
tous, & les remplacer par des hommes qui euffent
eux-mêmes reçu une éducation 8c. une inftru&ion
analogues à l’objet auquel on les deftineroit. Voye'
A u m ô n i e r .
On comptero.it aufli vainement trouver dans les
régimens des foldats ou des bas-officiers capables
de donner aux cadets gentilshommes des leçons de
mathématiques, de deflin, de langues, & c . : à
peine y trouve-t-on des .maîtres d’elcrime paffables;
& de tous les maîtres, ces derniers rte font' certainement
point les plus néceffaires.
Ce que j’ai dit des régimens eft également
applicable aux deux tiers de nos villes de gar-
nifon : Condé , Bouchain , le Fort-Louis du Rhin,
Mont-Dauphin , Longwi, 8cc. , tous les quartiers
de cavalerie font dépourvus de toute efpèce de
maîtres *, il faudroit donc que' le gouvernement
créât to u t, fît tout , dans ces petites places , 8c
qu’il payât chèrement un profeffèur pour fept ou
huit jeunes gens.
Les villes de premier ordre- q u i, au premier
afpèét, paroiffent très-favorables à l’inftruéfcion des
cadets gentilshommes placés à la fuite dès régimens,
ne le font cependant guères plus que celles du
quatrième ou cinquième ordre. Comme les maîtres
y font payer chèrement leurs leçons , & comme
les cadets gentilshommes font cenfiés n’être point
riches , il faudroit que l’état fît encore là de
groffes depenfes *, car il ne s’agit point d’établir
des cours , ce font des leçons particulières qu’il
faut à de jeunes militaires : les cours peuvent
inftruire des hommes faits , très-défireux d’acquérir
des connoiflances 8c déjà un peu inftruits *, ils
peuvent être utiles pour certaines fciences q u i,
fi l’on peut s’exprimer ainfi , font du reffort des
yeux *, mais ils ne fuffifent point a des énfaii's
diflip.es , à de jeunes militaires *, ils ne fuffifent
point pour les fciences mathématiques ; ils ne
fuffiferit même point pour l’étude des langues , ni
peut-être même pour celle de deffein. Voici une
preuve frappante de cette vérité.
Le commandait en chef des Trois - Evêchés ,
perfuadé que les cadets gentilshommes en garnil’on
dans la capitale de fon gouvernement dévoient
fixer une grande partie de fon attention , &
qu’il ne pouvoit répondre dignement aux vues
paternelles du r o i, qu’en failant inftruire gratuitement
ces jeunes gens , l’efpoir de la génération
future, chercha & parvint à faire ouvrir