
fent le pied ; les échelles placées , la portion de
chaque détachement , qui doit monter dans la
place , defeend en filence dans le fofle. Si les
foldats peuvent fauter dans lë foffé, on leur recommande
de le faire à petit bruit, de prendre
garde à ne pas fauter fur leurs camarades , à ne pas
les b le {fer ou fè bleffer eux-mêmes contre les armes
de ceux qui auront fauté les premiers. Quand
les Ïbldats iaiitent dans le fo(Té, ils doivent avoir
l’échelle paflee dans le bras gauche , la tenir
perpendiculairement & de manière que la partie
qui eft au-deffous du bras foit a (lez courte pour
ne point porter à terre avant leurs pieds ; il vaut
cependant mieux que les foldats fautent d’abord
dans le foffé , & qu’on leur faffe en b. i te. atteindre
les échelles.
Lorlque quelques hommes de la partie du détachement
qui doit elcalader le premier font arrivés
dans le fond du foflé' , on longe a drelfer
toutes les -échelles contre le; parapet -, les officiers
de ce détachement veillent à ce qu’ on ne-
p.lace les échelles ni trop loin , ni trop près du
mur. Dans le premier c a s , elles deviendroient
trop courtes & pourroiem fe rompre ; dans le
fécond , elles fe renver fer oient ou Ies~ foldats ne
pourroient y monter commodément : on place les
échelles à deux pieds de diftance les unes des
autres -, c’ èft par cet intervalle que l’on fait def-
cen.he les foldats qu’une atteinte mortelle a mis
dans le cas de ne pouvoir continuer l’attaque. Les
officiers ou les bas-officiers , qui doivent 1e tenir
au bas des,échelles , ont l’attention de ne iail-
fer monter fur chacune que le nombre d’hommes
qu’elle eft capable de porter. Il faut ordinairement
lai (fer au moins trois échelons d’intervalle entre
chaque foldat; ceux qui montent à Vefcalade doivent
prendre garde à « ’être pas entraînés par ceux
de leurs camarades qui font tués ou renverles par
les coups des ennemis. Pendant que cette première
portion de chaque détachement monte |
Vefcalade , la fécondé refte fur la crête du glacis
prête à faire feu fi l’ ennemi s’approche pour disputer
le haut du parapet.
Dès l’inftant où quelques hommes font entrés
dans la place Pcfcàlade eft terminée, & les maximes
de guerre , relatives à cette opération , fe
confondent avec celles que nous donnerons dans
l’article S u r p r i s e , &- qui font détaillées dans
l’ouvrage élémentaire que nous avons précédemment
cité.
F Les efcalûdes les plus mémorables , &- celles
qui offrent aux, militaires le,s leçons les plus instructives,
font celles de Syracufe , par Marceîlus •
de JYfarfeille , par Confiant in -, de Naples ,vpar
Bélifaire ; de Luxembourg,, par le duc de Bourgogne
; de Milan , par Salvoifon ; de Qu5ers ,
par Br.iflac ; de Sienne , par le marquis de M?:ri-
gnan y de Gênes, 1ar ftangcne -, de Mênin en
1 57^ ; d’À lre , par le marquis de Guebriant, St
de Prague, par le comte de Saxe.
Après avoir indiqué les maximes militaires qu’ on
doit prendre pour règle quand on veut faire réul-
fir une cfcala.de, nous devons faire connoître
celles dont on doit faire ulage pour les prévenir
& pour les repouffer.
Les cfcaladcs étant toujours l’effet d’une fur-
priie , on les préviendra en recourant; aux moyens
faits pour prévenir lesTurprifes ; voyez S u r p r i s e s ;
A ces moyens on ajoutera les précautions fui-
vantes. Grenier une cunette profonde à l’endroit
où le pied des échelles doit être naturellement,
placé/, planrer des paliflades dans le milieu du
feffé & au pied du mur -, fraifer le parapet y placer
des chevaux de frife à la hauteur du cordon ,
des abatis fur la plongée ; femer des. ehaufles-
trapes dans le fond du loffe y y creufer des puits ,
y planter des piquets , des vignes militaires •, porter
, fur les endroits les plus favorables aux efcala-
desr des troncs d’arbres, des poutres , dès-quartiers
de pierre , du fable , de la chaux-vive*, faire
dans les environs des approvifioftnemens d’armes
de longueur, de faulx emmanchées à l’envers y avoir
des grenades à portée, des filcines goudronnées,
ou meme des fa fc in es ordinaires , mais bien
sèches -, faire rompre la glace pendant les fortes
gelées de l’hiverV faire faire beaucoup de rondes y
fiire parcourir les foffés par des patrouilles -, placer
beaucoup d’artillerie dans le flanc des baftions
dont les courtines doivent, félon Tes apparences ,
être efcaladées , & enfin exercer fes troupes à
repoufler les ejcalades. Si malgré ces précautions
l’ennemi tente une entreprife de ce genre & s’il
parvient à appliquer fes échelles , on borde le
parapet ; on lance fur les affaillans tous les objets
qu’on a raffemblésyon fait un grand feu d’artillerie
& de moufquererie y on effaye de renver-
fer les échelles : fi l’ennemi parvient, malgré vos
efforts , à pénétrer dans la place , alors Vous vous
conduirez d’après les principes détaillés dans l’article
S u r p r i s e , p e n d a n t u n e S u r p r i s e .
ESCLAVAGE , ( punition' militaire.) L’efcla-
vage fut mis par les. Romains par les premiers
de nos rois de la lêconde race au rang
des punitions militaires. Cene peine étoit infligée
dans l’antiquité à celui qui , à la fomma-
tion du cônful, ne fe préfentoit point pour être
°nrôléy le légiflareur pré tend oit que tout citoyen,
qui refufoit de contribuer à la liberté générale ,
étoit indigne-1 de jouir de la liberté individuelle.
En France Vefclayage ou plutôt la fervirude étoit
piefquê toujours la fuite de l’impoflibilité où fe
trouvoit lé coupable de payer l’amende à laquelle
il étoit condamné, pour avoir refulé le ferviep
au roi ou à Ion luzerain.
ESCRIME , ( art de faire des armes. ) Les adini-
niftrateurs $c les écrivains militaires ne font
poiiït
point tous d’accard fur cette queftion. Eft-il plus
utile que dangereux de faciliter au foldat François
les moyens de fe rendre adroit dans, l’art
de Vefcrime? Ceux qui fe déterminent pour l’affirmative
fondent leur opinion fur les raifons fui-
yantes. L’oifiveté , difent-ils , eft la fource des
vices ; o r , l’art de Vefcrime occupe pendant beaucoup
d’inftans les foldats qui l’apprennent, Sc ceux
que la curiofité conduit dans les (ailes d’armes ,
donc ces falles font utiles. L’ art de Vefcrime fortifie
le foldat,, lui donne de la légéreté , da
l’adreflè , lui fait concevoir de lui-même tine opinion
avantageufe , il peut donc lui faciliter les
moyens de vaincre l’ennemi y peut-être même
augmente-t-il fon courage par l’ habitude qu’il lui
fait contracter d’envifager de fang-froid des blcf-
lures graves , Sc la mort elle-même. Les perfon-
nes qui fe font décidées pour la négative , difent
que c’eft dans les falles d’armes que le fol4*t
apprend à devenir querelleur » tapageur-, que de
ces falles le foldat va toujours au cabaret, &
du cabaret fur le pré y qu’ il y aurait mille moyens
plus heureux que celui -là de bannir l’oifiveté loin
des armées , & de rendre le foldat adroit & vigoureux
; & enfin que les frêles avantages produits
par l’art de Vefcrime font plus que rachetés par
le fang qu’il fait perdre à l ’état.
Les rédacteurs du réglement pour le Tervice
intérieur fe font rangés du côté des pârtifans de 1 art de Vefcrime , car les chefs de corps font
autorifés à établir pendant l’ hiver une falle &ef~
çrime , pourvu qu’elle foit toujours dans l’enceinte
du quartier, & foumife à la vigilance d’un adjudant
ou d’un bas-officier. Ils penfent que cet
exercice eft propre à augmenter la force , l’adreffe
& la grâce militaire du foldat. Perfuadés , que dans
l’état aCtuel des chofes , l’art de Vefcrime peut produire
quelques avantages, nous regrettons qu’on
n ait pas cherché à parer par un plus grand nombre
de précautions à tous les inconvéniens dont
il peut être fuivi. Voye[ Duels.
ESPÉRANCE. Il n’eft que deux reflorts capables
de mouvoir les militaires , du moins ceux
qui pour agir ont befoin d’un autre mobile q«e
leur propre coeur , que leurs fentimens pour leur
patrie î ces reflorts font Vefpèrance & la crainte.
Les légiflateurs des différens peuples ont prefque
tous combine ces deux reflorts , mais prefque
tous ont varié (ur leur emploi. Les uns ont fait
entrer pour beaucoup la crainte dans leurs com-
binaifonsy les autres ont employé une plus grande
quantité dyefpérance : c’eft à ce dernier fyftême
que je me fuis rallié. J’ai donné dans l ’article
C r a in t e plufieurs raifons de ce choix*, il en e ft
une que j’ai omife Sc que je vais donner ici :
c’eft, l ’idée de la liberté. Pour un peuple qu’on
veut mettre ou tenir fous le joug du defpo-
tifme , il faut employer plus de crainte que d,ef-
perance y pour le peuple qu’on veut élever jufqu’à
Art. Milit. Suppl. Tome IV .
la liberté ou que l’on veut conferver lib re , il
faut faire un plus grand ufage de la liberté que
de la crainte. Voyc[ notre article Éducation ,
paragraphe do Véducation du coeur.
Mais quel eft le genre d’efpérance qu’on doit
faire briller-aux yeux des militaires ? Tous doivent
leur être montrés y oui tous , l’argent feul
excepté : ainfi , pour me fervir d’une exprefiion
triviale mais énergique, on envoie des paquets à
toutes les adreffes. J’ai excepté l’argent, parce que
le défir de gagner de l’argent rabaiffe , rapetiflfe
l ’ame ; parce que l’argent peut fe calculer , fe
compter, parce qu’il vient un moment où l’on
ne peut en donner , en laiffer èfpérer davantage y
parce que l’argent que l’on donne à l’un eft pris
à l’autre, & qu’il ne faut point, autant que cela
eft pofiible , faire gémir l’affociatïon entière des
récompenfes que quelques-uns des affociés ont
méritées»
Il eft encore , relativement à Vefpèrance -, une
obfervation qui m’ a paru d’ un grand poids : c’ eft
qu’on ne doit mettre aucune borne à celle des
militaires. Je ne voudrois point que le maréchal
de france fe crût arrivé aux dernières limites de
fon avancement *, je voudrois qu’il vit encore au-
delà le titre de maréchal général , de connétable
, de généraliflïme , & qu’il., pût fe dire, en
redoublant de talcns & d’efforts, j’y parviendrai.
Une autre obfervation importante , c’eft qu’ il
faut reculer autant qu’ il eft pofliblê le dernier
terme des efpérances , & cependant ne point
affoiblir l’efpoir d’y parvenir y pent-être même
faut-il le rendre plus certain: on y réufliroit sûrement
en imitant la nature. Si les hautes montagnes
qui féparent les différentes parties du
globe n’euflenc été compofées que d’un feul
mont, jamais perfonne n’eût peut-être entrepris
de les pafler y mais comme on ne voit d’abord
qu’une petite montagne à gravir, on fe met en
route y quand on a gagné le fommet de celle-ci,
on en apperçoit il eft vrai une autre plus élevée *-
mais on eft déjà engagé y mais on auroit honte
de reculer *, mais on a déjà vaincu une difficulté y
mais on a acquis de Vefpèrance 8c des forces y
mais on voit d’autres hommes au bas de la montagne
qu’on a gravie , & d’autres fur le fomraeic
de celle qui fe prefente; on fe remet en route,
& l’ on arrive à la cime du pic. Le grand arc
du légifiateur confifte donc ici , comme dans le
Code Pénal, à multiplier beaucoup les échellons
fur tous ceux qui fe trouvent dans la partie infé-*
rieure .de l’échelle. Chacun croyant faire du
chemin , parce qu’il change fouvent de place ,
nul ne fe rebute.
ESTIME. Que des philofophes s’occupent à
rendre’ leurs difcîples indépendàns des jügemens
du'public y que dès enthoufiaftes r des fanatiques
recommandent à leurs adeptes le mépris de lepi-
R 1