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tranche le m o t , plutôt un brigand qu’ un guerr
ie r , un farmate qu’ un habitant de l’Europe
policée. Il mérite les mêmes furnoms celui qui
ne refpeâe point les monumens des fciences
& des arts : en mutilant des ftatues , déchirant
des tableaux , démoliffant des édifices élevés par
ïe génie , décorés par le goût , on ne- fait rien
pour la vi&oire , pour la paix , & au lieu de
maréhér vers la gloire ,' on arrive à un opprobre
durable; Voye^ A rts y Beaux-arts.
Lçs Publiciftes ont exercé encore leur dialeélîque
fur un tjombre confidérable de queftions relatives
au droit de la guerre ,* ils ont demandé.: la
guerre donne-1-elle > le droit ,de garder les choies
qu’on a prifes fur l’ennemi ? Quand eft - c e que
les chofes prifes fur l’ennemi appartiennent vèrîta-
fclement à celui qur sren eft emparé ? Peut-on
s’approprier les. objets qu’on trouve fur le territoire
ennemi, quand il eft prouvé qu’ils appartiennent
à des hommes avec qui on n’eft point
en guerre ? Les chofes prifes. fur l’ennemi appartiennent
elles à l’état ou à celui qui s’ en faifit t
Nous ne nous arrêterons que fur les deux dernières1
queftions ^ les-autres devant plutôt trouver
flace dans le diétionnaire de la Politique , que
dans celui de l ’Art militaire.'
II eft certain que la guerre ne peut donner
des droits fur des objets qui ^appartiennent point
au peuple avec lequel on n’eft point en guerre :
cependant fi les fujets d’une puiffance neutre
fourniffent à notre ennemi des objets nécelfaires à la guerre , nous pouvons dès-lors les, regarde»
comme animés du même efprit que nos adver-
faires , & par conféquent nous emparer par le
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droit de la guette de ce qu’ ils lui devoîent foufnîi*,
On doit oblerver encore que lorfque Eon trouve
chez l’ennemi des objets qui ne lui appartiennent*
point , mais qui peuvent lui1 être utiles, &: que
les objets font réclamés par une puiffance neutre „
il eft naturel de penfèr qu’ il y a une coalition
entre les deux puiflances, ou du moins être les
poffefleurs réels 8c apparens , & qu’on a par
confequent le droit de s’approprier ces objets ,
foie fans- indemnité, foit avec indemnité : fi la
maxime contraire était admife , elle donnerait
occafion a une infinité de fraudes.
La fécondé queftion offre encore moins d’ in*
certitude. Je voudrais que l’état abandonnât aux
guerriers toutes les parties du butin qu’ils font *
les hommes exceptés ; avec cette feule condition
que l ’état auroit le droit exclufif de leur acheter
tous les objets qui lui feraient nécelfaires: uns
conféquence naturelle de cette loi feroit que nuî
guerrier ne pourrait, dans aucun cas, demander
ou obtenir des indemnités, pour le s pertes qu’il
aurait * personnellement faites. Voye\^ B u t in &
P r i s o n n ie r s d e g u e r r e L
• Après avoir terminé notre travail fur les droits
de la guerre r nous, aurions expofé avec bien du
plaifir les droits] facrés, de l’humanité *,. cè contraire
eût pu être-agréable à. nos.leâeurs., 8c il
nous eût fervi de dédommagement -, mais le genre
d’ouvrage pour lequel nous travaillons, ne noua
permet que d’indiquer les. articles dans lefquela
ces droits font confignés.. Voyeç H u m a n i t é ,
P r is o n n ie r s d e g u e r r e -,. R e p r é s a i l l e s & la
quatrième feâion de. L’article général.
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moyen de l’écharpe qu’on diftinguoit , avant la
création des uniformes , les combattans des diffère
ns partis & des différens corps.-On en portoit
ordinairement deux, une qui délignoitlanatiorn,
& l’autre le ebrps dont on étoit membre.
Le blanc a toujours été la cduleur affeâée à
l’ écharpe françoilè. On la portoit quelquefois en
baudrier"& quelquefois en ceinture*, il y a apparence
que Y écharpe en baudrier étoit réfervée pour
les cérémonies 8c les fêtes publiques , tandis
qu’on la portoit en ceinture les jours de combat.
Vécharpe en baudrier fait dans, les premières cir-
conftances l’effet le plus heureux- , & dans les
fécondés elle pourroit produire les plus funoftes.
C’eft vers la fin du règne de Louis XIV que
fies écharpes ont été réformées en Erance > elles
ne Te font point encore dans fout le nord *, elle*
y fervent de marques diftinâives -, bientôt fans
doute elles difparoitront j elles font plus difpen-
dieufes que l’hauflè-col 8c l’épaulette ;.-portées en
baudrier elles font dangereufeç-, en ceinture peu
vifibles. Celui qui les rendrait à l’armée fran-
çoifo prouverait qu’il doit être inferit dans la
lifte des hommes qui imitent, indifféremment le
mauvais & le bon , & auxquels on peut appli-
quer le d imitatores fervum. pecus !
ÉCHEC. Recevoir un échec , c’eft éprouver
une perte confidérable. Tenir des troupes en
échec , c ’eft les. empêcher d’agir , les réduire à
Pinaâion.. Tenir une place en échec , c’eft en la
menaçant d’un, fiége ou d’une attaque prochaine
la mettre dans le cas de fe garder avec foi© y
de ne pas fe dégarnir de, troupes.
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ECHELLE. Nous examinerons dans l’article
E s ca lade , s’ il ne feroit pas poflible de faire
plus foùvent ufage de l’éfcalade que nous ne
le faifons*, cherchons ici qu’elles font les échelles
les plus commodes pour donner une efcalade.
Il eft prefque impoffible de trouver des arbres
dont on puiffe conftruire des échelles affez
longues 8c affez fortes pour atteindre du fonds
du fofte à la crête extérieure de nos parapets •,
trouvât - on des arbres dont le diamètre & la
longueur permiffent de faire des échelles telles
qu’il nous les faut , elles feroient alors beaucoup
trop difficiles à tranlporter: joindre au pied
du mur avec de la corde plufieufs petites échelles
les h ri es avec les autres , c’eft encore là une
entreprife très-difficile & dont le fuccès eft rarement
heureux , à caufe de la précipitation extrême
avec laquelle on l’exécute. Il faut donc
recourir à l’ art & conftruire d’avance des échelles
qui foient affez légères pour être facilement tranf-
portées , qui foienc affez fortes pour fapporter
plufieurs hommes , 8c qu’ il foit aiféjlde réunir
pour n’en former qu’ une feule.
Plufieurs écrivains militaires, fe font occupés
de la folution de ce problème, & un grand
nombre l’ont réfolu d’une, manière différente.
Voyons, d’abord les points fur lefquels ils font
d’accord & nous les regarderons comme incon-
teftables *, quant aux autres nous expoi’erons les
opinions diverfes, 8c nous effàyerotis d’en, évaluer
le poids.
On convient généralement que la partie inférieure
des échelles deftinées aux efcalades dort
être armée d’ unie groffe pointe de fer qui en
entrant dans la terre, fe piquant contre le roc,
ou d'ans la glace , empêche Yécheüe de gliffer.
On convient généralement encore que la partie
fupérieure de l’ échelle, celle qui doit s’appliquer
contre le mur , doit être garnie d’un petit matelas
recouvert de drap, afin que l’ échelle gliffe
avec plus de facilité à droite ou à gauche, &
qu’ il foit plus aifé de l’appliquer fans bruit,
d’autres veulent qu’on ada-pte une roulette à
cette- extrémité fupérieure afin d’ avoir plus de
facilité à faire gliffer Y échelle le long du mur.
Sans doute La roulette produit cet avantage ,
mais l’ échelle lorfqu’elle eft placée en devient
beaucoup moins folide parce qu’elle ne porte
que fur fes roulettes au lieu de porter fur les
deux montans. La garniture paraît donc préférable
à. la roulette. Quelques-uns veulent que-
la partie fupéiûeure de l’ échelle foit armée d’um
crampon an moyen duquel,, dilent-ils , on acr
croche l’échelle à l’extrémité fupérieure du mur.
Toutes les fois que l’on confirait des échelles
pour in e efcalade préméditée, on peut faire
ufage de ces crampons , mais il faut bien être
pffuré de l ’exacte hauteur de la. muraille * car
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l’erféur la plus légère rond les Crampons inutiles.
On a alternativement préféré les échelles doubles
aux échelles fimples, c’eft-^à-dire, des échelles
où deux hommes peuvent monter en même-
temps , aux échelles auxquelles on ne peut
monter qu’un à un.' Lés échelles doubles ont
cet avantage qirtellés économifént un montant,
& que deux hommes qui montent en même-
temps s’encouragent 8c fe protègent mutuelle-,
ment. Ces échelles ont l’inconvénient d’être plus
difficiles à manier que les échelles fimples i ca*
pendant je tiens pour les premières.
Les. auteurs des diélionnaires militaires portatifs
ont donné les deux échelles fuivantes
comme les plus oémmodes. Les premières fone
compofées, difeift-ils, de plufieurs petites échelles
dont la plus haute doit avoir à chaque extrémité
fupérieure une "poulie bien graiffée à l’ef-
fieu S# couverte de feutre tout autour , afin
quelles ne fartent point de bruit. Ses deux bouts
inférieurs ont une entail'lure couverte de fer
blanc pour pouvoir y enchâffer le premier échelon
de Yècheile* fuivante. Ce premier échelon &
ceux des (Vivantes doivent être plus, longs qu®
les autres-
Toutes les échelles qu’on veut mettre entré
la plus, haute & la plus baffe doivent avoir deê
femblabiés entaillures aux. deux bouts , & la
• plus baffe doit avoir fes. extrémités- inférieure»
: armées de deux groffés pointes de fer que Rorx
enfonce en terre pour les empêcher de reculer.
Ces fortes âYéchelles font très-faciles à porter 8c
peuvent s’alonger ou fe raccourcir félon le b©?
foin.
Quand o.rr veut les appliquer on lève contré
la muraille' la première' échelle où font les poulies
; on y joint l’autre que l’on pouffe en haut*
& à1 celle-ci une autre , 8c ainfi de fuite. Le&
échelles lupérieùres srenchâffent d'ans les plus-
hauts échelons, des- inférieures 8ç celles-ci dans
les plus bas échelons des fupérieurès ; le fout
enfembie eft aufii ferme que fi ce n’étoit qu’ une*
, échelle' d’une' feule pièce*.
Il faut encore -arrêter par des. chevilles fe»
échelons aÿec les pieds- dèfquels ils s’-enchâffenc,
l tant pour les rendra plus fermes que. pour s’ ert
. f fervir. à la defeente dés fortes , ou on ne lau»-
y roit les- employer fans cette précaution.
La fécondé efpèce d’échelles* fe fait- ainfi'. On
prend plufieurs. gros bâtons , on les aiguil*
par un bout , 8c oh les perce par l’autre , en
forte- qu’on, puiffe le’s enchâfter les uns- dans les
autres, à peu près comme une bougie dans un
flambeau. On les lie eniemble avec des cordes
par les deux bouts *,- on y mec au haut un
crochet qui puiffe s’enchâffer dans le* premier
échelon y 8c comme il. faut- laiffer- une .