
objets enfin qui peuvent cacher dés ennemis , •
doivent être fcrupuleüfement vifitës.
FOULE. Cas de foule. Sous le règne du def- •
potifrae & des privilèges , toutes les ordonnances
relatives au logement des gens de guerre
& à plu fleurs autres objets du flrvice militaire ,
vouloient que dans le cas, de foule, toutes les j
cl a (Tes de citoyens fuffent privées de la prérogative
quelles avoient obtenue, de ne point
loger des gens de guerre j mais que falloir:-il
entendre par cas de foule ; Sc quelle étoit la loi
qui féparoit le cas de foule de celui qui lie f étoit
pas ? voilà ou les lois étoient peu fatisfaifantes \
quoiqu'elles n’éuffent dû rien lai fier à l'arbi- j
traire^} plus on lui enlève, plus fordre gagné} :
Depuis l’acceptation d’ urie cohitkution b'âféé fur
les droits de l’homme, la liberté Sc la juftice,
l’ordre des exemptions Sc des privilèges a dû
changer , & l’on a dû débarraffer le plus pof-
fible l’homme malheureux ou peu fortune de :
toutes les charges de l’Etat. Ainfi aulieu , comme
autrefois, de faire fupporter les charges de l’Etat,
d’abord & toujours aux clalfes inférieures f &
d’accabler de privilèges celles fupérieures com-
pofées d’hommes riches, nobles, eccléliaf-
tiques , hommes de lois , financiers, hommes
en place, e tc ., le refpedt dû à l’humanité fouf-
frante ou indigente a interverti cet ordre in-
jufte & barbare, & a- porté les privilèges , s’ il
peut y en avoir dans un état libre ou tous les
hommes font égaux- en droits, fur les citoyens
fortunés & fur ceux aifés, Sc a renvoyé au
cas de foule Sc d’nbfolue nécefiité , d’exiger dés
fecours de la dalle laborieufe & trop fouvent
indigente.
FOUR. Dans le diélionnaire militaire au mot
four 3 ori renvoie au mot pain de munition , Sc
le mot pain ne fe trouve pas dans le di&ionnaire j
& dans celui munition il n’y eft nullement mem
tion des. fours. Au mot fubfjlance, l’auteur a
parlé des fours à conftruire en campagne pour
confectionner le pain pour le foldat; mais il
n’a nullement difcuté n on ne devroit pas préférer
aux fours en maçonnerie, toujours fi dif-
pendieux, fi difficiles, & quelquefois impof-
fibles à faire faute de tems ou de matériaux , les
fours en forte tô'e , tels queNceux dont on s’eft
fervi dans les armées du roi du Prulfe , ou ceux
propofés dans l’excellent ouvrage fur les fub-
fiftances de M. de Launay.
Cet objet infiniment effentiel, mérite d’être
approfondi, & dévroit devenir le fujet Mes recherches
des mécaniciens, des architectes, des
chimiftes, e tc ., tant pour les fours néceffaires
à la guerre , que pour ceux dont on auroit befoin
de fe fervir pendant la paix.
FOURCHÉ. Dans le régiment Dauphin infanterie
, les fergens des grenadiers: étoient arrnés-
d’unè fourche, en mémoire d’une redoute enlevée
par ce régiment dans les guerres d'Italie,
& dérendue par des foldats armés de fourches.
Cette forte d’arme doit être en effet terrible
pour fe défendre contre une efcalade j aulfi recommande
t-on d’en avoir dans les magafins ,
afin de pouvoir en diftribuer aux foldats chargés
de repouffer l’ennemi dans une furprife par
efcaladé 3 cette arme peut fervir non-feulement
à renverfer hs échelles qu’ on planteroit contré
les retranchemens, mais encore à bleffer & à
repouffer les hommes prêts à y monter deffus.
On pourroit auflî s’en fervir pour fe défendre
contre la cavalerie j mais il faudroit peut-être
auparavant les avoir rendues utiles ou néceffaires
ailleurs Voye^ï ce fujet l’idée ingénieufe
du général Lacuée, ( au mot colonne dans ce
fiipplément, paragraphe IV , contre la cavalerie
).
FOURGON. Les fourgons dont on fe fert
dans les armées , font en général trop lourds,
trop maflîvement conftruits Sc d’unè voie trop
large, ils abîment les chemins qui font encore
confervés & ne peuvent pas fe tirer de ceux
déjà gâtés. Des charriots très-légers à quatre
roues , couverts de toiles peintes à l’huile , &
montés fur des roues hautes & point maflives ,
fer oient infiniment préférables. On les attele-
roit d’un feul mulet au brancard, & on rnet-
troit dévant deux ou quatre boeufs avec des
colliers, fûivarit que l’exigèroient 1:s mauvais
chemins ou : le poids dont fêroient- chargés les
charriots; excepté dans les montagnes inac-
ceffiblës., les enarriots légers à voie étroite
pafferont partout & feront d’une grande économie.
Un de ces charriots attelé d’un mulet
&: de1 deux boeufs conduits par un feul charretier
, portera partout de vingt a vingt-quatre qui ri-
taux ; pour lefquels, avec les fourgons aôtuels ,
il faudroit quatre chevaux , & avec les bêtes
de fommes huit chevaux ou mulets & quatre charretiers.
Les objets tranfportés feroient beaucoup
mieux confervés Sc foignés, l’on gagneroit
en même tems beaucoup fur la nourriture &
pour l’agriculture} un mulet, des boeufs paîtront
où des chevaux ne fauroient trouver de
quoi vivre ; les boeufs n’ont point befoin
d’avoine, les mulets en mangent moins que les
chevaux , Sc l’ on n’a pas allez obfervé combien
cet alimeut néceffaire aux chevaux, eft
coûteux Sc difficile à fe procurer , pefant à tranf-
porter & nuifible à l’agriculture, parce que de
foutes les graminées l ’avoine eft celle qui effritte
davantage la terre.
C e t o b j e t b i e n ‘p lu s im p o r t a n t q u ’ o n n e p e n f e
m é r i t e d ’ ê t r e m é d i t é & a p p r o f o n d i . L a p a r t i e d e s
tranfports des fubfiftances, des fourrages, des
malades , des liquides , de l ’habillement, équipement,
armement, etc.., eft fans contredit la
plus coûteufe Sc la plus embarraffante dans les
armées, l’artillerie -elle-même,, au moins celle ;
de parc, Sc peut-être les caiffons de celle dite
légère , pourroit auffi être traînée par des boeufs
attelés avec des colliers en avant d’ un mulet
attelé au brancard. Aulieu d’avoir à la fuite des
armées, des boeufs deftinés à la nourriture dont
on ne fait aucun ufage, on les emploieroit
aux charrois, en ayant le foin de les remplacer
exactement à mefure qu’on en tueroit ou qu’il
en Mnourroit ; ce qui feroit très-facile à calculer.
D’ailleurs en nabituant le foldat à manger
de tems en tems de la viande falée ou fumée,-
en y joignant des boifions analogues à cette
nourriture, on ne feroit pas néceffité de faire
une auffi grande confommation de viande fraîche, ;
& les foldats fe déshabitueroient enfin de fe
nourrir avec de la foupe, dont la confection
entraîne de fi grands inconvénient, St dont la
nourriture eft aufli peu corroborative. Il faut
pour les hommes expofés à des travaux pénibles ,
à de grandes marches, Scc. , d~s alimens qui
occupent beaucoup de place dans l’eftomac Sc
préfentent de la réfiftance à la digeftion.
FRAIZER. Dans la fortification la. fraize eft
une efpècé de paliffade , qui aulieu d’être plantée
verticalement l’eft horifontalement, il peut êrre
avantageux de fraizer un bataillon,- une colonne,
Scc.3.mais avec quoi, comment? Voyez
dans ce fupplément ( au moc c o lo n n e paragraphe
IV ) la manière d’utilifer pour cet objet '
les mars des tentes,'avec tous les détails dans
lefquels eft entré le général Lacuée à qui l’on
doit cette idée.
FRANÇAIS. Envain oublie-t-on les vérités
les plus effentielles & les mieux démontrées j
on ne fauroit trop cependant les répéter, ne
duffent-elles être utiles qu’ une feule fois. Depuis
l ’inftant où les François entrèrent dans les Gaules
en combattans & en vainqueurs, jufqu’au moment
où fe continue encore la guerre de la liberté fur le
continent , guerre dans laquelle ils fe font couverts
d’une gloire impériflable, on a dû fe
convaincre de la valeur des Français , de leur
impétuofité dans l’attaque, de l’influence fur
ceux des chefs qui les conduifent, de leur ref-
peâ: pour l’honneur, Scc. j Sc mil e fois cependant
on a eu à reprocher aux premiers chefs
ou aux fubalternes , d’avoir commis à ce fujet
des fautes graves , qu’on a eu la baffefle de
reprocher injuftemenc aux foldats. Ecoutez
l’hiflorien naïf du maréchal de Boucicaut, il va
nous offrir une réflexion répétée fans celle par
toute l’Europe, Sc qui prouve que le caractère
de la nation françoife a éprouvé bien peu de
changemens. « Nulle gens du monde oneques
» .ne furent trouvés plus hardis ni mieux com-
?s,;battan9 , plus conftans, ne plus chevalereux
» que les François j Sc peu trouve ton de ba-
» tailles où ils aient été vaincus que ce n’ ait été
» par trahifon ou par la faute ae îèurs che-
» vetains & par ceux qui les dévoient conduire ;
s? Sc encore ofai-je plus dire d’eux que quant
as il advient que ils ne s’emploient en faits de
33 guerre &que ils font à fejour, que ce n’efi mie
33 leur coulpe : ains eft la faute de ceux à qui
v il appartiendroit de les embefoigner. Si eft
» domaige que quant il advient que gent tout
» chevalereufe n ont chef félon leur vaillance
» Sc hardieiïe j car chofes merveilles ferment. 33
« Plus nous approchions du lieu de fureté
» ( dit un autre hiftorien ancien ) Sc moins mbn-
33 troient les nôtres qu’ils euflënt vouloir de
33 combattre. Aufli dit-on que c’ eft la nature
33 d’entre nous François : Sc l’ont écrit les
» Italiens en leurs hiftoires , difant qu’au venir
» des François ils font plus qu’hommes j mais qu’ à
>3 leur retraite ils font moins que femmes, &
33 je le crois du premier point 5 car véritable-
33 ment ce font les plus rudes gens à rencon-
33, trer qui foient en tout le monde ; mais à la
33 retraite d’une, entreprife toutes gens.du monde
>3 ont moins de coeur qu’ au partir de leurs
» maifons. » ,
L’auteur dés mémoires de la Trimouille fait
fur le caractère dés François la réflexion fuîvante.
L» Les armées furent long tems l’ une près de
33 l’autre , ( c’eft en Italie Sc fous François I er. )
_3.3. faifant toujours quelques faillies & courfesoù
33 plufieurs furent occis, encore plus de pri-
»3 fonniers qu’on rendoit l’un pour l’autre, félon
« la qualité des perfonnes Sc tout ce contre
• 33 la nature des François, lefquels fi ils. ne
.33 donnent en colere & fureur perdent leur force,
» car ils ne peuvent longuement fupporter les
» ennemis de guerre fans maladie ou diminution
33 de hardieffe. 3»
■ Il eft reconnu affez ' g é n é r a l e m e n t que la
nation françoife n’eft pas propre à ces fortes
de manoeuvres , qui confident à £è battre de loin
1 fans aborder l’énnemi j ceux qui la font combattre
ainfi dans les a l l i o n s en rafe campagne
ne la connoiffent pas 3 fi ils font battus ils méritent
de l’être.
Les François étant de toutes les nations celle
la plus faite pour les actions vives & impétueufes,
c’eft avec eux qu’on doit mettre en exécution
cette maxime de Céfar; l’audace Sc la diligence
étonnent fouvent plus que les préparatifs de 1a
force.
C’eft le p r o p r e d e l a n a t io n f r a n ç o i f e d ’ a t t a q u e r j