
dépens de l’ouvrier. On croit cétre manière
d’ épreuve la feule bonne.
Envain voudroit-on faire croire qu’avec ces
nouveaux moyens , les armes deviendroient trop
cheres ; on connoït c^excellens ouvriers qui fe
chargeroient de fabriquer des armes infiniment
plus folides & à meilleur marché, en évitant de
fuivre la routine actuelle.
4°. Le modèle des armes de la cavalerie
de 17 70, valoit mieux que celui préféré depuis.
On pourroit le rendre plus folide au moyen de
quelques précautions. •
Il eft difficile de trouver des bois aflez conrbés
pour prendre le tour de la poignée ; & le bois
n’étant pas de fil fe cafte fouventen 1 aillant tomber
le piftoïet. Pour lui donner de la folidité,■ on
peut placer une pièce de fonte, faite en forme
de lame de fabre, qui prendroit le deffous de
la calotte & fe prolongëroit paffé les premières
vis de la platine. Cette pièce foutiendroit le bois
du pillolet & rendroit la détente plus folide en
la faifant tenir avec une vis & non avec une
goupille comme à préfent, ce qui rend le bois
défectueux en la chaffant de cô té ; elle ne peut
plus tenir, & l’arme ne part pas avec précifion,
la goupiiie n’étant pas fixe.
Pour remédier à cet inconvénient, l’armurier
touche très-fouvent au cran de la noix pour la
faire partir plus aifément ; par ce moyen il ôte
la croûte de la trempe ; & après avoir tiré quelques
coups elle devient défeCtueufe , & occafîonne
des réparations coûreufes & --inutiles. La pièce
de détente a d’autres utilités ;• on y fait tenir
avec folidité le reffort qui empêche que la
baguette ne tombe dans les fontes ; il eft mieux
placé là qu’à l’ embouchure ou fur le bois.
On peut aflurer folidement à cette pièce de
détente, la fous-garde , foit en dedans ou en
dehors , par le moyen de deux v is , au lieu qu'on
l ’ ajufte ordinairement avec un pivot 8c une goupille
qui pafle à travers , ou avec un crochet
en forme ae bafcule, ce qui vaut encore moins,
car il faudroit faire à chaque inftant de nouveaux
crochets.
Pour faire tenir la calotte, les vis devraient
traverfer le bois 8c les écrous prendre fur la
pièce de détente ; cela rendroit la calotte très-
folide ainfi que le bois ; au lieu de cela dans ce
qu’on fabrique, les vis de la caltftte ne tiennent
que dans le bois, 8c au bout de quelque tems
en ufent néceffairement le filet.
Pour arrêter folidement le canon, on devroit
mettre deux v i s , l’uné prendroit dans le fort
de la culafle, & l’autre dans la pointe.
Quant à la platine, elle devroit être ronde ,
cela faciliterait à faire le cuivre du chien plus
épais, il en feroit beaucoup plus folide & moins
fujet à remuer, ce qui eft un défaut efifentiel ,
car il cafte facilement la vis qui le tient avec
la noix 8c fe perd j on éviterait tout cela par
l’épaiflèur que l’ on donneroit au chien 8c une
vis de noix bien longue 8cc.
Le général Belair, qui paroît s’ être occupé
férieufement de la partie de l’ artillerie , comme
il l’a fait de toutes celles de l’ art de la guerre ,
parle avec éloge du citoyen Feuillet, arquebu-
lïer , qui tout en la Amplifiant eft parvenu à perfectionner
firiguliérement la platine du fufil,
qui eft fans contredit- la pièce la plus effentielle
de cette arme. Ce général parle aufli des découvertes
qu'il a faites à l'égard des fufils ; mais il
n'entre dans aucun détail ; félon lu i , les fufils
dont fe fervent les chafteurs à la guerre , pour-
roient être rendus fufceptibles de portées plus
longues 8c da plus de jufteffe dans le t i r . . . Ce
feroit des fufils courts à deux canons ; ces deux
canons pourroient tirer quatre coups ; tant que
celui qui en feroit armé en feroit un ufage ordinaire,
il fe ferviroit de cette arme comme on
fe fert de celles qui exiftent; viendroit-il un
moment de crife , viendroit-il un inftant décifif,.
reftant toujours en jo u e , il pourroit tirer fes
quatre coups aufli rapidement qu’ il le voudroit ,
même fans changer de v ifé e , fi cela n’eft pas
néceflaire. On n’auroit à craindre aucun quiproquo
, pas même autant que dans un fufil ordinaire
à deux coups près. A ces fimples détails,
auxquels s’arrête le général, il fait efpérer de
pouvoir procurer à cette arme, fans la rendre
plus pefante, un troifième canon, qui | à l’inftant
décifif, pourroit tirer douze ou quinze coups
de fuite prefqu’inftantanément, par un procédé
femblable à celui inventé par ie citoyen Perinet
Do rva l... Bien loin de vouloir jetter le moindre
doute fur la poflibilité d’armes aufli avantageufes ,
furtout de la part d’un officier, dont les con-
noiffances font très-étendues, il refte feulement
à defirer de les voir mettre à exécution & à
eifais.
Le général Belair cite aufli avec beaucoup
d’éloges, les connoiffançes d’un habile méca-
nicien^ Chriftin , qui a finguliérement perfectionné
le fuiil par des procédés qui lui font
particuliers.
On doit au général Montalembert, l’invention
ingénieufe de fufils qui fe chargent par
la culafle, au moyen d’ un mécanifme très-
fimple , très-rfolide ; & qui n’entraîne dans aucun
inconvénient. Entrons dans quelques détails fur
cette heureufe découverte.
On a tenté bien des fois de trouver une mécanique
convenable pour charger par la culafle ;
les canaris des fufils de munition , deftinés à
armer les troupes ; la fuppreflion dé la baguette
qui en diminueroit le poids en étoit un premier
avantage; mais la promptitude du tir en eut
été un bien plus grand encore, fi l’on eût pu
trouver une méthode d’ un bon ufage, c'eft-
à-dire au moyen de laquelle on pût exécuter
très-long tems un feu très-vif; mais c'eft cette
double condition fi difficile à remplir, qui a été
l ’écueil où font venus échoir toutes les tentatives
connues jufqu’à préfent.
La méthode inventée par le maréchal de Saxe,
a été diftinguée de toutes les autres. La grande
prépondérance de ce général, fur tout ce qui
avoit rapport aux armées qu’ il commandoit, a
donné lieu à l’exécution d’un grand nombre de
fufils nommés à mufettes. Ces armes de gros &
de petit calibre étoient percées d’ un trou rond
taraudé, dans lequel une vis de même diamètre
en montant ainfi qu’en defcendant, fermoit 8c
ouvroit ce trou deftiné à recevoir, d’ abord la
balle, enfuite la poudre néceflaire à la charge.
Le fufil ainfi chargé, la vis étant remontée,
on tiro it, & aufli-tôt on tournoit cette vis pour
la rabaifler & charger de nouveau, pour retirer
encore , ainfi de fuite , tant que la vis pouvoit
avoir fon mouvement libre pour monter 8c
defcendre.
Mais bientôt la grande chaleur venant à dilater
le fe r , 8c la crafle de la poudre rempliflant les
pas de la v is , ne lui permettoit plus de defcendre
8c remonter qu’avec peine; d’ abord 8c
enfuite plus du to u t, lorfqu’on vouloit continuer
le feu.
Le feul remède à ce très-grand inconvénient,
eût été de faire la vis d’un diamètre aflez diminué
, du diamètre du trou taraudé, pour que
fa dilatation ni la crafle, ne s’ oppolaflent plus
à fon mouvement ; mais alors il en feroit réfulté
un inconvénient encore plus grand, celui de
donner lieu à' une évacuation confidérable de
la poudre enflammée ; ce qui auroit rendu le
coup d’ un très-mauvais effet.
Ce ne fut qu’à l’ufage que l’on reconnut les
défauts de cette arme, qui obligèrent de l’abandonner.
Le maréchal de Saxe avoit adopté cette même
mécanique à des canons d’une demi-livre de balle,
& d’une beaucoup plus grande longueur que ceux
des fufils de munition ; cette forte d’arme fe
plaçoit fur une efpèce de brancard porté par deux
foldat'; mais le même inconvénient ne permit
pas d’en adopter l’ ufage.
Depuis le peu de fuccès de cette méthode ,
on en exécuta une autre, qui r.e réuflît pas
mieux. La mécanique cor.fiftoit en un double
canon qui enveîoppoit la culafle du premier |$
dans une longueur de fix pouces environ. Tournant
ce double canon , il laiflbit à découvert
l’ouverture pratiquée dans le premier canon ,
qu’il refermoit; enfuite lorfque le fufil étoit
chargé ; mais il falloir ( de même que dans les
amulettes) que c e -double canon eût beaucoup
de jeu , pour que la dilatation du fer échauffé
ne s’opposât pas à fon mouvement ; & ce jeu
donnoit lieu à une très-grande évacuation de la
poudre enflammée, qui s’oppoloit aux longues
portées.
D’après ce que l ’effai de ces deux méthodes
a fait connoître, on voit qu’il faut beaucoup
de jeu à la pièce mobile pour charger, & qu’ il
faut qu’elle foit enfuite très-ferrée pour tirer,
fans quoi Timpoflibilité de réuflir eft démontrée
par l’expérience.
C ’ eft cette néceflité indifpenfable de procurer
ce feu alternatif à la pièce, deftinée à former
l’ouverture du canon, qui a donné l ’idée au
général Montalembert du moyen qu’il a adopté
dans la conftruCt on de fon fufil à clapet, du nom
de la pièce importante, au moyen de laquelle
on ouvre & ferme à volonté l’ouverture pratiquée
à la culafle du canon, pour y introduire
la charge.
Dans ce fufil, la chambre deftinée à recevoir
la balle & la poudre , eft un diamètre plus grand
que celui du canon ; de manière que la balle
d’ un plus grand diamètre que le calibre du canon
s’arrête où ce calibre commence 8c ferme entièrement
le canon , de façon que la poudre qu’on,
introduit dans fa chambre, après la balle, s’y
trouve contenue ; d’abord par cette balle 8c
enfuite par un clapet qui fe lè y e , jufqu’ à ce
que fa partie fuperieure foit parvenue à fleur
du deflus du canon. C ’eft alors que pour maintenir
ce clapet dans cette même pofition , l’empêcher
de tomber par fon propre poids, 8c
revenir dans la pofition où il étoit lorfque l’on
charge l’arme ; une vis de tareau faifant un petit
mouvement, au moyen de la fous-garde qui y
eft adhérente, ferre le clapet, non-feulement
avec aflez de force pour le maintenir dans fa
même pofition , mais elle ferre fa face antérieure
à tel point qu’elle ferme exactement l’extrémité
du canon ; de manière que lors de
l’explofion, il ne fort pas h moindre partie da,
la fumée de la poudre enflammée.
C ’eft en ceci que cette mécanique fe trouve
avoir un avantage, que n’ ont eu aucunes de celles
mifes en uf3ge jufquà préfent, dans les différentes
tentatives qui ont été faites pour parveni*