i
jzi FOR
Mais cêtte théorie offre trois cas differens qui
dépendent de la pofition de la cheville-ouvrière-
La réunion des centres étant fixement à la même
diftance de la face extérieure du mur , nous la
fuppofèrons toujours à deux pieds de cette face
extérieure , que l’épaiffeur du mur foie de quatre
pieis , de cinq , de fix au plus.
Alors fi la pofition de la cheville-ouvrière eft
telle que le milieu du renflement du bourlet près
la bouché’ réponde exaétement au-deflus du '
point de réunion des centres de mouvement 3
ce qui eft celle q u il faut toujours lui donner 3
comme étant la plus convenable > dans ce cas,
les joues extérieures feront tangentes au petit
ce rc le , & les intérieures tangentes au grand
cercle.
Si le renflement du bourlet fe trou voit en
avant de la cheville-ouvrière 3 alors les joues
extérieures , comme les intérieures , feroient
également tangentes au grand cercle.
Si ce renflement fe trouvoit à deux pieds en-
arrière de la cheville-ouvrière , alors les joues
extérieures feroient parallèles au petit cercle,
de même qu’une partie des joues intérieurs 3
puifque le renflement du bourlet feroit en-arrière
y il fuffiroit | dans ce cas 3 que le refte de
la joue intérieure depuis ce bourlet de la pièce 3
fût tiré tangent au grand cercle ; & dans ces
differens cas, la forme de l’embrâfure fera la
même , foit que la cheville-ouvrière fe trouve
placée à l’entre-toife du devant de l ’affût fans
flèche j ou qu’elle le foit à l'extrémité de la
flèche.
Mais après avoir démontré que ce ne peut
être que par un changement dans le tracé dJùne
embrâfure donnée qu’on peut augmenter fon
champ de tir horizontal, il convient de parler
des changemens qui peuvent être néceffaires dans
1 1 pofition ou grandeur des lunettes ou poternes
pratiquées dans les pieds droits des voûtes pour
lé paffage d’ une cafemate dans une autre, j
puifque inutilement donneroit-on aux embrâ-
fures le meilleur tracé ; il faut que l’emplacement
des lunettes y foit relatif, fans^ quoi l’on
n’obtient rien , & c’eft fur quoi l'on s’ eft encore,
beaucoup trompé , en conftruifant les cafemates i
de Cherbourg^
Il n’eft donc point de petites fautes dans de :
fembla'bles opérations, toutes entraînent les p us
fâèhètffes conféquences $ dans ces fortes de cas 3
les dépenfe-s deviennent exceffives , .parce qu’on
ne peut les régler & parvenir -à une certaine
économie , qu'e’ra fuivant des principes conftans..
Les àîfférëns forts cbnftruits à Cherbourg ayant
tous: le ;mê:rn'e objet , ils devroient avoir partout
u'rie entière conformité ; ce font cependant
differentes êpaiffeurs de mur3 -différons talus extérieurs
F O R
différentes êpaiffeurs de voûte, différentes êpaiffeurs
de pied droit, différentes longueurs3 largeurs & hauteurs
dans les café ma tes ; des êpaiffeurs de murs réduites
de plus en moins dans une partie , redeviennent
de moins en plus dans une autre j mais toujours une
furabondance excejfive de maçonnerie.
De pareilles différences font d’autant plus inex-
! plicables, que la pratique journalière de tous
: les arts à pour baie des lois qui la dirigent ,
& qui font les mêmes dans les mêmes cir-
conltances.
Il fuit de ces importantes obfervatiops, que
dans la compofition des cafemates , il faut que
tout foit uniforme , que tout tende & foit également
favorable aux plus grands effets de l’artillerie
, & qu’aucun obftacle de conftruélion ne
s’y rencontre jamais.
Ce n’eft donc que par les differens tracés des
embrâftires qu’on peut , dans une ouverture
extérieure donnée, augmenter le champ de tir
horizontal , & aucun affût, de quelque çonftruc-
tion qu’ il fo it , ne peut opérer cet effet. C ’eft
âulfi une erreur de penfer avec l’ ingénieur Meunier
, que par l ’addition d’une flèche en-avant de
l’aflut , foit de rifle d’Aix , foit.de Cherbourg,
on augmenteroit le champ de tir fans rien
changer aux embrâfures j puifque de quelque
manière qu’un affût foit conftruit , il ne peut
augmenter en rien le champ du tir horizontal;
cet objet ne pouvant provenir que de la manière
dont eft conftruite l’embrâfure.
D’ailleurs, la plus grande facilité & prompti-
èude des mouvemens attribués à l’ affût de Cherbourg
, ne peut être due qu’ à la fupériorité de
fon exécution & aux effieux de fer & boîte de
cuivre qui lui font particuliers > mais non à la
différence de fa compofition , puifqu’ il eft plus
pefant es raifon de fa plus grande quantité de
pieds cubes de bois , & que fon retour en batterie
fe fait fur des rouleaux d un rayon plus
petit que celui des roues qui renvoient en batterie
celui de rifle d’Aix.
En outre l’ affût de Cherbourg ne rempîiffant
aucun des objets pour léquèl il à été compofé,
Occupe beaucoup plus de, place dans les ^cale-
mates , emploie plus de bois d’une efpèce plus
rare & plus chère ,■ ces mouvemens dépendent
d’une grande précifion dans leur compofition ;
(objet qu’on n’ obtient prefque jamais) il né peut
être mis hors de batterie par l’ application .fimple
du levier , comme celui de rifle d'Aix > il ne
peut oppofer aucun obftacle de .plus aux effets
plus grands de la poudre dans' leur reçùi(3. enfin ,
le pointage s ’en fait moins commodément par
l’obftade que les Îdhgiiéurs largeurs- dés chaffis
dppofent aux canonnièrs -pointeurs ; p eft donc
F O R
évident que l'affût à aiguille du général, eft en
tout point préférable.
Voyez pour de plus grands éclairciffemens, je
Mémoire fur ces objets, avec les Planches, dans le
huitième volume de l'Art défenfif.
Cafemates.
Les cafemates ont une origine ancienne, mais
leur conftrutftion fut tbujours vicieufe, renfermée
.dans des fouterreins bas, étroits, fans air
paffant, fans autre ouverture que des chemtnees I
Se peu*de capacité , la fumée de la poudre s‘ y
condenfoit, de manière à ne pouvoir ni y rel-
piter, ni y voir. Après un premier c ou p , il
falloit attendre long-tems pour appercevoir les :
objets extérieurs , 8c pouvoir en ajufter un fécond
; pendant cette ina&ion de la batterie
cafematée, compofée toujours d’ un très-petit
nombre de canons ; celle qui lui étoit oppofée
en plein a ir , avoit le loifir d’ ajufter plufieurs
coups dans les embrâfures de ces c î fe in a tes ,
( faites toujours beaucoup trop grandes ) & d’en
démontrer les pièces ; c’étoit ainfi la batterie
découverte qui faifoit taire la batterie couverte ;
il n'eft donc pas étonnant qu’ on ait abandonné
une méthôde auffi défaftreufe.
Un autre vice de conftruétion , non moins important
, étoit que les murs de face de ces cafe-
' mates avoient à fuppporter la pouffée de leurs
voûtes ceintrées du derrière au-devant ; delà , .
il devenoit indifpenfabie de donner aux murs de
face douze & treize pieds d’épaiffeut ; & comme '
on ntavoit aqcune théorie pour le tracé des embrâfures
, qui fût relative au plus grand effet du
canon dans la plus petite ouverture polhble ,
elles avoient beaucoup plus de hauteur & de
largeur qu’il n’étoit néceflaire , pour l’objet
que les pièces avoient à remplir . ce qui donnort
la facilité à l’ennemi de diriger tous fês coups
dans I’embrâfure ; facilité au refte , qui lut a été
confervée dans le tracé des embrâfures exécutées
aux nouveaux forts de Cherbourg.
En cherchant à élever l’art défenfif au degré
de force auquel il peut atteindre, on reconnoit
bientôt que les cafemates peuvent feules en
fournir les moyens ; mais nullement celles exécutées
( dont les défauts étoisnt évidens ) jufqu à
, celles propofées par le général Montalembert. Il
falloit donc inventer d’autres compofitions qui
fuflent exemptes de ces défauts & en étendre
les effets de manié e à les rendre fupérieurs à
ceux de l’artillerie que l’ affiégeant pourroit leur
oppofer ; en conféquence , le général s’ attacha
à y pratiquer des ouvertures fuffifantes pour
, l'évacuation de la fumée , à les former de différent
berceaux de voûtes fucceffifs dans des di-
reétions perpendiculaires à leurs murs de face ;
F O R ï U
de manière que ces murs n’ayant aucune pouffée
de voûte à Contenir^ tufient foutenus eux-memes
& renforcés par les pieds droits de ces berceaux ;
de là , leurépaiffeur devenoit bien moins- grande,
& de ce moment , les embrâfures pouvoient
être conftruites d’ une forme plus avantageule a
la défenfe ; mais comme il-importe eflentielle-
ment, dans de pareilles conftru&ions , que la
dép nfe foit la moindre poff ble , en obtenant
l’effet le plus grand, les murs de face étant 1 outenus
, au lieu d’avoir à foutenir, ont été régies
à-de moindres épaifleurs , tandis que les cafemates
elles-mêmes ont été difpofëes de manière
à pouvoir y placer beaucoup de canons dans de
petits efpaces , afin d’employer , par ces deux
moyens réunis , moins de maçonnerie, Pour
avoir une quantité de pièces en batterie beaucoup
plus confidérable.
Ces- puiffantes confédérations ont décidé le
général à efpacer, dans les cafemates, les pièces
de 36 à neuf pieds de diftance d’ un centre a
l’autre > et l’expérience faite au fort de J lue
d’A ix , où elles ont toutes été efpacées de meme,
prouve que le fervice à cette diftance s en rai|
très-facilement j par cette même raifon, le general
a placé dans fes cafemates deux, trois & quatre
étages de batteries fous la même voûte , & plus
même, fuivant le degré de force néceflaire a
leur donner. Enfin toutes les arcades ont vingt-
fept pieds dans oeuvre , pour pouvoir placer
trois pièces dans chacune, & avoir le moins d®
mur de refènt poflible j d ou il réfulte plus de
feu & moins de dépenfe.
Cependant les cafemates avaient été déclarées ,
par les officiers dé 'génie, ne pouvoir être d’aucun
ufage dans la pratique; & aucuns de ces
meilleurs n’avoient cherché à remédier aux in-
convéniens qu’on leur reprochait ; & même ,
d’ après l’arrêt de réprobation , aucun officier du
génie n’auroic ofé le retraiter ; ils perfiftèrent
donc à foutenir , malgré les conftruétions différentes
données dans l’ouvrage fur la fortification
perpendiculaire , que ces nouvelles cafemates
ri’éroient pas meilleures que les anciennes.
A in fi, jurqu’ à l’époque des conftruitions &
des cafemates faites à l’ ifle d’Aix , les travaux
femblabl s à ceux qui y furent exécutés ét-oient
méconnus & défapprouvés ; )ufqu'alor's les ingénieurs
n’avoient conitruit pour I3 dêfenie des
rades, que des batteries à merlon & à'embrâfures
découvertes ou à barbette ; mais depuis ,
tandis que les ingénieurs antagonistes'de la fortification
perpendiculaire Courenoient publiquement
l’ impoffibilité du bon ufage des cafemates,
ceux chargés d’établir des batteries à Cherbourg,
pour en défendre la rade, n’ont plus voulu exécuter
des" batteries à merlon & à ciel décou-
■ vert qui défendent la rade de Breft , ainfi que
^ V u « i