
»5 pas parfaitement égal , foit que Ton marche en
» terréin uni, que l'on monte ou que l'on def-
*> cende ;
ç 3°* Devoir l’attention de maintenir la colonne
33 dans la ligne la plus droite que l’on peut, parce
» que toute colonne qui ferpente, s'alonge ;
w 4°. D'obferver que les mouvemens de converfion
que les finuofités des chemins obligent
93 de faire, s'exécutent fans perdre de diftance ;
” 5°. I.orfqu’une colonne d’armée marche par
33 peloton , qu'il faut dédoubler fon front, les
33 Pruffiens font préalablement former la colonne
33 de manoeuvre& le dédoublement s’exécute
03 avec le plus grand ordre. On doit obferver que
33 la colonne de manoeuvre ne diffère de la co-
33 lonne de route qu’en ce que , dans la colonne
33 de route, le foldat marche à rangs ouverts &
03 portant le fufil à volonté ; au lieu que, dans la
33 colonne de manoeuvre la troupe marche du
*3 même pied, à rangs ferrés & portant l’arme à
» l 'épaule ;
» 6°. Lorfqu’il faut réduire le front à fix hom-
33 mes, la colonne n’occupe encore, de tête à
33 queue, qu'autant de terrein qu’elle en occupoit
33 en bataille, parce qu’entre chaque (eétion il
33 refte l’efpace néceffaire pour faire marcher deux
33 rangs avec facilité;
33 70. L’on a foin que les diftances foient tou-
33 jours fcrupuleufement obfervées entre chaque
» fubdivifion ; que le foldat ne fe détourne pas
33 pour éviter la boue ou les flaques d’eau qui ne
33 font pas profondes, & que la colonne ne foit
30 pas embarraffée ni coupée par des chevaux.
33 L’on fait marcher le canon & les caiflfons fur
33 deux & trois de front lorfque le terrein le
» permet j
33 8°. Lorfque des chemins exceffivement étroits
« ( tels font ceux que l’on trouve dans les mon-
» tagnes) obligent à monter trois de front, fi le
33 paffage eft court la colonne marche par le flanc à
» files ferrées, l’arme à l’épaule & le pas cadencé;
33 9°. Si l’on eft obligé de filer par deux ou
*> par un, ce qu’on ne fait que dans la plus grande
» néceflité, on défile avec le p’us grand ordre,
33 la troupe fe reforme à mefure qu’elle arrive au-
» delà du défilé; la tête de la colonne fe porte en
33 avant l’efpace néceffaire, & attend que la queue
x fe foit reformée au-delà du défilé, pour fe remet-
33 tre en marche ; mais, dans aucun cas, on ne fait
» accélérer ni doubler le pas à la première fub-
so divifion de la colonne. L’expérience a appris aux
» Pruffiens, qu’une colonne d’armée, compofée
» d'infanterie, ne pouvoir pas parcourir, dans un
33 beau terrein, plus de dix-neuf cents à deux
» mille toifes à l'heure, en faifant le pas de vingt-
» huit à trente pouces, & de foi xante-quinze à
33 quatre-vingt-cinq au plus à la minute.»
Voilà, nous le répétons & nous le dirons fans
ceffe, voilà un exercice vraiment militaire.
M A R
§. n i .
D e s m a r c h e s .
Les marches peuvent être confidérées comme
divifées en marches de détachement & en marches
d’armée : les officiers fubalternes dirigent les premières
, & les généraux les fécondés.
Quoique les marches qu’un officier fubalterne
eft dans le cas d’exécuter, aient beaucoup de chofes
communes avec celles que les généraux dirigent,
elles ont cependant plufieurs principes qui leur font
particuliers : nous allons nous en occuper, monfieur
Keralio ayant développé l’art de la marche des armées
dans le mot Marche, de ce Dictionnaire,
dont ce volume eft le fu p p lém e n t .
§. IV.
D e s m a rch es d ir ig é e s p a r U s officier s p a r tic u lie r s .
yn détachement qui va exécuter une marche,
doit être divifé en trois parties : en avant-garde,
en corps de bataille & en arrière-garde.
Quand on eft affuré de fes derrières, l’avant-garde
doit être plus forte que l’arrière • garde ; quand on
craint pour fes derrières, c’eft l ’arrière-garde qui
doit être.la plus forte ; l’avant & l’arrière-garde
ne doivent confumer enfemble qu’environ le tiers
du détachement.
Dans la plaine, l’avant & l’arrière-garde doivent
être fournies par la cavalerie ; dans les pays couverts
& montueux, par l’infanterie ; dans les
pays coupés, par l’infanterie & la cavalerie réunies
: au défaut de cavalerie on choifit, pour
l’avant & l’arrière - garde, les hommes les plus
vigoureux & les plus leftes.
L’avant-garde doit être divifée en deux parties,
en corps d’avant-garde & en découvreurs. ( V o y e
relativement à la conduite des découvreurs, l'article
confacré à ce mot; )
Le commandement de l’avant-garde d’un détachement
en marche fera donné à un officier ou à
un fous-officier intelligent, ferme & prudent; cet
officier fe conformera aux principes établis dans le
mot A vant-garde de ce S u p p lém en t.
Un détachement qui eft précédé par des découvreurs
adroits & par une avant-garde intelligente,
qui eft fuivi par une arrière-garde prudente &
par des découvreurs vigilans, n’a certainement
pas à craindre d’être furpris ; s’il eft fage , il marchera
cependant toujours avec prefqu’autant de
précaution que s’il étoit ifolé.
Avant de for tir du camp, le commandant en chef
du détachement nommera un officier pour commander
fous fes ordres & le remplacer en cas d’accident
: cet officier aura le fecret de l’opération
que le détachement va exécuter ; lê chef de l’avant
- garde & ce commandant en fécond doivent
feuls en être inftruits.
'On ne doit rien négliger pour que les foldats du
détachement ne puiffent deviner quel eft le but de
la marche ; aînfi les déferteurs font moins utiles à
l'ennemi, & les prilonniers qu’il fait, ne peuvent
lui donner des nouvelles intéreffantes.
Quelque peu nombreux que foit le corps de bataille
d’un détachement, il fera toujours divifé en
quatre parties ; chacune aura fon chef particulier ;
ainfi les ordres généraux feront mieux exécutés,
8c fi l’on eft dans le cas de tirer fur l'ennemi, le
détachement ne fera jamais dépourvu de tout fon
feu en même tems.
Le commandant en chef du détachement fe procurera,
avant de fortir du camp, un plan exaét de
tout le pays qu’il devra parcourir, & il prendra
auprès des guides & des gens qui conr.oîtront la
route qu’il devra tenir, toutes les informations
qui pourront lui être utiles : le détail de ces informations
eft configné dans le mot Reconnois-
sance. Sur le plan qu’on aura communiqué au
commandant du détachement, & fur les rapports
qu’on lui aura faits, il formera aifément l’ordre
général de fa marche.
Avant de fortir du camp, le chef de l'entreprife
tiendra avec fon lieutenant & le commandant de
l'avant - garde, une efpèce de confeil, dans lequel
il confiera à'ces deux officiers tout le plan de l’opération;
il leur donnera alors les ordres qu’ils doivent
fuivre pendant la marche : il afferablera enfuite
tous les officiers & les fous-officiers qui auront 1
descommandemens particuliers, & il leur donnera
les inftruélions générales qui pourront leur être
néceffaires; mais il obfervera de ne point découvrir
le fecret de l’opération : ces inftru&ions pourront,
fuivant les circonftances, porter fur les objets
fuivans.
Quelque circonftance favorable qui fe préfente
pour acquérir de la gloire, les commandans des
differentes parties du détachement fe contenteront
d'exécuter les ordres qui leur feront donnés; le chef
de l’entreprife gravera cette maxime encoré plus
avant dans fon efprit, qu’aucun de fes fubordonnés.
Le commandant en chef recommandera à fes
officiers, de maintenir leurs troupes dans le plus
grand ordre & dans le plus grand filence : une
troupe qui marche en défordre, eft battue fi l’ennemi
paroît à l’improvifte ; & celle qui, dans les
occafions indifférentes, n’obferve point un filence
profond, l’obferve encore moins dans les occafions
importantes; auffi ne peut-elle pas exécuter
les ordres qu’on lui donne, ou parce qu’elle ne
les entend pas, ou parce qu’elle les entend mal.
On empêchera les foldats de la même divifion
de confondre leurs rangs, leurs files, & à plus
forte raifon, defe mêler avec ceux des autres di-
vifions : on ne leur permettra jamais, ni de porter
les armes en bandoulière ni d’envelopper la batterie
de leur fufil avec des chiffons.
On ne permettra à aucun foldat de fortir de fon
rang, fans être accompagné par un fous- officier;
cette permiffion ne fera même donnée que rarement
: pour y.fuppléer on fera faire , d’heure en
heure , au plus tard, une halte de quelques minutes.
■ ' j
Afin que les foldats ne foient pas obliges de
quitter leurs rangs pour aller chercher des vivres
, le commandant en chef 1 es obligera de porter
dans leur fac ceux qui leur feront néceffaires.
Quand le commandant du détachement croira devoir
débarraffer fa troupe du poids de fes provi-
fions de bouche, il les fera mettre fur des chariots
; il y fera placer encore tout ce qui pourra
être néceffaire pour la fubfiftance de fes officiers
& de fes fous-officiers.
Quand on devra faire une halte un peu longue
pour faire manger ou repofer les foldats, on choi-
fira un endroit fort par fa nature & couvert par
quelqu’abri naturel ; on poftera des fentinelles fur
toutes les avenues, fur des arbres & fur des hauteurs;
on placera la moi.ié du détachement en
bataille, vis - à - vis le chemin que l’ennemi doit
naturellement fuivre ; l’avant-garde & les découvreurs
relieront à leur diftance ordinaire : les foldats
qui feront en liberté, ne pourront jamais dé-
paffer les fentinelles; leurs armes feront placées
de manière à ce qu’ils puiffent les reprendre fans
confufion.
Quoiqu’une halte ne doive durer qu’un inftant,
on ne mettra jamais en meme tems en liberté plus
de la moitié de la troupe:dans ces petites haltes,
les foldats ne s’éloigneront jamais à plus de vingt
pas du corps du détachement.
Les officiers qui feront à cheval, s’arrêteront de
tems en tems pour voir filer leur troupe ; ils feront
ferrer les files & les rangs qui feront trop ouverts :
ils remédieront à toutes les petites négligences que
les fous-officiers ou les foldats fe feroient permifes.
On a dit en morale, ce font les petites précautions
qui préparent les grands fuccès, & les petites
négligences qui caufent les grandes défaites.
Quoique vous fâchiez que l’ennemi eft éloigné ,
vous ne marcherez pas avec moins de précautions
que s’il étoit proche : votre adverfaire peut, par
une marche fecrète ou forcée, s’être rapproche
de l’endroit où vous devez pafièr ; vous marcherez
avec plus de précautions encore pendant l’été, que
dans toute autre faifon : les moiffons dont la campagne
eft couverte, l’épaiffeur des haies, le fourré
des bois, facilitent les embufcades.
Pour rendre un peu de force & de courage à des
troupes fatiguées, on fera refter derrière le détachement
quelques foldats leftes & robuftes, auxquels
on ordonnera enfuite d’aller reprendre avec
légéreté le rang qu’ils occupoient à la tête de la
colonne : l’exemple de ces hommes piquera l'amour
propre du refte de la troupe, & , comme per-
fonne ne l’ignore, l’amour-propre eft l’aiguillon
1 le plus puiffant qu’ on puiffe employer avec les foldats
:l’exemple de leurs officiers feroit peut être,
un encouragement plus adtif, & dont il feroit
avantageux de faire ufage avec eux. Le commandant
en chef qui voudra donc engager les foldats
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