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pour préférer le plus fort & le moins difpendieux : !
nos colonies anciennes & nouvelles exigent les
mêmes foins. ( Le général Montalembert a donné
un projet de lignes permanentes pour nos frontières
anciennes de la Baffe-Alface, volume IV ,
planche XII j cette méthode peut fervir d’exemple
pour toute l’étendue des frontières, tant continentales
que maritimes. )
» Ces lignes fuivroient le cours des rivières ,
des ruiffeaux & des canaux de navigation partout
où le terrein permettroit d'en faire. Rien de plus
facile, par exemple, que d'en établir depuis le
Doubs jufqu'à Landau, &c. de la Sarre & du Rhin,
à Dunkerque ou à Oftende } mais tous ces projets ;
doivent être faits avec économie, & il faut avoir
une grande furveiliance fur leur exécution.
» J1 faut auflî éviter de croire que les officiers
du génie font les feuls qui puiffent donner & fui-
vre de pareils plans. Il eft enfin tems que le miniftre
de la guerre s'entoure des confeils d’un comité}
il eft tems de mettre à une efpèce de concours
les idées utiles, furtout lorfqu'elles doivent
autant contribuer à la fûreté de la république &
à l'économie dans fes dépenfes. Le premier arpenteur
peut tracer un front baftionné } il lui
fuffït de favoir qu'il faut, autant qu'il eft poflible,
défiler fes ouvrages des hauteurs voifines 5 que ,
afin de donner à chaque front la bonne proportion
, le côté du polygene doit être de i8cr toi-
fes, la perpendiculaire d'un fixième de ce côté,
& la face du baftion, dedeuxfeptièmes de ce côté.
Tout entrepreneur debâtimens peut enfuite élever
en très-bonne maçonnerie les murs de revêtement
de ces remparts. Tous ces différens fys-
têmes baftionnés, enfantés depuis deux cents ans,
ont à peu près la même valeur, & tout jeune
homme doué de quelqu'intelïigence, en fortant
des mains de fon maître de mathématiques, en
fait autant à cet égard, qu'aucun des officiers du
génie. Ces connoiffances ont été négligées jufqu’à
ce moment par les autres officiers, parce que nul
autre qu’un ingénieur ne peut être chargé d'avoir
rien à ,décider en ce genre. Exigez que, pour obtenir
des commandemens de place, de divifions
territoriales, &c. on foit inftruit, & que l'on ait
acquis des connoiffances fur les fortifications, &
bientôt le miniftre de la guerre ne fera plus ex-
pofé à s’en rapporter aveuglément à un officier du
génie, pour les projets qu’il aura à propofer. Il
auroit, pour s’éclairer, à prendre l'avis de fes of ficiers
occupant les places dans les vftles ou fur les:
frontières, & c. Chacun de ces officiers étant changé
de.yeiller à leur bonne exécution, on ferpit
certain quelles dépenfes.faîtesfeçoient aùffi.a'yàn-.
tageufes. à une taeilleurq défenfey qii'eUesryfont
inutiles dans la plupart des lieux où .elles font fai-, !
tes : ii fuffit de ce feul principe à retenir, pour \
être d’excellens juges.
» La fortification qui pourra donner.fur chaque ]
point dé fa circonférence une plfis grande quan- j
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tité de feux & mieux couverte, eft toujours celle
qui doit être préférée.
gàj Le miniftre ayant donc à s’occuper d’un objet
auflî effentiel que celui de mettre en bon état de
défenfe les places de guerre & les frontières de la
république, pourra ordonner qu’il foit fait, dans
chacun des département frontières, des projets
de lignes frontières permanentes, afin d’ordonner
ceux de fes projets qu'il jugera devoir préférer ,
de quelque part &r de quelque perfonne qu'ils
viennent : mais pour être affuré de la vérité & de
l’exaélitude des différens expofés qui feront faits,
le miniftre nommera fix ou huit mfpe&eurs des
fortifications, pris parmi des officiers étrangers
au corps du génie, & choifis parmi ceux ayant des
connoiffances en ce genre, & on s’en rapportera
à leur avis fur la bonté des projets propofés. »
( V o y e i Système , dans ce S u p p lém en t. )
PLAINES. Nous nous bornerons ici à quelques
préceptes militaires, relativement à la conduite à
tenir dans les plaines.
Dans un pays de plaine, les avant-gardes ne
doivent pas s'éloigner du Corps de l'armée de plus
de deux lieues, & il eft fage alors que chaque aile
& le centre aient une avant-garde , & que toutes
trois marchent fur une feule ligne, & chacune fur
la même direction que doit fuivre le corps d’armée
qu’elle précède.
Si l'on attaque un convoi dans une plaine, il
faut en attaquer les trois parties à la fois.
M. le maréchal de Saxe vouloit que, pour les
Français, on évitât avec foin les affaires en plaine,
& qu'on les réduisît toutes à des affaires de pofte.
Dans le combat de Géranium, Minucius, général
de la cavalerie romaine, fut battu par Anni-
bal, pour avoir négligé de reconnoître la plaine
qu’il avoit à fa gauche quand il alla attaquer les
troupes placées fur la hauteur } preuve que les
plaines qui paroiffent les plus rafes, font fufcep-
tibles de cacher des embufcades, & qu’un général
ne doit faire aucun pas, aucun mouvement,
fans bien faire reconnoître tout le terrein qui l’environne.
| Dans les marches en plaine, les avant & les
arrière-gardes doivent être compofées de cavalerie
, & ori. ne doit fouffrir aucune troupe d'infanterie
avant ou après-: il eft auflî important de
régler alors fa marche fur la manière dont on doit
camper.
Il eft ordonné à tout offipier pruflî.en qui commande
un détachement d’infanterie, avant d'entrer
.dans une plaine: découverte r de ; faire fon
j ppflible ppur faypir s'il petit aynir à; craindre l’ennemi
, ou s'il; court les rifques d'êtreattaqué par
un corps de tavâlerie :.alors il doit tâcher de gagner
le plus prochain cimetière pour y mettre
fon convoi ou fa troupe en fûreté 5 mais s'il ne
peut en trouver, ou quelque chofe.de femblable,
il dçit .s’emparer de quelque taillis, -foffé, &ç.
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ou de tout autre pofte qui foit t e l , que Fes derrières
foient libres. Là il doit bien ménager fon
feu, & ne fe rendre que lorfqu'il fe voit tellement
preffé par l’ennemi, qu’il défefpère de fe
faire jour au travers ou de recevoir du fecours.
PLATINE ( Couvre ) , l'une des parties les
plus effentielles du fufil. ( On voudra bien lire ce
mot dans ce S u p p lém en t. ) Mais plus la bonté du
fufil dépend prefqu'entiérement de la platine,
moins on a pris en général de précautions pour la
préferver de l’hurriidité & de la rouille, qui l'une
& l'autre en détruifent entièrement le fervice.
En Pruffe, où l’on a pouffé fi loin tout ce qui
tient à la partie militaire, même dans les plus
minutieux détails , on n’a pas oublié de couvrir
la platine du fufil, afin de la mettre à couvert dè^
la pluie]& de l’humidité. Quelques militaires, inf-
truits par l'expérience, & s'étant convaincus combien
il arrivç fouvent à la guerre de ne pouvoir
pas fe fervir des fufils, foit parce qu'ils ont été
expofés à la pluie ©u à l'humidité, foit parce
qu’il pleut au moment de l'a&ion , ont témoigné
le denr de voir établir l'ufage des couvre-platines
pour les fufils ou moufquetons dont on fait ufage
dans lès differentes armes j mais jufqu'à préfent
on n'a pas pu parvenir à convaincre de la nécef-
fité & encoré moins de l'utilité du couvre-pla-
tine. Un armurier très-fameux, le citoyen Bouil-
let, avoit fait un modèle de couvre-platine d'après
ceux dont on fe fert en Pruffe & cèlui trouvé
fur l'un des fufils de quelques prifonniers pruf-
fiens faits en Champagne } mais ce couvre-platine
étoit très-imparfait, en ce qu’il falloit l’Ôter du
fufil pour amorcer, armer & faire feu. Ayant un
grand defir de faire adopter pour les troupes fran •
çaifes le couvre-platine dont nous connoiffions
tous les avantages , nous vîmes le citoyen Bouil-
let, & , après avoir rectifié enfemble le modèle
qu’il avoit donné & avoir réufli à obtenir un couvre
platine très-folide & qui reftoit adhérent au
fufil, fans gêner en aucune manière le foldat pour
ouvrir le baflinet, amorcer , fermer le baffinet,
armer & faire feu, nous nous empreflâmes de
préfenter un fufil de guerre, avec le nouveau
couvre - platine , au général Bernadote , alors
miniftre de la guerre, qui applaudit à nos intentions
, mais qui fut obligé de-renvoyer à un autre
moment l'examen de cet objet. Dans cet intervalle,
chargé d’une infpe&ion dans le Midi, &
ne pouvant plus fuivre avec perfévérance les
bonnes intentions du général Bernardote, celui-
ci quitta le miniftère, & l'idée du couvre-platine
reftadans l’oubli, ainfî que tant d’autres découvertes
infiniment précieufes pour l’art de la
guerre , dont les auteurs font découragés par la
manière, on ofe dire déd-figrieufe , dont les accueillent
les officiers ou les chefs de bureaux auxquels
on les adreffe, & que leur ignorance ou les
préventions qu'ils doivent au corps auquel ils
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tiennent, font rejeter tout ce qu'ils n’ont pas
conçu ou n’ont pas entendu prôner par leurs
maîtres ou les chers de leurs corps.
POLITESSE. La politeffe devroit être l’ex-
preflîon des vertus fociales îles vertus fociales
font celles qui nous rendent agréables à ceux avec
qui nous avons à vivre. Une des premières vertus
fociales eft de tolérer dans les autres ce qu’on
doit s'interdire à foi-même II faut éviter la politeffe
, trop commune de nos jours, de ces hommes
qui, fans avoir aucune vertu, ont l'ift de les
imiter toutes 5 ils favent témoigner du refpeéi à
leurs fupérieurs , de la bonté à leurs inférieurs ,
de l’eftime à leurs égaux, & perfuader à tous
qu'ils en penfent avantageufement, fans avoir
aucun des fentimens qu'ils imitent.
C ’eft la franchife qui doit être la bafe de la
vraie politeffe. 1 es hommes fe doivent des égards}
puifqu'ils fe doivent tous de la reconnoiffance ,
ils fe doivent donc réciproquement une politeffe
digne d'eux , faite pourNaes êtres penfans, & variée
par les différens fentimens qui doivent l’inf-
pirer.
Ainfî la politeffe des hommes en place doit être
de l’humanité } celle des inférieurs, de la reconnoiffance
, fi les hommes en place la méritent 5
celle des égaux, del'eftime& des fervices mutuels :
loin d'excufer la rudeffe, il feroit à defirer que la
politeffe , qui vient de la douceur des moeurs ,
fût toujours unie à celle qui partiroit de la droiture
du coeur.
Infpirez aux militaires l'humanité & la bienfai-
fance, ils auront la véritable politeffe ou n'en auront
plus befoin : s'ils n’ont pas celle qui s’annonce
par les grâces, ils auront celle qui annonce
l’honnête homme & le citoyen.
Au lieu d?être artificieux pour plaire, il leur
fuffira d’être bons} au fieu d’êrre faux pour flatter
les foibleffes des autres, il leur fuffira d'être in-
dulgens : leurs camarades, avec lefquels ils auront
de tels procédés, n'en feront ni enorgueillis ni
corrompus} ils ne feront que reconnoiffans & en
deviendront meilleurs.
POLITIQUE. Un auteur a dit que les tourne-
broches étoient le cachet de. la civilifation, &
ue les peuplades qui grillent leur nourriture fur
es charbons, n’ont point de droit des gens , ÔC
grillent auflî leurs prifonniers de guerre.
ce Examinons donc ces machines inftruétives.
Ici, c'eft un appareil favant de contre-poids, de
chaînes & de cordes 5 là , une fumée légère gliffe
en ferpentant, furies ailes d’une roue qu'elle agite}
ailleurs, le barbet Laridon galope fans changer de
place, dans le mobile cerceau où il eft renfermé}
ailleurs,c'eftlapetite fervante aux yeux effrontés,
& quelquefois le vieux précepteur de la maifon, qui
tournent de la main l'officieuxinftrument} la première
, d’un air diftrait} le fécond, avec une gour-
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