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vert ces derniers de cendre tic d’infamie j tic il ferait
auffi déplacé qu’inconféquent de leur donner
encore la moindre récompenfe pécuniaire, puif-
que les terres qu’ils ont achetées , les palais dans
lelquels ils font logés, les meubles fomptueux,
les équipages brillans dont iis fe fervent, attellent
allez hautement qu’ils ont fu affez bien fe nantir
d’avance & prêter au gouvernement leurs fervices
fur des gages qu’ils fe font emprelfés de s’approprier.
Voici donc ce que nous propoferions pour diminuer
, autant que poftible, la charge du tréfor
public, relativement aux vétérances pour les fol-
dats, tic aux retraites pour les officiers. Nous nous
appuyerons de l’exemple de ce qui fe paffe en
Écoffe fur l’adminiftration des pauvres : ils font
fecourus avec humanité tic affeéton , & on n y ô te
p o i n t a u x h om m e s le u r lib e r té p o u r le s n ou r rir .
Nous allons copier ici ce que dit à ce fujet
M. Morton Éden , dans un ouvrage fur J'état des
pauvres en Angleterre, que l’on vient de traduite.
« Ce font les fociétés de prévoyance qui doi-
» vent fuppléer à toute efpèce d’adminiftration.
» Malheur à l’autorité prévoyante qui conçoit
» de l’inquiétude fur lès alfociations ! Elles feules
» peuvent faire le bien. Les gouvernemens qui
*> veulent s’en mêler , font trop chers à mettre en
» mouvement > les particuliers ifolés manquent
» de puiffance: l’intention & les moyens du bien
« public ne fe trouvent donc que dans les affo-
» dations.
-o Le lord Harcourt a formé une fociété de
» prévoyance dans une de fes terres : chaque
» payfan affocié paie à la maffe i fou par femaine,
« & le lord Harcourt i pour chacun des contri-
» buans. Ces deux mifes forment un fonds qui
» eft la propriété de l’individu, & dont il peut
» difpofer dans un cas de néceffité. S’il le fait
*> fous de mauvais prétextes , il n’emporte que fa
» mife j fi , fous de bons prétextes , il emporte
l’une tic l’autre, en cas de mort ces fonds pour-
» voient d’abord aux frais de l’enterrement, tic le
v> refte de la double maffe va à fa famille. »
Ce font ces idées dont nous délirerions, que
l'on tirât parti j ainfi nous propoferions de faire
une retenue de yo cent, par mois à chaque foldat.
de i liv. à chaque fous-officiers,
de 3 liv. à chaque fimple officier,
de 4 liv.. à chaque officier en chef,
de 12 liv. aux adjudans-généraux.
' de 18 liv. aux généraux'de brigade,
de 24 liv. aux généraux de divifion.
Nous n’entendons parler ici que des officiers en
activité de fervice, qui font payés,,& que ce fût
fur leurs appointemens que s’ opérât la retenue
propofée.
. Toutes ces différentes mifes feroient doublées
car le gouvernement,..qui n.e fe méleroix nulie-
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ment de leur geftion j elle feroit confiée à u«
confeil d’adminiftration dans chaque chef-lieu de
divifion, fous l’infpeélion du général qui la com-
manderoit, tic plus immédiatement fous celle du
confeii-général d’adminiftration, féant à Paris, à
l’hôtel des vétérans.
Sans développer davantage cette idée fi fimple,
donnons un app.erçu des avantages qui en réful-
teroient, foit pour l’économie du tréfor public,
foit pour le traitement des vétérans.
Suppofons trois cent mille foldats auxquels on
retienne 6 liv. par an à chacun, cela
produiroit la fomme de.......... . . . . 1,800,000 1.
Cette fomme doublée par lé gouvernement,
c i.......................... . i,8©o,ooo
Fournhoit celle d e ................ 3,600,0001.
Suppofons actuellement dans le cours ordinaire
des événemens, fix mille vétérans, ce qui feroit
exorbitant, à 400 liv. l’un dans
l’autre, comme nous l’avons pro-
pofé, cela feroit.............. ............. 2,400,0001.
Donc de trop.................... . 1,209,000 1.
Cette fomme feroit employée à fubvenir aux
penfions que l’on feroit aux veuves des vétérans
& aux frais occafionnés par l’éducation de leurs
enfans.
Mais, dans cette nouvelle fuppofition, le gouvernement
ne dépenferoit plus 4,400,000 1. que lui
coûteroient fix mille vétérans, avec le traitement
aCtuel, mais encore il épargneroit 600,6001. furie
traitement de 400 1. par homme, que nous ayons
propofé, & il auroit une fomme de 1,200,000 1.
pour affurer l’exiftence des veuves tic l'éducation
des enfans des vétérans.
Ce que nous venons de dire pour les foldats, feroit
encore bien plus avantageux pour les officiers *
des veuves & de l’éducation des enfans defquels il
faudroit auffi s’occuper.
Nous ne poufferons pas plus loin les calculs tic
les preuves, mais nous ne pouvons réfifter, en fi-
niffant cet article, de tranferire ici ce qu’écrivoit
à ce fujet, en 1780, l’auteur du S o ld a t c ito y e n .
« Veut-on jeter un coup-d’oeil fur. cet établif-
fement élevé par le faite tic la munificence à la
porte de la capitale? on y voit une multitude de
foldats 8c d’officiers qui ont à peine le pur nécef-
faire, tandis que les bâtimens qui les renferment ,
coûtent énormément par leur entretien, leur décoration
, leur magnificence tic leur étendue, tic
qu’un gouverneur, un lieutenant-de-roi, un major,
un intendant, tic c . font logés tic entretenus dans
ce même hôtel avec profufion : on y voit le foldat
eftropié, confondu avec celui qui n’eft qu’infirme,
tic celui-ci mêlé fans difiinétion avec des hommes
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encore vigoureux, qui pourroient être utiles à la
patrie par des ouvrages peu pénibles, tic qui aug- .
menteroient leur bien-être.
» Pourquoi toutes les entreprifes pour l’hôtel
des Invalides font-elles autant recherchées ? C’eft
que toutes font la fource de fortunes très-rapides
& très-confidérables; l'ètat les paie, tic les foldats
en font la viètime 3 rien dé plus fage fans doute
que les ordonnances que l’on fit à l’époque de cet
établiffement ; mais elles font devenues bientôt
inutiles, comme beaucoup d’autres j elles n’ont
pas détruit le grand inconvénient de l'emplacement
de hôtel, dans l’endroit du royaume où
les vivres font les plus chers, tic elles ne pou-
voient que bien peu contre les abus qui ne manquent
jamais de le gliffer dans l’adminiftration tic
les entreprifes pour le vivre, le vêtir, la guéri-
fon, l’entretien, t i c c . d’un auffi grand nombre
d’hommes raffemblés dans la même maifon.
ce Veut-on enfuite examiner le fort des foldats
à qui l'on accorde la folde entière après vingt-
cinq ans de fervice ? on y trouve encore de grands
inconvéniens. Si ces foldats font bleffés ou infirmes
, de façon à avoir abfolument befoin du fe-
cours d’autrui, la retraite qu’on leur accorde, n’eft
pas fuffifante. Si au contraire ils peuvent encore
travailler, cette retraite eft trop confidérable &
fort onéreufe à l’état.
» Il lèroic inutile de vouloir parler ici des retraites
de la plus grande partie de nos officiers 5 elles
font frop fouvent, ou nulles, ou fi modiques, ou fi
mal payées, que l’on ne peut s’en occuper que pour
y propofer des changemens.
» Cependant, quand on réfléchit fur cette partie
eflentielle des récompenfes qu’on doit accorder
aux mililtaires, il fe prélente dans la conftitution
(agricole) que l’on propofe, plufieurs moyens de
les rendre en même tems utiles tic avantageux aux
citoyens & à l’état.
■ » Je vais hazarder quelques vues, dont l’exécution
pourrqit peut-être faire bénir aux vieux
militaires les foins de leur patrie pour eux.
m On pourroit diftinguer parmi h s officiers,
i°. ceux invalides, c’eft-à-dire , ceux que leurs
bleffures ou des infirmités prifes à la guerre mettent
hors d’état de continuer le fervice & de fe.
fervir eux-mêmes j 20. ceux infirmes, c’eft-à-dire,
ceux que leur grand âge ou des infirmités met-
troient dans le cas d’avoir befoin de quelques fe-
cours 5 30, ceux encore en état de fervir fans aller
à la guerre, enfin parmi ceux-là, ceux riches tic
ceux qui n’auroient que peu ou point de fortune.
» 1®. Les officiers invalides auroient des places
dans les hôtels militaires 5 20. ceux infirmes
feroient placés dans des hameaux à leur choix ;
30. ceux encore en état de fervir fans pouvoir
faire la guerre, après vingt-cinq ou trente ans de
fervice, tic quarante ans d’âge au moins, fourni-
roient aux officiers des compagnies auxiliaires, à
celles de l’hôtel militaire, aux places des commif-
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fai res des guerres, après avoir toutefois fubi un
examen fur cet objet, tic aux d.fféremes places
avec émolumeiis.
• ». On concevra facilement que ces differentes
places ne feroient données qu’à des officiers d’une
fortune bornée : l'on fe borneroit, pour ceux qui
feroient riches, à des honneurs, des diftinchons üc
des places fans émolumens.
» Dès qu’un officier de la troifième claffe auroit
le malheur de devenir infirme, il pafieroit, dès
qu’il le demanderoit, parmi les officiers de la fécondé
c la f fe tic auroit une place dans le hameau
qu’il choifiroit.
» On pourroit auffi diftinguer lès folda-s qui ne
font plus en état de faire la guerre, en plufieurs
claffes.
» La première feroit remp'ie par les foldats invalides,
qui feroient placés à l'hôtel militaire.
» La fécondé, qui feroit celle des infirmes,
auroit fes places dans les hameaux.
» La troifième feroit compofee de tous les foldats
qui auroient fervi feize ou vingt-quatre ans :
on choifiroit dans cette claffe, tous les fous-officiers
des compagnies auxiliaires tic celles de l’hôtel
des militaires 3 elles fourniroient à recruter les
‘maréchauffées tic à remplacer les perfonnes changées
de veiller à l’entretien des grands chemins ;
des canaux, à la fureté des récoltes & à la pe;-
ception des différens droits.
» Et fi toutes ces places ne fuffifoient pas , les
foldats vétérans de la troifième claffe en trou-
veroient dans les différens hameaux.
» Un foldat qui auroit mérité la vétérance tic
qui voudroit fe retirer dans fa famille, s’ il étoit
peu riche, recevroit, félon fes fervices, une fomme
qui ne pourroit jamais être au deffous de 140 1.:
s’il étoit riche ou dans l'aifance, on fe borneroit à
lui accorder des dillinétions ou des places fans-
émolumens.
» D.=-même que pour les officiers, tout foldat de
la troifième claffe , quand même il fe feroit retiré
dans fa famille, pourvu qu’il ne fût pas riche, dès
qu’il feroit devenu infirme ou invalide, obtien-
droit place dans l’une ou l’autre de ces claffes.
VOITURES. On croit qu’il feroit préférable
de faire porter les tentes tic les bagages des troupes
, pendant la guerre, par des voitures plutôt
que par des chevaux.
Une voiture comme celles dont les Comtois fe
fervent pour porter les fromages, atelée d’un
feul cheval, porteroitpartout 1250, &équivau-
droit à cinq chevaux de bât. Un feul homme
conduiroit quatre de ces voitures > ainfi quatre
chevaux équivaudroient à vingt, tic un charretier à
n, cinq : d’où il rélulteroit un cinquième d’économie
tic beaucoup moins d’embarras. Cependant ,
pour utilifer les boeufs qui font deftinés à nourrir
les foldats, 8c qui fuivent les armées en les incom-
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