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vous p outre £ en régler l'exécution &r en afTurer '
la ré»flite. La fituacion & l’étendue du front de
l ’ennemi & le nombre de vos troupes détermineront
la difpofition & le nombre des attaques
vraies & faufles : ïï vous ne pouvez en faire plu-
fieurs éloignées les unes des autres, bornez-
vous à une générale, ce; qui eft moins avantageux
que quand on peut obliger fon adverfaire à divi-
fer fes forces > attaquez deux heures avant le
jour , pour que l’ennemi ne puifle voir votre difpofition
: l'infanterie fera foutenue dans la plaine,
par la cavalerie , & fur les plateaux , par des
troupes légères à cheval. Si l’ennemi a des redoutes
en avant de fes retranchemens, l’attaque doit
s’en faire ( en même tems que celle dés autres re-
tranchemens ) avec des troupes légères à pied ou
des grenadiers foutenus par des bataillons.
Si l’ennemi eft retranché fur des hauteurs d’une
pente un peu rude & difficile 3 marchez à lui lentement
3 pour que vos troupes ne foient pas el-
fouflées en arrivant j ce qui les expoferoit à être
ïenverlees facilement. Vous avez d’autant plus
de raifons pour ne pas vous preffer , que le feu
de l ’ennemi du haut en bas n’ eft pas dangereux.
1 §. V .
Des lignes dans les montagnes.
Les lignes qu’on fait pour garder les gorges,
feront facilement tournées par les montagnes des
environs, quelqu’ innacceflibles qu’ elles paroif-
fent ê tre , & malgré tous les soins qu’on aura
pris pour en gâter les fentiers. Les détachemens
qui les auront tournés, n’ auront qu’ à fe montrer
pendant qu’on les attaquera de front, pour fairé
tomber les armes des mains de ceux qui les défendent.
Un autre inconvénient des lignes dans les montagnes
, c’eft lorfqu’on eft obligé de garder plu-
fieurs gorges de front, qui fe communiquent difficilement
j l’ennemi peut réunir fes efforts fur
l’une de ces gorges, & s’il la prend 3 il pénètre &
en profite pour tourner les autres.
M OT. On diftinguera deux efpèces de mots :
le mot de l’ordre , le mot de ralliement. L’objet
commun de ces deux mots eft la fûreté des camps,
des poftes , des places & des troupes qui les gardent
: il y a entre ces deux mots des différences
que nous allons faire connoître.
§. Ier.
Du mot de Vordre.
Le mot de l’ ordre eft compofé de deux mots, du
nom d’un faint, d’ un grand-homme, d’une vertu,
& c . & d’une ville ; la lettre initiale de ces deux
mots eft allez ordinairement la même.
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C ’eft l’officier qui commande dans la place, qui
donne le mot de l ’ordre j c’ eft un officier d’état-
major qui le reçoit, le diftribue ou le fait diftri-
buer par des aides ou fous-aides : l’objet particulier
du mot de l’ ordre eft de prévenir les furprifes.
Une heure avant la fermeture des portes , l’officier
d’ état-major & fes aides fe rendent chez le
commandant de la ville. L’officier d’ état-major
prend d’abord le mot de ralliement, qu’il diftribue
fur le champ aux officiers chargés de la fermeture
des portes, afin qu’ils le rendent aux poftes extérieurs
lors de cette fermeture ; il prend enfuite le
mot d’ordre pour le diftribuer fur la place d’armes,
après la fermeture des portes, aux fous-officiers de
fervice.
L ’officier d’ état-major s’ étant rendu fur la place
d’armes, ordonne aux tambours4e battre à l’ordre:
à ce fighal, tous les fous- officiers de garde ferment
un cercle qui commence par les fergens & maré-
chaux-des-logis des plus anciens corps, & finit par
le caporal ou le brigadier du corps le moins ancien.
Lorfque ce cercle fe forme, l’officier de garde
fur la place d’armes envoie un caporal & fix fufi-
liers, qui fe placent à quatre pas alentour du cercle
, & préfentent les armes en dehors.*-
L’officier d’état-major entre alorsdans le cercle,
précédé du caporal de configne de la place d’armes
, qui porte un falot : il appelle enfuite à l’ ordre
& ôte fon chapeau $ les fous*officiers ôtent le
leur. L’ officier donne le mot, en commençant par
le fous-officier du plus ancien corps, qui. le donne
au fous-officier qui eft à fa gauche j celui-ci au
troifième j ainfî de fuite jufqu’au dernier, qui le
rend à l’officier.
Lorfque le mot a été rendu à l ’officier, s’il fe
trouvoit qu’il eût été changé, il le donneroit une
fécondé fois & autant qu’il feroit néceflaire, pour
qu’il n’y eût point d’erreur.
Le mot étant donné, l’officier commande rom-
per le cercle : à ce commandement, tous les fous-
officiers retournent à leur porte, porter le mot
chacun à celui qui le commande.
Lorfque les fous-officiers donnent le mot aux
officiers, ils le leur donnent à l’oreille , ayant le
chapeau bas, & les officiers le reçoivent de thème.
L ’officier d’état-major envoie chaque jour le
mot à l’ingénieur en chef, au commandant de
l’artillerie, au commiffaire des guerres, par un
des fergens de la garnifon qui le leur porte ; il
l’envoie par écrit & cacheté à l’officier-général,
s’ il s’en trouve d’employé dans la place. ( Voye
pour l’ufage du mot de l’ordre, les mots R onde,
Patrouille. )
Comme il n’eft pas prudent d’admettre, pendant
la guerre, une ronde ou une patrouillé à
donner le mot avant qu’elle fe foit fait recon-
noître en donnant le comre-figne, »e devroit-
on pas exiger le même préalable pen dant la paix ?
N'ouhliôns jamais que lorfque la paix n’eft--pas
/l’école
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l'école de la guerre, la guerre eft obligée de
donner elle-même des leçons qui font prefque toujours
fanglantes.
Le chevalier Folard a eu fur le mot une idée
faite, cefemble, pour être adoptée. Il auroit
voulu qu’au lieu de donner le nom d’un pieux fo-
Jiraire ou d’un humble cénobite, & celui d’uné
ville inconnue dans les faftes militaires, on eût
donné le nom d’ un grand capitaine , accompagné
de celui d’une ville qu’il auroit prife, ou d’un
champ fur lequel il auroit remporté une victoire
ou fait quelqu’aètion d’éclat, ou d’une place
qu’il auroit défendue avec gloire. Saxe & Fonte-
noi , Lowendal & Berg- Op - Zoom, Chamilly &
Grave , dAjfas & Clofiercamp , Défiles & Nancy ,
Defaix & Marengo, feroient en effet plus militaires
& plus inftruétifs que Saint Antoine & Arles,
Saint Bohaventure & Bourbonne , & c .
L’idée propofée par le chevalier Folard feroit
une efpèce d’nommage rendu aux grands-hommes
qui ont illuftré la France, & un objet d’une vive
émulation pour tous les militaires'vivans. On
pourroit faire entrer dans cette nomenclature,
jufqu’aux traits de bravoure, de générofité ou
d'humanité de chaque loldat, & au moyen d’ une
courte notice hiftorique du fa i t , du jour , de;
l’année & du lieu où il s’eft paffé, du corps où
fervoit le foldat & du lieu de fa naiffance fi c’é-
toit un fimple trait à honorer , ou. avec de plus
grands détails fi c’étoit une bataille, un fiége |
un combat, la prife ou la défenfe d’une ville ou
d’un porte, & c . Il n’y auroit pas une grande ou
une bonne aélion d’ inconnue, & le moindre foldat
connoîtroit malgré lui l’hiftoire militaire.de
fon pays, & les hommes que l ’on doit y honorer.
Rentré dans fes foyers, il en amuferoit fes en-
fans ou fes parens dans les foirées d’hiver, & il
en réfulteroit fans doute ce refpeéf-qui eft dû, à
tant de titrés , aux hommes à qui feul l’on doit la
propriété que l’on poflfède , & la tranquillité dont
on jouit pendant la guerre & même pendant la
Du mot de ralliement.
Le mot de ralliement peut être confidéré
comme une efpèce de cri de guerre : il fert, dans
les opérations militaires noèïurnes , à aider ceux
qui les exécutent à fe reconnoître.
On donne , dans le fervice des places, le mot
de ralliement aux poftes extérieurs qui ne doivent
point rentrer dans la ville pendant la nuit.
L’ufage n’a rien preferit fur le choix de ce mot;
les circonftances le ‘ diète nt ordinairement. Le
vainqueur de Berghen donna, le foir de la bataille
de ce nom, les noms de Saint Ferdinant & Brunf- J
vs'ick pour le mot d'ordre, & ils furent donnés
pour le mot de ralliement.
Quelqu’ntile que foit le mot de ralliement, on f
Art Mille. Suppl. Tome IK%
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fent bien que, pour aider les commandans des dif-
férens poftes à fe -reconnoître, il vaut mieux recourir
à des lignes vifibles, qu’à un mot qui peut
être bientôt connu des deux partis.
N. B. Depuis la révolution on s’eft: écarté de
l’habitude de donner pour le mot de l’ordre le nom
d’un faint & d’une ville * mais il eft plus à craindre
que l’on ne revienne à ce ridicule ufage, qu’il n’eft
à efpérer de voir adopter l’idée fi heureufe, &
dont on pourroit tirer un fi grand parti, du chevalier
Folafcl.
MOUSQUETON. C ’eft un fufil plus court que
celui de l’ infanterie, dont on arme ordinairement
une partie des troupes à cheval. Depuis long-tems
on auroit dû fe convaincre de l’inutilité du mouf-
queton pour la grofle cavalerie, & c . .
N’a-t-on pas déterminé le genre d’armes que
doit avoir le cavalier en le montant fur un cheval
grand & fort? Occupé à le conduire d’une main ,
n’eft-il pas dans l’impoffibilité de fe fervir d'une
arme à reu qui exige, pour être maniée, que l’on
ait les deux mains libres? Comment tirer d’ailleurs
un coup de fufil avec avantage, fur un cheval
auquel on feroTt obligé d’abandonner la bride ,
! qu’on ne pourroit plus contenir, & qui feroit
j-'dans un mouvement perpétuel ?
i D’ailleurs, fi toute aèiion de feu en troupe eft
: impropre à Ia'grofle cavalerie, le moufqueton lui
eft donc inutile, & ne pourroit lui fervir qu’étant
à pied j ce qui ne doit pas être fa deftination.
Mais fi le choc devient la feule aèiion propre à
la grofle cavalerie, il faudra donc, d’un côté, rendre
ce choc redoutable , en augmentant la vitefîe
de la cavalerie en troupe ; de l’autre, il faudra
armer le cavalier d’une façon analogue à fa manière
de combattre.
Si la cavalerie n’eft redoutable que dans un
premier effort , fi elle eft incapable d’ un fécond,y
fi repouflee, elle fe rallie très-difficilement j fi vic-
torieufe, elle peut difficilement profiter de fa victoire
, voilà encore de nouvelles raifons qui viendront
aider à fe déterminer fur le genre d’arme^
de la cavalerie, & fur l’éloignement du moufqueton.
MOUSTACHE. La mouftache eft cette partie
de la barbe qu’on laifle croître au deflus de la lèvre
fupérieure.
Cet article n’ eft confacré, ni à des recherches fur
Iafmouftache, ni à des difcufîions fur les variations
quelle a éprouvées , mais bien à un court examen
de fes avantages ou plutôt de fes inconvéniens.
Si nous avions à combattre des hommes qui,
privés de la barbe, cruflent que quelques poils de
plus ou de moins font une marque ou même une
preuve de jupérionté, il faudroit fans doute que
tous les militaires portaffent, non - feulement la
mouftache, mais encore une grande barbe j &
comme fouvent une grande partie des ioldats fran-
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