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on doit, toutes les fois qu’on le pêtit fans daflgêf,
Iailier un peu de liberté au foldat; ainfi. on obtient
avec» plus de facilité - qu’il fe contraigne
quand la nécefîlté l’exige. Nous ne devrions
d’apres ce principe exiger la compreflion des
rangs, que lorfque nous voulons faire feu , &
que nous formons la colonne ferrée pour fondre
fur l'ennemi. Voye\ C h o c .
S)s la confervation des diftances dans les colonnes
avec diftance.
TUen de plus difficile & de plus important
que de conferver fes diftances, alors qu’on forme
une colonne avec diftance. Tous les ta&iciens
les reconnbîffent, mais aucun n’ a indiqué la
manière d’enfeigner ^ux officiers & aux b as -officiers
les conferver. La plupart prefçrivent,
pour cet objet , de manoeuvrer toujours aveç un
nombre égal de files -, cette méthode me paroît
infiniment vicieufe', il vaudrait mieux ce me femble
varier chaque jour le nombre , ainfi on forme-
roit plus promptement le coup-d’oeil des militaires
, & on le former oit d’ une manière plus
générale. Un oolonel françois perftiadé de cette
vérité, avoit imaginé de faire porter par deux
foldats de chaque compagnie un cordeau divifé
par des noeuds faits-à différentes dijlatices ; il
faifoit manoeuvrer fes officiers & fes b as -o fficiers,
arec fes pelotons factices , & jamais il
ne fuppofoit deux fois de fuite le même front :
i l n’eut point employé cette méthode ingénienfe
pendant trois mois, que fes officiers furent habitués
à ne faire jamais d’erreur fenfible à l’oeil
le plus exercé. Cette méthode a cet avantage
inappréciable- qu’elle inftruit l’officier & le bas-
officier fans fatiguer & fur - tout fans ennuyer
le foldat. Il feroit peut - être très - avantageux
4e rendre cette pratique générale dans l’armée.
DISTINCTION, Deux motifs différens doivent
déterminer les légiflateurs militaires à établir des
marques diftinâives _ dans les armées : le befoin
d’y entretenir une police exacte , & le befoin tout
aufli grand d’y entretenir une vive émulation. Ces
deux efpèces de difiinâions doivent être très-vifL-
bles , peu couteufes pour celui qui les donne, peu
diipendieufes pour celui qui en fait ufage, pref-
erites par une loi & interdites févèrement à tous
«eux qui n’ont point mérité de les porter. Il
Il doit y avoir des marques qui diftinguent
les militaires du refte des ' citoyens ; des dif-
iin&ions entre les différentes armes ; des différences
entre les différens corps de la même
arme -, des lignes qui diftinguent les membres
des fubdivifions du même corps, & peut - être
devroit il y avoir des diftinétions fenftbles entre
les différens membres de la plus petite fubdL
piipn du même régiment. Voye\ U niforme.
B I S
Si ïa pfrFe&îon de la police militaire exige
qu’on diftingue les armes , les régimens , le*
compagnies, les efcouades , & les individus, le
befoin de l’émulation exige de même qu’on
puiffe diftinguer avec facilité les différens grades ;
les hommes qui ont fait la guerre d’avec ceux
qui ne l’ont point faite ; ceux qui fervent depuis
long-temps d’avec ceux qui fervent depuis
un petit nombre d’années ; ceux qui ont reçu
des bleffures d’avec ceux qui n’ont point été
blettes -, ceux qui ont fait des aétions éclatantes
d’avec ceux qui n’ont fait que leur devoir. C’eût
avec les épaulettes, les chevrons, les plaques,
les croix, qu’on peut rendre les diftinétions
aifées. Voye^ ces différens mots & l’article Récompense.
C’eft dans ce dernier article que nous
nous occupons principalement des diftinétions
faites pour exciter une vive émulation dans le
çoeur des guerriers.
DISTRIBUTION. Les dlflrïbutions doivent,
comme le refte des opérations militaires, être
foumifes à des règles fixées par la loi. Les
troupes doivent y être conduites en ordre; elles,
devroient être accompagnées , même pendant la
paix , par un détachement deftiné à protéger & à
prêter main-forte à la loi, La force de ce détachement
doit pendant la' guerre être proportionnée
aux dangers que les f'oldats de corvée
peuvent courir.
Ces précautions purement militaires ne font
point les plus importantes i c’ eft la qualité & la
quantité des objets qu’on diftribue aux foldats
qui doivent fixer l’attention de tous les officiers
employés à ce genre de fervice. J’aime affez a
trouver l’empreinte d’ une grande méfiance fur
le front de toutes les perfonnes chargées de
préfider aux diftributions militaires , fur-tout lorfque
ç’eft une compagnie financière q-ui eft chargée
des apprpvifionnemens. Comme le déür du gain
l’ a feul formée , elle ne perd aucune occafion de
le fatisfaïre : ici le poids n’eft: point faux, mais
il eft foible ; chaque individu ne perd prefque
rien , mais la compagnie financière n’en gagne pas
moins beaucoup : là , les-"denrées ne font pas
très-mauvaifes, mais elles font médiocres ; chaque
foldat ne louffre qu’un petit dommage , màis, le
traitant n’en fait pas moins un gros gain :
ailleurs , on entremêle des provifions.très-bonnes
avec des provifions mauvaifes ; il faut que tout
paffe, çfifjsnt ces agens , mais l’état vous paye-
t-îl , leur répondrai-je , avec de la monnoie de
bas aloi. Cette défiance que je défire lire dans
les yeux des officiers ne doit point cependant
paroître fous cet afpeâ aux yeux du foldat , elle
ne doit fe montrer à eux , que fous celui d’une
vigilance attentive ; fans cela elle produiroit de
mauvais effets.
L’adminiftration fubalterne du département de
D I V
la feuerrC ayant été prefque fans ceffe intereffée,
iufqu’à ce jour , dans les marchés faits avec les
compagnies financières , elle a prefque toujours
embraffé leur défenfe , prefque toujours elle a
fait rendre des décifions qui leur étoient/avo-
rables ; cependant fi la juftice pouvoit fe permettre
de faire volontairement pencher fa balance,
ee devroit être en faveur du - foldat : les droits
font 1a foibleffe & fa pauvreté. Si nous perfif-
tons à confier à des compagnies financières l’ap-
çrovifionnement de nos armées , faifons des lois
qui par leur févérité effrayent les adminiftrateurs
infidèles , & qui par leur prévoyance empêchent
le foldat de devenir la victime de la cupidité de
tout ce qui l’entoure.
La loi veut que les poids, les mefures , dont
on fe fert pour les dlflrïbutions militaires , &
la qualité des objets qu’on diftribue journellement
aux foldats foient vérifiés par les officiers
chargés de préfider aux diflributions. Elle
veut que le capitaine de police , le quartier-
maître , & l ’adjudant y foient préfens, que les j
foldats y foient conduits en farreau , en pantalon
& bonnet de police. Voye{ ppur les détails le
titre IX du Réglement intérieur pour Vinfanterie,
en date du I er juillet 1788', & le titre XXVII du
Réglement proyifoire pour le fervice de Vinfanterie
.en campagne y en date du 12, août 178$.
DIVISION , C fupp- ) Ce fut M. le comte de
Saint-Germain qui le premier forma , pendant la
paix , l’armée françoife en divifions : cet ordre de
•ohoies ne fubfifta pas long-temps ; la mort du
miniftre entraîna la chûte de ion fyftérne. Le
-confeil de la guerre a repris les erremens de
M. dè Saint-Germain ; il a formé. Parmée françoife
en vingt-une divifions. Ces divifions ne font
égales-, ni en efpèce , ni en nombre de régimens ,
aucune d’ elles n’embraffe même une étendue de
territoire égale. Ces vingt-une divifions font celle
de,Flandre, qui eft formée de dix-fept bataillons &
huit efeadrons ; celle de Haynault, dix-huit bataillons
, quatorze efeadrons; dé,Champagne, huit
bataillons, quatorze efeadrons ; première des Evêchés
, douze, bataillons,, quatorze efeadrons ;,
deuxième des Evêchés., huit bataillons , quatorze
efeadrons; première de Lorraine,. neuf bataillons,
quatorze efeadrons ; féconde de Lorraine,- vingt
efeadrons; Baffe-Alface,. feizebataillons, quatorze
efeadrons; Haute-Alface,huit bataillons., quatorze
efeadrons ; Franche-Comté , quatre bataillons.,
quatorze efeadrons ; Dauphiné, lix bataillons ;
Provence,, dix bataillons Languedoc & Roullillon,.
quinze bataillons, fix efeadrons ; Guyenne, neuf
bataillons , fix efeadrons ; Aunis , Saintonge &
Poitou, douze bataillons fix efeadrons; Bretagne,,
treize bataillons fix efeadrons.; Normandie, feize
bataillons; Picardie, huit, bataillons, douze efea-
di-ons. Artois, feize bataillons^ douze efeadrons.
D 1 V
Intérieur , cinq bataillons , dix-huit efeadrons |
Corfe, huit bataillons.
Chacune de ces divifions avoit pour chefs uü
lieutenant général des armées du r o i, un infpec-»
teur divifionnaire pour l ’infanterie, un pour la
cavalerie & un maréchal de camp pour chaque
brigade; il y avoit de plus un commiffaire ordonnateur
par divifion.
Lorfque cet ordre fut établi, les militaires
demandèrent, pourquoi le confeil de la guerre a-t-il
fi énormément multiplié le nombre des divifions ?
pourquoi a - 1 - il employé une fi grande quantité
d’officiers généraux ? En ren d a n te nombre
des divifions moins grand , on auroit , difoient-
ils , infiniment Amplifié la machine militaire %£
économifé les finances de l’état ; en employant
une quantité d’ officiers généraux beaucoup moine
grande , on eût pu les choifir avec plus de foin ,
& on.n’eût point ralenti inutilement la mareh#
des affaires. Quatre divifions fuffifent à la France^
la Loire &une ligne qui traverferoient le royaume
en paffant entre Lille & Valenciennes , & f®
dirigeant vers Bourges, leur ferviroient de limites.
Un maréchal de France, feroit le chef militait©
de chacune de ces divifions y deux lieutenans-
généraux fuffiroient pour înfpeéler les troupes 9
qui compoferoient chacune d’elles ; quatre maréchaux
de camp pour les conduire , un commiffaire
ordonnateur & quatre commiffaires ordinaires^
foit pour les paffer en revue , foit pour arrêter leur
comptabilité. Chacune de ces divifions pourroit
former une petite armée qui auroit ion artillerie'ÿ
fes officiers du génie , fon état-major. La divifion
du nord & celle de l’efi feroient , il eft
v ra i, plus nombreufes que celles du fud & dé
l’oueft ; mais fon doit obferver que nos établif-
femens militaires font plus confiderables dans- la
Flandre r le Hainsult, les Evêchés, la Lorrain»
& l’Alface, que dans la Guyenne , le Roûffilloît
& la Provence. On doit oblerver encore que ces
divifions font en même temps celles-qui avoifinent
le plus le théâtre ordinaire de nos guerres. Les
officiers généraux employés auprès des. troupes-
feroient en> même temps les. commandans des.
provinces' qui feroient enclavées dans leur divifion
; un lieutenant général & deux maréchaux d®.
camp devroient être fans ceffè en adivité. Tous;
les ordres du roi leur parviendroient par le maréchal
de France , chef de leur, dz^ifion. s Les
. miniftres n’ayant plus à traiter qu’avec quatre-
perfonnes , le travail du bureau, de la guerre feroit
’ infiniment firapliié ; le nombre des officiers généraux
étant beaucoup diminué ,. on pourroit les;
choifir avec foin , & leur donner , vu. leur petit;
nombre, un traitement q u i , quoique confrdé-
rable, ne feroit point une charge fenlible pcuries.
finances, du royaume. Pendant l’été >; chaque.-
divifion fornieroit un ou deux camps, de paix dans;
lefquels tous, les officiers généraux, non. employé®