mettant d’appeler un médecin auquel on donne le
titre de médecin confultant.
Et qu’on ne dife pas que la vanité des chirurgiens-
majors peut rendre cette loi vaine ,* les officiels charges
de furveiiler cette partie effentielle fiuroient
bien s’oppofer à cette vanité puérile , tic les fol-
dats^ eux-mêmes fauroient bien exiger que l'on
fuivît la loi fi cela leur étoit néceffaire.
Dans l’ordonnance dont il eft queftion 3 on crée
des aides-majors3 & par la puijfance de la parole des
législateurs, on tes transforme en apothicaires 3 en
chimiftes 3 6’c. Il faut être , ou bien ignorant ou
avoir bien envie de quereller mal à propos, pour
qfer faire de pareilles objeétions. Et quel eft, on
le demande, l’ officier de fanté un peu inftruit,
dont on n’exige pas actuellement; des connoif-
fances en médecine , en chirurgie 3 en pharmacie
& en chimie? tic qu’a voulu dire d’ailleurs le lé-
giflateur, fi ce n’eft qu’ on exigeroit toutes ces
qualités dans tes fujets choifis pour ces places, &
qu’on en éloigneroit avec une grande rigidité tous
ceux qui ne les auroient pas mérités ?
. A 1 égard des apothicaireries & des apothicaires,
il n’eft pas une petite commune dans la.
république, où l’on ne puiffe trouver des fecours
& dèsreffources fur cet objet 5 d’ailleurs, l’intérêt
feul feroit établir ( s’il n’y en avoit pas déjà) un
apothicaire tic une apothicaire;ie dans les communes
où il y auroit conftamment des troupes.
Au refte, la plus petite commune n’a-t-elle pas
en général les reffources fuffifantes fur cet objet?
& les citoyens qui font malades, ne trouvent-ils
pas ce dont ils ont befoin pour fe guérir? Peut-
être n'y auroit-il pas dans la boutique d’un apothicaire,
dans une petite commune, autant de
'vafes tic de fioles pour-la décorer , que dans les
grandes pharmacies ; mais celles-ci s’ ouvrent bien
rarement pour l’homme du peuple, le laboureur,
le foldat. Ne fait-on pas allez qu’il y a une pharmacie
pour les pauvres & une pour les riches?
Quelle eft donc la commune où l’ on ne trouveront
pas à traiter avec un apothicaire, à un prix
beaucoup inférieur à celui que coûtent les drogués
dans les pharmacies des hôpitaux militaires?7
Nous avons vu faire de ces traités à un fou par
jour par malade.
Les fournitures dépériront 1 ne manquera - t -o n
pas de dire, parce que les régimens ne les entretiendront
ni ne■ les remplaceront' : il faut donc-un directeur
dans chaque hôpital 3 ê’c .'E t toujours & partout
vous voyez-'percer le defir des compagnies
de s’emparer delà geftion des hôpitaux 5 mais d’après
la formation- dit coafeil changé dé veiller furies
hôpitaux de bataillon, ne ferez-vous pas afturés
que l’ on renouvellera & entretiendra’ avec'foân
routes lés fournitures, tandis au contraire qu’a-- ;
vec des fourniffeurs, inutilement porte- c-on les
plaintes les plus graves contre leur négligence..
Avant que-l’on ait obtenu juftice , des‘décades;,!
des mois,, de s années fe-font ^éCQuiés> &: ils onb
gagné du tems, & le foldat a fouffert & les abus
fe font perpétués.
On veut auffi faire craindre que les médecins-
chirurgiens. ne ruinent les majfes ou ne cherchent
trop a les bonifier ; mais de quelque manière qu’ils
établiffent leur régime, ils ne cauferont jamais
autant de dépenfes à l’état, que les régiffeurs ou les
entrepreneurs; quant à bonifier la mafia , comme
ce bénéfice ne tourneroit pas à leur profit, on ne
le devroit qu’à leur fage conduite & à leurs fémin
ins d’humanité & de patriotifme. D’ailleurs,
s’ils vouloient mériter des éloges & des récom-
penfes , ce feroit uniquement en donnant-tous
leurs ioins aux malades, en les lailfant peu languir
à l hôpital, &enen guériflant la plus grande quantité
on ne devroit donc redouter ni leur prodigalité
ni leur parcimonie.
On prétend encore que, fuivant ce régime, on
manqueroit d officiers de fanté au moment ou l ‘on ferait
forcé défaire la guerre ■ mais l’on fè convaincra
lâchement de la futilité de cette crainte dans un
régime qui, en doublant tic triplant les offitiers de
fanté pendant la paix, s’en alTureroit au contrai .e
un bien plus grand nombre que dans le régime des
hôpitaux militaires. Les meiec’ns-chirurgiens tic
leurs aides, attachés à tous les hôpitaux civils
des garnirons, ceux attachés à tous les bataillons,
°^ nC cerca*nerHent bien fuffifans, furtout en
adoptant le parti fi fage de ne plus garder autant
de foldats dans les hôpitaux des armées.
Enfin, dans un ouvrage fait par le citoyen
Cofte, premier médecin des armées, ouvrage
deftiné à combattre le projet des hôpitaux régimentaires,
parmi une affez grande quantité d’ob-
jeétions, à la plus grande quantité defquelles nous
venons de répondre, on a lu avec une furprife
mêlée d indignation, des afierrions que l’on croit
devoir faire connoître, afin de donner une légère
idée de ce que peut infpirer l’efprit de parti , tic
celui furtout fi maniaque & fi dangereux des corporations.
« Les régimens , ainfi que les monaftères, ren-
” ferment & réunifient fous les mêmes régie mens
« tic les mêmes chefs une multitude d’hommes
** que le hazard a raffemblés , avec autant de di-
” vérifié dans les caraélères tic les paffions, que
35 dans leurs conftitutions phyfiques. Aucun choix
« volontaire n’a précédé leur réunion ; nul atta-
» chement tan^t qu’elle fubfifte , nul regret quand
j? elle cefie': ainfi, dans les régimens, le moment
9? ou un homme devient à charge, fuit de près le
»9. jour où il fut inutile. •
'y Quel genre de foin d’ ailleurs un malade peut-
9? i l attendre d' un corps chez qui' les principes de
»h fubordination & l'exercice habituel tic févère
99 de l’autorité paroi fient en- effet fi peu compa-
>9 tiblès avec les co'n.lirions qui font l’effence du
99 fer vice dès hôpitaux ?
»9 Quelle eonfolation le foldat ©fera-t-il fe pro-
99. raettte de la part de l’officier, dont fouvent il n’eft
» pas connu, dont il ne l’eft pas même toujours, J
„ après que celui-ci a autorifé les punitions qui
J lui ont été infligées en son nom, ticc. 8sc.fi »
Et où lé citoyen.Cofte a-t-il trouvé des raifonS
pour comparer en aucune manière les régimens .
aux monaftères et les foldats aux moines, pour
en conclure toutes les abftirdités-qui font la fuite
de cette idée fi fauffe ? Nulle part peut-être on n a
trouvé plus de vérita. le amitié, plus■ de: condescendance,
d’indulgtnce, de tendre intérêt, de
ferifible humanité que dans les corps militaires : ce
font des liaifons qui durent julqu’à la mort. Eh!
comment pou rait-on oublier que l’on a partage
continuellement les mêmes peines , les mêmes travaux
, les mêmes dangers, les mêmes plaifirs, la
même gloire, la même générofité? Eh ! quel eft
le foldat, quel eft l’ officier qui ne doit pas à fon
camarade d’en avoir reçu des foins, des foulage-
menSj des fecours, des-confolations de toute.ef-
pèce? 11 faut avoir fervi pour favoir combien il
eft impoffible de trouver nulle autre part autant
de fîncère amitié. Oh ! combien eft froide, sèche,
infignifiants la fraternité de la Nature, auprès de
la fraternité d’armes, furtout encore depuis 1 inf-
tant où la révolution, ne connoiffant plus de dif-
tin&ion que celle exigée par le mérite tic la vertu,
a vouluchoifir les officiers parmi les foldats! Depuis
plus de quarante années nous fommes au fer-
vice , & jamais nous n’avons vu un bon foldat
aller à l’hôpital militaire fans frémir, & ne pas
faire tout ce qui dépendoit de lui pour en fortir
' le plus tôt poffible. Plufieurs fois nous avons vu
des foldats facrifier leurs épargnes pour fe faire
guérir dans la chambre par le chirurgien-major 5
plufieurs fois auffi nous avons vu prendre le fage
parti, dans des garnirons où les hôpitaux militaires
devroit tirêr un très-grand parti des hôpitaux de
bataillon tic des hôpitaux civils.
D'abord, en adoptant Vidée très-fage à la guerre
, d’ établii un dépôt fur les derrières désarmées,
pour chaque brigade, dans lequel on réuniroit les
recrues , les magafins tic ateliers d’ habillement ,
petit équipement , réparations d’h abit, d armes
étoient très-mal ferv s , d’ arracher à la douleur
tic à la mort de malheureux foldats avec les
économies qui fe trouvoient dans la caifie, tic tes
foins donnés par le chirurgien-major aux foldats
malades , dans des chambres dtftinées à cet objet.
D’après ces obfervations tic tous les moyens;
que l’on pourroit prendre pour corriger ou per-
feéiionner le projet des hôpitaux de bataillon ,
nous concluons avec plufieurs citoyens très-inf-
truits dans le régime des hôpitaux , d une maniéré
infiniment oppofée à celle du citoyen C ofte, tic
nous difons qu’en confiant à chaque bataillon de
ligne l’adminiftration de fon hôpital, on aun pris
le mode le plus parfait de tous , lè moins fertile' en
inconvéni ns, 1e plus fufçeptible^d’êt-é exécuté
d’ une manière, avantageufe pour Pétât tic pour les
individus, & le plus économique.
§ II.
En tems de guerre, quels font les moyens a employer
pour affurer la guérifon des foldats malades ou
bleffés ?
Il fembîerait ici que l ’on pourroit tic que l’on
, ticc. tic où l’on pourroit former en mêm©
tems des établifiémens, fpécialement & exclufi-
vement confacfés à recevoir les vénériefis tic les
galeux de la brigade, en les confiant aux foins
d’un certain nombre d’adjoints aux médecins-chi-
1 rurgienS des1 bataillons de la brigade.
Les foldats qui tomberoieiit malades, feroient
envoyés dans les hôpitaux civils les plus proches
fi c’ëtoient des maladies graves, tic foignës au bataillon
ou aü dépôt fi ce n’étoit qu'une maladie
légère. Tous ceux qui fe trouveroient à portée de
leur famille ou.de leur habitation ordinaire, y feroient
envoyés, & les maires ou adjoints feroient
veiller fcrupulëùfement à leur guérifon. Ceux dont
la famille ou l’habitation feroit trop éloignée , feroient
répartis dans les hôpitaux civils, d’ou , autant
qu’on le pourroit, on les enverroit en congé
dans leur famille au moment où ils pourroient s’y
rendre. On auroit l’attention de placer les médecins
chirurgiens tic tes aides néceflaites pour affurer
le fervice de ces hôpitaux, mais toujours fous la
furveillance des maires, de leurs adjoints, tic fous
l'infpeélion des citoyens choifis pour cet objet. A
cet effet, on fubftitueroit aux commiffaires des
guerres des commiffa res d’hôpitaux , pris parmi
tes officiers de fantéri1 ayant toute* 1 s connoifiân-
ces relatives à la furveillance du ferv ce hofpita-
lier, tic dont les t^lens, l’expérience tic la conduite
feroient très-connus. L’ordre, la régularité, l’émulation
, la police falutaire, la falubrité, feroient
toujours en vigueur par leurs foins affidus tic éclairés;
ils veille; oient avec fuccès à l’exécution plénière
des réglemens , à là confervation des hommes,
enfe confultant avec les offieiërs de fanté en
chef. En compulfant les cahiers de vifite, ils s’afi-
fureroiént auffi fi on ne fe livre point à des effais
d’un empirifme auffi défavorable aux progrès dé
l’ art de guérir, que funeftés aux malades, ils pro^-
nonceroient fcrupuleufement fur l’état dés incurables
, que l’on réforme quelquefois trop légèrement
fans avoir épu fé toutes lés reffourcês dé
l’ art. Ils préviendroiciit l ’a-bus commis dans l'envoi
des hommes aux eaux minérales ; ils éclaire^
roient le bureau de fanté fur le zèle ou la négligence,
le mérite ou l’iBcapacité des officiers de
fanté, qui contribuent le plus éfiVnti. Uement à la
c nfervation ou à la perte des foldats dans les hôpitaux.
La juftice diftributive de ce bureau nommeront
alors aux emplois <3 tic dëcerneroit des récom-
penfrs; elle excluroit du fervice fis prétentions
fans titres tic les follicitations importunes, pour
que le mérite feul j.ouiffè de tes droits.
Les foldats qui feroient bleffés, feroient d a-
T t t t 2